Le groupe
Biographie :

Wormfood est fondé à Rouen en Janvier 2001 par Emmanuel "El Worm" Lévy (voix, guitare) et Romain Yacono (basse). En Mai 2001, le duo sort une démo 5 titres dans une veine thrash / indus metal qui lui permet de trouver un batteur : Alexis Damien. Un an plus tard, le premier album éponyme du combo est enregistré. Affirmant un metal avant-gardiste sombre et chaotique, il préfigure la direction très personnelle vers laquelle les membres du groupe veulent se diriger. Le retour critique encourageant permet à Wormfood de commencer à se faire un nom parmi la scène hexagonale.
En 2004, Wormfood intègre le claviériste Tim Zecevic afin de développer l’aspect orchestral des compositions, et défendre son répertoire sur scène. En parallèle, commence la composition de l’album suivant, aux ambitions musicales plus baroques et théâtrales. C'est finalement Axel Wursthorn de Carnival In Coal qui associera son savoir-faire à la production de ce disque intitulé "Jeux D'enfants". Ce CD promotionnel -à l’artwork scandaleux inspiré de Walt Disney- conduit Wormfood à décrocher un deal avec le label Italien Code666. Fred Patte-Brasseur (Ataraxie, Funeralium) rejoint à cette époque le line-up du groupe. A la fin de l’année 2005 sort "France", une version réenregistrée de "Jeux D'enfants", produite à nouveau au Walnut Groove Studio, et destinée à une distribution internationale. Pour l’occasion, Wormfood invite des choristes et instrumentistes, enregistre deux reprises de ses influences majeures, Type O Negative ("Christian Woman") et Serge Gainsbourg ("La Décadanse"). "France" bénéficie d’un excellent retour critique, et entre 2005 et 2006, Wormfood commence à multiplier les concerts (Blast Fest, une tournée en Hollande avec Ataraxie, Killer Fest, VS Fest 2, Lustour Angel…). Dans le même temps, Alexis, Tim et El Worm rejoignent le line-up live de Carnival In Coal.
En Septembre 2006, Alexis Damien est remplacé par le batteur Efflam Le Maho (Yorblind, 7th Nemesis). Peu de temps après, Tim Zecevic quitte le groupe. Wormfood se concentre alors sur la composition et l'enregistrement d'un nouveau disque et collaborera notamment avec Paul Bento (Carnivore, Type O Negative). Sous l’impulsion d’El Worm, qui traverse une période très noire de sa vie, la tonalité de l’album est résolument dépressive, intimiste et francophone. Dénuées de second degré, les chansons dissèquent le dépit amoureux, le suicide, les addictions, la maladie et la solitude.
Auteur des albums "France" et "Posthume", le groupe a eu l’occasion, sur ce dernier, de travailler avec Paul Bento (Carnivore / Type O Negative). En 2012, Wormfood propose une réédition de son album éponyme sorti à l’origine en 2003. Le cinquième album de Wormfood, "L'Envers", sort en Mai 2016 chez Apathia Records.

Discographie :

2001 : Démo
2003 : "Wormfood"
2004 : "Jeux D'enfants"
2005 : "France"
2011 : "Posthume"
2012 : "Décade(nt)" (Compilation)
2016 : "L'Envers"


Les chroniques


"L'Envers"
Note : 17/20

On commence à être habitués avec certains labels, quand on voit par exemple une sortie de chez Apathia on sait que ça va être un groupe qui sort des sentiers battus. Cette fois encore c'est le cas mais la surprise est moindre puisque ces fous furieux ont récupéré une autre bande fous furieux, à savoir Wormfood. Voilà un groupe dont on n'avait plus de nouvelles depuis la sortie de "Posthume" en 2011 et qui revient à la charge avec "L'Envers".

Premièrement, je tiens à saluer le travail d'orfèvre qui a été effectué sur l'objet, le digipack A5 est magnifique et les photos et visuels réalisés respectivement par Andy Julia et Strychneen Studio sont aussi beaux et évocateurs que glauques et dérangeants ! Pour ce qui est de la musique, rassurez-vous, on va s'y pencher aussi, en ajoutant tout de suite que El Worm et sa bande n'ont rien perdu de leur folie. Tiens, parlons-en de la bande justement puisque les membres ne sont plus ceux qui officiaient sur "Posthume". On a donc sur "L'Envers" à part El Worm pour les textes, la guitare et le chant bien entendu : Renaud Fauconnier à la guitare, Vincent Liard à la basse, Thomas Jacquelin à la batterie et Pierre Le Pape aux claviers (allez jeter une oreille sur Melted Space au passage). On retrouve aussi comme précédemment en guest Paul Bento qui s'occupe d'ajouter des parties de sithar et de tanpura. "Prologue" qui, comme son nom l'indique, ouvre l'album va d'ailleurs vous remettre dans le bain très vite, pas mal de références à des paroles d'anciens morceaux, d'anciens personnages, se sont glissées dans cette introduction et devrait rappeler aux amateurs quelques souvenirs. "Serviteur Du Roi" ouvre réellement le bal en montrant un visage bien plus orchestral qu'auparavant, ce sera d'ailleurs une constante sur ce nouvel album. L'esprit de Wormfood est toujours intact pas d'inquiétude, les paroles et la musique sont toutes les deux sur cet équilibre que manie le groupe depuis ses débuts, entre l'humour noir, le grotesque, le cynisme etc... Toujours cette impression d'avoir à faire à un metal de multiples horizons croisé avec une espèce de cirque totalement dégingandé, le tout mélangé aux traditionnelles influences gothiques. Pour faire simple, la formule Wormfood est la même mais le groupe l'a hissée à un autre niveau, les orchestrations en sont en partie responsables d'ailleurs, même si le talent de composition en général est indéniable.

