Le groupe
Biographie :

Zarboth est un duo associant Etienne Gaillochet, batteur et chanteur de We Insist !, et Phil Reptil, guitariste hors-norme à l'origine de La Theory Du Reptil. Ce dernier est actif aussi bien dans le rock progressif que dans la musique electro, world, le théatre et la danse. En 2009, la formation fut invitée, tout comme We Insist !, au Festival Zappanale. Zarboth explore les terrains contemporains du rock proteiforme, mélant jazz-core, noise et songwriting, tout en travaillant les textures sonores avec déléctation. ZLe duo multiplie les collaborations, et joue un rock libre, voire libéré, décompléxé, violent, ludique et indéscriptible. Leur large panel d'influences va de Ruins à Claudia Quintet, de Frank Zappa & No Means No, de Fred Frith à Pantera, et de Zu à Sleepytime Gorilla Museum. Après un premier album sorti chez Head Records en 2009, "Kwakiutls" sort chez Gazul Records en Avril 2011.

Discographie :

2009 : "Zarboth"
2011 : "Kwakiutls"


La chronique


J'ai l'impression qu'il existe une dimension parallèle où les techniciens instrumentistes aux envies folles d'improvisation sont finalement plus nombreux qu'on ne pourrait le croire, et qu'ils se cachent un peu partout pour créer des musiques atypiques. Zarboth cultive donc un côté zarbi, qui lui va bien à l'arrivée. Deuxième album, pour ce duo composé de Etienne Gaillochet (We Insist !) à la voix et à la batterie et de Phil Reptil (guitariste huit cordes rien que ça, déjà qu'avec deux on a pas mal à faire...). En vous passant les origines de la réunion de ces deux esprits un peu torturés mais dirigés par des électrons libres en mal de charge positive, on s'aperçoit qu'il se compose de douze masses multiformes, réunies elles-mêmes en deux ensembles regroupant chacun six titres colorés dont les racines se trouvent loin, très loin, au delà de toute zone connue, aux confins de la galaxie rock "protéiforme", jazz-core, noise expérimental...

C'est marrant de s'apercevoir que lorsqu'on est à poil devant une musique que l'on n'arrive pas forcément à définir, tellement elle nous semble aller à l'encontre de nos propres critères de compréhension, de nos propres règles de construction, on se crée de nouvelles frontières dont on ne maîtrise même pas la définition. Parce que dans l'absolu qu'est- ce que le rock protéiforme, ou encore le noise expérimental... Le noise signifiant déjà le bruit, alors l'expérimentation du bruit, nous promet de longues minutes de delirium tremens...

Et le délirium tremens, c'est un peu "l'argument de vente" de cet album. On peut commencer déjà par la pochette. En effet, on est face à un western circus coloré mélangeant la sévérité de photographies noir et blanc d'un temps révolu au libre cours de méandres de la folie artistico-enfantine voire clownesque de son auteur. C'est un peu un genre de timbre à durée "psychologico-hypnotique" qui fait office de pochette, me rappelant les décors décalés du manège enchanté... Ensuite, l'approche auditive de "Kwakiutls" est vraiment difficile pour celui qui ne cherche que des structures basiques, celui dont l'ouverture d'esprit est aussi grande que l'orifice intime qui sert à évacuer les matières fécales d'un babouin... En gros loin des clichés pop, loin des clichés rock, et des codes metalliques établis, Zarboth préfère créer un courant alternatif musical guidé par deux voix et accompagné d'une guitare complexe ainsi que d'une batterie dont les temps, les contre temps sont légion, pour inviter l'auditeur dans un univers complètement original. Un univers musical vraiment spécial où plus d'une personne se perdra et ne souhaitera pas réitérer l'expérience par peur d'en faire des cauchemars auditifs.

Le fait d'avoir établi deux approches différentes en deux ensembles de six morceaux, donne à l'album une progression logique. Mais finalement là où les six premiers morceaux sont censés proposer des refrains, des mélodies, des structures "faciles" à enregistrer, on se retrouve à se mélanger plus aisément les pinceaux sur ceux-là car les rythmiques sont beaucoup plus étranges... Et d'un autre côté, les six morceaux de fin, étant censés être expérimentaux, en improvisation plus flagrante, en bizarrerie plus sombre et même plus profondément agressive parfois , nous donne largement plus de plaisir d'écoute. Car finalement c'est bien de cela dont il s'agit : le plaisir d'écoute. Quand on veut acheter un album et quand on veut le commercialiser, c'est qu'il faut que le CD plaise à un minimum de gens malgré tout. Je peux vous garantir que la sortie d'une tel album, à ce niveau n'est pas une démarche commerciale, mais plutôt une démarche audacieuse, un pari démesuré.

Et en ce qui concerne donc ce plaisir d'écoute, j'y ai pris beaucoup plus de temps à décortiquer la deuxième partie, des titres en complète liberté d'expression. Mais étrangement possédant beaucoup moins de parties vocales que sur les six premiers. Alors peut-être que cette manière de jouer est plus ou moins enrichissante pour leurs compositeurs, mais en tant qu'auditeurs c'est plus facile de s'adapter à la deuxième partie. Les guests de Cyrille Méchin, saxophoniste baryton de We insist, nous laissent découvrir sur au moins le morceau "Saint-Louis-Du-Ha-Ha !" l'opportunité de comprendre ce que les shadocks voulaient vraiment quand ils pompaient et cette façon de réagir avec le saxophone sur les errances hasardeuses des autres instruments, me rappellent qu'il est extrêmement dur de gérer le souffle de la sorte.

Au final, avec des passages quand même assez violents comme sur "Sharks", entre passages jazz-core, funky, expérimentations outrancières, et aussi délires vocaux de "Coupez Moi La Tête", Zarboth est un véritable ovni. Dans l'absolu les champs de blé musicaux de la pop sont remplis d'adorateurs de Philipe Katerine, alors que les adorateurs de la musique post-jazz-core-rock -noise experimental se fassent une raison Zarboth peut leur être fatal, mais il faut au moins l'écouter une fois pour se dire que la création improvisée existe bel et bien...


Arch Gros Barbare
Juin 2011


Conclusion
Note : 12,5/20

Le site officiel : www.zarboth.com