La review

ALESTORM + TROLDHAUGEN + AETHER REALM
Le Transbordeur - Lyon (69)
18/10/17


Review rédigée par Zemurion
Photos prises par Jérémy Girard


Souquez les artimuses ! Ce soir, les pirates déjantés d'ALESTORM débarquent en bonne compagnie au Transbordeur. Au programme : chasse aux trésors, bataille navale et pêche au canard ! Le tout agrémenté de la traditionnelle dégustation de rhum, de bières et de pizzas ! Que le diable nous emporte, on n'a rien trouvé de mieux !



Suite à un petit souci de transport, je débarque un peu tardivement au Transbordeur en espérant, malgré tout, ne pas manquer le début du concert. A mon arrivée, je suis cependant surpris de voir une queue interminable devant l'entrée du bâtiment. Manifestement, l'ouverture des portes a dû être retardée pour ce soir. D'ailleurs, une fois entré dans la salle de concert, il faut attendre encore un petit moment on observant le va-et-vient des techniciens qui s'activent sur scène en s'éclairant à la lumière de leurs lampes torches. Tout cela sent l'installation de dernière minute...
Finalement, le concert démarre sous les vivats des spectateurs qui se massent déjà devant la scène. Comme on pouvait le supposer, il semble que le groupe n'a pas eu le temps de régler ses sons. En effet, le rendu est assez brouillon avec des guitares très sourdes. Difficile, donc, d'apprécier à sa juste valeur le speed metal folklorique et mélodique des Américains d'AETHER REALM. On parvient tout de même à distinguer de nombreux soli virtuoses agrémentés de quelques riffs bien rentre-dedans. Mené par un bassiste-chanteur à la voix grognée un peu crade, le groupe se montre bien dynamique sur scène. Malheureusement, les éclairages à contre-jour ne mettent pas vraiment les musiciens en valeur. Malgré ces difficultés, il en faudra davantage pour démotiver les spectateurs remontés comme des coucous qui se mettent à pogoter dès le premier morceau. Le groupe assure bien sa communication avec le public qui lui rend parfaitement. On a même droit à une apparition du chanteur d'ALESTORM qui vient pousser la chansonnette déguisé en... tranche de lard !? Au fil du concert, le son s'améliore sensiblement. Le groupe termine son set par "The Sun, The Moon, The Star" ; un beau morceau plus mélancolique à la Wintersun qui ne sera malheureusement pas joué dans son intégralité. Au final, en dépit des conditions difficiles, AETHER REALM a bien assuré son rôle de première partie en chauffant le public comme il se doit. Leur prestation se termine devant une salle pleine à craquer et très enthousiaste.



On m'avait prévenu longtemps à l'avance : TROLDHAUGEN est un groupe qui ne devrait pas manquer de piquer ma curiosité ! Les quatre musiciens font leur entrée en scène sur une musique d'introduction qui mélange electro et disco entre remix de Lord Of The Rings et Village People. Tandis que batteur joue le DJ avec ses grosses lunettes de soleil et sa casquette vissé sur la tête, le guitariste et le bassiste, vêtus de tenues argentées, prennent place aux deux extrémités de la scène. Comment vous décrire le quatrième larron qui s'avance au centre de la scène ? Imaginez le sosie de Peter Pettigrow dans le film (le serviteur obséquieux et grassouillet de Voldemort qui a la faculté de se transformer en rat), vêtu d'un k-way et d'un leggins noir assortis d'un fabuleux sac-banane jaune. La tête rentrée, le pas lourd et les bras ballants, ce personnage arpente la scène avec une grâce bien particulière...
Pendant une quarantaine de minutes, TROLDHAUGEN nous livre un metal / electro expérimental très déstructuré qui flirte avec le dub-step, la pop et le disco. On relève surtout la performance théâtrale hors du commun du chanteur qui donne vie à son personnage avec une intensité et une maîtrise qui forcent le respect. Son chant nous fait penser à celui d'un gremlin cartoonesque quand il ne s'aventure pas dans des voix de tête à la Klaus Nomi totalement stupéfiantes ! Dans un style burlesque et décadent, il n'hésite pas à se dandiner sur scène avec la sensualité d'un troll balourd qui se prend pour Kylie Minogue. Derrière lui, le batteur s'éclate comme un petit fou dans son rôle de pseudo-DJ ringard et décontracté. En revanche, le guitariste et le bassiste semblent plus à l'écart, n'ayant pas vraiment de rôle à défendre. D'ailleurs, leur performance musicale est un peu enfouie sous les samples omniprésents. Je ne dis pas que le son est mauvais, au contraire, celui-ci est très bien réglé. Cependant, les bandes sonores prennent une place tellement importante dans la musique du groupe qu'il en devient difficile de distinguer ce que jouent réellement les musiciens. Ces mêmes samples prennent définitivement trop de place lorsque les blagues entre les morceaux sont elles-mêmes jouées en play-back, par dessus des voix pré-enregistrées... de quoi mettre bien à mal la spontanéité du directe ! Cependant, on ne pourra pas nier l'originalité de cette démarche. En effet, TROLDHAUGEN nous offre un show unique en son genre ! Face à ce spectacle déconcertant, le public se montre un peu moins agité dans la fosse mais toujours aussi participatif. Avec son cocktail baroque et déjanté, le groupe quitte la scène en ayant clairement marqué les esprits !



