Le groupe
Biographie :

Witherfall est un groupe de power metal progressif américain formé en 2013 et actuellement composé de : Anthony Crawford (basse), Jake Dreyer (guitare / Iced Earth, Jake Dreyer, ex-DeadRingers Guild, ex-White Wizzard, ex-DeathRiders), Joseph Michael (chant, clavier / Midnight Reign, ex-Omery Rising, ex-Omicida, ex-White Wizzard, ex-Peppermint Creeps), Alex Nasla (clavier, chant / In Virtue) et Marco Minnemann (batterie / Aeonsgate, Ilusen's Fallacy, Marco Ferrigno, Painstyle, Waken Eyes, ex-Ephel Duath, ex-Vindictiv, Mike Keneally Band, Steven Wilson, The Aristocrats, ex-Nathan Frost, ex-Theodore Ziras, ex-Illogicist, ex-Necrophagist, ex-Silver). Witherfall sort son premier album, "Nocturnes And Requiems", en Octobre 2017 chez Century Media, suivi de "A Prelude To Sorrow" en Novembre 2018, et de "Curse Of Autumn" en Mars 2021.

Discographie :

2017 : "Nocturnes And Requiems"
2018 : "A Prelude To Sorrow"
2021 : "Curse Of Autumn"


Les chroniques


"Curse Of Autumn"
Note : 16/20

Les Américains de Witherfall sont de retour avec leur troisième album, "Curse Of Autumn", et leur heavy / power progressif aux ambiances sombres. Pas de changement de registre au programme donc on devrait retrouver cette musique puissante, dramatique, presque dépressive parfois, aux relents de Nevermore à d'autres moments et qui n'hésite à balancer du gros shred des familles. Comme d'habitude avec ce groupe il va falloir s'accrocher parce que le spectre sonore est assez large et que l'ouverture d'esprit est conseillée.

L'album s'ouvre sur la petite introduction de rigueur, en l'occurrence "Deliver Us Into The Ams Of Eternal Silence", qui pose déjà une ambiance pesante et dramatique, presque horrifique même par moments. Moins d'une minute passée et c'est "The Last Scar" qui démarre les hostilités avec un riff très heavy speed old school dans l'esprit, quelques cavalcades à la guitares et une double grosse caisse à plein régime. Marco Minnemann se fait d'ailleurs plaisir avec quelques roulements bien sympas qui ajoutent de la nervosité à un morceau déjà bien speed et assez agressif. On garde tout de même les refrains très accrocheurs qui, une fois de plus, vous entrent dans le crâne en un rien de temps et les soli de guitares techniques aux accents néo-classiques que ne renierait pas un certain Yngwie Malmsteen. En plus de l'influence Nevermore qui s'entend toujours sur certains passages, on sent une pointe d'Iced Earth dans les riffs les plus agressifs et les passages les plus puissants. En tout cas, Witherfall n'a rien perdu de son savoir-faire et les baffes se succèdent à un rythme soutenu, le groupe ayant cette fois composé des morceaux un peu plus concis et directs. On trouve toujours de gros pavés, comme "...And They All Blew Away" qui dépasse le quart d'heure mais globalement Witherfall a choisi d'aller droit au but cette fois. "Curse Of Autumn" est probablement leur album le plus accrocheur et le fait d'avoir opté pour des morceaux un peu plus courts ne fait qu'augmenter leur impact. Pour faire simple, le groupe a trouvé ici un très bon compromis entre un heavy / power puissant, direct et mélodique d'un côté et la profondeur de l'autre. Le spectre sonore est toujours aussi large et le groupe n'hésite pas, comme sur les deux précédents albums, à lâcher des blasts vite fait ou des growls sur certains passages.

