La review

LORD SHADES + AEQUINOCTIUM SANGUINIS + ENTROPIA
Le Black Room - Bordeaux (33)
21/09/2013


Review rédigée par Arch Gros Barbare


Le premier acte "The Black Symphony" organisé par l'association The Insane Legions était indubitablement à ne pas rater. En cette période automnale, bien que l'arrière saison soit redevenue plus chaude qu'elle n'avait pu commencer, il ne fallait pas manquer cette soirée black métal girondine et plus particulièrement bordelaise. Et comme l'a si bien dit une amie que je connais : "Nous on y était !!". Oui, il fallait y être, pas que c'était vital, mais c'était, d'un point de vue cohésion, d'un point de vue soutien de la scène, d'un point de vue survie des petits concerts locaux, d'un point du vue simplement tout simplement épicurien : indispensable.
Et même si l'affluence n'est pas celle d'un fest(oche) estival, l'organisation a fait un véritable effort dans cette petite salle devenue elle aussi aujourd'hui le rendez-vous girondin de groupes de black et de death metal. Alors voilà, nouvelle saison amorcée, c'est parmi les feuilles qui commencent à rougir et à tomber sur un sol qui ne sait pas encore s'il doit être humide ou sec, dans le spleen Baudelairien qui s'installe cycliquement, laissant nos âmes errer comme des damnées, que The Insane Legions a présenté un concert vraiment très intéressant et surprenant. La salle est toujours aussi agréable, facile d'accès le long des quais, pas loin du pont Chaban Delmas, très feng-shui dans l'absolu, cette configuration me semblera toujours plaisante à chaque nouvelle prestation. La seule chose critiquable et c'est souvent le cas dans la plupart des salles, c'est l'état dans lequel certains peuvent laisser les toilettes. A l'instar de certaines ruines nucléaires, c'est avec une appréhension totale qu'on entre dans cette petite pièce crasseuse et pourtant si utile. Bref, ce n'est pas cela qui gâchera l'ambiance, et ce soir c'est avec une certaine impatience que j'attendais ENTROPIA avec son deuxième album, ainsi que LORD SHADES la tête d'affiche.
Bénéficiant d'un son général de salle nettement plus performant que cela n'a pu être pour certains concerts plus anciens, on peut affirmer sans conteste que le son des trois groupes qui se seront produits ce soir là était parfait, limpide et chaud, juste ce que l'on pouvait attendre... Et comme si un "bonheur ne venait jamais seul" pour couvrir l'évènement Romain et Manu de Phonoscene vous feront le plaisir d'avoir pris des photos superbes de AEQUINOCTIUM SANGUINIS et LORD SHADES. De plus vous aurez la jouissance libertine de vous plonger encore plus dans le concert, à travers quelques minutes en live de LORD SHADES, toujours filmés par Phonoscene, puis de lire une interview de Jerôme pour ENTROPIA et également une interview vidéo rapide du groupe LORD SHADES après le concert... Alors voilà, c'est à vous de travailler maintenant, un peu de lecture ne fait pas de mal...



