La review

ATAVISMA + SSANAHTES + SOYUZ BEAR
La Cave A Rock - Toulouse (31)
19/02/18


Review rédigée par LS Veg


On dit souvent que le gras c'est la vie. Cette expression me semble cohérente avec l'affiche à laquelle nous avons assisté ce soir, les Franciliens d'ATAVISMA revenaient nous faire plaisir en jouant à Toulouse près d'un an jour pour jour après leur dernier passage. Ils sont accompagnés des Bordelais de SSANAHTES ainsi que du groupe toulousain SOYUZ BEAR. Autant vous dire que cette affiche très cohérente et riche en graisse bien saturée promet de nous détruire l'ouïe.

SOYUZ BEAR ouvre les hostilités dans les alentours de 21 heures. Ces derniers jouent un sludge / doom bien gras et super lourd. Je les avais déjà vus en Octobre avec Witchthroat Serpent et Witchfinder mais je n'avais pas été convaincue, et pourtant, le groupe est très qualitatif sur CD, dont leur premier album "Black Phlegm", sorti en 2017 chez Necrocosm Productions, un label toulousain très réputé et rempli de groupes qualitatifs. Tout comme les Pavillons Sauvages, la salle de concert de la Cave à Rock se prête à merveille pour des groupes de ce style car la taille étroite de la salle permet d'assister à des concerts plus intimes. Dès le début du set, nous sommes plongés dans un univers gras, lourd, avec un son très puissant, autant vous dire que porter des bouchons d'oreilles est de rigueur pour un tel show. Le groupe semble se dévoiler de plus en plus sur scène, on sent qu'ils commencent à avoir l'habitude de jouer dans cette ville et le public ne semble pas de marbre face à leur prestation scénique. SOYUZ BEAR reste un groupe original, on sent une certaine haine par le biais de leur prestation et le groupe semble avoir pris en assurance. C'était un plaisir de les revoir, il faut toujours laisser une seconde chance aux groupes car le contexte, l'atmosphère dans laquelle nous sommes peuvent influer sur notre manière d'apprécier un concert.



Venons-en au groupe SSANAHTES qui accompagne ATAVISMA lors de cette tournée, le seul groupe que je ne connaissais pas avant d'aller au concert. La curiosité étant importante, je décide quand même d'écouter un peu sur Internet avant le show de ce soir et j'ai été agréablement surprise par ce que dégage ce groupe : SSANAHTES est un groupe si original qu'il en est difficile de les caser dans un style en particulier. Leur objectif est de faire une musique grasse, tout en étant originale et plutôt hors normes, ils refusent de se coller une étiquette car ils ne veulent pas s'enfermer dans la redondance et faire ce qui a déjà été fait. Le peu que j'avais écouté m'a laissé comprendre que leur show allait être massif. Dès son arrivée, le groupe se veut proche de son public avec un frontman qui ne tient pas en place en démarrant le set avec "Kumaru". Je n'ai jamais assisté à un concert où un chanteur y met autant son âme sans aucun répit. Et quel chant, il pourrait faire du DSBM, comme du hardcore ou du sludge, c'est un chant qui s'adapte en toutes circonstances. Ce groupe a une aura si chaotique qu'on ne peut rester de marbre face à sa prestation. Malgré la qualité du son assez brouillonne en début de set, ce dernier s'est amélioré progressivement nous permettant de mieux savourer le spectacle rendant plus justice à la musique du groupe. Le public de ce soir paraissait enthousiasmé par ce que nous ont proposé les Bordelais. Ainsi, nous avons pu constater que SSANAHTES regorge d'influences diverses, aucune chanson ne se ressemble, ce qui en fait un groupe à part. Les Bordelais sont loin d'être minimalistes, on ressent beaucoup de travail et de technique ce soir, donnant du charme à ce show. Cependant, ce n'est pas de la démonstration, on sent qu'ils mettent leur technique au service de la musique, ce qui apporte une touche plus aboutie à leur travail. "To Seal Off A Breach" vient clôturer le set qui m'a permis d'apprécier SSANAHTES à sa juste valeur. On ressent un groupe humain, content d'être présent et qui se dévoue jusqu'au dernier morceau et très acclamé par le public. Pour les intéressés, leur album sort le 22 Mars.

Setlist : "Kumaru", "Let Down", "Sad Song", "Talking In Circles", "To Seal Off A Breach".



ATAVISMA entre sur scène dans les alentours de 23 heures, et quel plaisir de revoir les Franciliens dans le Sud, même si leur date à Montpellier a malheureusement été annulée. Je les avais déjà vus à Montpellier en Février 2017 où ils avaient retourné l'Up&Down, la salle dans laquelle ils avaient joué. Ils commencent à se faire une notoriété et ont notamment joué avec le groupe de death metal américain Blood Incantion l'année dernière. ATAVISMA est un groupe de doom / death fortement inspiré par le death suédois, rien que leur première démo "Where Wolves Once Dwelled" rappelle beaucoup le nom du premier album d''Unleashed, "Where No Life Dwells". On peut noter l'utilisation de la Boss HM-2 sur les guitares et la basse, ce qui montre leur passion pour le swedeath. Le groupe a à son actif une demo, un split et un EP : "On The Ruins Of A Fallen Empire" sorti en 2017 chez Blood Harvest. Après deux prestations intenses, la migraine commençait à me prendre sévèrement et j'avais peur de ne pas pouvoir savourer ce concert que j'attendais tant. Ce concert était d'une intensité et d'une lourdeur suffocante. Les Parisiens n'ont pas fait semblant ce soir, ils débordaient d'énergie et étaient chargés de haine pendant toute leur prestation, ils paraissaient possédés. Le chant très gras du frontman apportait une couche de graisse en plus et nous plongeait dans un univers sombre et presque oppressant. Certains passages m'ont fait penser au groupe de death / doom suédois Doom:Vs que j'aime beaucoup et le chant gras ressemble à celui de Grave. La qualité du son était au rendez-vous bien qu'il était très fort, mais compréhensible et permettait de reconnaître chaque chanson. Le public venu en masse semblait captivé par ce qu'a produit ATAVISMA et accueillait chaque morceau avec plaisir malgré la courte durée du show. Ce groupe a une sonorité très old school et une puissance donnant du charme au spectacle. Le doom et ses dérivés n'étant pas le style le plus répandu dans l'hexagone, chaque concert constitue un petit événement pour les fans, savourant le peu de concerts du genre. Pour boucler l'affiche de ce soir, les Franciliens ont joué "Amid The Ruins", titre issu de leur dernier EP. ATAVISMA a toujours eu du potentiel et on sent qu'ils prennent goût aux tournées, le concert de ce soir nous a montré une belle évolution du groupe.

Setlist : Intro, "Extranous Abysmal Knowledge", "Invocation Of Archaic Deities", "A Subterranean Life", "Sacrifice Unto Babalon", "Ashen Ascetic", "Amid The Ruins".

Les trois prestations ont été remarquables et chaque groupe a su apporter sa touche personnelle et c'est toujours un plaisir de pouvoir assister à ce type de concert. Merci à Us And The Violence pour cette soirée et merci infiniment à ATAVISMA d'être revenu jouer à Toulouse. Le prix du merch très raisonnable (SSANAHTES offrait même son album si on prenait le t-shirt blanc) et la sympathie de ces groupes encouragent à soutenir la scène underground.