La power ballade "Tempes" nous fait presque penser à du Judas Priest par moments, surtout dans le chant de Joseph Michael d'ailleurs qui nous fait de belles montées dans les aiguës. L'ambiance générale se fait plus mélancolique que vraiment pesante et ce nouvel album marque donc une légère évolution à ce niveau-là, là où les deux précédents pouvaient vraiment être bien plombés par moments. Les petites pointes d'agressivité se font encore entendre mais plus rarement, le visage heavy / power prenant cette fois le plus de place et ne laissant que de rares passages aux influences les plus extrêmes pour s'exprimer. Cela n'empêche pas Witherfall de proposer une musique puissante et efficace, d'ailleurs le diptyque "Curse Of Autumn" / "The Unyielding Grip Of Each Passing Day" ne se prive pas de balancer de bons gros riffs de bûcheron. "The Other Side Of Fear" rentre bien dans le lard aussi et flirte carrément avec le thrash avec son rythme effréné et ses gros riffs puissants et destructeurs. Pour les ambiances les plus sombres, il faut attendre le dernier morceau (en dehors de la reprise de Boston), le fameux pavé "...And They All Blew Away" qui fait revenir le chant plaintif et les mélodies les plus noires. Le groupe en profite aussi pour ressortir quelques plans plus techniques et quelques mesures impaires histoire de laisser s'exprimer le côté progressif qui s'était fait assez discret jusqu'à maintenant. Le défaut que l'on pourrait pointer sur ce nouvel album se situe au niveau de la production, en particulier pour la batterie qui sonne de façon assez sèche et qui manque de puissance. Cela s'entend d'ailleurs sur certains passages de ce dernier morceau où le rendu n'est parfois pas très heureux, cela ne sabote pas l'écoute non plus mais c'est toujours dommage.

Au final, un nouvel album un peu plus concis pour Witherfall qui se montre ici un peu moins ténébreux et plus direct, plus accrocheur. Le spectre sonore utilisé est toujours aussi large, l'agressivité est toujours là mais le tout se fond en un ensemble plus massif et plus puissant. "Curse Of Autumn" est une évolution assez logique et balance surtout une bonne palanquée de bons morceaux, donc il n'y a aucune raison de faire l'impasse dessus quand on a aimé les deux premiers.


Murderworks
Juillet 2021




"A Prelude To Sorrow"
Note : 16/20

Moins de deux ans depuis "Nocturnes And Requiems" et Witherfall est déjà de retour avec un nouvel album nommé "A Prelude To Sorrow", et vu son nom, je doute que l'ambiance soit devenue plus positive dans ce metal progressif qui montrait déjà un visage assez sombre sur le précédent album.

Le morceau-titre qui sert d'intro confirme que l'ambiance est bien plombée avec des arpèges dissonants et un chant plaintif pour une ambiance globale limite glauque. Ce petit amuse-gueule d'une minute débouche directement sur "We Are Nothing" et ses onze minutes histoire de remettre les pendules à l'heure tout de suite. On peut dire que le groupe ne perd pas de temps pour nous mettre dans le bain puisque les riffs sont tout de suite techniques et agressifs, les mélodies accrocheuses sont là aussi mais ce morceau est tout de même assez dur, sombre et méchant. On peut sentir de temps en temps un petit air de Nevermore, sûrement lié au côté parfois thrashy de certains riffs qui se retrouvent au milieu de passages plus typiquement progressifs. "A Prelude To Sorrow" est d'ailleurs plus agressif que son grand frère, quelques blasts viennent même épicer le tout sur "Moment Of Silence" ! Les gros riffs sont légion, le chant se fait rageur plus d'une fois et le groupe montre qu'il joue décidément très bien avec les contrastes puisqu'il n'est pas rare que Witherfall enchaîne des passages limite thrash avec d'autres très néo-classiques. Les soli sont d'ailleurs là encore excellents et aussi mélodiques que techniques et si le niveau général est très élevé, le groupe ne met pas plus de complexité que nécessaire, les émotions restent au premier rang et ce sont les mélodies qui tiennent tout de même l'ensemble. En tout cas, voilà un groupe qui pourrait intéresser les réfractaires au progressif, son côté plus agressif et plus sombre pourrait séduire des amateurs de musiques plus dures.

En tout cas, la maîtrise de la composition se fait clairement sentir et malgré un album d'une heure et certains morceaux assez longs, l'inspiration ne faiblit jamais, la sincérité est flagrante et les ambiances plombées ne semblent jamais forcées. Les différentes influences se mélangent harmonieusement et si on peut reconnaître certaines d'entre elles, Witherfall a tout de même une patte assez marquée. "Vintage", autre pavé de onze minutes de l'album, nous rappelle pour un autre tour de montagnes russes émotionnelles, passant d'une détresse palpable à une agressivité à peine contenue. On sent que le groupe est au bord de l'explosion à plusieurs moments, il y cède d'ailleurs dans ses moments les plus durs avec quelques blasts, comme je le disais plus haut. On sent qu'un concept se cache derrière cet album, ou au moins un fil rouge, liant tous les morceaux en un ensemble homogène malgré sa grande diversité. Toujours est-il que metal progressif oblige (dans le bon sens du terme), Witherfall s'adresse à des gens ouverts d'esprit, son mélange de prog et d'extrême aux ambiances très lourdes et très sombres risque de ne pas plaire aux puristes des styles cités. Oui, je sais, des puristes dans le prog ça ne devrait pas exister mais je suis sûr qu'il y en a quand même quelques uns planqués quelque part. Dans l'extrême, pas de problème pour les repérer par contre, on sait où ils sont, mais bon tout ça pour dire que tout le monde devrait jeter une oreille à la musique de ce groupe hors norme.

