La review

LE CABARET VERT
Charleville-Mézières (08)
25-26-27-28/08/2016


Review rédigée par John P.


Le Cabaret Vert est un festival se déroulant chaque année depuis 2005 à Charleville-Mézières. Depuis douze ans, il s'est fait connaitre grâce à sa diversité musicale : rap, pop, electro, jazz, reggae, mais surtout rock et metal. Parmi les groupes de ces deux derniers styles ayant joué sur les scènes du Cabaret Vert, nous pouvons citer Mass Hysteria, Dagoba, Lofofora, Eths, Shaka Ponk, Deftones, Gojira, Madball, Iggy And The Stooges, NOFX, Suicidal Tendencies, Enter Shikari, The Offspring, Volbeat, Marmozets, Airbourne, Limp Bizkit, Slaves et John Butler Trio...

Jour 1 : C'est quelques minutes après l'ouverture des grilles de la douzième édition du Cabaret Vert que j'arrive sur les lieux. Le temps d'attente à la fouille semble plus long que l'année précédente (plan vigipirate oblige), mais reste raisonnable pour un festival de cette envergure. Je passe plus rapidement que les festivaliers par la file média et me voilà entré. Je fais un rapide tour des lieux avant que la foule n'arrive, les premiers festivaliers échangent leurs Euros contre des Bayards (la monnaie du festival), la petite scène (scène des Illuminations) est à l'entrée, les bars à eau tournent déjà à plein régime, l'entrée du Temps des Cerises (coin reggae) est décorée par un "CABARET VERT" en grosses lettres végétales et la grosse scène (scène Zanzibar) se trouve un peu plus loin. Les caméras pour les retransmissions sur grand écran et sur Arte Concert sont installées, il ne me reste plus qu'a allé me poser au premier rang de la scène des Illuminations pour attendre le premier concert de cette année.



Preuve du succès du festival, je me retrouve déjà à côté d'un jeune couple anglophone absolument fan du groupe ("I think I'm gonna cry" dit elle). Après un peu d'attente, le trio de rock américain HIGHLY SUSPECT fait son entrée sur scène. Autant dire que je connais peu le groupe (comme pas mal d'autres groupes cette année), mais que l'ambiance est vite mise en place malgré un public encore léger à ce moment. Le groupe joue un set d'une cinquantaine de minutes, le leader Johnny Stevens offre son médiator à cette même fan anglophone avant de quitter la scène suivi des jumeaux Rich (basse) et Ryan Meyer (batterie). Rapide passage devant la grande scène, où la foule est déjà présente depuis un moment car Damian Marley, le fils de Bob, vient de faire son entrée sur scène depuis une dizaine de minutes.



Mais le concert qui nous interesse commence un peu plus tard, sur la petite scène encore, et il s'agit de celui de KING GIZZARD AND THE LIZARD WIZARD. Ce groupe australien de rock psyché a une formation à peu près aussi originale que son nom : un chanteur-guitariste-flûtiste, un chanteur-guitariste (mais pas flûtiste), un guitariste (mais pas chanteur ni flûtiste), un bassiste, un claviériste, un batteur et puis un autre batteur (pourquoi pas après tout). Ces deux batteurs jouent en grande partie la même chose de manière synchronisée ce qui a pour principal avantage d'être très esthétique Leur musique est énergique malgré des airs très enfantins et accrocheurs. Enfin, à l'heure de la tête d'affiche, nous retrouvons d'un côté sur la scène des Illuminations Seratones un petit groupe de rock'n'roll américain et de l'autre, le très attendu groupe de pop rock français INDOCHINE dans le cadre de sa tournée des festivals. Mon choix est donc évident, je me tourne vers SERATONES. Le public est assez peu présent, logique puisque le stade Bayard est recouvert d'Indofans et de curieux attendant Nicola Sirkis et son groupe. Pendant ce temps, SERATONES entre sur scène, dirigé par la très jeune chanteuse A.J. Haynes. Pas trop difficile de se trouver une place au premier rang où l'ambiance arrive vite autour des quelques centaines de fans venus voir le groupe. Le petit nombre de personnes engendre des liens avec le groupe. Pendant le concert, le bassiste Adam Davis aura même droit à un "Happy birthday to you" général. Finalement, si la quantité est pas là, la qualité est bien présente et la voix soul de A.J. Haynes gagne les faveurs du public. Je laisse les amateurs d'electro se tourner vers M83 sur la grande scène, et il ne me reste plus qu'à attendre le lendemain pour retourner sur le site du festival pour des concerts un peu plus mouvementés. (Les concerts de KING GIZZARD AND THE LIZARD WIZARD et de SERATONES sont en replay sur le site Arte Concert)



Jour 2 : Comme chaque année, le Cabaret Vert invite sur scène des artistes locaux. Dès mon arrivée, je m'arrête donc devant la scène des Illuminations pendant que le groupe de Charleville-Mézières WE ARE SHADOWS fait ses réglages et que la basse est en réparation. L'instrument arrive finalement, le groupe fait un dernier test de retour de son, des amis des membres sont déjà aux abords de la scène, le concert peut commencer.



