La review

BLOOD CEREMONY + SPIDERS
Le Batofar - Paris
07/05/2014


Review rédigée par Boris


Pour celles et ceux qui ne connaissent pas l'endroit, le Batofar est un ancien bateau-feu amarré en bordure de seine à Paris. Originellement plutôt branché musiques électroniques, il faudra compter ce soir sur une ambiance typée 60/70's, entre psychédélisme, sorcellerie et hard rock !! BLOOD CEREMONY fait son retour en France pour ensorceler la capitale de ses sortilèges !!



Cette fois-ci, les Canadiens sont accompagnés des Suédois de SPIDERS. Porté par la très jolie Ann-Sofie au chant, le quatuor existe depuis 2010 et a déjà a son actif quelques singles et EPs avant la parution de son premier album "Flash Point" en 2012. Dans une petite cape dorée, la frontwoman prend les commandes dès les premières minutes de "Control" et saisit le public dans sa toile. Musicalement, le groupe gère un espèce de hard rock / vintage crasseux très inspiré de certains artistes des années 70, type Steppenwolf, les Kinks, Deep Purple ou encore Joan Jett en mode Girlschool, parsemé du blues le plus sensuel à certains moments. Le guitariste John Hoyles semble avoir intégré toutes les gammes et les combinaisons de cette musique pour en faire sienne avec un vrai feeling. Une voix dans le public s'élève : "Where are you Ozzy !!!!", le type a l'air très emballé par ce qu'il voit... peut-être la dégaine d'Ann-Sofie, ce qu'elle dégage lui fait penser au Prince des Ténèbres ? Se démenant sur scène comme une damnée (faut dire que parfois on est proche du punk), usant d'harmonica et maracas ("Rules Of The Games"), il y a quelque chose de très naïf et de très nerveux à la fois... France Gall dans les 80's avait ce quelque chose aussi. Bref, je suis sous le charme et voilà cette compo "Above The Sky" qui enfonce le clou, très soul au croisement de Janis Joplin et Black Sabbath. Niveau son, c'est très fluide valorisant la section rythmique au top, décontracté et efficace. Mention très bien au light show également très dynamique et coloré. SPIDERS termine son set sur deux titres vraiment énormes dont le génial "Love Me" avec son riff qui fait carrément "Peace Frog" des Doors, en plus rapide. La chanteuse s'adresse cette fois-ci comme une Mike Jagger au féminin avec ses "Hey You". Le public est définitivement sous le charme. Un peu moins d'une heure de show et pas vu le temps passé... une vraie belle découverte, en espérant que le groupe durera et ne nous fera pas le coup de The Oath !

Setlist : "Control", "Loss & Trouble", "Shame Electric", "Hang Man", "Nothing Like", "Rules Of The Game", "Only Your Skin", "Above The Sky", "Love Me", "Fraction".



Faut croire que BLOOD CEREMONY attire tous les âges, toutes catégories sociales et c'est tant mieux. Arborant fièrement un tee shirt de Gorguts, c'est bien le bassiste Lucas Gadke qui fait ses réglages, suivi par le guitariste Kennedy Sean à la guitare et Michael Carrillo à la batterie. Des personnalités plutôt différentes mais qui semblent très complémentaires. L'arrivée de la maîtresse de cérémonie, Alia, est ovationnée par ses fidèles, armée de son orgue et de sa désormais mythique flûte, tout est prêt pour la grande messe ! Issu de leur dernier album, "The Eldritch Dark""Witchwood" enflamme le début du set, porté par un son de basse massif, Lucas aurait-il fait ses armes sur du brutal death ? Pourtant celui-ci aurait une plus grande expérience dans des groupes folk à la contrebasse... En tout cas, son jeu et ses lignes sont le ciment de BLOOD CEREMONY qui peut jouer de toutes les nuances sans jamais tomber dans le "mou du genou". "Black Magic", tels sont les premiers mots du titre au feeling sinueux et décadent très fin 60's. Alia est vraiment charismatique, femme animale, enchanteresse et insoumise, elle impose son chant dans une ambiance digne d'un sabbat fantasmé. L'orgue Hammond renforce cette impression évoquant les images de Kenneth Hunger ou l'esprit d'un Aleister Crowley. En live, on se rend vraiment compte des structures des morceaux, progressifs et extrêmement riches. Aucun de leurs trois albums n'est oublié, pour le plus grand bonheur d'une horde de fans, connaissant les paroles par cœur. Lorsque les premières notes à la flûte de "Goodbye Gemini" résonnent, c'est évidemment l'apothéose, titre génial et entraînant qui ne perd rien de son aura post-hippie occulte.
Mis à part les grosses rythmiques Sabbathiennes de Sean Kennedy, ("Return Of Forever"), on est quand même loin du doom metal, à l'instar de la sublime et lumineuse ballade folk "Lord Summerisle" chantée par le bassiste, accompagné par Alia. On est plus proche d'un Barclay James Harvest ou d'un autre combo progressif des 70's. Pas étonnant que dans le public on retrouve des personnes ayant passé la cinquantaine, voire plus, fan de Magma, de Jethro Tull ou Coven, BLOOD CEREMONY est bel et bien habité de cette flamme, de cette liberté artistique, de ce son d'un autre âge pourtant intemporel.
Ode au plus grand magicien du XXème siècle, le "MAL" nommé Aleister Crowley, le titre "Olivier Haddo" est un des grands moments du concert, envoûtant, tripant, avec son riff à la croisée de Sabbath et des Animals, et ses breaks rappelant Bach à l'orgue... ambiance, ambiance... Les Canadiens ont choisi de terminer le show avec "Master Of Confusion" issu de leur premier album. Intro à la Amon Düül, bon riff Sabbathien, le refrain est également repris à l'unisson par le public. Grande classe !!

Setlist : "Witchwood", "I'm Coming With You", "My Demon Brother", "Lord Summerisle", "Goodbye Gemini", "Return To Forever", "The Eldritch Dark", "Oliver Haddo", "The Magician", "Master Of Confusion".

Au final , il est étonnant de ne pas avoir entendu le nouveau single "Let It Come Down"... mais qui va se plaindre de cette soirée, tout simplement MAGIQUE !