La review

CERNUNNOS PAGAN FEST IX
Týr + Grimner + Fejd + Baldrs Draumar + Naheulband + Griffon
+ Dalriada + Dordeduh + Mörhkvlth + Toter Fisch
La Ferme Du Buisson - Noisiel (77)
11/02/2017


Review rédigée par Matthieu
Photos prises par Antoine


Le Cernunnos Pagan Fest est une institution pour tout amateur de metal folk, pagan et viking. Pour fêter sa neuvième édition, et la reprise après une pause d'un an, ils se sont installés dans la Ferme du Buisson de Noisiel (77) au lieu de la traditionnelle Machine du Moulin Rouge. C'est donc dans un cadre plus authentique que les festivaliers ont pu profiter de l'hydromel chaud, des bières et de la nourriture servie par le restaurant médiéval au coeur du marché organisé conjointement (avec la présence de nombreux exposants de la région parisienne de l'univers médiéval / fantastique / viking). A noter que seul l'espace concert était réservé aux possesseurs de bracelets, le reste du festival étant en accès gratuit. Pas moins de 11 groupes étaient présents cette année, avec un running order réaménagé pour qu'il n'y ait aucun chevauchement de set, permettant de profiter sereinement de chaque groupe. Cependant, le confort de la Machine avait disparu, ne laissant que peu de choix d'alcool à ceux qui n'apprécient pas le charme d'une bière fraîche.
Une urgence personnelle m'a contraint à laisser de côté environ deux heures du festival, soit la moitié du set de DORDEDUH, le set entier de Perkelt et la quasi-intégralité du set de DALRIADA.



Les grands gagnants du tremplin Cernunnos de cette année (ayant eu lieu le 15 janvier à Paris) sont les premiers à jouer, et le moins qu'on puisse dire c'est que le public est au rendez-vous ! Sillonnant les salles françaises depuis un petit moment, le groupe joue un pirate metal énergique et assez fédérateur. Tous costumés, les membres de TOTER FISCH arpentent la scène de long en large au rythme de leurs mélodies déchaînées, pendant que le public répond évidemment présent. Quelques mouvements de foule prouve qu'ils sont bien partis pour grandir dans les années à venir.



En entrant dans la salle, une odeur d'encens emplit les narines des festivaliers pour un rituel de black metal breton et en breton. C'est la particularité de MÖRHKVLTH, toutes leurs paroles sont écrites dans cette langue régionale si chère aux membres du groupe. Bien que les curieux partent assez rapidement, les amateurs restent et répondent par des cris lorsque le chanteur s'adresse à eux en breton et en français. Niveau musical, ça passe d'une double pédale martiale à des riffs plus atmosphériques comme le black metal sait si bien en faire. A surveiller également dans le milieu underground.



Si vous ne connaissez pas ce groupe, ne soyez pas surpris des instruments folkloriques déployés au début du set. En effet, DORDEDUH viennent tout droit de Roumanie pour nous jouer "la musique des esprits". Entre riffs lourds, percussions ethniques et chant alterné entre les membres, le mélange semble prendre, même pour ceux qui ne les connaissaient pas : la foule se fait de plus en plus grande à chaque titre, même si personne ou presque n'ose bouger.



Revenu juste à temps pour la dernière chanson de DALRIADA, la chose qui m'a marqué chez les Hongrois, c'est qu'il y a énormément de monde sur scène. Entre les membres c'est l'harmonie parfaite, et il est impossible de ne pas entrer dans leur univers après quelques secondes. A revoir en intégralité cette fois-ci !



Encore du black metal français pour la petite scène, et c'est couverts de (faux ?) sang que les membres de GRIFFON feront leur entrée. Une fois n'est pas coutume, c'est à grand coups de blast beat que le groupe commencera son set, pour alterner parfois avec des rythmes plus ambiants, mais qui resteront pour la plupart très sombres et violents. Le chanteur prend parfois place derrière un tambour pour accompagner aux percussions ses camarades et donner un aspect tribal à leur musique.



