Vais-je voir KLONE et Anneke Van Giesbergen en acoustique ou non ? Non parce que bon, l’acoustique humm… je vais peut-être vite être lassée ? Oui mais je ne peux pas les rater, je risque de le regretter, non ? Au diable les tergiversations, j’y vais et on verra bien ce que qu’il en ressortira. Et effectivement c’eut été une énorme, énorme erreur de ne pas y assister. S’il fallait être quelque part le 8 Mai (une session à 15h00, une autre à 20h00), c’est bien à cet évènement qui était, et je pèse mes mots, sublime.

KLONE arrive sur la toute petite scène de la péniche de Lille et s’installe sur des tabourets hauts, façon cabaret. Une voix, deux guitares électro-acoustiques, et un accordéon (ainsi que sur deux ou trois titres tout au plus, un tom en supplément pour une rythmique très épurée et aussi quelques parties de synthé). Pour l’occasion, le groupe se retrouve en quatuor avec la participation d’Armelle Dousset alias Ellemra Douce-ment (accordéon / percu / synthé). A priori, cela risque de ne pas être très puissant. Et puis, et puis… les premières notes, les premiers mots… et c’est un enchantement. La voix de Yann Ligner est douce et pleine d’émotion. La réorchestration des morceaux en version acoustique est magnifique. Les guitares électro apportent ce petit quelque chose de merveilleusement poétique et mélancolique qui pour peu ferait monter les larmes. On est loin des balades doucereuses, et KLONE ne perd rien de son intensité sans les guitares électriques. Au contraire, grâce aux micros placés devant les cordes, les notes claquent et résonnent profondément. Quant à l’accordéon, cet instrument si mal aimé à cause de sa connotation musette, il est utilisé avec tellement de subtilité qu’il magnifie l’ensemble. On découvre le pouvoir émotionnel de cet instrument tant il est joué avec intelligence et parcimonie. Les morceaux passent à une vitesse folle. On aurait aimé que le temps s’arrête pour en profiter encore, juste quelques minutes supplémentaires à frissonner. Un grand merci pour la gentillesse et la disponibilité du groupe qui a pris quelques minutes pour m’écrire leur setlist et échanger sur leur prestation.

Setlist : "Immersion", "Fog", "Gone Up In Flames", "Grim Dance", "Come Undone", "Summertime", "Nebulous", "Rocket Smoke".

Après une tournée avec le projet The Gentle Storm, c’est seule et avec une guitare acoustique qu’Anneke Van Giersbergen rentre sur scène. Que dire de cette artiste ? Pour commencer que cette femme possède un charme fou. Un sourire ravageur et communicatif qui ne la quitte jamais. Une sympathie qui n’est pas feinte et un grand humour, légèrement enfantin. Si certains artistes sont plutôt réservés, Anneke, elle, se livre totalement et en toute simplicité. Presque chaque titre joué est précédé d’une anecdote, une looooongue anecdote. Avant d’entamer "My Mother Said", c’est avec un naturel déconcertant (on a presque l’impression d’être à une soirée entre amis), qu’Anneke nous décrit sa relation avec sa mère, comment elle a vécu l’adolescence, comment elle a été en rébellion parfois et surtout comment elle comprend à présent ce que sa mère lui disait en devenant à son tour parent. Plus tard elle nous parle de son ami Devin Townsend, ou encore de son mari et de son fils, mais toujours avec bienveillance et drôlerie. Voilà pour la personnalité d’Anneke Van Giersbergen. Quant à la voix, attention âmes sensibles s’abstenir ! Il y a Lisa Gerrard de Dead Can Dance, cet être mystique qui a été touchée par la grâce divine, et il y a Anneke, un ange sur le berceau de laquelle les fées se sont penchées. Peu sont celles qui peuvent rivaliser avec cette voix délicate et cristalline. Dans son répertoire, on trouve un vaste choix de titres. Du The Gathering bien entendu avec "Saturnine", "Locked Away", mais aussi "Ih Ah !" de son compère Devin Townsend, des reprises surprenantes telles que "Broken Wings" de Mr. Mister et même Dolly Parton avec "Jolene" en rappel. Anneke nous offre un moment de pure douceur. La qualité de sa prestation et l’interaction avec le public, enchantent les spectateurs qui sont pendus à ses lèvres rouges. C’est avec une petite pointe de tristesse que nous la quittons.

Setlist : "4 Years", "Songbird", "My Mother Said", "Saturnine", "Sex On Fire", "Locked Away", "Beautiful One", "Ih Ah !", "Broken Wings", "Drowning Man", "Wish You Were Here", "Jolene".

Merci à KLONE et Anneke Van Giersbergen pour cette délicieuse soirée. Le soleil avait brillé toute la journée sur Lille, mais il était aussi dans nos cœurs ce soir-là.