La review

CERNUNNOS PAGAN FEST VIII
Moonsorrow + The Moon And The Nightspirit + Cruachan
+ Les Compagnons Du Gars Jambon + Svartsot + Ithilien + Stille Volk + Furor Gallico
La Machine Du Moulin Rouge - Paris
22/02/2015


Review rédigée par AL1


Débarquer, vestiariser (allez, modernisons ce bon vieux Larousse) et... manger ! Ici, ce n'est pas à un simple concert à la Machine du Moulin Rouge auquel on assiste mais à un festival avec son univers "pagan" hors du temps et l'acclimatation ne passe-telle pas par la dégustation ? Lard fumé, semoule aux petits raisins et fèves marinées. Un régal. Pas forcement donné mais entre ça et le kebab du boulevard Clichy, comment dire ?! La larmichette de joie à l’œil j'engloutis mon plat et cite le célèbre penseur Karadoc : "le gras c'est la vie". Même pas le temps de tailler le bout de gras, pourtant le temps alloué à LUTECE et DRENAÏ est déjà écoulé. Bigre ! Je fonce me rattraper.



La grande scène accueille l’ambassadeur du celtic-folk metal milanais, FUROR GALLICO. Déballage de kilts et de torse nus, on est dans l'ambiance. Mais c'est musicalement que le groupe se démarque. Ici, le bloc "guitares, basse, batterie" assure la puissance guerrière et les mélodies sont apportées par la flûte, le violon et... la harpe ! L'ensemble est bien interprété et audible. Seul bémol à mon goût : le chant. Growls, voix claires et quelques screams "Cradlesqueq". C'est varié mais cela pourrait être encore un cran au-dessus. Dans l'ensemble, c'est tout de même une bonne découverte. Le public ne s'y est d'ailleurs pas trompé et le groupe s'est vu gratifié d'un accueil chaleureux.

Pendant le passage de CEREVISIA sur la petite scène, je me décide à rester dans la ville haute où la fosse était dédiée aux jeux et animations d'époque. Tir à la corde, lancé de "nain" (mais non, point de Passe-Partout...), la tête coincée dans un étau, on est dans le fin du fin. Fort d'une gouaille populaire à faire vaciller le bourgeois, une troupe de gueux mène la danse et y entraîne tout les badauds sur place. Bonne humeur garantie. J'en profite pour faire le tour des stands situés sur les 2 étages et y trouve des accessoires, bijoux et vêtements en tout genre et surtout des personnages venus d'ailleurs. Certains vendeurs avaient bien décidé de jouer le jeu jusqu'au bout !



Vielle habitué des listes de diffusions de metal, je voyais toujours celle d'Holy Records présenter un obscur groupe de pagan folk des Pyrénées, STILLE VOLK. A l'époque bien plus branché par les brûleurs d'église et empaleurs de tête de cochons scandinaves, j’observais leur nom avec la plus grande circonspection. Pour leur 20 ans de carrière, il était peut être le temps de découvrir ce qui se cachait derrière ce curieux nom. Leur musique est difficilement descriptible. Hypnotique, répétitive et sacrément barrée, son seul rôle semble être de coller la foule en transe. Le public obtempère sans sourciller et se lance dans une danse psychédélique guidé par la vielle à roue, Nyckelharpa, guitare folk et les diverses percussions. Nos régions ont (vraiment) du talent.



ITHILIEN, du pagan belge ? Obligé, je veux voir ça ! Sans mauvais jeu de mots, ils ont vraiment la frite (roh roh), la banane, le smile, ils transpirent l'envie d'envoyer du lourd. Le chanteur-guitariste a mis sa plus belle peau de bête et est doté d'un certain charisme. Ils assurent sur scène et sur ce point, cela fait plaisir à voir ! Côté originalité c'était un cran en dessous. L'ensemble des instruments traditionnels n'étant pas bien audible, on a parfois eu l'occasion de voir un groupe de metal costumé. A revoir dans de meilleures conditions sonores que sur la scène du bas car la formation semble avoir du potentiel.



Sur album, j'apprécie vraiment. SVARTSOT a su construire de véritables hymnes. Un côté épique, barbare et entraînant, tous les ingrédients de ce type de musique sont distillés avec harmonie. Sur scène, tout du moins de soir-là, si la prestation était puissante, le côté mélodique semblait assez loin derrière. Dommage. Ma grosse déception.



On passe de la déception au coup de cœur de la soirée avec ce premier groupe 100% acoustique de la journée, LES COMPAGNONS DU GRAS JAMBON. La petite scène voit débarquer une troupe de ménestrels pas vraiment là pour échanger sur l'impact de l'industrie sidérurgique en nouvelle Papouasie. D'emblée, ça remue, le public, après un bref cours de chanson bretonne, se met à chanter à tue-tête et les sourires sont sur tous les visages. Qualité de jeu, prestation scénique, la magie du gras jambon opère sous le commandement d'un chanteur extrêmement charismatique. Tous les codes, costumes et instruments de la musique médiévale sont là mais pourtant, on sent qu'on est en présence d'une troupe réellement talentueuse. Une Sacré découverte !



C'est maintenant à l'ancêtre de la scène metal-folk de prendre place, CRUACHAN. Un précurseur sans aucun doute, mais pas transcendant pour autant. Sur album ou sur scène, j'ai eu beau essayer mais rien n'y fait et c'est à un show linéaire que j'ai assisté. Autour de moi, d'autres étaient venus pour CRUACHAN et n'ont pas été déçus. En termes d'art, plus qu'ailleurs, la subjectivité a naturellement toute sa place...



L'autre groupe non-metal du Cernnunos, THE MOON AND THE NIGHT SPIRIT. Un parterre de métalleux est sagement assis devant la scène attendant l'ostie musicale. Si on parle d'esprit de la nuit, ce n'est pas sans raison : la musique de cette formation est extrêmement mélancolique. Le quartet est composé d'un guitariste, d'un guitariste, d'un bassiste, d'un percussionniste et d'une chanteuse-violoniste à la voix envoûtante. C'est beau, reposant, le show est totalement aérien. Tellement aérien que votre serviteur a (quasiment) oublié de prendre des photos du set ! En transe, avez-vous dit ?



Un show tout en contre jour. Entre ombres et lumières. Entre ténèbres et lumières célestes. MOONSORROW n'est pas un groupe comme les autres. Il possède ce petit "plus" qui fait planer chez soi ou... slammer en live - et du stage diving il y en a eu sur leur prestation ! L'approche très riche et progressive du groupe n'a pas forcement été servie au mieux par le son ce soir là et toutes les nuances n'étaient pas totalement dévoilées aux non-initiés (mais y en avaient- ils ?). Un bel instant éphémère et hors du temps. Un instant EPIQUE. C'est bien ce mot qui les caractérisent le mieux.

Dès la fin du show, la sortie est quelque peu précipitée et on se surprend à changer radicalement d'univers. De la peau de bête au milieu urbain, tout aussi sauvage à sa façon. Le Cernunnos Pagan Fest est une sorte de faille temporelle mélant l'actuel au passé, le développeur PHP au médiéviste hydromélisé. En attendant la prochaine édition, continuez à réveiller la bête qui est en vous !