Deuxième album encore plus dur et sombre pour Witherfall qui confirme en tout cas son potentiel et son talent pour composer une musique exigeante mais prenante. Que vous aimiez le metal progressif ou non, jetez-y une oreille, vous pourriez vous plaire dans cette musique aussi dure et sombre que belle.


Murderworks
Janvier 2019




"Nocturnes And Requiems"
Note : 15/20

On vous a déjà dit qu'il ne fallait pas se fier aux apparences ? Parce que lorsque l'on voit le logo de Witherfall et la pochette de "Nocturnes And Requiems" qui nous occupe aujourd'hui ,on pense à un groupe de gothic ou de doom. Sauf que non, Witherfall pratique un metal progressif assez mélodique et sombre certes mais loin des styles cités à l'instant.

"Portrait", qui ouvre l'album, dissipe les doutes très vite puisqu'on y trouve des structures qui ont la bougeotte, une bonne dose de shred et des influences plus heavy et power qu'autre chose. Que les allergiques au shred ne paniquent pas, celui-ci se fait entendre dans les soli qui ne s'étalent jamais pendant des plombes et qui sont plutôt inspirés et mélodiques malgré leur côté technique et impressionnant. On sent une pointe d'agressivité qui, couplée aux mélodies, donne un petit air de Nevermore à l'ensemble, même si Witherfall va piocher dans pas mal de registres et présente au final une personnalité propre. Autre caractéristique du prog, les morceaux sont très longs et ceux présents sur ce premier album sont en général aux alentours des huit ou neuf minutes. Pas d'ennui pour autant puisque Witherfall a bien compris qu'il fallait aérer ces morceaux et les faire vivre, le dynamisme étant assuré par des changements réguliers de registres passant du metal prog mélodique au power plus énervé à la limite du thrash. Comme je le disais, l'ambiance générale est assez sombre et quand les mélodies ne se font pas touchantes, ce sont les riffs qui se font menaçants et glauques. le metal de "metal prog" est totalement justifié ici puisque les morceaux de "Nocturnes And Requiems" présentent en général un visage assez puissant, plus que pas mal de groupes étiquetés prog en tout cas. Mélangé aux ambiances pesantes, voire dissonantes sur certains passages de "What We Are Dying For", ce côté plus agressif contribue à forger une identité incontestable à Witherfall.

Même si nous n'avons pas affaire à des débutants, puisque Jake Dreyer par exemple est guitariste chez Iced Earth, il est tout de même agréable d'entendre un premier album proposer quelque chose de personnel. Comme je le disais plus haut, certaines influences se font évidemment entendre mais elles sont globalement digérées et le groupe s'en sert pour créer son propre univers. Ce qui sûr, c'est que le groupe ne se ferme aucune porte et a un spectre musical assez large puisque autour des passages les plus nerveux on croise des sonorités proches du néo classique (le début de "End Of Time" aux relents d'Yngwie Malmsteen ) ou des passages acoustiques aux sonorités latines. Il y en a pour tous les goûts, en dehors des plus extrêmes évidemment, et Witherfall propose un album qui prend des allures de montagnes russes pendant quarante-sept minutes passant d'une ambiance à l'autre sans jamais perdre en cohérence. Un exercice de style loin d'être évident et sur lequel pas mal de groupes se sont cassés les dents mais que le groupe réussit ici avec brio. Ce premier album montre que Witherfall sait où il va et ce qu'il veut et réussit à accrocher l'oreille malgré les nombreuses sonorités utilisées et les changements de registres ou de tempi très fréquents. Un tour de force qui devrait permettre au groupe de tirer son épingle du jeu, d'autant que les morceaux sont tous inspirés et font de "Nocturnes And Requiems" un album de choix pour les amateurs de metal à tendance progressive.

Voilà donc un premier album qui laisse augurer du bon pour l'avenir, Witherfall y proposant un metal progressif varié, sombre, mélodique et puissant à la fois. De nombreuses sonorités s'entrecroisent et j'invite donc les curieux à l'esprit ouvert à y jeter une oreille attentive, quelque chose me dit que ce groupe a du potentiel et que nous ne sommes pas au bout de nos surprises.


Murderworks
Juin 2018


Conclusion
Le site officiel : www.witherfall.com