Le groupe
Biographie :

Winterhorde est un groupe de black metal mélodique et progressif israélien formé en 2001 (anciennement Autumn Palace) et actuellement composé de : Sascha "Celestial" Latman (basse / Switchblade), Zed Destructive (chant / ex-Thokkian Vortex), Omer "Noir" Naveh (guitare), Yoni "Oblivion" Oren (chant), Moshe Benofel (guitare), Alex Zaitsev (batterie) et Olgerd (clavier / Kroda, ex-Polynove Pole). Winterhorde sort son premier album, "Nebula", en Octobre 2006 chez Burning Star Records, suivi de "Underwatermoon" en Juillet 2006 chez Twilight Vertrieb, de "Maestro" en Mai 2016 chez ViciSolum Productions, et de "Neptunian" en Décembre 2023 chez Noble Demon.

Discographie :

2006 : "Nebula"
2010 : "Underwatermoon"
2016 : "Maestro"
2023 : "Neptunian"


Les chroniques


"Neptunian"
Note : 17/20

Nous n'avions plus de nouvelles des Israéliens de Winterhorde depuis le très bon "Maestro" sorti en 2016, il était donc temps que le groupe revienne et c'est pour cette fin d'année 2023 avec "Neptunian". L'étiquette de metal progressif extrême lui va plutôt bien puisque le groupe pioche dans toutes les scènes extrêmes avec une prédilection pour le black atmosphérique ou symphonique.

"Amphibia" développe d'ailleurs très vite une ambiance épique et très cinématographique avant d'amener les blasts et quelques mélodies et lignes de chant plus dramatiques. Une fois de plus, on pioche dans le progressif, le death metal et dans le black metal et on se retrouve avec des morceaux profonds et variés mais relativement accrocheurs. Une prouesse rendue possible grâce à la puissance d'évocation de ces ambiances justement, les images se superposent naturellement à la musique et les mélodies frappent systématiquement dans le mille. Le groupe fait un bon usage de la violence et de l'agressivité avec pas mal de blasts qui dynamisent les morceaux sans mettre en retrait la facette plus progressive et mélodique. Un équilibre pas évident à maintenir mais que Winterhorde tient pendant ces cinquante-trois minutes sans le moindre problème. "Neptunian (As Trident Strikes The Ice)" enchaîne avec là aussi un bon équilibre entre agressivité et mélodies prenantes, le refrain donnant même l'impression d'entendre les morceaux les plus épiques d'Iron Maiden avec des blasts ! Si la musique du groupe était déjà personnelle et atypique sur les précédents albums, elle s'émancipe encore un peu plus de ses influences cette fois. L'univers particulier de Winterhorde lui vaut de ne pouvoir être comparé à celui de personne d'autre, même si quelques similitudes comme celle mentionné plus haut surviennent par moments. Il aura fallu quelques années pour que le groupe revienne avec un nouvel album mais on sent que ce temps a été mis à contribution pour parfaire la composition et l'amener à un autre niveau.

Les barrières stylistiques volent en éclats et Winterhorde mélange tout ce qui peut lui servir à appuyer ses ambiances, tout ça sans jamais perdre en efficacité, en accroche mélodique ou en puissance d'évocation ! Les influences black metal se fondent plus harmonieusement avec celles issues du metal progressif cette fois, on ne les reconnaît d'ailleurs presque que par les blasts et le chant parfois crié. Winterhorde pousse encore sa personnalité un peu plus loin, s'émancipe définitivement de ses influences et fait entendre un talent de composition certain. On trouve aussi en guest Kobi Farhi d'Orphaned Land sur "Angels In Disguise" et Davidavi Dolev de Subterranean Masquerade sur "A Harvester Of Stars", deux groupes qui ont eux aussi su passer au-dessus des cloisons de genre et proposer une musique personnelle et puissante émotionnellement. La scène israélienne n'est pas celle qui fournit le plus de groupes certes, mais le niveau de ces derniers est impressionnant et ces dernières années ont été fournies en bonnes claques musicales venant de ce pays (on a d'ailleurs parlé récemment du très bon deuxième album d'Obsidian Tide). On va donc espérer que cela va continuer à se développer à l'avenir parce qu'il y du potentiel et la plupart des groupes semblent avoir à cœur de créer quelque chose qui sort des sentiers battus. Notons aussi le travail réalisé sur la production de l'album qui donne à entendre un son propre, puissant et assez organique notamment au niveau de la batterie qui fait bien plaisir à entendre. Et cerise sur le gâteau, l'album est orné d'une très belle pochette réalisée par Khaos Diktator Design qui colle bien au sujet et rend bien le souffle épique que peut parfois dégager ce nouvel album.

