"The Fates"
Note : 17/20
Groupe culte de la scène thrash / death française, Witches revient ! Créé en 1986 par
Sibylle Colin-Tocquaine (chant / guitare, ex-Sadist), le groupe subira de nombreux
changements de line-up, ainsi qu’une pause entre 1999 et 2006. Depuis 2014, la formation
est stable avec Jonathan "Sangli" Juré (Hate Beyond, ex-Disaster, ex-Insain) à la
batterie et Lienj (Desarticulate) à la seconde guitare (ainsi que basse en studio), et sort
deux EPs, puis nous révèle "The Fates", son quatrième album.
Dès le début de "We Are", le tout premier morceau, on se retrouve projeté dans ce tourbillon
de violence old school. Blast furieux, riffs rapides et bourrés d’harmoniques tranchantes, le
groupe n’a absolument rien perdu au cours des années, bien au contraire ! La voix de la
chanteuse résonne comme les hurlements d’une banshee sur cette rythmique torturée, et la
formation enchaîne les morceaux. On notera un ralentissement au profit d’un son lourd pour
"Inside" avant un lead perçant, un groove entraînant pour "Damned Skin Is Mine" ainsi que des
riffs plus planants et un passage basse / batterie pour "Black From Sorrow", mais la brutalité
reste le maître-mot des compositions.
Il est par exemple impossible de ne pas avoir envie de
remuer la tête lorsque "Feared And Adored" démarre, et toute volonté sera littéralement
annihilée par ce tremolo picking ultra rapide. "Off the Flesh" recrée une ambiance angoissante
pendant quelques instants avant d’attaquer de nouveau à grands coups de rythmique, et les
harmoniques pleuvent littéralement sur "Let Stones Fall", mais l’album s’approche
dangereusement de la fin. "Last Wishes" nous offre une dose de rapidité pure avec un
excellent son de basse, liant à la perfection le thrash et le death, alors que "Death In The
Middle Ages", le dernier morceau, fait intervenir une voix masculine que certains auront
probablement reconnu !
Neuf titres pour une demi-heure de pure violence dans un esprit old school, voilà ce que
Witches nous offre pour son grand retour ! "The Fates" est un album très efficace et qui ne
s’arrête pas du début à la fin. Fidèle à la réputation du groupe, il trouve parfaitement sa
place tout en haut de la discographie des Français.
"The Hunt"
Note : 15/20
Après plusieurs années dans le silence, Witches, toujours menée la chanteuse-guitariste Sybille Colin-Tocquaine, précurseur du chant death féminin. Sybille est donc sortie de son antre et a ressuscité la Sorcière avec l'aide d'un nouveau line-up ultra-solide et affuté comme des assassins constitué de Lienj à la guitare, Olivier Herol (ex-No Return) à la basse et Jonathan "Sangli" Juré (ex-Insain) aux fûts. Ce retour aux affaires fait franchement plaisir, d'autant plus que Witches est plus en forme que jamais.
Présenté comme un album (avec un superbe artwork de Stan Decker) mais ne contenant que six morceaux, ce qui en ferait plutôt un EP, "The Hunt" va droit à l'essentiel en proposant six brûlots de thrash / death aux accents speed, et donc délicieusement old school, sur certains titres, comme par exemple le premier et furieux "No Matter If The Wind..." qui sonne une véritable déclaration d'intention à tous les anciens fans. A la fois speed, mélodique et malsain, le groupe a également un sens de l'accroche très prononcé grâce aux lignes vocales de Sybille particulièrement efficaces (le chevauchement de ces dites lignes rend très bien et donne du punch aux titres en version studio mais cela sera difficile de les reproduire en live).
Plus death, "Jump With Fright" démontre tout le talent de Jonathan qui abat un boulot d'enfer tout au long de l'EP, mais également de Lienj à la gratte, précis et affuté, formant un beau duo avec Sybille. "So Cold", à l'intro ambiancée et aux leads pénétrantes, nous permet d'entendre la basse grondante d'Olivier. Ce titre plus contrasté permet de varier les tempos et les ambiances, élargissant ainsi le champ d'expression de Witches qui peut paraître très rébarbatif, mais se veut en fait plus diversifié qu'il n'y paraît. "Riding And Hunting" n'est autre qu'un autre bolide thrash propulsé à cent-mille à l'heure par Sangli et possédant ce petit sens de l'accroche dissimulé dans certaines parties vocales.