En parlant de gothique, on retrouve évidemment quelques mélodies rappelant Type O Negative même si elles se font de moins en présentes (néanmoins flagrantes sur "Gone On The Hoist"). Wormfood avance, progresse, crée petit à petit son monde, ou plutôt ses mondes. Parce qu'évidemment ce nouvel album est une fois de plus assez varié, que ce soit au niveau des ambiances ou des sonorités utilisées, on passe une cinquantaine de minutes sur de véritables montagnes russes. Pas évident de décrire un engin pareil d'ailleurs, le genre d'album qui constitue un véritable cauchemar pour les chroniqueurs. En tout cas, "L'Envers" trouve le moyen d'être riche, varié, barré et accrocheur à la fois, une fois l'écoute lancée impossible de l'arrêter. Je vous conseille de l'écouter d'une traite car même si ce nouvel album n'est pas un album concept au sens propre du terme, il n'empêche qu'il ne dévoile ses secrets que dans ces conditions. Non pas que "L'Envers" fasse preuve d'une expérimentation difficile à digérer mais encore une fois sa variété et sa richesse font qu'il va vous falloir pas mal d'écoutes avant d'en saisir toutes les subtilités. Comme vous devez vous en douter si vous connaissez déjà bien le groupe, la production est une fois de plus largement à la hauteur elle aussi, le son est puissant, relativement propre et clair, bref pas besoin de tendre l'oreille pour entendre un instrument planqué au fin fond du mix.

Nouvel album donc après cinq longues années de silence et disons-le clairement, c'est une franche réussite ! Aucune chance que les habitués de Wormfood soient déçus, quant aux autres il serait temps de se pencher sérieusement sur cette bande de fous furieux qui sort du moule avec une aisance toute naturelle.


Murderworks
Juillet 2016




"Décade(nt)"
Note : 14/20

Plus de dix années d’existence et c’est le passage obligé (?) par la réédition du premier album, voire de la première démo, souvent devenus introuvables, probablement victimes de leur succès à l’époque… Wormfood ne déroge pas à la règle et c’est l’occasion pour ceux qui connaissent le groupe d’aujourd’hui, de découvrir ses premiers pas, dans un style bien différent. Les dix premiers titres sont ainsi tirés du premier album après être passés entre les mains d’Axel Wursthorn pour un petit lifting du son. L’album éponyme gagne donc en qualité même si on est loin de l’effet grosse production qui tache. Néanmoins cela n’aurait eu que peu d’intérêt puisque le charme de Wormfood ne réside pas forcément dans la musique elle-même mais plutôt dans l’ambiance qu’elle créait. On (re)découvre ainsi le death doom thrash tout-ce-que-tu-veux de Wormfood au fil de titres comme "Human Circus", "Abortion Exit", "Hunger Anger" ou encore "Licking The Bones" sans oublier l’interlude "Grandpa’s Remission" et son air de "Douce Nuit". Ajoutons à cette ambiance plutôt noire, malsaine voire lugubre des paroles parfois délirantes balancées par une voix malheureusement un peu monocorde à l’époque.

En deuxième partie de galette nous avons six titres live issus du Black Fest 2005. Là encore l’enregistrement n’est pas sensationnel mais largement correct pour apprécier la prestation. Après une brève introduction, on part sur "Bum Fight" déjà plus énergique que ce qui précède puis sur "TEGBM" (qui veut dire True Evil Gay Black Metal) parce que oui Wormfood est un groupe avec beaucoup d’humour, un humour particulier certes, mais humour quand même ! C’est d’ailleurs bien plus perceptible avec le chant en français que l’on retrouve pendant ce live et notamment sur des titres comme "Miroir De Chair", "Comptine" ou "Vieux Pédophile". Oui bien sûr ce genre de sujet pseudo-tabou ne plaît pas à tout le monde mais comme dit Didier Super "Mieux vaut en rire que s’en foutre" ! Un live somme toute sympathique qui permet de découvrir un groupe dans son élément naturel.

