La review

CARNIVAL IN COAL + OROB + CATHARS
Le Saint Des Seins - Toulouse (31)
18/05/2014


Review rédigée par Sacha


Le concert commence avec un peu de retard à 20h37. La salle est encore loin d'être pleine pour accueillir le premier des trois groupes de la soirée.



CATHARS est un groupe de metal moderne formé récemment (il n'a pas de discographie). Même si le cœur y est et que les musiciens bougent (étrange exception faite du chanteur) il manque un petit quelque chose pour rendre leur set entraînant. La technique est bien là, et on sent une certaine expérience chez les petits gars du coin mais voilà, ça ne prend qu'occasionnellement. Leur passage est d'ailleurs un peu longuet, le groupe concluant sur deux reprises que l'on pourrait trouver dispensables. Pourtant, leur mixture qui mêle un peu tout ce qui se fait en matière de metal velu et moderne ne manque pas de potentiel... Gageons que des améliorations sont à venir !!



Après cette sympathique entrée en matière, nous attaquons avec un tout autre style, le black / prog des Toulousains d'OROB !! Assez sérieuse, leur musique apporte une touche de noirceur bienvenue au cours de la soirée. Avec seulement deux EPs à leur actif (tous deux écoutables et téléchargeables sur Bandcamp), ils ont déjà montré un grand savoir-faire en matière d'écriture. Restait à savoir s'ils pouvaient transformer l'essai en live... Le groupe n'est guère mobile (ce qui est compréhensible, vu la nature de leur musique) mais il se permet quelques headbangings synchronisés de rigueur et un peu de communication avec le public, qui en redemande. Leur set débute donc vers 21h30 avec "The Pathway", excellente entrée en matière issue de leur dernière production en date, "Into The Room Of Perpetual Echoes". On enchaîne ensuite les titres de fort belle manière et sans aucun problème jusqu'au dernier morceau, "Celestial Abandon", une très belle conclusion. Une conclusion qui sera malheureusement prématurée, ce qui est dommage quand on connaît la qualité de leurs compositions ''à la Enslaved''. Mais ils ont su montrer un certain professionnalisme et convaincre une bonne part de l'assistance, qui s'est un peu garnie, n'est ce pas l'essentiel ?

Setlist : "The Pathway", "Exile", "Through Roots And Burrows", "Marrow", "Celestial Abandon".



Il est 22h10 lorsque LE groupe de la soirée monte sur scène. A ce stade, il est peut-être nécessaire d'expliquer un peu le parcours de cette bizarrerie qu'est CARNIVAL IN COAL. Formé en 1995 à l'initiative d'Arno Strobl et d'Axel Wursthorn, le groupe nous servira une drôle de tambouille à base de musique extrême (grind, death, black, thrash) et de styles nettement plus maintream (reggae, zouk, disco, funk). Le résultat, que l'on peut qualifier d'avant-garde metal, est des plus étranges et, associé à des textes complètement décalés et à prendre au 180ème degré, a fait fondre toute une génération de fans de productions undeground. Le groupe remporte surtout un succès d'estime même s'il a marqué tous ceux qui l'ont écouté. Avec seulement 13 concerts à son actif (oui oui, seulement 13...) et quelques sorties rapprochées, dont leur fameux "Vivalavida" en 1999, le groupe acquiert un statut culte et se sépare en 2005. Il compte parmi ses fans des gens de la trempe de Devin Townsend tout de même (Cocoricooo !!!). Entre temps, Arno, le chanteur, nous a gratifié de divers groupes et collaborations, notamment avec 6:33 récemment et l'énorme projet We All Die (Laughing).
Bref, tout ça pour en arriver à nos jours, où, pour fêter les 15 ans de leur album fétiche, Arno décide de relancer la machine avec l'aide de potes, le temps d'une petite tournée. Et quels potes !! Entre le batteur Samuel Santiago (Fleshdoll, ex-Gorod), Mathieu Melken (Mercyless) à la basse, les guitaristes Fabien d'Infected Society et Romain Caron (John Makay) ainsi qu'Emmanuel Rousseau aux claviers, son compère au sein de 6:33. Autant dire qu'il y a du beau monde sur scène ce soir et qu'ils envoient du lourd !!
Le concert commence pourtant mal avec un léger problème technique dans les retours, qui permet au chanteur de faire le pitre en se mettant le public dans la poche. D'emblée, on sent une bonne humeur générale qui part de la scène et se partage avec la public. Tous les zicos sont visiblement heureux de jouer ensemble et prennent un pied monstre à redonner au grand œuvre du Carnaval en Charbon. La setlist est simple et se compose de tous les titres de "Vivalavida", plus leur fameuse reprise de "Maniac" (réclamée à corps et à cris par une jeune femme de l'assistance) issue de l'EP "French Cancan" en guise de surprise finale. Et pourtant, ce diable de Strobl en oublie l'ordre des morceaux, ce qui fait bien marrer tout le monde, à commencer par lui. On a donc droit à la totale, de "In Darkness Dwells Vice" jusqu'à "Turn Everyting Upside Down Twice". Le très drôle interlude acoustique "A Swedish Winter Tale" est une parfaite illustration de l'ambiance festive et chaleureuse qui règne en cette fin de soirée des plus joyeuses. On a droit à de multiples répliques cultes, blagues pourraves et autres jeux de mots vaseux (en introduction de "Narrow Minded Sexist Pig" par exemple) qui renforcent l'absence totale (et réjouissante !!) de prise au sérieux de ces musiciens pourtant incroyablement affûtés ! Ils offrent un habillage de luxe à cette tournée hommage en nous livrant une performance des plus carrées et efficaces. Mention spéciale au batteur qui passe d'un univers à l'autre avec une aisance et un feeling déconcertants !! Quant au chanteur... que dire si ce n'est que sa réputation de ''Mike Patton français'' n'est pas usurpée !! Toujours à l'aise et plein de versatilité, il chante juste du début à la fin et s'amuse vraiment dans les nombreux changements qui ponctuent les compos. Il est en plus très à l'aise avec sa posture de frontman sans être envahissant pour autant, un exemple à suivre !! Autant dire que les minutes filent à une vitesse folle tandis que le public, totalement acquis à la cause du Carnival se réjouit et interagit de fort belle manière avec ''l'orchestre''. Le final, en apothéose, paraît arriver bien trop tôt... mais qu'importe, le groupe est venu, il a vu, il a vaincu et l'on regrette que ce ne soit qu'un concert d'un soir...

Setlist : "In Darkness Dwells Vice", "Entrez Carnaval", "Urine Facewash", "Got Raped", "Yeah, Oystaz!", "Narrow Minded Sexist Pig", "A Swedish Winter Tale", "Shemale Whoregasm", "XXX Dog Petting", "Dressed Like Pazuzu", "Turn Everything Upside Down Twice", "Maniac" (Michael Sembello cover).