En cinquième position, nous avons "Up 'N' Down" (en référence au jeu de guitare ?) qui est la plus violente compo de ce disque et peut-être même de tout le répertoire de Witches. On pense à No Return sur ce morceau, celui des derniers albums. Le dernier morceau, "Serial", chanté nous semble-t-il en français, se veut le plus catchy du lot avec son motif de guitare mélodique récurrent, soutenu par le jeu de batterie précis de Sangli, tout en roulements et breaks fracassants.
On remarque, pour la petite histoire, que tous les titres sont liés entre eux par une série de samples concluant chaque morceau. Ceux-ci se veulent être de courtes séquences d'une même trame sonore, formant une petite histoire prenant fin sur "Serial". Là où de trop nombreux groupes utilisent des samples horrifiques à toutes les sauces juste pour faire genre, Witches se démarque positivement sur un élément qui est devenu très banal et chiant et cela est assez original pour être souligné.
"The Hunt" est donc un excellent retour discographique de la part de nos sorcières bien-aimées, quoiqu'un peu court et frustrant, qui remet en selle de la meilleure des façons la carrière de Witches qui, on l'espère, est revenu pour de bon.
"7"
Note moyenne : 14/20
On n'avait plus eu de nouvelles depuis leur démo "Mort Né" parue en 97 et la compilation "Awakening, Females In Extreme Music" qui sortit sur le label Américain Dwell records de la même année. 10 ans de break pour Witches qui fit partie de ces groupes qui défrichirent la scéne metal extrême hexagonale (aux côtés de Loudblast, Agressor, Massacra ) à partir du milieu des années 80 et qui avait également la particuliarité d'être exclusivement féminin à ses débuts. Une décennie plus tard, la bande à Sibylle Colin-Tocquaine (membre fondatrice du groupe) reprend du service avec 9 titres composé en 1999.
Les armes à la main, "Difficile De Croire" démarre sur une partie acoustique qui va crescendo, laissant alors découler une certaine mélancolie, mais le feu prend rapidement du service pour nous sauter dessus. Très agressif, les couplets au tempo enlevé lancent la machine à vive allure, la férocité est au rendez-vous, le chant de Sibylle se faisant acide et caustique. De nombreux breaks rythmiques cassent malheureusement l'effet turbulent du début et font tirer le morceau en longueur (6'11), son final majestueux et ses interventions de rires d'enfants méritant d'être placé plus tôt dans la structure. "SMF" raboule sa nature bestiale et ça part furieusement, riffs à la thrash Teuton en étendard, le côté "old school" exacerbé dans son excellence, les alternances ici sont amenées avec plus d'homogénité, renforçant la brutalité du titre. "IIIII II" s'enchaîne et se fait plus épique dans l'esprit, plus complexe également dans son approche, manquant de fraîcheur de par la redondance des parties. "Who Was ?" nous pose le temps d'une ballade aux sonorités surprenantes, aux choeurs en canons sur fond de guitares folk et fins arrangements numériques. Un moment de repos qui continue avec le début de "All Is In Proportion", l'efficacité des parties rapides reprenant toutefois le dessus avec brio, le double chant féminin parlé / hurlé imposant une ambiance spéciale à ce titre. On remarquera d'ailleurs le travail des voix également sur l'efficace "When Everyone Is Asleep", le chant lyrique du refrain apportant un chorus aérien aux harcélements de la rythmique. "Dead Whereas Innocent" fait parler le feu, ses couplets aux sonorités festives des Clash amenant soigneusement aux turbulences métalliques souhaitées. S'enchaînent "In Silence" et "Remember", moins soutenus dans leurs tempos en générale, ces titres dévoilent des atmophéres plus glauques et profondes, les dissonnances heavy lorgant vers Black Sabbath pour le côté sombre et le Dark Angel de "Darkness Descent" pour le mi tempo.
Soutenue par une production correcte, seul le son de basse aurait mérité moins de rondeur, "7" s'accomplit en 2008 et non en 1999, le mécanisme de composition pêchant alors sur quelques titres de par son manque de fraîcheur, une inégalité au final qui me fait attendre le groupe avec de nouvelles compositions avec impatience.
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