Le groupe
Biographie :

Wyatt E. est un groupe de drone / doom metal israélien basé en Belgique, actuellement composé de : Roamin Hoedt (batterie / Deuil, ex-Isaiah), Stéphane Rondia (guitare, basse, synthé, programmation / Leaf House) et Sébastien von Landau (guitare, synthé / The K.). Wyatt E. sort son premier EP, "Mount Sinai/Aswan", en Mai 2015 chez Fear Of Gun, suivi d'un premier album, "Exile To Beyn Neharot", en Septembre 2017 chez Shalosh Cult.

Discographie :

2015 : "Mount Sinai/Aswan"
2017 : "Exile To Beyn Neharot"


Les chroniques


"Exile To Beyn Neharot"
Note : 16/20

Amateurs de doom et de drone, ou plus généralement de groupes à part avec une forte personnalité, cet album de Wyatt E. est pour vous. Deux morceaux, un peu plus de trente huit minutes, "Exile To Beyn Neharot" plante le décor d'entrée de jeu !

"Nebuchadnezzar II" ouvre cet album avec une basse qui vous vrombit dans les oreilles et des ambiances à cheval entre le psychédélisme et l'oppression. La musique de Wyatt E. dégage quelque chose d'aussi hypnotique que malsain, bâtie comme des mantra qui vous répètent inlassablement des motifs jusqu'à vous faire entrer en transe. Des sonorités orientales font leur apparition de temps en temps et si la base est effectivement drone / doom, quelques influences post-rock viennent aussi épicer le tout. Les grosses guitares ne font leur apparition qu'à partir de la onzième minute, preuve que le groupe prend le temps de poser ses ambiances. Un synthé aux limites de la vieille synthwave guide la marche sur "Ode To Ishtar" qui balance lui aussi un climat totalement barré et planant. Il y a quelque chose d'initiatique dans la musique de Wyatt E., une once de spiritualité et d'ésotérisme, quelque chose qui vous emmène loin. Nous ne sommes pas chez Khanate ou Sunn O)))) ici, il n'y a pas vraiment de haine, ni de pic de désespoir aux frontières du suicidaire, il y a autre chose de pas forcément identifiable. La musique de Wyatt E. n'est pas de ce monde, elle vient d'on ne sait où et nous emmène dans un lieu tout aussi indéfini pendant les quarante minutes de "Exile To Beyn Neharot". C'est psyché, pesant, beau et inquiétant à la fois et on n'arrive jamais vraiment à déterminer si ce trio est malveillant ou non tant il passe d'une ambiance à l'autre, de la noirceur à la lumière.

Ce dont on est sûr à l'écoute de "Exile To Beyn Neharot", c'est que la musique de ces gars-là est habitée, le groupe sait où il veut aller et rien ne le détournera de sa vision. En tout cas les morceaux sont plus pesants, plus psychédéliques encore que ceux qui figuraient sur "Mount Sinai/Aswan". L'ambiance générale est bien plus lourde et barrée, la production est plus massive et plus puissante tout en restant claire. Le groupe a clairement franchi un pas en termes de cohérence, de qualité de composition, de maîtrise de son univers. Quand on sait que ce nouvel essai n'est que le deuxième volet d'une série qui doit en compter six, on se dit que si Wyatt E. fait ce genre de progression à chaque sortie, le dernier volet va être assez effrayant ! Tout le monde aura évidemment compris que cet album va demander une paire d'écoutes avant d'être assimilé, ce n'est pas le genre de musique que l'on peut écouter d'une oreille distraite. La musique de Wyatt E., même si elle est souvent assez épurée, est paradoxalement exigeante et si vous vous donnez la peine d'y prêter attention l'immersion est garantie. Bon, vu les ambiances, je ne suis pas sûr que votre cerveau apprécie l'immersion en question, des rêves ou visions bizarres et inquiétantes ne sont pas à exclure et si le cas se produit ni le groupe ni votre serviteur ne seront responsables.

Bref, si le doom / drone à tendances psyché, oppressantes et hypnotiques vous plaît, vous savez ce qu'il vous reste à faire. Wyatt E. a de quoi vous faire voyager avec "Exile To Beyn Neharot" et croyez-moi, on voit rarement ce genre de paysage !


Murderworks
Janvier 2018




"Mount Sinai/Aswan"
Note : 14/20

Créé dans la ville sacrée de Jérusalem, le trio Wyatt E. nous présente son premier maxi sorti depuis un an déjà. Un EP formé de deux compositions instrumentales à la forte dualité climatique.

"Mount Sinai" est une pièce épique de 12 minutes, lumineuse et mystique rappelant les travaux de Year Of No Light pour son évocation musicale atmosphérique mais aussi pour son inclination religieuse et transcendantale. Wyatt E. cherche à atteindre des espaces lointains et purs, ce que traduit très bien ces longues parties heavy, lancinantes, étirées à l'envie et ces sonorités claires couplées à d'incessants larsens et effets bruitistes. Ce premier morceau, contemplatif, est une franche réussite dans la mouvance post-rock / ambient.

Nous vous parlions de dualité. Si "Mount Sinai" est une sculpture sonore tournée vers les cieux, "Aswan" est une descente aux Enfers. Une intro martiale / ambient glaciale se mue en longue procession noise / rock / expé glauque dépourvue d'humanité. Les synthés old school confèrent à la pièce une dimension surréaliste et effrayante tandis que les percussions orientales, qui font écho au titre de la composition, nous plongent dans l'enfer du désert égyptien. Faut-il voir dans cet EP un concept, une allégorie sur les dix plaies d'Egypte ? Possible.

En attendant la réponse, on se contentera de d'écouter cette œuvre fondatrice de Wyatt E. qui pose là une première belle pierre à son édifice.


Man Of Shadows
Février 2016


Conclusion
Le site officiel : www.wyattdoom.bandcamp.com