La review

AMENRA + TREHA SEKTORI + OATHBREAKER + HESSIAN
La Dynamo - Toulouse (31)
15/04/2014


Review rédigée par Thomas
Photos prises par Mathilde


La Dynamo n'était pas bondée mais tout de même bien remplie ce Mardi 15 Avril... Quatre groupes en une soirée. Quatre groupes servant l’Église de Ra durant ce "Church Of Ra European Tour". Pendant les balances tout était fort, très fort. Trop fort… ? Peut-être car le son du premier groupe, HESSIAN, était particulièrement difficile à supporter une fois que le concert débuta...



Le groupe entre sur scène, simplement. Pas d'introduction samplée, juste des musiciens qui, après s'être préparés, déchaîne leur son hardcore sur les planches. Un son lourd, difficilement maîtrisé et difficilement compréhensible malgré des ingénieurs son au rendez-vous... Le chanteur donne la sensation qu'il s'égosille. Son chant guttural semble donc peu maîtrisé sur un long terme. Il jette des coups de poing dans le vide qui, au lieu de laisser une impression de haine et de violence, semblent plutôt ridicules... Aucun mot n'est adressé au public entre les morceaux. Pour tout avouer les qualités sont difficilement trouvables. La musique n'a pas vraiment de sens, tous les morceaux se ressemblent plus ou moins : Une introduction avec des marquages rythmiques basse / batterie, puis un riff de guitare fait son entrée de manière assez chaotique sur un chant hardcore toujours semblable à lui-même, les rythmes hurlés étant quasiment identiques les uns aux autres. Les musiciens ne dégagent rien de spécifique. Cette distance avec le public et cet air détaché un peu "je-m'en-foutiste" sont probablement fait exprès mais ils ne font qu'appuyer les défauts musicaux et scéniques d'un groupe au début de sa carrière (fondé il y a trois ans)... Une première entrée en matière un peu décevante, surtout lorsqu'il s'agissait d'une découverte.



Après un changement de plateau exécuté par les musiciens eux-mêmes, OATHBREAKER font leur entrée après une courte introduction. Il s'agit d'un groupe belge (comme trois des quatre formations jouant ce soir) qui joue un post-core assez chaotique, noir et haineux.
Le premier morceaux joué est "No Rest For The Weary", le second morceau de leur deuxième et dernier album "Eros/Anteross". C'est une entrée en matière brutale, rapide et très sombre. Seulement, il est impossible d'entendre quoi que ce soit de la chanteuse hurlant, courbée sur son micro et ce durant tout le concert. Elle ne montrait pas son visage, elle était courbée sur son micro dont le pied était très bas et elle avait les cheveux devant la figure, à tel point qu'on ne voyait pas son visage. Elle n'a pas adressé un seul mot au public. Les ingénieurs du son n'ont absolument rien fait pour que nous puissions l'entendre chanter durant tout leur set. A croire que cela était fait exprès. Du fait que nous n'entendions pas la chanteuse, les morceaux qui se succédaient semblaient identiques. Il s'est dégagé un peu la même ambiance que le premier groupe avec, semble-t-il, une touche de dédain supplémentaire de la part des musiciens, notamment de la vocaliste. On peut s'imaginer qu'ils cherchaient à obtenir quelque chose de froid, de glacial même... Mais là ils n'arrivaient qu'à faire ressentir, non pas une ambiance mais un sentiment assez désagréable pour le public, comme si de jouer ici les ennuyait au plus haut point... Encore une fois, malheureusement, il fut difficile d'apprécier cette musique et il était aisé de voir que le public se languissait de voir apparaître le groupe suivant sur le plateau de la Dynamo...  

Setlist : "No Rest For The Weary", "As I Look Into The Abyss", "The Abyss Looks Into Me", "Agartha", "Offer Aan De Leegte", "Shelter", "Condor Tongue", "Glimpse Of The Unseen".