WE ARE SHADOWS enchaîne alors les titres de son EP et une reprise de Björk avec toujours l'énergie vocale de Marie-Laure Brizet. Le public n'est pas bien grand pour trois raisons : c'est le premier concert de la journée, il se déroule sur la petite scène et les Américains de MASTODON se préparent sur la scène Zanzibar. Malgré cela, le groupe arrive à créer un mini wall of death et à garder un public chaud. Quand ils quittent la scène, pas le temps de souffler, je file devant l'autre.



Brent Hinds et le reste du groupe MASTODON a déjà commencé à jouer depuis quelques minutes et autant dire que la foule est déjà beaucoup plus grande que tous les concerts auxquels j'ai assisté en ce début de festival. Plus grande mais malheureusement peu énergique. Mastodon était pourtant attendu depuis l'édition 2015 où ils avaient dû annuler leur concert pour des raisons personnelles. Le groupe fait pourtant magnifiquement son show et il semblerait même que ce soit le plus beau festival auquel ils ont participé selon eux. Si la chaleur n'excuse pas le manque d'agitation du public, l'heure de passage peu tardive du groupe peut être un des deux facteurs causant ce problème, le deuxième facteur étant la diversité musicale du festival. Qui dit diversité musicale dit diversité du public et certaines personnes ont l'air de se demander qui est ce groupe pendant que d'autres, visiblement plus fans de David Guetta que de MASTODON, dansent comme dans une boîte de nuit. L'essentiel est que les personnes qui sont là pour le groupe et que le groupe lui-même passent un excellent moment.



Quarante minutes plus tard, c'est au tour de WOLFMOTHER de monter sur la scène Zanzibar. Pendant un peu moins d'une heure, le trio australien vient jouer son rock psychédélique 70's porté par la voix nasillarde d'Andrew Stockdale. Le groupe aussi connu soit-il est presque une découverte pour moi. Le chanteur-guitariste, le batteur et le bassiste-claviériste laissent finalement une bonne impression. Je décide enfin de rater le concert du groupe de grunge féminin L7 pour rester aux abords de la grande scène et attendre la tête d'affiche de cette journée : le groupe de rock français LOUISE ATTAQUE.



Le public est au rendez-vous et se met dans l'ambiance en chantant avant que le groupe n'arrive. Finalement, Gaëtan Roussel et son groupe entrent sous un tonnerre d'applaudissements. Ils enchaînent leurs plus grands titres comme "Ton Invitation", "Du Grand Banditisme" ou "Anomalie". Mais c'est surtout "J't'emmène Au Vent" et "Léa" qui sont repris en chœur par le public ardennais. Le nombre de Léa au mètre carré semble d'ailleurs assez énorme (j'en compte déjà une à ma gauche, une autre à ma droite) pendant que le refrain entêtant me contredit en disant que "Léa [...] elle est pas à gauche, elle est pas à droite". Ce concert a été un énorme succès car WOLFMOTHER reste un de ces groupes abordables qui est capable d'attirer monsieur tout le monde autant que les plus jeunes. Cette deuxième journée du Cabaret Vert est plus convaincante que la première pour le moment, mais c'est la troisième qui m'intéresse, avec deux gros concerts très attendus. (Les concerts de WOLFMOTHER et de L7 sont en replay sur le site Arte Concert)



Jour 3 : Après avoir savouré une bière, je me rapproche de la scène Zanzibar pour ce troisième jour. THE INSPECTOR CLUZO est sur scène depuis peu.



Le duo gascon est composé d'un chanteur-guitariste et d'un batteur puisque selon eux, les bassistes c'est comme les hommes politiques, ça sert à rien. Le chanteur Laurent est très charismatique, émouvant et drôle et sait parler au public. Le concert se termine tranquillement et ma place au premier rang est déjà assurée pour le suivant. C'est donc MASS HYSTERIA, tête d'affiche de la première édition du Cabaret Vert en 2005 qui entre sur scène.



