La review

BEHEMOTH + AT THE GATES + WOLVES IN THE THRONE ROOM
Le Bataclan - Paris
22/01/2019


Review rédigée par Matthieu


Eh bien mes aïeux, c’est une date à graver dans le marbre ! Pourquoi ? Tout simplement parce que BEHEMOTH revient à Paris, et avec des invités de marque ! AT THE GATES, que l’on a pas vu hors festival depuis deux décennies, et WOLVES IN THE THRONE ROOM pour la mise en bouche. Conquis ? Moi oui, dès l’annonce. Mais la malédiction du mardi frappe Paris, et nous ne sommes qu’une poignée à attendre à une heure de l’ouverture. L’entrée s’effectue dans le calme, et l’attente est paisible.



Mais soudain, la guerre démarre, avec l’arrivée des Américains. Leur entrée est sobre, et ce devant une fosse qui est tout de même conséquente vu l’heure et la date. Mais peu importe, WOLVES IN THE THRONE ROOM débute un set qui s’annonce comme intense et très peu visuel. Si le son du groupe est ambiant et entouré de fumée, les membres sont très impliqués dans leur musique, et headbanguent en permanence. Derrière son clavier, Brittany McConnel ajoute quelques harmonies apaisantes, alors que Trevor Deschryver (batterie) envoie une avalanche de blast rapide et précise. Au centre, Nathan Weaver (chant / guitare) reste assez statique, se concentrant sur sa voix et sa guitare ponctuée de LEDs, mais Aaron Weaver et Kody Keyworth (guitares) s’acharnent sur leurs instruments. Macabre, glacial et morbide, voilà comment je décrirais ce show qui est passé en un clin d’oeil. Si le chanteur s’incline rapidement devant son micro entre chaque titre, il ne prononce aucun mot à la foule qui acclame pourtant le groupe, mais enchaîne plutôt avec le morceau suivant après avoir bu dans sa bouteille de vin. Pourtant, il me manque quelque chose. Une basse lourde et profonde, qui s’ajouterait à merveille au son imposant des Américains, mais qui semble cependant plaire aux premiers rangs. Leur prestation s’achève comme elle a commencé, avec une distance caractéristique, mais cette fois des sourires sur les lèvres des musiciens.

Setlist: "Angrboda", "The Old Ones Are With Us", "Born From the Serpent's Eye".



On change de registre pour quelque chose de plus énergique avec les Suédois d’AT THE GATES. Après une introduction sur bande, la formation déboule avec le désormais incontournable "To Drink From The Night Itself". Et le moins qu’on puisse dire, c’est que le groupe réussit une entrée monumentale avec le premier pit de la soirée, pendant que Tomas “Tompa” Lindberg (chant) arpente la scène en hurlant comme au premier jour. Sur la gauche, Jonas Stålhammar (guitare) headbangue légèrement en alignant à la perfection les harmoniques mélodiques. De l’autre côté, Jonas Björler (basse) et Martin Larsson (guitare) se démènent pour assurer une rythmique irréprochable sous les frappes millimétrées d’Adrian Erlandsson (batterie), qui semble être en plein effort. Et alors que les premiers rang headbanguent déjà à se rompre le cou, le groupe enchaîne avec un classique. Le bassiste prend place au milieu de la scène, et les musiciens headbanguent à l’unisson, et la fosse se déchaîne encore un peu plus. Tomas joue alors avec son pied de micro sur le morceau suivant, et c’est toujours sans un mot sur le concert suit son court, dans la violence la plus pure et la mélodicité la plus travaillée. "Do you think guys you're ready ?" lance le frontman alors que nous sortons du pit photo. "This song is called "A Stare Bound In Stone"…". Et c’est encore une prouesse technique et mélodique dont les Suédois font preuve sous nos yeux, avant d’enchaîner avec "Cold", LE titre au solo parfait selon moi. Inutile de vous préciser que ma nuque me fait demande déjà grâce, mais l’enchaînement suivant ne fera qu’empirer sa pauvre situation, avec comme seul répit l’introduction sur bande. Des titres issus du précédent album, mais aussi un classique sur lequel le chanteur harangue le public. Se sentant parfaitement à l’aise, il ira même jusqu’à tendre le micro à Jonas Stålhammar pour quelques phrases d’"Heroes And Tombs". Mais même si la fin du concert approche, "Blinded By Fear" est là pour nous mettre une mandale supplémentaire après un sobre "Thank you and good night Paris !" de la part du chanteur. Mais ne vous en faites pas pour nous, car après la merveilleuse "Blinded By Fear" arrive "The Night Eternal", qui mettra tout le monde d’accord avec le premier slammeur de la soirée. Les membres quittent progressivement la scène, et Jonas Stålhammar fait face à Jonas Björler pour l’outro du dernier morceau, avant que tout le groupe ne revienne sur des acclamations amplement méritées jeter quelques médiators.

Setlist: "Der Widerstand" (sur bande), "To Drink From The Night Itself", "Slaughter Of The Soul", "At War With Reality", "A Stare Bound In Stone", "Cold", "Daggers Of Black Haze", "El Altar Del Dios Desconocido" (sur bande), "Death And The Labyrinth", "Heroes And Tombs", "Suicide Nation", "The Book Of Sand (The Abomination)", "Blinded By Fear", "The Night Eternal".



