Ce soir, les Lyonnais de BUY JUPITER nous convient au Warmaudio pour célébrer la sortie de leur deuxième EP, Crossworlds. Cet EP raconte la suite des aventures des habitants de Jupiter, contraints à quitter leur planète. Pour fêter l’événement, les cinq garçons sont accompagnés ce soir par les jeunes grenoblois de Titans Fall Harder, et par leurs aînés de Nonsense originaires, eux aussi, de Lyon. Nous aurons là un joli plateau qui devrait nous permettre d'apprécier différentes facettes du metal moderne made in France.

Sur une introduction épique, Niels, le batteur de TITANS FALL HARDER, vient se placer debout, bras croisés, derrière son instrument. Son visage est longuement encapuchonné et sa carrure en impose. Vous cherchiez des titans ? Je crois qu'on en tient un ! Pour lancer les hostilités, il sera rejoint par Matthieu à la guitare, Stéphane à la basse, Eliott au clavier et Clément au chant. Les cinq garçons nous balancent un deathcore bien lourd avec un clavier et des samples très présents qui amènent un côté assez electro à leur musique. Les compos sont bien maîtrisées et l'esthétique soignée. Ça bouge beaucoup sur scène et le chanteur interpelle régulièrement les spectateurs en les exhortant à se déchaîner avec eux. Pourtant, il y a quelque chose qui ne passe pas. On a l'impression d'assister à beaucoup de bruit et de gesticulations pour pas grand chose. Malgré le décorum, on a l'impression que le groupe cherche à nous en mettre plein les yeux et les oreilles sans être véritablement habité par sa musique. Il faut dire, pour leur défense, qu'il est toujours difficile de jouer en première partie sur un concert. Les TITANS FALL HARDER doivent tout donner pour marquer les esprits face à un public qui ne les connait pas et qui arrive dans la salle au compte goutte sans avoir eu encore le temps de se plonger dans l'ambiance de la soirée. Il en résulte un show qui semble assez artificiel mais qui trouve, malgré tout, quelques véritablement moments d'intensité, en particulier sur la fin de leur set. Ce soir, les TITANS FALL HARDER nous auront laissé l'image d'un groupe qui ne manque pas de fougue avec un show qui se veut riche et spectaculaire. Malgré une bonne maîtrise, on sent que tout ça est encore frais et qu'il manque encore un peu de maturation pour paraître plus habités et naturels. C'est en tous cas ce qu'on peut leur souhaiter pour la suite !

Nous accueillons maintenant les Lyonnais de NONSENSE qui débarquent en terrain conquis. En effet, en ayant assuré à deux reprises la première partie de Textures à Lyon, le groupe a su se tailler une belle réputation dans la région et, ce soir, beaucoup de monde à fait le déplacement jusqu'au Warmaudio pour venir les écouter. Proposant un metal progressif influencé par le courant djent, les Lyonnais font preuve d'une très grande précision et d'une impressionnante maîtrise musicale. On saluera, notamment, la superbe performance de leur nouveau batteur qui nous fait un remarquable sans faute pour ce deuxième concert au sein de la formation. Visuellement, on est dans quelque chose de beaucoup plus sobre que pour le groupe précédent, mais on se laisse pourtant facilement embarqué par cette musique puissante et soignée qui crée une forme de communion avec la salle. Touché par l'accueil chaleureux du public, le chanteur propose même de lancer un circle pit sur l'un des morceaux. Chantant avec simplicité et émotion, il parvient facilement à toucher le public malgré de nombreux passages en chant clair un peu approximatifs. Entre gros sens du groove et superbes soli mélodiques, les NONSENSE nous donnent une véritable leçon de musique ce soir. Après une prestation aussi réussie, les BUY JUPITER vont devoir se montrer à la hauteur !

Il est maintenant temps d'accueillir ceux qui sont à l'initiative de cette soirée. Comme pour le groupe précédent, il est vraiment plaisant de voir que le public lyonnais s'est déplacé en nombre pour soutenir sa scène locale. A l'occasion de cette date particulière et pour rester cohérent avec leur concept, le groupe entreprendra de jouer ses deux EPs dans leur intégralité. On commence donc, sans surprise, avec l'introduction aérienne de "Departure", suivie du morceau "Goodbye Jupiter". Les cinq Lyonnais nous délivrent un metal moderne très lourd et tumultueux avec un son énorme. Les rythmiques sont très incisives et les quelques mélodies bien senties. On remarque surtout la performance hors du commun de leur chanteur Py, qui officie également chez les talentueux Dead Kiwis. Le visage empourpré et le regard fiévreux, le frontman nous assène son gros chant hardcore avec une puissance et une intensité monstrueuse. Jouant sur les contrastes, il n'hésite pas à ponctuer sa prestation par quelques pas de danse décontractés ou par de petites plaisanteries débiles. Comme à son habitude, cet animal ne tient pas en place et la scène s'avère rapidement trop petite pour lui. Qu'à cela ne tienne, il passera une bonne partie du concert au milieu du public entre pogos, slams et wall of death... Sur l'excellent "Battle Of Io", il puise jusque dans ses dernières ressources et finit à terre, au milieu du public, en lançant des hurlements déchirants. Pourtant, on n'en est qu'à la fin du premier EP et il faut encore assurer la deuxième partie du concert ! Comme il le dira : "Je ne remercie pas mes collègues de Buy Jupiter qui m'obligent à jouer si longtemps !". En effet, le groupe en a encore sous la semelle. La preuve en est rapidement faite avec les morceaux "Drift" et le dévastateur "Uprising" qui ouvrent ce deuxième EP avec brio. Sur la scène, tout comme dans le public, chacun transpire à grosses gouttes en se frayant un chemin à travers le chaos et la fureur. Heureusement, l'instrumentale "Monolith" permettra au chanteur de s'éclipser quelques minutes pour souffler un peu. "J'ai été faire pipi !" nous lancera-t-il en revenant. Il faut dire que, ce soir, le groupe joue devant de nombreux copains et même dans l’espace, on reste humains ! Aussi, on n'hésitera pas à lancer des dédicaces et à fêter les anniversaires dans un esprit très... "rock" ! On terminera avec la même ferveur sur les deux derniers longs morceaux de l'EP que sont "New Era" et "Collide". A l'image de leur chanteur gisant au milieu de la scène, le groupe aura, une fois de plus, repoussé ses limites pour un superbe concert qui restera dans les mémoires.

Au final, cette soirée aura été une très belle réussite grâce, notamment, à un public nombreux et convivial. Malgré mes quelques réserves exprimées sur la prestation de TITANS FALL HARDER, les groupes ont su profiter de ce moment privilégié pour nous offrir des prestations de haute volée ! Merci à tous les musiciens, aux techniciens et à tous ceux qui ont œuvré au bon déroulement de cette excellente soirée. Vive le metal et vive la scène locale !

Photos tirées de : www.lukasguidet.com