Le groupe
Biographie :

Zatokrev a été fondé par Silvio (batterie), Marco (basse / samples) et Fredy (guitare / chant) à Bâle (Suisse) en Avril 2002. En 2003, ils enregistrent une démo et commencent à faire des concerts. A travers de fortes perfomances live, ils se sont construits une réputation de groupe live intense. Leur album éponyme sort sur le label anglais Codebreaker en Septembre 2004 et n’obtient que des critiques positives a travers toute l’Europe. Plus tard, l’album sort en Amérique du Nord sur le label Earache, qui reçoit également pas mal de critiques positives. Durant cette période, Zatokrev a joué dans des festivals, de petites tournées et des simples concerts en France, Allemagne, Autriche, Pays-Bas, Slovénie et la Suisse où il a partagé la scène avec Dillinger Escape Plan, Chimaira, Esoteric, Kill The Trill, Cataract et plein d’autres groupes. "Bury The Ashes" sort sur Czar Of Crickets Productions en Suisse et sur Firebox Records dans le monde entier en Février / Mars 2007. Zatokrev a été rejoint par un second guitariste, Stench, afin de rendre ses concerts encore plus intenses. "The Bat, The Wheel And A Long Road To Nowhere" voit le jour en Août 2012 chez Candlelight Records. "Silk Spiders Underwater…" sort en Mai 2015, toujours chez Candlelight Records

Discographie :

2004 : "Zatokrev"
2006 : "Bury The Ashes"
2007 : Split CD avec Vancouver
2012 : "The Bat, The Wheel And A Long Road To Nowhere"
2015 : "Silk Spiders Underwater..."


Les chroniques


"Silk Spiders Underwater..."
Note : 18/20

Que de chemin parcouru en 13 années par les Suisses de Zatokrev (traduit du tchèque, cela voudrait dire "du sang pour cela"). Depuis leur premier et terrassant full-length éponyme, sorti en 2004 chez l'éphémère mais désormais mythique label Code:Breaker, jusqu'au plus développé "The Bat, The Wheel And A Long Road To Nowhere", la formation a peu à peu affiné son style doomcore primaire et au bord de la rupture vers une musique toujours aussi plombée mais plus mature et ouverte. Cette ouverture se traduit par une confluence stylistique démoniaque et une sensibilité quasi-stellaire affûtée. Le mariage parfait entre les instincts bestiaux et une noire cérébralité humaine corrompue.

"Silk Spiders Underwater..." se situe dans la continuité de "The Bat..." mais va creuser un peu plus loin dans le défrichage de terrains inconnus. Le groupe s'aventure plus profondément dans ces eaux troubles et boueuses pour y dénicher de somptueux trésors de soie. Les percussions tribales et les dissonances de l'introductif "Runaway Soul" prennent petit à petit une teinte opaque à l'ampleur psychédélique avant que le ciel nous tombe sur la tête. "Bleeding Island", au riffing torturé et aux voix démentes, nous aplatit comme une crêpe. Les guitares aux mélodies crissantes et la batterie convulsive nous bercent telles les vagues géantes d'une tempête maritime. Point de répit après ce déluge ; le début de "The Phantom", morceau d'une tension terrifiante, aux saturations hantées et à la batterie martiale, nous oppresse et nous engloutit. Suffocant ! Le rampant "Loom" ne nous rassure guère; nous guettons derrière sa sombre tranquillité le prédateur attendant le moment opportun pour fondre sur sa proie, nous. La tension y est palpable. Son explosion finale nous atomise.

L'ambiance intimiste du long et beau "Brick In The Sky", aux violoncelles et guitares électro-acoustiques finaux, renvoie des images célestes. Mais telle une âme damnée, nous sommes plongés dans les entrailles du purgatoire avec "Discoloration", composition au psychédélisme noir que seuls des martiens peuvent avoir crée (ces guitares complètement allumées et stratosphériques d'une étrange beauté). Mais ce n'est rien face au presque black metal "Swallow The Teeth", rappelant le blackcore de Céleste. Le doom / sludge final de "They Stay In Mirrors", plus gluant et épais qu'une marée noire, est une longue descente vers les profondeurs infernales. Les membres du groupe, à travers ce bouillon magmatique, opèrent une forme de catharsis dont nous faisons les frais.

Massif et élaboré, superbe et repoussant, heavy et lumineux, "Silk Spiders Underwater..." est une expérience unique, une œuvre salvatrice impressionnante faisant autant appel à l'esprit qu'au coeur. Le meilleur album de Zatokrev à ce jour tout simplement.


Man Of Shadows
Mai 2015




"The Bat, The Wheel And A Long Road To Nowhere"
Note : 16/20

Si je vous dis Knut, Kruger, Monkey3, vous me direz sûrement une bonne fournée du milieu noise / sludge. Les plus pointus me parleront d’une croix blanche sur fond rouge puisque hormis ses spécialités gustatives à base de fromage et de chocolat, la Suisse se charge de groupes de plus en plus remarquables. Zatokrev ne déroge pas à la règle avec ses tonalités puissantes au mélange plutôt incongru. Ayant pour habitude de délivrer une musique sombre et lente tirant plutôt vers le sludge, leur troisième LP "The Bat, The Wheel And A Long Road To Nowhere" se pose comme un album aux démonstrations risquées. Alliage d’influences post-hardcore et de black metal, incorporant de l’ambiant à l’irrité, le quatuor se lance dans un pari risqué et là où d’autres ont échoué, les petits Suisses vont régaler.

Tout d’abord l’examen de la longueur, avec neuf titres frôlant les soixante-dix minutes. Ca ne paraît pas si long pour un disque de pop musique, mais pour ce genre extrême, ça peut vite le devenir. On rentre dans le jeu, notre oreille s’esquive quelques instants puis redevient plus ou moins attentive "tiens c’est toujours le même morceau ?!". Voilà tout l’art du sludge / doom et autres fantaisies claironnantes me direz-vous ! Je ne dirai pas le contraire. Pas vraiment dérangeant dans l’absolu mais quelques longueurs auraient pu être rognées. On dépasse les 10 minutes avec "Medium", morceau pointu mais qui à la longue donne un peu mal au crâne (avis perso, j’ai juste quelques difficultés avec le chant black braillé sur fond de blast beats) et la finale "Angels Of Cross" aux accents dissonants habillement travaillés et aux parties interminables mais magnifiquement bien ciselées, plus atmosphériques. Une deuxième subtilité réside justement dans ce mélange de genre avec un black metal se posant en maître sur certains segments dans une ambiance post-core où techniques de solos, de larsens et de décalages rythmiques sont mises à l’épreuves avec brio. Lorsque les premiers accords de "Goddamn Lights" retentissent, c’est la claque et je pense alors à un digne descendant du Neurosis version européenne. La voix régurgite, l’atmosphère est au plus néfaste, c’est exquis.

Vous l’aurez compris, les passages nerveux m’exaltent beaucoup moins n’étant pas fanatique de la musique norvégienne mais les amateurs sonorités lourdes et ambiancées appréciant aussi bien Morne que Burzum y trouveront forcément leur compte. Zatokrev n’hésite pas à transgresser les codes et excellent dans l’art de creuser toujours plus loin, éternels insatiables d’expérimentations ténébreuses. Que l’on accroche plus ou moins aux différents styles exécutés, "The Bat, The Wheel And A Long Road To Nowhere" reste une épatante création, à faire trembler les alpages.


Angie
Octobre 2012


Conclusion
Le site officiel : www.zatokrev.com