Mais le groupe que toute l’assemblée, qui se masse dans la fosse, attend, c’est BEHEMOTH. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la scène est à leurs couleurs, avec des pieds de micro, des estrades et un écran derrière la batterie. Mais ça, la foule ne le voit pas, puisqu’un drap noir est présent devant eux, et ils peuvent profiter de très dérangeants choeurs d’enfants en patientant. Ce n’est que lors du coup d’envoi donné par Nergal (chant / guitare), Seth (guitare / choeurs), Orion (basse / chant) et Inferno (batterie), tous masqués, que le fosse ne rentrera vraiment en communion avec les Polonais, et ce dès la première seconde. Mais pour être honnête, le premier morceau possède tout ce qu’il faut pour séduire : une prestance scénique, une violence malsaine et des orchestrations dantesques. Malheureusement privés de pit photo à cause des jets de fumée théatraux, je profite des étincelles de loin en appréciant ce que BEHEMOTH est devenu. Un mastodonte qui sait absolument quoi faire pour tenir le public dans le creux de sa main.
Mais ça, c’était le premier titre uniquement, car dès le deuxième morceau, où nous nous ruons devant les crash barrières, Nergal et sa bande commencent à poser devant nous. Pour le plus grand bonheur des spectateurs, mais également des photographes. Lors du troisième titre, les étincelles font leur retour, mais une fois que nous sommes loin de la scène. Pourtant, le groupe nous accueille à nouveau avec cette tiare aux signes sataniques lors du quatrième morceau. Le show est grandiose, et même si le son s’est calmé par rapport aux débuts du groupe, les harmoniques et les choeurs malsains sont toujours présents, et l’ambiance s’en ressent. Dans l’assemblée, personne ne bouge avant "God = Dog", merveilleusement introduit par le frontman. "Let me ask you a question ! Does God equals a Dog ?" nous demande-t-il. "This is "God = Dog" !". Et là, le public se déchaîne autant que les musiciens. Mais ce que nous avons vécu jusque lors n’est rien. "Fuck yeah, look around people ! What a nice gathering in Bataclan tonight, we played here before this tragic event happened…" commence Nergal . "You have no fear ! Viva la liberté ! Vive Satan !" s’exclame t-il. "This is "Conquer All" !". C'est un Bataclan plein à craquer qui répond au vibrant hommage de Nergal. Car oui, la salle est pleine ce soir, et c'est plus que mérité pour les Polonais qui enchaînent les titres, qu'ils soient anciens ou nouveaux, mais tous apprécient pleinement ce moment qui restera inoubliable. "Come on ! Sing with us !" hurle le chanteur pour motiver encore plus la foule, tel un maître de cérémonie. Le frontman annonce les titres avec calme avant de les jouer impeccablement. Le concert prendra un air théâtral lorsque Seth et Orion monteront aux côtés d’Inferno pour "Blow Your Trumpets Gabriel". "This is the very moment ! Show your hands and clap with us !" hurle le fondateur du groupe. Et les musiciens changent de place pour laisser le guitariste sur le devant. Les trois hommes lèvent leurs instruments pour saluer un public totalement acquis à leur cause, avant de laisser place à un sample qui introduit leur prochain titre, encore plus dévastateur. Car oui, "Slaves Shall Serve", c’est une rythmique sans aucun compromis, sans aucune pause et sans aucun fucking temps mort. Jamais, ô grand jamais, vous ne pourrez arrêter de headbanguer sur ce morceau diablement entraînant, surtout lorsqu’il est suivi du titre qui est, à mon humble et unique avis, du meilleur morceau des Polonais. Je parle bien de "Chant For Eschaton 2000", à la rythmique progressive et intense, qui est ponctuée de remerciements de Nergal, avant le fameux "Ein zwei drei vier" qui annonce l’explosion.
Et alors que l’on croît le groupe parti, les musiciens reviennent, la bouche pleine de sang, pour cracher au visage des premiers rangs, comme à leur habitude, avec un costume différent. Le premier slammeur du show arrivera pile au moment où Nergal débute un tapping dantesque, juste avant de descendre dans le pit photo pour serrer quelques mains et monter sur la crash barrière. Orion, surmonté d’une coiffe imposante, se place au centre de la scène pour un final qui allie son, visuel et intensité. Mais ce n’est pas le dernier morceau, car la foule, plongée dans la fumée, en veut encore ! Et c’est "We Are The Next 1000 Years" qui clôturera ce set exceptionnel, alors que les quatre membres reviennent avec une caisse claire pour frapper la fin du morceau, dans la contemplation la plus totale.

Setlist: "Solve" (sur bande), "Wolves Ov Siberia", "Daimonos", "Ora Pro Nobis Lucifer", "Bartzabel", "Ov Fire And The Void", "God = Dog", "Conquer All", "Ecclesia Diabolica Catholica", "Decade Of Therion", "Blow Your Trumpets Gabriel", "Slaves Shall Serve", "Chant For Eschaton 2000", "Lucifer", "We Are The Next 1000 Years", "Coagvla" (sur bande).

Un concert de BEHEMOTH est toujours une expérience. Mais ce soir, c’était plus que ça, c’était un vrai show, intense, grandiose et inarrêtable. WOLVES IN THE THRONE ROOM ont parfaitement instauré cette ambiance malsaine mais émotionnelle, qui a été poussée à l’extrême par les titans d’AT THE GATES. Si les Suédois ont offert l’une des meilleures performances depuis des années (alors que les précédentes que j’ai pu voir ces dernières années n’avaient à souffrir d’aucun défaut) dans une salle, ce qu’il est nécessaire de préciser, les Polonais ont absolument tout détruit. Le Bataclan peut être fier d’avoir accueilli cette soirée proposée par Live Nation. Pour ma part, je reverrais le plus vite possible chacun des groupes.



Bonus
Voir l'intégralité des photos