La review

ABORTED + BENIGHTED + SCD + AD PATRES
Le Divan Du Monde - Paris
26/04/2013


Review rédigée par Byclown


Une fois n’est pas coutume, mes oreilles vont devoir faire face à un vrai déferlement de violence ce soir au Divan du Monde pour une soirée spéciale death / musique de bourrin. En tête d’affiche ce soir, nos amis belges d’ABORTED qui fêtent les 10 ans de leur cultissime album "Goremageddon", occasion pour eux de le rejouer en intégralité ! Puisqu’une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, nous avons le plaisir de retrouver BENIGHTED, le combo de brutal death metal de Saint-Etienne, très en vue en ce moment et qui a signé une prestation remarquable au dernier Hellfest ; SUBLIME CADAVERIC DECOMPOSITION et leur death grind tout en finesse, et enfin, pour nous ouvrir le bal, AD PATRES.



Commençons donc avec ce quintette bordelais qui se produit devant un Divan du Monde plein à craquer (compte tenu que le premier étage est réservé au catering) pour un set de 30 minutes. Il n’en faut pas plus pour chauffer tranquillement la foule et exciter les quelques foufous venus en découdre dans le pit. Les têtes headbangent gentiment dans la fosse alors que sur scène ça bouge un peu plus. Bien que le son ne soit pas au mieux et que les lights soient clairement pourries (encore des ingés lumières qui sont payés à rien faire, ou en tout cas mal faire), le groupe se dépense sans compter et insuffle sa rage parmi les rangs de têtes à cheveux longs. Pour conclure leur set, le chanteur demande au public, qui n’attendait que ça, un bon braveheart, rien de tel pour se mettre en jambes ! Bonne entrée en matière donc qui augure du meilleur pour la suite.



Suite donc avec nos amis de SCD que l’on commence par bien connaître sur le bief parisien, pas avare de leur death grind raffiné. Malgré quelques soucis apparents de son sur scène et quelques erreurs dans les morceaux, le set se passe bien, comme d’habitude j’ai envie de dire, et je vois tout de suite que la température est montée d’un cran dans la fosse où commence à poindre un peu de bagarre. Les morceaux courts pleuvent sans trop de répit dans nos oreilles et sont menés de main de maître par ce quatuor habitué aux plateaux bien remplis. Là encore hélas, même si le son est meilleur que ce que j’avais pu entendre lors de l’une de leurs prestations passées au Glazart, je constate que la lumière n’y est pas. Véritable machine à épileptiques, l’ingé son alterne le gros stroboscope blanc avec des nappes stroboscopiques soient rouges, soient vertes ou encore bleues, quelle originalité, quelle talent, trop d’ailleurs car je dois sortir avant la fin du set tant j’ai mal au crâne… Ce n’est pas parce qu’on est dans un concert de bourrins, majoritairement composé de chevelus déjà fort éméchés, qu’il faut ergoter sur la qualité des éclairages ou du son. Bourrin ou pas les gens payent pour voir une prestation de qualité et il est dommage de voir que le travail des musiciens est sapé par un mauvais éclairage. Bref, revenons à notre death préféré et amusons nous de constater que le chanteur de SCD se trompe dans ses morceaux, confondant les albums dont ils sont issus, et se faisant reprendre de volée par son batteur hilare. Un peu de bonne ambiance ne nuit pas !

Setlist : "Scrotum Rules", "Siprinose Addiction", "Kranion", "Pulmo 2", "Naughty Bitch""Genocide", "Hacker Matcher", "Gore""Bitch""Starter""Armchair Generals", "Shackles Of Terrorism", "Exploitative Practices", "Cogs And Wheels", "The Idea Of The End", "Phantom Of Pleasure"



Arrivée sous les cris de joie (et ça se comprend) des costauds de BENIGHTED qui font décidément de plus en plus parler d’eux. Après une prestation plus que remarquée au Hellfest 2012 devant une tente pleine à craquer, ces furieux reviennent mettre le couvert pour le plus grand plaisir de leurs fans qui sont légion ce soir dans la salle. Avec ces mecs, on passe un, voire deux caps au-dessus niveau professionnalisme. Couplant un jeu de scène ultra dynamique (le plus dynamique de la soirée) avec un son / lumière pas dégueulasse du tout, la violence commence dès les premières notes du premier morceau, connu par les fans et repris par eux. Il est incroyable de voir comme la joie évidente des musiciens est communicative, jouissive, contagieuse même ! Les premiers slammeurs de la soirée commencent à monter sur scène pour ajouter au bordel ambiant sous les encouragements du chanteur qui leur tend une main amicale afin de les aider à accomplir leur besogne. Le bassiste, véritable boule de nerf et bête de scène, se tortille dans tous les sens tels un démon pour nous donner ce qu’il y a de mieux et il est vrai que, rien qu’à le voir, on en viendrait à aimer ce type de musique (là je parle pour ceux qui auraient l’audace de ne pas l’aimer sans la connaître), ce qui d’ailleurs, en cette place il y a quelques mois, me rappelle la prestation époustouflante de Trepalium pour la tournée de la Klonosphere. Pour conclure sur l’épisode BENIGHTED, c’est à mon sens, et de très loin, la meilleure performance scénique que j’ai pu voir de la soirée, et je pense que ceux qui ont participé au massacre sur la dernière chanson ne pourront que confirmer mes dires !

Setlist  : "Slut", "Nemesis", "Asylum", "Let The Blood", "Collapse", "Prey", "Mourning", "Fritzl", "Forsaken", "Unborn", "Foetus".



Petit changement de plateau et gros changement de batterie pour les stars de la soirée, les Belges d’ABORTED. Le deal de la setlist a au moins le mérite d’être clair : l’album "Goremageddon" dans son intégralité, rien que ça ! De quoi régaler les fans du groupe (Slayer, au Zénith il y a quelques années, nous avait régalés de cet exercice avec l’album "Reign In Blood" joué en intégralité et dans l’ordre, de quoi causer une fracture du rocher à n’importe quel fan !). Tout commence par une acclamation du public au combo en guise de remerciement avant même que la première note ne soit jouée. Pas de doute, la salle est belle et bien remplie de fans, heureux d’être là, au moins aussi heureux que les musiciens (même leur taciturne et discret batteur ne semble pas insensible à l’accueil). Bien que l’on ne présente plus cette formation vieille de 15 ans, bien que les albums du combo soient des références en la matière et bien que cette formation ait tenu malgré les tres nombreux changements de line-up, j’ai trouvé la prestation scénique assez fade, avec un soliste plus que discret, un batteur monstrueux mais au charisme inexistant. Seul showman de l’équipe, le chanteur, et à raison, puisqu’il est le seul membre rescapé de la formation de base. Au niveau des éclairages, la nullité a atteint son paroxysme avec un début de concert soit plongé dans la pénombre, soit arrosé de lumières crues et basiques (rouge, ou vert, ou bleu, mais jamais deux couleurs en même temps, ça ferait trop gai et fouillé pour du death metal, attention !). Le son lui aussi , bien que correct, me semble moins bon que celui de BENIGHTED, mais je conçois que la fatigue faisant, mon jugement a pu être faussé sur ce point. Quoiqu’il en soit le show se passe comme il doit se passer, c’est à dire comme une singulière boucherie. Le pit devient un endroit de destruction pour les pieds et les tibias et je m’amuse du spectacle d’apocalypse général qui m’est offert, confortablement posé au premier étage de la salle. Verdict sans appel pour ABORTED ce soir qui, une fois de plus, a fait l’unanimité, dans ses vieux fans et dans les nouveaux.

Photos tirées de : www.byclown.com



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