Ils l'avaient annoncé, début du concert à 21h00. Ce fut chose faite. ENTROPIA, groupe de Châteauroux qui existe depuis 2006, composant des morceaux axés vers un black/death symphonique et plutôt hybride, qui a vu sa chanteuse Marie partir vers de nouveaux horizons et notamment des horizons toujours sympho mais plus heavy (Whyzdom), se retrouve devant nous ce soir. C'est donc Jérôme qui a pris le chant ce qui a donné à ENTROPIA une ouverture plus sombre, un accès à une musique toujours autant black / death symphonique mais qui s'est endurcie vers plus de profondeurs... Et la sortie de "Black Drop In Clear Water", leur deuxième album mais quatrième production est là pour le confirmer. Alors voilà, parmi les dates qui sont là pour montrer aux curieux, aux fans et aux amateurs que la musique d'ENTROPIA vaut la peine d'être écoutée, c'est Bordeaux qui a été choisie, et c'est tant mieux. Le MCD "Obscure Rising" sorti en 2010 avait déjà laissé une bonne marque, mais ce "Black Drop In Clear Water" qui a largement été mis à l'honneur ce soir puisque c'est l'album dans son intégralité qui a été joué, vient se placer en mur porteur d'une discographie à poursuivre. D'une manière sobre mais efficace, ENTROPIA a présenté un set irréprochable avec des protagonistes qui vivent leur musique pleinement offrant à l'auditeur des moments de pure intensité. C'est exactement ce qui est arrivé avec un titre comme "Omega" qui puise sa source dans des inspirations très proches des vieux Septicflesh, et c'est peut-être par là que ENTROPIA semble s'orienter maintenant. Toujours très pro, sans fioriture, le groupe arrive à créer son ambiance, et faire passer ses morceaux à travers la brutalité et la violence qu'il peut avoir ainsi que mettre en musique la poésie française qui nous est chère. Une poésie représentée par le titre "Le Horla" basée sur la nouvelle de Guy de Maupassant. Le black / death d'ENTROPIA se mariait à merveille à la couleur ténébreuse de la soirée, la manière de bouger de ses électrons pour occuper l'espace, pas si grand que ça, d'une scène proche de son public, a donné au set un chatoiement particulier. Un chatoiement qui a eu du mal à démarrer, sans doute parce qu'il faut chauffer la salle et attirer les badauds, mais en tous les cas la fin du show était véritablement délectable.

Setlist : "Black Drop", "Man Of thousans Faces", "My Own Eschaton", "Keeper Of Truth", "Throne", "Le Horla", "Omega", "Red Room", "And Far Beyond".



C'est intéressant de voir que parfois une tout petite chose peut changer les grandes. Et c'est ce que l'on a pu voir lors de la prestation de AEQUINOCTIUM SANGUINIS. Un rien peut habiller une scène ! Mettre juste quelques branches de lierre sur les pieds de micro peut poser une ambiance immédiatement et donner à la scène un décor pagan adapté à la musique du groupe. Comme quoi, parfois il n'est pas utile de payer des milles et des cents pour concevoir son propre environnement scénique. .. Enfin... Voilà... Une fois ce décor posé, AS a pu donc prendre possession des lieux. Jeune groupe de black pagan bordelais, AS travaille sur un album mais en attendant ils ont sorti un petit EP maison qui ne paye pas de mine, avec Obscurisis à la batterie qui joue aussi chez Strynn (groupe de black qui a sorti "Decadence", un album qui a vu le jour sous la bannière d'un label de black français Mortis Humanae Productions. Label chez qui vous avez pu faire la découverte des belges de Nemesis Irae en interview). AEQUINOCTIUM  SANGUINIS, du haut de sa toute petite et infime carrière, arrive malgré tout à présenter un set vraiment prenant. Ce fut donc une découverte totale, mais le style pagan black que joue le groupe prend plus d'ampleur sur scène que sur CD. Les morceaux se sont enchainés tranquillement avec de très bons passages, qui n'étaient pas sans rappeler les envies très folk de groupes connus. Le clavier d'Adastra enveloppe très bien les rythmiques païennes des guitares sauvages. Alors bien sûr que AS n'invente absolument rien du tout, mais malgré tout les morceaux possèdent une pugnacité qui arrache le spectateur à sa léthargie, l'intérêt d'avoir une chanteuse pour les passages clairs et deux chanteurs aux vocaux gutturaux donne à AS un côté malfaisant par moments et festif sur d'autres. En terrain connu puisque le groupe jouait à la maison, il était facile de conquérir un public qui était déjà voué à la cause. Le show s'est donc déroulé dans de bonnes conditions et les têtes ont commencé à se lâcher, le baume du tigre ayant sans doute fait effet. En tous les cas, après avoir vu ce que pouvait donner sur scène la musique de AEQUINOCTIUM SANGUINIS (un nom de groupe on ne peut plus imprononçable), il est certain que l'album est attendu avec une certaine impatience... En attendant l'EP "Les Runes De Sang" reste disponible auprès du groupe...