Mouss Kelai, le chanteur, arrive blessé au genou mais toujours debout et le gros show peut commencer. Le public est à fond, les premiers pogos et circle pits commencent à se former, les deux guitaristes Frédéric et Yann vont jusqu'à entrer dans ces derniers pour jouer au centre. Malgré sa blessure qui l'empêche de pousser à fond, Mouss reste très proche du public et fait son job à la perfection. Le point culminant du concert arrive au moment de "Furia" lorsque le chanteur propose au public de se séparer en deux (ce que le public fera). Le wall of death se referme sur les quelques malheureux restés au centre au signal de Mouss. En dehors de ça, le groupe délivre à merveille son metal avec ses classiques ("Positif À Bloc") et ses morceaux récents ("Vae Soli", "Chiens De La Casse"). Finalement, le groupe quitte la scène après une heure de spectacle et Mouss vient rapidement à la rencontre du public le temps de quelques photos. C'est le soir qu'arrive un des groupes les plus attendus de cette édition. Groupe canadien de pop-punk formé en 1996 et dirigé par Deryck Whibley, il s'agit de SUM 41. Encore une fois, je me trouve une très bonne place au premier rang. Avant SUM 41, c'est un autre invité qui fait son entrée au Cabaret Vert : l'orage. Après les chaleurs de ces trois jours, autant dire qu'un peu de pluie ne fait pas de mal. Celle ci s'arrête rapidement, un technicien vit son quart d'heure de gloire lorsqu'il vient nettoyer la scène mouillée.



C'est donc avec un peu de retard que Deryck, Dave, Tom, Frank et Jason arrivent devant un public chaud bouillant composé d'énormément de fans de ce groupe qui a percé dans les années 2000. Deryck Whibley est en cohésion avec la foule, il fait monter quelques membres du public sur scène, il balance des ballons d'eau... bref tout y est. Petit bémol, on dirait que tout est calculé et qu'il n'y a pas de place pour l'improvisation. Pour ceux comme moi qui se sont un peu renseignés avant le concert, tout est prévisible : les passages musicaux d'intro avant l'arrivée du groupe, la reprise de "We Will Rock You" (mauvaise reprise, ne nous mentons pas), les chansons "In Too Deep" et "Fat Lip" en fin de concert, la nouvelle chanson "Fake My Own Death"... SUM 41 ne fait même l'effort de jouer "War" pourtant dévoilée quelques jours avant. Mais à part ça, tout est parfait, Deryck est dans une forme incroyable après son hospitalisation qui aurait pu lui coûter la vie, le groupe est plus lié maintenant qu'ils sont cinq. Ils sont définitivement prêts pour la sortie de leur prochain album "13 Voices". Ce troisième jour était clairement le meilleur depuis le début du festival, il ne reste plus qu'à se diriger vers la sortie en attendant le quatrième et dernier jour. (Le concert de SUM 41 est en replay sur le site Arte Concert)

Jour 4 : J'arrive sur les lieux pendant que pas mal de campeurs les quittent. Le festival se vide, ce dernier jour est considéré comme la petite journée. Tout est tranquille la première heure, il y a peu de monde aux alentours. Cette journée sans grand concert m'offre la possibilité de faire un tour au alentours des scènes car le Cabaret Vert c'est plus que de la musique. Je passe d'abord devant les typiques stands de bières et de nourritures ardennaises (croûte ardennaise, poutine ardennaise, cacasse à cul nu...) pour me retrouver au village associatif où sont représentée différentes causes telle que la lutte contre les OGM, la lutte contre les MST ou encore Sea Shepherd. Le Cabaret Vert dispose également un mini cinéma diffusant entre autre "Ben & Val", une mini série créée par deux bénévoles du festival. Je me rend également à l'espace jeu où on trouve par exemple un puissance 4 géant et un manège. Particularité de ce manège ? Il n'utilise pas d'électricité ! Il est composé de vélo et pour le faire tourner, il faut pédaler. Effectivement, si le Cabaret Vert porte ce nom, c'est pour rendre hommage à Arthur Raimbaud qui a vécu à Charleville-Mézières ("Au Cabaret Vert" est une œuvre de ce poète), mais également pour souligner le fait que ce soit un festival vert, un "éco-festival". Du matériel de récupération est utilisé pour certaines structures du festival, des poubelles de tri se trouvent partout sur le site, des bénévoles travaillent sans arrêt pour nettoyer le sol, des cendriers jetables sont distribués... Bref, le festival lutte contre la pollution et ça, c'est un très bon point.



Je me pose un peu à plusieurs dizaineS de mètres de la scène Zanzibar pour observer une partie du concert du belge Arno avant de décider de quitter cette édition en attendant l'année prochaine.

En chiffres, le Cabaret Vert 2016 c'est :
- une 12ème édition
- 4 jours de festival
- 1856 bénévoles
- 1350 heures de préparation en atelier
- 283 journalistes accrédités
- 94 000 entrées