Lorsque l'on entend "chaussette !" à tout bout de champ, on est certains d'être soit à la laverie, soit à un concert du NAHEULBAND. Entre deux blagues, les membres font leurs balances, et le public leur répond déjà. "Non en fait c'est pas le vrai concert là !" déclarera solennellement John Lang, AKA Pen Of Chaos, le fondateur ainsi que créateur du Donjon de Naheulbeuk dont le groupe conte la légende. Enfin légende... "On repart et on fait semblant de revenir ?" Visiblement oui, le groupe ré-entre sur scène sous les acclamations et autres onomatopées de la fosse, puis après présentation de tous les personnages, commence à jouer ses célèbres refrains. La chanson de l'aventurier, la ballade de l'elfe, les bonbons Chiantoss, tous les grands classiques y passent. Le nain réussira même à faire crier "nougat" au public, chose dont il se félicitera. La foule bouge tranquillement, certains se prenant par les épaules, pour accompagner le groupe, alors qu'ils jouent "un peu de metal", mais pas trop. Si vous aviez envie d'une pause déconnade, c'était l'endroit où il fallait être !



De retour de l'interview de TÝR, la petite scène est occupée par quatre Néerlandais survoltés dont le nom (BALDRS DRAUMAR) est tiré des rêves prophétiques de Baldr, le dieu nordique. La chose qui m'a marqué, c'est l'importance des claviers dans leur musique, son qui est malheureusement généré par un MacBook à côté du batteur. A quand le retour d'un claviériste ? En attendant, le moins qu'on puisse dire, c'est que la bonne humeur et l'énergie les accompagne à chaque note, et ça fait plaisir à voir !



Premier groupe considéré comme tête d'affiche de ce festival, FEJD nous vient de Suède. Leur force repose sur le duo de chanteurs et musiciens folkloriques Rimmerfors, accompagnés par quatre musiciens plus traditionnels (basse, guitare, clavier et batterie) qui subliment le tout. Le mélange des voix est tout bonnement impressionnant, et la foule est compacte devant tant de beauté. Un sublime voyage de cinquante minutes qui prend fin trop rapidement à mon goût.



Si vous attendiez de la violence, en voici ! Retour sur la petite scène avec les Suédois (oui, encore) de GRIMNER ! Six musiciens, du charisme à revendre, un flûtiste survolté et quelques spectateurs agités, voilà ce qui ressortira de ce concert. Le groupe semble être heureux de ce passage en France et nous remercie de nombreuses fois d'être venus les voir en enchaînant les titres les uns après les autres. En effet, avec seulement quarante-cinq minutes de set, il faut faire vite, mais ils le font bien. Pour moi le meilleur show du festival.

Setlist : "Res Er Mina Söner", "Hinn Heidinn Sidr", "Färd", "Nordmännens Raseri", "Midgard Brinner", "Forna Dagar", "Mörkrets Hem", "Eldhjärta".



Dès vingt-deux heures, les lumières de la scène principale s'éteignent pour la dernière fois. Les bannières et le backdrop sont montés aux couleurs des Féroïens de TÝR, et c'est sourire aux lèvres qu'ils s'avancent sur scène après le sampler d'introduction. Prenant quelques poses lors de riffs particulièrement épiques, Heri, Gunnar et Terji ne manquent aucune note, pendant que leur batteur fait sensation derrière les fûts. Eux également sont heureux d'être de retour en France, et nous le font savoir tout en enchaînant leurs titres phares : "Blood Of Heroes", "Hold The Heaven Hammer High", "By The Sword In My Hand", "Lady Of The Slain"... Si le public réagit globalement bien, quelques huées se feront tout de même entendre pour l'annonce du titre "Grindavisan" (bien vite effacées par la musique), un wall of death s'organise presque et quelques uns se croient dans un stade de rugby (oui, toi le grand costumé en viking qui fait des mêlées tout seul). Malgré de nombreuses demandes, le groupe ne pourra pas jouer de rappel ce soir, on ne plaisante pas avec les horaires !

Qu'il est bon de pouvoir compter sur un festival aussi convivial que le Cernunnos dans une période où le temps ne le laisserait pas imaginer ! A seulement une demi-heure de Paris, le site est excellent pour cet évènement, et on espère que le bilan sera positif pour eux. Quelques aménagements de confort supplémentaires ne seraient pas de trop (monnaie ? diversité des boissons ?), mais pour un retour, c'est encourageant ! A l'année prochaine ?