Ce "Décade(nt)" se clôt sur deux reprises, l’une de Type O Negative qui est presque trop évidente pour paraître justifiée bien qu’elle soit réussie avec une partie des paroles traduites en français et l’autre de Serge Gainsbourg. Je ne suis pas de ceux qui sont contre les reprises de grands artistes par principe pour ne pas froisser leur œuvre, mais là, vocalement parlant, Wormfood a trop cherché à se rapprocher du chanteur charismatique au lieu de complètement s’approprier le morceau et c’est bien dommage. Ceci dit c’est ici un avis purement personnel. Les Français nous proposent donc une galette intéressante mais peu abordable. Peu abordable dans la mesure où je ne conseille pas cette réedition comme une première approche du groupe et le découvrir, mais intéressant pour les fans du groupe qui trouveront en son sein une petite pelleté de raretés à côté desquelles il serait dommage de passer.


Kévin
Octobre 2012




"Posthume"
Note : 15/20

Finalement après quelques déboires peu complaisants, c'est l'année 2011 qui héritera de la sortie du nouvel album de Wormfood... Les dernières péripéties ont fait que c'est sous la bannière de Mala Fortuna que cet album "Posthume"... [VOUS ECOUTEZ POSTHUME LE NOUVEL ALBUM DE WORMFOOD]... Groupe atypique à la musique atypique, Wormfood envoûte, Wormfood déroute, Wormfood dégoute, il suffit simplement de trouver sa place en tant qu'auditeur. Car même si le groupe existe depuis environ neuf ans, sa discographie est très abrupte, très sombre et effectivement très chaotique. Il est indéniable que Wormfood, à travers ces [VOUS ECOUTEZ POSTHUME LE NOUVEL ALBUM DE WORMFOOD] trois premiers albums, s'est forgé un public adapté à la couleur, à la tessiture de sa musique glauque, malsaine et névrosée. Mais si "France", laissait apercevoir ce côté dérangé et dérangeant, très outrancier dans la provocation notamment avec des titres comme "Le Vieux Pédophile", celui-ci va encore plus loin avec aussi sa musique avant-gardiste et parfois presque inaudible et compréhensible seulement par ses compositeurs. Je parle pour des chansons telles que "Vanités Des Amants" qui enfoncent l'auditeur dans un monde de torture psychologique dont on arrive difficilement à se... [VOUS ECOUTEZ POSTHUME LE NOUVEL ALBUM DE WORMFOOD]...

Si à l'époque de "France" (qui est quand même sorti il y a cinq ans), Wormfood gardait encore ses origines metal, on assiste ici à un style plus proche de la musique rock indépendante, où seules quelques séquelles du metal pur, en l'occurrence thrash et death, apparaissent deci-delà dans quelques riffs. Et c'est peut-être ce genre de divergences musicales et artistiques qui ont poussé le groupe à splitter en 2009 pour se reformer l'année d'après avec un nouveau line-up. Il en ressort principalement du rock indé très glauque, [VOUS ECOUTEZ POSTHUME LE NOUVEL ALBUM DE WORMFOOD] très alternatif, où les fortes influences de Type O Negative des débuts, des "Slow Deep And Hard", "The Origin Of The Faces" et évidemment "Bloody Kisses" sont de plus en plus évidentes et cohérentes avec l'évolution de Wormfood. Si feu Peter Steele pouvait écouter cet album il se régalerait, parce que Wormfood c'est un peu le Type O Negative Français. Pour les personnes qui ne sont pas totalement fans de Type O Negative, la découverte de "Bloody Kisses" à côté des deux premiers albums a toujours provoqué une cassure. Parce qu'on est partagé entre la beauté de morceaux tels que "Christian Woman" (Que Wormfood avait d'ailleurs repris sur "France") ou encore "Black N°01" et le côté punk, [VOUS ECOUTEZ POSTHUME LE NOUVEL ALBUM DE WORMFOOD] libre et anarchiste un peu goth des autres morceaux. Wormfood, s'est inspiré de cette même flamme pour écrire cet album "Posthume", certains passages peuvent être magnifiques, malgré leur "sombritude" ténébreuse. Ce sont pour moi, les passages les plus "metal". Je parle de "Troubles Alimentaires", titre si profond musicalement avec quelques saveurs presques doom / stoner amplifiées mais surtout avec ces paroles si rudes, si franches et si choquantes en fait.