Arrive enfin le moment d'accueillir les stars de la soirée. Si les spectateurs avaient déjà bien donné de la voix pour accueillir les deux premières formations, il ne s'agissait là que d'un léger échauffement. Alors qu'on aurait pu s'attendre à voir les musiciens débarquer en costumes de pirates, le groupe a plutôt décidé d'aborder un look plus moderne avec débardeurs, lunettes de soleil et casquettes sur la tête. Au centre de la scène, trône un immense canard en plastique tandis que le nom du groupe est affiché en grand dans un style graffiti. Le kilt du chanteur reste, semble t-il, le seul élément de costume un peu traditionnel.
Dès les premières notes, le Transbordeur entre en ébullition. On y chante, on y saute, on y frappe des mains, on y "slamme" et on y popote difficilement au milieu des corps transpirants. Avec une affluence record de plus de 1800 spectateurs, la salle pleine à craquer se transforme en véritable étuve. Il faut dire que le groupe sait comment s'y prendre pour mettre le feu. Entre récits de batailles épiques et chansons à boire festives, ALESTORM nous livre les meilleurs tubes de sa discographie pour la plus grande joie du public qui se déchaîne. Sur certains morceaux, on voit même des "paquitos" géants se former dans la salle avec des spectateurs assis au sol qui balancent leurs bras en cadence au rythme de la musique. Armé de son keytar (un clavier portable qui se tient comme une guitare), le chanteur joue parfaitement son rôle de frontman en s'adressant à son public avec toute la grâce et la délicatesse qui sied à un pirate... Ainsi, il n'hésite pas à insulter gentiment ces stupides Français qui ne savent pas démarrer un wall of death correctement, obligeant le groupe à recommencer le début du morceau ! D'ailleurs, après un rappel généreux, le concert termine avec le subtile "Fucked With An Anchor" sur lequel le chanteur lance des doigts d'honneur aux spectateurs qui s'empressent de lui rendre à l'unisson. Au final, le groupe nous a offert une prestation très fun et festive pour le plus grand plaisir des spectateurs qui n'attendaient que ça. Ajoutez à cela des musiciens qui maîtrisent parfaitement leurs morceaux et un son bien équilibré ; vous obtenez un show parfaitement réussi !

Setlist : Intro, "Keelhauled", "Alestorm", "Magnetic North", "Mexico", "That Famous Ol' Spiced", "The Sunk'n Norwegian", "No Grave But The Sea", "Nancy The Tavern Wench", "Rumpelkombo", "1741 (The Battle Of Cartagena)", "Hangover" (reprise de Talo Cruz), "Pegleg Potion", "Bar Ünd Imbiss", "Captain Morgan's Revenge", "Shipwrecked".
Rappel : "Drink", "Wenches & Mead", "Fucked With An Anchor".

Quelle soirée mes amis ! Quelle fête ! Avec l'organisation de ce concert complet au Transbordeur, l'équipe de Sounds Like Hell nous confirme, une fois de plus, qu'elle n'a plus grand-chose à prouver. D'ailleurs, le retard affiché en début de soirée a su être habilement rattrapé par des changements de plateau rapides et efficaces entre les prestations. Étant venu par curiosité, sans avoir jamais vu aucun de ces groupes sur scène, je n'ai pas été déçu du voyage ! Merci aux organisateurs, aux techniciens, aux musiciens et à tous les joyeux spectateurs pour cette soirée haute en couleurs! Mais, au fait, ça veut dire quoi "souquez les artimuses" ?

Photos tirées de : www.facebook.com/jeremygirardphotography