C'est pour présenter son nouvel album, "Drive" sorti en 2013, que l'ex-chanteuse de The Gathering revient dans nos contrées, deux ans après son passage au Bikini. En ce dimanche c'est le Connexion Live qui accueille ce concert, dont la première partie est assurée par le groupe de la non moins connue Anna Murphy, aussi vielliste du groupe de folk metal suisse Eluveitie. Après un petit contre-temps, le Connexion nous ouvre ses portes. La file d'environs deux-cents spectateurs se glisse dans la salle, et c'est une scène surchargée de matériel que nous trouvons à l'intérieur... Anna et sa bande seront donc à l'étroit puisque les deux plateaux sont installés...

C'est en se frayant bon gré mal gré un chemin dans ce labyrinthe d'instruments, d'amplis et de baffles qu'Anna Murphy et son groupe font leur entrée, face à un public à l'air assez enthousiaste. L'entrée en matière se fait de manière douce. Le premier morceau joué, "Introspection", est aussi celui qui ouvre son disque, "Cellar Darling". C'est un morceau à l'atmosphère assez grave, sombre et mélancolique. C'est donc une étonnante surprise d'entendre cette voix chanter de la pop alors que nous avons l'habitude de l'écouter sur les gros riffs et les instruments celtes d'Eluveitie aux côtés de la voix gutturale de Chrigel Glansmman... La suite se dynamise bien plus et le style pop perd tout son côté mélancolique pour se tinter de touches d'electro. Les morceaux s’enchaînent de manière très agréable, parfaitement exécutés, aucune faute technique n'est commise. Le seul petit bémol à constater vient de la part des ingénieurs du son : la vielle à roue n'étant pas assez forte, elle tarde à se faire entendre. Survient ensuite un souci concernant la batterie. "Woebegone", l'autre morceau mélancolique et plus calme du set est donc joué plus tôt (avant "Harley Quinn") car la batterie y est quasiment absente. Le reste du set se déroule sans encombre. Anna nous livre une musique sincère, qui véhicule des choses et que chaque membre du groupe vie et ressent à fond. Cependant, elle appréhende un peu les retours des spectateurs car il s'agit de son premier album solo, donc de sa première tournée en tant que leader. La timidité qui s'affichait de prime abord est très vite dissipée par un large sourire et beaucoup de chaleur humaine. Elle s'adresse souvent au public entre et pendant les morceaux, ce qui permet à l'ambiance de monter un peu. Le concert se termine par "Antihero", le onzième morceau du set, où les musiciens descendent de scène les uns après les autres, après un bref remerciement et un salut de la main. Cette première partie fut une belle expérience, si l'auditoire ne s'attend pas à entendre du folk-metal...

Setlist : "Introspection", "Soundwaves", "Woebegone", "Harley Quinn", "Epic Fail", "Cellar Darling", "Red Lights", "Twin Flames", "Open End", "Lovelornia", "Antihero".

C'est après un petit quart d'heure et un plateau dégagé du matériel du groupe précédent que le concert d'ANNEKE VAN GIERSBERGEN, tant attendu par le public présent pouvait débuter. Voilà deux ans que la chanteuse hollandaise n'était pas venue se produire en concert à Toulouse, une durée relativement courte entre deux tournées. Seulement voilà, sans chercher à savoir le pourquoi du comment (manque d'intérêt médiatique, manque de budget ou envie de plus d'intimité avec le public de la part des musiciens) nous voilà à peine deux cents au Connexion Live et non plus au Bikini comme la fois précédente...
Eh bien, cela n'a absolument rien empêché. C'est sur le septième titre de "Drive", "You Will Never Change" que le groupe fait son entrée. Les musiciens d'abord, la chanteuse au dernier moment, sous les acclamations du public. D’emblée la musique et le groupe dégagent une énergie vive, électrisante et dynamique. Le tempo est rapide (pour le style) et Anneke nous montre, dès ce premier morceau, l'ampleur de ses capacités vocales. L'assemblée à beau être peu nombreuse elle n'est constituée que de fans. Des gens venus soutenir une chanteuse qu'ils apprécient depuis longtemps. Le public est donc très réceptif à ce qui se passe sur scène et une acclamation survient lorsque "Saturnine", morceau bien connu de The Gathering est interprété. Deux titres plus tard, une chose très surprenante est arrivée... Anneke appelle deux personnes dans la foule, un homme et une femme, pour monter sur scène. Elle les salue et prête son micro à l'homme. Tout d'abord il la remercie grandement. Il se tourne ensuite vers sa compagne et, sous le regard surpris et captivé du public, il la demande en mariage ! Un tonnerre d'applaudissements et de cris s'élèvent de la foule alors que les deux jeunes gens descendent de scène. Anneke, tout sourire leur souhaite bonheur et prospérité avant de poursuivre son set, seule avec sa guitare acoustique.
Elle a bien choisi l'instant pour faire monter le couple sur scène car après la demande en mariage les morceaux étaient plus doux, plus profonds. Un morceau de Agua de Annique fut joué ainsi qu'un autre morceau de The Gathering. Les musiciens reviennent mais l'ambiance reste à la rêverie encore quelques instants. "Mental Jungle" fait quelque peu remonter la pression avec ses influences orientales. Le public toujours au rendez vous répond dès qu'Anneke le sollicite. La présence et le charisme de la chanteuse sont remarquables, on sent les années de pratique et de carrière derrière elle. Pour ce concert le travail des ingénieurs du son est aussi remarquable. Le son est clair, tout s'entend distinctement et la voix d'Anneke ressort à merveille. Tout comme pour le premier set les musiciens sont en place, très carrés et les morceaux sont joués à la perfection. La fin se profile et "Strange Machine" de The Gathering fait office de dernier morceau avant le rappel...
Quand elle revient sur scène après quelques instants elle propose un petit jeu au public : elle lui fait choisir entre deux morceaux appréciés de The Gathering : "Leaves" ou "Broken Glass". C'est Leaves qui est retenu. Il s'agit d'un morceau de l'album qui a fait connaître The Gathering et qui les a hissés au rang de pionnier du metal gothique à chant féminin : "Mandylion" de 1995. Van Giersbergen réinterprète totalement le morceau puisque elle le chante accompagnée uniquement par sa claviériste. L'ensemble du groupe revient et termine le live par deux morceaux : le premier et le dernier du nouvel album "Drive". "We Live On" se veut très direct et dynamique. Le dernier morceau "he Best Is Yet To Come" clôt le concert sur une note d'espoir, comme son titre l'indique.
C'est une ovation que reçoit le groupe en saluant son public. Ce fut un concert de grande classe et de qualité, oscillant entre les morceaux d'Anneke, ceux d'Agua de Annique et ceux de The Gathering. Anneke Van Giersbergen est une chanteuse de grand talent, que l'on apprécie ou pas ce qu'elle a fait après son départ de The Gathering...

Setlist : "You Will Never Change", "Drive", "Saturnine" (The Gathering cover), "My Boy",  "1000 Miles Away from You",  "She",  "Beautiful One" (Agua de Annique cover), "Circles",  "My Mother Said",  "Even the Spirits Are Afraid" (The Gathering cover), "Mental Jungle",  "You Want to Be Free",  "Stay",  "Strange Machines" (The Gathering cover).
Rappel : "Leaves" (The Gathering cover), "We Live On",  "The Best Is Yet to Come".