Les paroles de Wormfood sont choquantes, dans le sens où [VOUS ECOUTEZ POSTHUME LE NOUVEL ALBUM DE WORMFOOD] du fait quelles soient francophones, nous invitent à nous, simples mortels de cette bonne vieille France à mieux les comprendre. Et les petits clins d'oeil nous sont plus faciles à reconnaître, comme le passage "J'ai deux amours..." reprenant la thématique de Joséphin Baker à la sauce dépressive sur "Passage A Vide". Ces paroles si intimes, si proches de son auteur, en sont même parfois trop intimistes. Pour la bonne et simple raison qu'on n'en devient plus auditeur, mais plutôt "voyeur". Un voyeur qui observe les pensées de son auteur, qui apprend tout sur les déceptions, les tourments de celui qui tient la plume. C'est exactement la sensation coupable de "Salope"... Chanson qui rappelle effectivement les sensations du groupe Ange, comme Wormfood le cite fièrement.

On en revient aux sources inspiratrices de Wormfood. Comme on le disait, [VOUS ECOUTEZ POSTHUME LE NOUVEL ALBUM DE WORMFOOD] Type O Negative est une des grosses influences de Wormfood, parce que la musique est dépressive, chaotique, anarchiste et pourtant très poétique. C'est pour cela, que Paul Bento (Carnivore / Type O Negative) est venu rendre visite au groupe en special guest pour jouer un peu de cithare et de tempura électronique. Ce dernier étant un instrument indien, celui qui donne les sonorités exotiques, et je suppose que c'est sur le titre "Les Noces Sans Retour" qu'on nous gratifie de sa présence. Mais dans tout de magma dépressif, il aurait été insultant d'en oublier l'autre inspiration principale de Wormfood qui n'est autre que Serge Gainsbourg. D'abord parce que [VOUS ECOUTEZ POSTHUME LE NOUVEL ALBUM DE WORMFOOD] le groupe avait déjà fait une reprise "La Décadanse" et parce que le timbre de voix de Emmanuel Levy est indubitablement similaire dans les prononciations, dans les subtilités de fin de phrase.

Comme à l'accoutumée, enregistré et produit au Walnut Groove par Axel Wursthorn, comme l'avait été "France", "Posthume" bénéficie d'une production très claire et sans accroc. Avec un artwork original réalisé par Hicham Haddaji (Strychneen studio / Hybreed...), qui a déjà bossé avec des dizaines d'artistes, cette fois-ci l'approche visuelle nous rappelle la poésie et le terreur asiatique. Evidemment proche du 7ème art Asiatique en matière de film d'épouvante comme "The Eye", "The Ring" mais plus encore "The Wig", [VOUS ECOUTEZ POSTHUME LE NOUVEL ALBUM DE WORMFOOD] la pochette de "Posthume", nous rappelle les ambiances de ces films avec toujours une longue chevelure en guise d'acteur principal pour nous filer le grand frisson. Les asiatiques sont friands de cheveux longs et noirs et d'eau dans la plupart de leur productions cinématographiques, et je trouve que cet aspect visuel est également réussi ici.

Si les reprises sont un point d'honneur chez Wormfood pour rendre hommage à des artistes connus et reconnus, "Posthume", [VOUS ECOUTEZ POSTHUME LE NOUVEL ALBUM DE WORMFOOD] ne dérogera pas à la règle et cette fois c'est Stephan Heicher qui sera à l'honneur avec la chanson "Des Hauts Et Des Bas". Chanson qui d'ailleurs avait déjà été reprise en 1996 par le groupe de heavy mélodique Vanden plas sur le MCD : "Accult". Cette fois-ci le style est revu à la manière dépressive et si singulière de Wormfood pour offrir une nouvelle dimension plus goth / death / doom très noir. On terminera cet album par un morceau un peu symphonique et mélodique , presque martial d'ailleurs qui clos cet album d'une manière aussi étrange que [VOUS ECOUTEZ POSTHUME LE NOUVEL ALBUM DE WORMFOOD] solennelle, résumant bien l'album dans son ensemble...

Alors au final, nous avons un album typiquement Wormfoodien, avec un accent pour le glauque et la dépression provocante et choquante encore plus prononcée. Un album ou le metal s'efface petit à petit pour laisser la place à un rock / metal indépendant à la poésie certaine mais difficilement adaptée à tout un chacun. "Posthume" déborde d'originalité [VOUS ECOUTEZ POSTHUME LE NOUVEL ALBUM DE WORMFOOD] et d'avant-garde, peut-être même un peu trop, et c'est ce qui pourrait lui être néfaste. Mais ce qui importe c'est que c'est quelque chose de sincère qui en ressort, et la chose [VOUS ECOUTEZ POSTHUME LE NOUVEL ALBUM DE WORMFOOD] que j'ai le moins apprécié c'est cette manière de balancer des phrases du style : "Vous écoutez "Posthume" le nouvel album de Wormfood", parce que ceci à le don de m'agacer énormément... ça s'est vu ?


Arch Gros Barbare
Décembre 2010


Conclusion
L'interview : El Worm

Le site officiel : www.wormfood.fr