Le groupe
Biographie :

Wodensthrone est un groupe de black metal créé en hiver 2005 à Sunderland, dans le Nord Est de l’Angleterre par les membres fondateurs Brunwulf, Wildeþrýð, Gerádwine, et Hréowsian. Wodensthrone publia le titre auto enregistré "A Tribute To Our Glorious Dead", qui apparut sur un split-vinyl avec Niroth. Le groupe entra également en studio pour enregistrer 2 titres supplémentaires "Scinlaeca" et "These Isolated Lands" qui apparaîtront finalement sur le split CD "Over The Binding Of The Waves"  partagé avec les Biélorusses de Folkvang et paru chez Ancient Nation Records. En 2007 le groupe entra à nouveau en studio pour enregistrer "The Scouring" et apporter les touches finales à leur matériel pour le split avec Folkvang. Le groupe se produisit ensuite aux côtés d’importants groupes de black et de folk metal comme Negura Bunget ou Fen. Ils signèrent avec le label Bindrune Records en 2007. En 2008 le premier album du groupe fut enregistré dans les studios de Negura Bunget en Roumanie et fut publié l’année suivante. En 2010, Wodensthrone signe avec Candlelight Records en Angleterre et l’album "Loss" est ré-édité. Le deuxiéme album du groupe "Curse" est prévu de sortir en 2012, toujours chez Candlelight Records.

Discographie :

2009 : "Loss"
2010 : "Loss" (Réédition)
2012 : "Curse"


Les chroniques


"Curse"
Note : 14/20

Deuxième album en date pour Wodensthrone, formation que j’avais découverte sur l’excellente B.O de "Zombie Driftwood" chroniquée par mes soins dans ces pages. Présenté comme pratiquant un black pagan, j’inscrirais plutôt pour ma part le groupe dans la scène black atmosphérique (un peu à l’instar des Ukrainiens de Drudkh, également signé sur le même label) quand bien même le concept et les paroles font référence à notre Mère Nature. Toujours est-il que si vous cherchez des incursions folk dans leur musique, vous serez déçus ! Passé une très courte intro presque "bucolique", les Anglais entrent directement dans le vif du sujet avec un black metal épique à souhait, fortement teinté 90’s… et il faut avouer que ce n’est pas pour me déplaire. Entendez par là une musique assez brutale au premier abord, mais contrebalancée par la présence salvatrice de parties de clavier. On notera également la présence de chants en voix claire, dans la pure tradition du style, qui contribuent à conférer cette touche "pagan" à l’ensemble.

Le titre 3 "First Light" qui commence d’une manière assez mid-tempo pour s’emballer ensuite est sans conteste pour moi l’un des plus réussis ! On y trouvera par ailleurs un mimétisme assez frappant avec les dieux Norvégiens Emperor… Impression qui se confirmera par la suite car tout y est : l’épais mur de grattes au premier plan, le grain caractéristique de celles-ci, l’écriture des riffs, la guitare solo qui "tricote" un peu derrière, même le chant dans sa tonalité et ce côté "déclamatoire" si cher à l’empereur Ihsahn. Ai-je parlé trop vite ? Je ne pense pas car "The Great Darkness" en piste 4 ne fait qu’enfoncer le clou avec ces riffs dissonants du plus bel effet… Et là sincèrement il faudrait être de mauvaise foi tant on croirait ce titre échappé du mythique "Anthems To The Welkin At Dusk" de qui vous savez ! En tant que fan inconditionnel, je viens sans doute par la même occasion de trouver ici mon morceau préféré de cette galette… Globalement on peut dire que Wodensthrone ne joue pas la carte de la facilité en nous servant de longues compositions au service d’un black metal atmosphérique de haute colée. Le groupe arrive d’ailleurs très bien à faire voyager l’auditeur pour peu que l’on soit comme votre serviteur sensible à cette expression musicale. L’interprétation est très bonne, les musiciens et l’écriture de qualité. J’ai par contre trouvé que l’ensemble manquait un peu de relief, de profondeur, et c’est bien dommage vu le style pratiqué. En effet, témoignage de chroniqueur, Candlelight, à l’instar de nombreuses maisons de disques, n’a pas envoyé de CD promo mais uniquement un lien pour télécharger l’album en MP3. Je le répète encore une fois, ils ne sont pas les seuls incriminés, la pratique ayant tendance à devenir de plus en plus fréquente dans le milieu, mais je trouve ça assez dommage et ne rendant pas hommage à la prod' et au son car je considère qu’en enregistrement CD confère plus de nuances que des MP3 trop nivelés. Passons ce détail et reconcentrons nous plutôt sur l’album à proprement parler… Je me rends d’ailleurs compte que j’ai omis de signaler que l’artwork à mon goût est vraiment magnifique avec cette pochette représentant ce trône sous cet arbre, clin d’œil au nom du groupe probablement…