Après que la scène fut libérée, les musiciens ont aidé le seul et unique membre de TREHA SEKTORI à se préparer. Un tonneau fut monté sur scène, puis recouvert par une planche et une grande nappe noire avec un dessin, abstrait, pouvant évoquer à chacun quelque chose (pourquoi pas une tête de lion... ?). Sur cette table de fortune furent amenés une table de mixage, un micro voix et un ordinateur (sur lequel on pouvait lire "Church Of Ra"). A côté sur le sol, une guitare fut posée sur un pied. Comme vous l'aurez compris, il s'agissait d'un DJ.
Un DJ venant d'Allemagne, nous offrant une sorte d'ambiant aux allures des plus noires, mystiques et sordides... Il se qualifie lui même "d'ambiant-religieux"... Au moment où la musique commence, un écran géant s'allume et projette un film derrière l'homme qui s'affairait à tourner tous les potards de sa table de mix. Ce film était étrange, évoquant un homme qui souffrait, il était maigre et la manière de filmer ne confortait pas vraiment le spectateur dans l'aspect sain de la chose... La musique, quant à elle, était très lourde. Elle était faite de nappes de claviers, de son diffus de guitares, de voix gutturales et de percussions martiales très lentes. Beaucoup d'infra-basses sortaient des amplis dès que les percussions apparaissaient. Cette musique, certes malsaine, pouvait dégager quelque chose de très envoûtant et entêtant. Il joua durant environ une demi-heure, en continu. Il est donc difficile de déterminer s'il y avait une setlist de plusieurs morceaux ou s'il s'agissait d'un long, très long morceau... Une première partie qui, à elle seule aurait permis de mettre dans l'ambiance pour ce qui allait suivre. Ils allaient enfin arriver, au bout de presque deux heures trois quarts : AMENRA...



Durant le changement de plateau une nappe de clavier apparut. Lorsque le test micro fut fait, le chanteur d'AMENRA nous offrit un moment plutôt extraordinaire alors que ses collègues finissaient leurs préparatifs : il se mit à chanter de magnifiques liturgies qui rappelaient assez le chant grégorien...
Quand tout le monde fut prêt la sale s'éteignit. Seuls quelques néons blancs, placés sous les amplis, éclairaient la scène. Le riff de "The Pain It Is Shapeless, We Are Your Shapeless Pain" apparut... La guitare avait un son des plus lourds, sourd, grave... De l'encens fut vaporisé par la machine à fumée, plongeant la scène dans une brume épaisse. Le chanteur était resté de dos mais dégageait tout de même quelque chose de très charismatique. Puis tout se mit en marche. De lourd le sont devint écrasant, pachydermique ! Un souffle lent et lourd, hypnotique, balayant toute la Dynamo sur son passage. Les musiciens ne bougeaient quasiment pas alors que les minutes passaient et que les morceaux, d'une longueur assez conséquente, s’enchaînaient. Quelque chose de grand se dégageait d'eux tout de même. Le chanteur toujours de dos envoyait ses cris, semblables à ceux de quelqu'un sur le point de mourir... Un live tout simplement hypnotisant et écrasant ! Des musiciens irréprochables et une qualité de son dantesque. Survint "Nowena", chef-d'oeuvre clôturant leur dernier album, "Mass V", de manière sublime et douloureuse. Ces lents arpèges de guitare et ce chant clair rêveur permirent un petit moment de légèreté presque poétique, teinté de mélancolie. Le répit fut de courte durée car le riff suivant cette introduction douce est dévastateur et la voix de Colin H van Eeckhout se transforme en des hurlements déchirants...
C'est après "Am Kreuz" et dans cette ambiance toujours autant mystique et tamisée que se termine ce concert. C'est sur le morceau ouvrant "Mass IIII" : "Silver Needle, Golden Nail" et son introduction très planante qu'AMENRA clôt la cérémonie et nous tire sa révérence... Un concert prenant et noir, aux allures mystiques et au son dantesque. Des émotions à nous en retourner les tripes, des musiciens de talent et une soirée sauvée par la tête d'affiche...

Setlist : "The Pain It Is Shapeless We Are Your Shapeless Pain  (Part 1)", "Razoreater", "Boden", "Terziele", "Nowena | 9.10", "Am Kreuz", "Silver Needle. Golden Nail".