Setlist : "Les Runes De Sang", "Rebirth Of Pagan Time", "Peuple Etoilé", "Forgotten Gods", "The Revenge Of A Pagan Priestess", "Epona's Wrath", "Coming From The Stars", "Bloodmoon", "Le Retour Des Guerriers".



Et voici venu.... non pas le temps des rires et des chants, car ici n'était pas l'île aux enfants, mais celui des maîtres des atmosphères, des titans du black / death metal quasi cinématographique, les monstres musicaux de LORD SHADES. Un groupe qui évolue au fur et à mesure des années, parti d'un projet solo, aujourd'hui LORD SHADES parcours l'Europe (présent au Wacken 2012 messieurs dames) et diffuse sa musique comme un moine pacifiste. On adhère ou on n'adhère pas, mais il est indéniable de reconnaître que LORD SHADES domine son sujet et que l'histoire de son protagoniste qui perdure sur leur deuxième album "The Rise Of Meldral-Nok", enrôle petit à petit sa horde de fans, sa légion de furieux, sa cohorte d'amateurs qui savent pourquoi ils apprécient ce groupe. Si les albums produisent visuellement et musicalement un effet complet pour celui qui écoute, ce soir c'était ma première de LORD SHADES sur scène. Et comme une jouvencelle effarouchée, loin de la pichenette ou de la chiquenaude, j'ai pris une claque devant, derrière (plus communément appelée "calotte") et sur les côtés (certains parleront de "biffle" mais là n'est pas le propos)...



En effet, LORD SHADES a englouti littéralement la salle avec sa musique, tout le monde a bien saisi la portée des morceaux. Même El Mobo qui était là pour supporter ENTROPIA avec qui il avait travaillé, a passé un bon moment à l'écoute de cette tête d'affiche. Le son était le meilleur de la soirée, la basse d'Alex était écrasante, son chant dévastateur et les rythmiques successives et progressives de titres tels que "Ancient Fears" avec ses effets de vocaux démoniaques ou encore l'épique et malfaisante "Lust For Death". LORD SHADES a partagé son set en deux parties, commençant par des morceaux du second album beaucoup plus fouillé que le premier "The Downfall Of Fïre-Enmek" qui l'était tout de même déjà beaucoup, puis ils ont basculé dans vers une remontée mécanique vers le premier album sur trois titres pour finalement finir sur "The Pledge". Malgré les quelques décorations de scène qui n'étaient pas toutes là, LORD SHADES n'avait en fait pas besoin de cela du tout pour s'imposer en grand gourou de la soirée. Un leader scénique mais aussi musical car au fur et à mesure des années leur style s'intensifie, se précise et l'on a droit à une véritable bande-son black / death symphonique, une invitation au voyage onirique et intemporel qui fascine celui qui est en face du groupe... C'est sur cette impressionnante et magnifique prestation que s'est terminée la soirée... On ne le dira jamais assez tant pis pour ceux qui n'y étaient pas.

Setlist : "The Leave Taking", "Lust For Death", "Ancient Fears", "Embers Of Hate", "Revel In Blood", "The Last Stand", "The Pledge".

Et pour tout de même faire profiter les absents, voici quelques vidéos de l'énergie et de la maîtrise de LORD SHADES sur scène :



Avant de quitter les lieux de l'invasion, voici donc le temps d'écouter la petite interview donnée par Jérôme pour ENTROPIA, suivie de celle en vidéo de LORD SHADES.





Un grand merci tout d'abord à The Insane Legions qui, ne l'oublions pas, nous ont préparé une monstrueuse soirée pour le 18 Octobre 2013 avec Svart Crown, The Oath et Heboïdophrénie. Ensuite, un second énorme merci à Phonoscene qui ont filmé, photographié toute cette soirée pour vous faire profiter au mieux de la chose.


The Insane Legions :
theinsanelegions@gmail.com

Phonoscene :
www.manuelroux.tumblr.com
www.flickr.com/photos/klakotik

Emission Metal Is The Law :
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