La review

BEYOND CREATION + VIRVUM + BLEED + PROMETHEAN
Le Gibus - Paris
03/07/17


Review rédigée par Sharknator


BEYOND CREATION n’a jamais vraiment eu l’occasion de jouer plus d’une demi-heure au sortir de son Canada natal, contraint par le statut de première partie qu’on lui attribue trop souvent. Voici en ce jour une occasion de décoller : le groupe devient tête d’affiche d’une soirée tech death à souhait, au Gibus Live ! Pour se démarquer, BEYOND CREATION ne fait donc pas les choses à moitié, dans une salle de 600 places de capacité, ouvert par des groupes bien énervés afin de mettre l’assemblée dans le bain. Soirée sauvage en perspective…



Et dès le premier groupe on ne peut que constater une affluence déjà assez forte dans la fosse, ce qui augure un public bien fourni pour la suite des événements. Mais également une sono un peu aux fraises… car un problème s’impose d’emblée : on n’entend rien. Tout au long du concert on observe avec gêne le chanteur vomir ses tripes pour ne pas distinguer le plus petit soupçon de voix dans ce magma de basse trop forte et de synthés qui peinent à donner une réelle saveur à ce qui reste. On sent que le résultat influe quelque peu sur l’attitude de chaque membre, pour un résultat scénique crispé et statique. C’est d’autant plus dommage que la volonté de bien faire est présente envers et contre tout, on peut au moins leur accorder cela. Ce qui se remarque dans le pit, qui s’agite déjà avec un wall of death en sus. Une déception d’assez mauvaise augure…



Changement de registre avec du death / groove metal bien de chez nous, BLEED et son petit promontoire posé sur scène. On comprend bien vite à quoi il sert une fois l’intro instrumentale finie : rien de moins qu’un intermédiaire pour déchaîner une musique frontale et percutante pour créer l’ambiance. Car le frontman s’en donne à cœur joie, n’arrêtant pas de gesticuler dans la grandiloquence la plus exacerbée, une énergie transmise sans aucun mal à la fosse, qui en oublie presque la nette amélioration du son, pourtant moins important qu’il n’aurait pu l’être durant PROMETHEAN. C’est donc noyé sous une sono ayant repris du poil de la bête que le Gibus s’agite en pogos et walls of death comme le frontman les demande. On accuse cependant d’incompréhensibles (en plus d’être trop fréquentes) sautes de son sur le dernier morceau, de quoi ternir un set si rentre-dedans, qui ne manque pas cependant d’être applaudi en bonne et due forme.



Un seul album actuellement mais très bien accueilli par les aficionados pour VIRVUM, les preuves ne sont donc plus vraiment à faire de leur côté. Mais au Gibus, le tech death impeccable et sans fioriture des Suisses pâtit bien misérablement de la sono de la salle encore une fois complètement aux fraises. Beaucoup trop de batterie, et surtout de cymbales, qui vient trop éclipser le reste. Il en devient assez difficile de savourer une déferlante de riffs pourtant subtils et très stylisé, qui nous font regretter l’écoute album. Ce qui n’empêche pas les plus excités des spectateurs de commencer à s’agiter, en lançant notamment les premiers slams de la soirée. On sent cela dit une ambiance un peu forcée, ponctuée de moments de calme plus adaptés au style de VIRVUM. Ce n’est que vers la fin que se déchaîne tout le talent de la formation en lâchant un concentré parfaitement étudié de tout ce qui peut se faire dans le tech death, incarné par "A Final Warming Shine", pièce maîtresse des Suisses, qui déployèrent de grands efforts scénographiques pour rester à la mesure de la tête d’affiche à suivre.



Il faut dire de nos chers Québécois n’ont, rappelons-le, plus aucun mal à satisfaire leur public, que ce soit en termes d’albums ou de performances. Compositeurs de génie et musiciens talentueux, on leur mange dans la main, et ce soir au Gibus quand vient leur tour, c’est salle comble, avec une impatience au beau fixe. Pleinement satisfaire, et les raisons pour cela ne manquent pas : la sono s’est refaite une beauté suite à VIRVUM (enfin on déguste, même assez partiellement, la richesse du tech death), les musiciens en imposent, par la technique comme par la voix (on en excuse totalement la relative immobilité, qui n’influe en rien sur le style joué), en conséquence de quoi le public se déchaîne, entre mosh pits effrénés, slams en pagaille (à fréquence crescendo) et pogos violents. Une intensité qui, malgré le départ de près de la moitié du public, ne diminuera d’aucune façon lors du quart d’heure de rappel qui s’ensuit, bien au contraire. C’est vraiment là que l’on réalise la chance que l’on a de voir BEYOND CREATION en tête d’affiche, ne souffrant d’aucune contrainte temporelle pour nous donner le meilleur d’eux-mêmes sans pression aucune.

Si vous avez eu la malchance de rater ce morceau de virtuosité, ne manquez pas leur retour au mois de Novembre, en première partie de Dying Fetus.