La review

BONECRUSHER FEST
Carnifex + Beneath The Massacre + Within The Ruins + Molotov Solution + Betraying The Martyrs
Le Divan Du Monde - Paris
17/02/2012


Review rédigée par Braindead


Bonecrusher Fest, tout est dit. Ce soir les moshers et autres excités tatoués en jean slim, sont de sortie pour la troisième édition du festival deathcore itinérant. Ca va suer au Divan du Monde, la programmation est de haute teneur avec notamment CARNIFEX en tête d’affiche, des habitués qui ont participé à toutes les précédentes éditions et qui jouent ce soir le rôle de parrain / pilier pour les petits nouveaux, à commencer par les jeunes Frenchies de BETRAYING THE MARTYRS qui ouvrent les hostilités de façon volcanique.



Pour être franc, je ne m’attendais pas à grande chose après les avoir vus au Paris Extrême Fest, leur emo hardcore couplé à des cris stridents m’ayant laissé de marbre. C’était sans compter sur un changement des plus radicaux qui a pour nom Aaron (en lieu et place d’Eddie), nouveau frontman Anglais à la voix gutturale totalement maîtrisée pour son âge (on ne le dira jamais assez, mais le franglais tue le metal). En résulte une synergie totale entre les membres du groupe, un réel plaisir à dérouler sur scène un positif deathcore certes parfois un peu cliché mielleux mais propre, et sans concession. Il faudra au combo à peine cinq minutes, le temps de balancer son titre phare "Man Made Disaster", pour foutre un sacré boxon dans la fosse du Divan et ce malgré l’absence de Valentin, bassiste attitré qui a déclaré forfait pour raisons de santé. BTM assure, grandit, démontre une réelle maturité technique acquise au cours de leurs nombreux concerts, ils se font plaisirs et par conséquent font plaisir à un public qui semble connaître par cœur leur dernier opus "Breathe In Life". En revanche, il est fort à parier que les coreux trentenaires ne soient pas conquis, reprochant au projet une thématique un peu trop lisse voire Bisounours dans ses fondements, sans réelle profondeur contrairement à Gojira, autre membre de la famille metal positif. Trente minutes de show, son au top, lights inspirées, organisation du feu de Dieu (10 minutes de soundcheck en moyenne entre chaque groupe), ça annonce du lourd. Nous quittons le monde très marketé de BTM pour celui de guérilla urbaine des bien nommés MOLOTOV SOLUTION.



Le gang de Las Vegas multi reformé, distille un deathcore progressif qui taille un costar à la Société libérale sous toutes ses formes, de la manière la plus radicale. Nick grand échalas rageur, invective les kids et trouve réponse lors des nombreux moshpits de la soirée. J’ai rarement vu un frontman aussi impliqué au moment de cracher ses missiles, c’est oublier que les membres de MOLOTOV SOLUTION ont tous passé au moins une fois l’épreuve de la rue, ce qui ne les a pas empêché de continuer à composer, respect. L’ambiance chaotique et rance se ressent sur des textes comme "Injustice For All", un hymne à la violence salvatrice, nous laissant chaos et conquis, tel un Mass Hysteria dopé au vore viscéral. Le set se termine en laissant planer une lourdeur palpable qui restera un moment. Revoluciónnnnnnnn !!!!!!!



Juste le temps de descendre un Perrier (coupé à moitié avec du Gin, je vous rassure…) que WITHIN THE RUINS prend place. Concentration optimale, le groupe envoie un deathcore très (trop ?) technique, peut-être un brin académique, mais d’une puissance féroce en live. Tim, dont la stature n’a rien à envier à CorpseGrinder, fait preuve d’une énergie hallucinante qui nous assomme littéralement, tandis que la double caisse couplée à des riffs matraqueurs, saccade à mort. Meshuggah n’est pas loin. Quarante minutes d’un set calibré et WTR laisse place à une douce odeur de sirop d’Erable.



Les monstrueux Québécois de BENATH THE MASSACRE sont dans la place et n’ont pas l’intention de faire de la figuration, n’en déplaise à ceux qui leur reprochent de ne pas trancher clairement entre death-metal et deathcore. A grand coup de Tabernacle, Elliot coupe le débat. Avec leurs carrures de bûcherons, le groupe envoie du bois, entre riffs surpuissants et voix tonitruante. Justin, le batteur marteau piqueur, use la double pédale, créant un effet quasi hypnotique sur l’assistance qui devient à ce moment incontrôlable, ça mosh, ça slamme, ça saute sur scène, une enceinte frontale échoue même dans le public, quelle jouissance… BENEATH THE MASSACRE est bel et bien le monstre de la soirée.



CARNIFEX ne pouvait rêver meilleure chauffe. Surtout que pour des problèmes de réglages (Fred Calderon et sa basse), nous devons attendre une vingtaine de minutes, le temps de s’envoyer un Coca (coupé à moitié avec du J&B, je vous rassure…). Fred est enfin rejoint sur scène par Ryan et sa guitare orange, le très sympathique Cory qui ressemble de loin à Homer Simpson chevelu et bien entendu Scott, légitime leader d’un combo qui a toujours répondu à l’attente des fans en sortant un album quasiment tous les ans. Le groupe est en terrain conquis, le set totalement maîtrisé faisant la part belle à "Until I Feel Nothing", leur dernier skeud, c’est sans fioriture, le charisme naturel de Scott associé aux qualités scéniques d’un groupe qui a atteint sa maturité, impressionnent.

Le Bonecrusher troisième du nom a tenu toutes ses promesses. L’organisateur, Only Talent (qui abreuve la capitale en excellents concerts et découvertes depuis des mois) nous a concocté une soirée d’une fluidité étonnante, pour ne pas dire détonante, ce qui est finalement assez rare en Ile de France pour être signalé. Vu le succès (Le Divan plein à 90%), une quatrième édition est plus qu’envisageable, ce qui n’est pas pour me déplaire.