Le groupe
Biographie :

Après la parution de leur unique démo en 1996, Yyrkoon concrétise ses premiers pas grâce à leur premier album "Oniric Transition" sorti sous le label Français (désormais disparu) VMI en 1998. A cette époque, la composition singulière et surprenante de cet album séduisit rapidement le public, et les demandes de concert commencèrent à affluer. C’est à la suite du très sombre mini-CD "Forgotten Past" édité en 2000, que le groupe picard surprendra le plus avec leur second album "Dying Sun" (Anvil corp.), prenant tout le monde à revers, en s’illustrant dans un registre heavy-thrash. En 2002, cet album fit l’effet d’une bombe, et toutes les critiques sont unanimes. Distribué notamment en Europe, au Japon et en Russie, Yyrkoon fut dés lors, un des groupes les plus crédités en France. Mais ce fut en 2004, après la sortie de l’explosif "Occult Medicine" enregistré au Hansen Studio-Danemark (Pestilence, Volbeat, Aborted…) que le public et la presse s’accordèrent à penser qu’Yyrkoon était devenu une valeur sûre de la scène metal Européenne. Désormais distribué mondialement et profitant d’une couverture médiatique importante grâce à leur récent contrat avec Osmose Production, les Français récoltèrent en masse les ovations médiatiques autour du globe. Les sollicitations de concerts furent de plus en plus fréquentes, et le groupe se vit traverser plusieurs pays Européens (notamment en compagnie d’Impaled Nazarene lors de la tournée de 2005). Mars 2006, "Unhealthy Opera" vit le jour. Encore une fois enregistré au Hansen studio, le quatrième album d’Yyrkoon confirma la montée en puissance du groupe. Plus inspiré que jamais, une partie de l’œuvre fut composé directement sur place ; A noter qu’Andy Laroque (King Diamond) fit une apparition mémorable sur le morceau "Horror From The Sea". Une fois encore les critiques sont généreuses et unanimes. Dans l’élan, les Français partirent en tournée européenne durant un mois, en compagnie de Nile et Psycroptic à travers toute l’Europe ; le groupe eut un incroyable succès dans la plupart des salles dans lesquelles il s’est produit. Après plusieurs shows en Belgique, Hollande, Suisse fin 2006, un manque avéré de motivation se fait ressentir, et pousse finalement les membres d’Yyrkoon à mettre en stand-by la carrière du groupe. Ils montent sur scène une dernière fois le 17 Février 2007 à Lille, France.

Discographie :

1998 : "Oniric Transition"
2000 : "Forgotten Past" (EP)
2002 : "Dying Sun"
2004 : "Occult Medicine"
2006 : "Unhealthy Opera"


La chronique


Deux ans après la sortie d’"Occult Medicine", qui annonçait une nouvelle direction musicale pour le groupe (entendez par là que le clavier y était désormais inexistant et le chant clair utilsé avec parcimonie) voici qu’Yyrkoon revient avec un nouvel album qui s’inscrit parfaitement dans cette progression. "Unhealthy Opera" se différencie de son prédécésseur principalement par le retour du batteur originel du groupe, Laurent Harrouart, qui avait été remplacé le temps d’"Occult Medicine" par Dirk Verbeuren grand chasseur de tête et frappeur devant l’éternel. Le décor est donc placé, à quoi peut-on s’attendre ? Une tentative de copie de jeu ? Un "Occult Medicine" bis ? Certainement pas, Yyrkoon ne dérogera pas à la coutume en offrant une fois de plus un album différent des autres mais empreint d’une identité qui est la sienne. C’est au travers d’un death énergique qui ne sombre jamais dans la démonstration pas plus que dans la facilité, la formation propose une croisière musicale inspirée à la rencontre de l’univers de Lovecraft. Pour ce faire, Yyrkoon choisit tout d’abord de nous plonger dans l’univers Lovecraftien, en faisant références, par le biais du texte, aux profondeurs sous-marines où Chtulhu rêve en attendant son retour ("From The Depths", "Screaming Shores", "Horror From The Sea"…) ; aux rituels Lovecraftiens ("Avatar Ceremony")  ou à la réanimation de cadavres ("… Of Madness"). Vous aurez compris aux travers de ces quelques lignes, que sans même parler de musique, "Unhealthy Opera" se présente comme une entreprise intelligente et réfléchie… Hé bien pour ce qui est de son aspect musical, c’est encore le cas !

Nos musiciens ont écrit cet opus comme on écrit un roman. Restant fidèle au Hansen Studio et gardant ainsi une production hautement crédible et puissante, révélant avec limpidité l’énergie ainsi que les subtilités d’écritures et de jeu dont l’album regorge. La composition simple (et non simpliste) sait être toujours pertinente, permettant ainsi à l’auditeur de ne pas perdre le fil des morceaux et de s’en imprégner dès la première écoute, sans que ceux-ci soient "prévisibles". Un véritable travail d’ambiance est sensible au travers des différentes écoutes, comme une volonté de vous englober à l’univers décrit… Celles-ci sont tantôt insalubres et pesante, tantôt énergique et entraînante… A la façon d’une aventure, qui vous attire par son mélange de fascination et d’adrénaline pour ensuite vous laisser à la fois pétrifié et impuissant face à l’inconnu et son cortège d’horreurs auxquels vous n’étiez pas préparer. "Unhealthy Opera" est aussi truffé de deux instrumentales acoustiques apportant une respiration supplémentaire à l’ensemble du disque ("Temple Of Infinity" et "Lair"… ) et appuyant l’atmosphère lourde et malsaine des titres qu’elles annoncent. "Supplémentaire" parce que ce dernier respire déjà largement du fait de sa composition généreuse et claire, mais aussi grâce aux soli de Stéphane Souteyrand, qui ne faillit pas à cette règle à laquelle Yyrkoon semble s’être rangé "il faut que ça sonne !". Il en va d’ailleurs de même pour un certain Andy Larocque que le groupe aura invité comme (invisible ?) guest sur le titre "Horror From The Sea" où il nous offre une petite minute d’un solo magnifique collant à la perfection avec l’ambiance du morceau… transcendant celui-ci, je dois bien l’avouer

De la même manière qu’un grand écrivain prend soin à ne pas employer un mot à la place d’un autre, Yyrkoon fait en sorte que chaque coup, chaque note, chaque blanc soit là où il est le plus pertinent. Car, qu’importe la manière, qu’ils fassent appelle à la technique, au blast, à la simplicité, à la lourdeur ou au groove : l’alchimie fonctionne et chaque morceau, phrase, break ou solo (même pris indépendamment du reste de l’album) "sonne". Tout ceci dans le but honorable et sensible de servir la musique jouée avant tout. Autre grande prouesse du combo, réussir à faire à ce que l’auditeur ne se lasse pas après plusieurs écoutes. Comme dit précédemment, l’album regorge de subtilité de jeu et d’écritures qui apparaissent au fil d’écoutes nombreuses et attentives, ce qui à pour effet de captiver notre attention au fur et à mesure des écoutes qui deviennent découvertes et redécouvertes de l’œuvre… Un peu à la manière dont on redécouvre les belles pages d’un roman lu et relu. C’est là aussi ce qui confère véritablement à "Unhealthy Opera" le statut d’oeuvre professionnelle, tant dans son fond que dans sa forme, ainsi que celui de pièce majeure de la scène française… et du reste du monde.


Slice
Juillet 2009


Conclusion
Note : 18/20

Le site officiel : www.yyrkoon.net