Toujours est-il qu’une grande pochette ne fait pas un grand album car malheureusement, c’est bien là que le bât blesse ! Que ce disque soit truffé de qualités, aucun doute là-dessus, c’est un fait établi, par contre pour être honnête je doute que ce soit avec cet album que les Anglais se fassent un place au soleil… où à l’ombre des forêts hein, c’est selon les goûts de chacun !  Quand bien même l’ensemble est parfaitement cohérent et impeccable d’exécution, le tout manque cruellement d’originalité… Cet album passe sans accroches, sans ennui non plus mais il ne laisse pas un souvenir impérissable même si les deux titres que j’ai cités précédemment ainsi que "The Name Of The Wind" qui clôture l’album, sont redoutables d’efficacité. Je ne sais comment dire mais il manque une âme, une réelle identité Wodensthrone pour que cet album puisse se démarquer sur une scène musicale surchargée mais surtout hélas, pour se défaire d’une influence trop flagrante de ses pairs. On sent en effet l’ombre des grandes formations Norvégiennes des 90’s planer sur cette galette et nul doute que comme moi les nostalgiques de cet âge d’or du black metal y trouveront leur compte, mais de là à séduite un autre public, c’est autre chose ! A ce moment une pensée me taraude… Est-ce réellement le but de Wodensthrone ? La question est posée… Réponse au prochain épisode !


Ihsahn62
Mai 2012




"Loss"
Note : 14/20

Peu d'informations étaient parvenues jusqu'à moi concernant Wodensthrone avant l'arrivée de ce CD dans ma boîte aux lettres... Mais rapidement, mon intérêt fut aiguisé par un artwork classieux, une signature chez Candlelight et bien sûr les liens très forts qui unissent les Anglais aux Roumains de Negura Bunget, fer de lance de la mouvance pagan black-metal actuelle.

L'intro atmosphérique pose tout de suite l'ambiance générale de cet album, ambiance qui se prolonge à travers l'ensemble des morceaux, mélanges de riffs black-metal et de parties de clavier majestueuses, de patterns de batterie rageurs et de break planant au possible. La musique de Wodensthrone fait donc montre d'une grande diversité musicale malgré tout parfaitement cohérente dans sa construction, gage d'une grande maturité. Bien sûr, le groupe pêche quelque peu par le son de ce "Loss", un peu roots et faiblard, mais, enregistré chez Negura Bunget, cet album confère à la musique de Wodensthrone une dimension toute particulière dont ils n'auraient au final sans doute pas bénéficié s'ils avaient enregistré dans un grand studio Allemand ou Scandinave. Ces sonorités quasi mystiques ont donc, grâce aux maîtres Roumains, acquit la faculté d'ensorceler tout auditeur qui aura un tant soit peu ouvert les portes de son âme païenne. Au travers de sanglants récits basés sur l'histoire de la Vieille Albion, Wodensthrone nous dévoile son côté sombre malgré tout empreint d'une douce mélancolie, d'une tristesse lancinante, sentiment parfaitement renforcé par les nappes de clavier qui parsèment ce "Loss". Cet album est un véritable hymne à nos ancêtres et à leurs croyances païennes, et rares sont les accords qui ont autant incité l'esprit humain au voyage... Voyage à travers le temps jusqu'à notre glorieux passé, mais aussi voyage à travers de vertes prairies jonchées des corps de valeureux guerriers, de sombres forêts et de montagne brumeuses et enneigées.

A l'image de ces montagnes, c'est bien un album majestueux que Wodensthrone a forgé dans les tréfonds de l'Angleterre, pas si éloigné d'un point de vu qualitatif de ce que peu proposer Negura Bunget, même si un peu en deçà malgré tout... Car bien évidemment, enregistrer en Roumanie, ce n'est pas y vivre et j'imagine que la sensibilité est tout autre. Wodensthrone s'inspire d'une Histoire riche et tourmentée, ce qui donne à « Loss » un caractère plus guerrier qui nous plonge au cœur d'une époque où les hommes savaient ce qu'était l'honneur et la fierté d'appartenir à un clan tout comme ils savaient ce qu'était le respect de la Nature et des divinités de la mythologie païenne. En véhiculant autant de sentiments dès son premier album, Wodensthrone frappe un grand coup et nous prouve en même temps son talent et son intelligence musicale. On sent à travers cet album des musiciens passionnés par l'Histoire de leur Terre, véritablement habités par des générations de guerriers et intimement possédés par les Dieux. Cet album respire donc vraiment l'honnêteté et la sincérité est présente dans le moindre riff des Anglais. "Loss" est donc un album avant tout fait avec les tripes et le cœur plutôt qu'avec les moyens de production actuels. Respect !!!

C'est d'ailleurs le sentiment général que j'ai au sortir d'une telle écoute... Partir enregistrer en Roumanie pendant une période si courte, galérer pendant des mois pour obtenir enfin le produit fini et au final proposer au public un album aussi abouti, voilà qui impose vraiment le respect et fait vite oublier les quelques défauts de l'album. A suivre de très près...


Carcharoth
Septembre 2010


Conclusion
Le site officiel : www.myspace.com/wodensthrone