Winterhorde frappe fort une fois de plus avec "Neptunian" qui prend les éléments des précédents albums et les pousse encore plus loin pour étouffer d'autant la personnalité du groupe. Metal extrême progressif est finalement l'étiquette la plus pertinente à poser sur cette musique, cela donne une idée de que le groupe a à offrir tout en laissant la porte ouverte à la surprise. En tout cas, il y a clairement du talent là-dedans et ce nouvel album vaut le coup d'oeil, ou plutôt le coup d'oreille !


Murderworks
Janvier 2024




"Maestro"
Note : 16/20

Mine de rien, la scène israélienne commence à grossir de plus en plus. Cette fois, c'est Winterhorde qui nous livre son troisième album, "Maestro", officiant une fois de plus dans ce qu'on pourrait qualifier de black atmosphérique.

Si le premier véritable morceau n'est pas vraiment représentatif du reste de l'album, il n'en reste pas moins une excellent entrée en matière. "Antipath" montre que Winterhorde sait faire preuve d'un certain sens du tragique en utilisant des mélodie et des harmonies héritées tout droit de la musique classique. Cela permet au groupe de prendre l'auditeur à la gorge d'entrée de jeu avec des lignes de chant poignantes et des mélodies magnifiques contrebalancées par quelques passages plus extrêmes. Le groupe utilise d'ailleurs régulièrement l'orchestration pour appuyer ses ambiances, ambiances qui sont en général réussies et prenantes encore une fois. En tout cas, dès "Worms Of Souls", Winterhorde passe la seconde et nous attaque d'entrée de jeu à grands coups de blasts pour un morceau bien plus sombre et violent que "Antipath". La mélodie est évidemment toujours présente, les chœurs et les orchestrations aussi mais les racines metal extrême reprennent clairement le dessus sur ce morceau, et ce sera d'ailleurs le même constat pour le reste de l'album même si le chant clair reste tout de même dominant, créant d'ailleurs par là même un contraste intéressant. Mais le fait que le groupe ne se limite pas aux influences black metal et musique classique participe sûrement aussi à lui donner une patte, les passages inspirés du thrash et surtout du death brutal étant légion. Winterhorde arrive en tout cas à pratiquer un black mélodique et atmosphérique sans jamais pomper Cradle Of Filth ou Dimmu Borgir comme la plupart des groupes de la scène (qui a dit Carach Angren ?), preuve d'une personnalité indéniable et d'une volonté de créer son propre univers.

Il faut dire aussi que le groupe fait preuve d'une violence qu'on ne retrouve pas chez ces deux cadors, la fin de "Chronic Death" vire presque au death brutal. Certes Winterhorde ne rue pas constamment dans les brancards mais quand sa musique monte dans les tours, elle ne fait pas semblant. A l'inverse, "The Heart Of Coryphee", qui est d'ailleurs le pavé de l'album avec ses onze minutes au compteur, trouve le moyen d'être poignant malgré ses blasts rageurs dès le début. On retrouve encore une fois le contraste entre la violence et les orchestrations, les deux s'entrechoquant de manière moins artificielle et plus réfléchie que chez beaucoup de groupes là encore. On sent bien que chez Winterhorde la collision de ces deux mondes est une volonté artistique, que le groupe ne se contente pas de plaquer de grosses orchestrations sur des riffs relativement pauvres, il y a un véritable travail en amont et les deux éléments font partie intégrante de la composition, là où d'autres ajoutent les orchestrations à la fin en guise de cerise sur le gâteau. Tout n'est quand même pas parfait chez Winterhorde, certains passages limite thrash font un peu tâche dans le décor au milieu de toute cette richesse et de tout ce travail. C'est peut-être simplement le contraste justement qui passe mal dans ces moments puisqu'on se retrouve avec des morceaux bien pensés, travaillées, complexes et superbement orchestrés et on se retrouve d'un coup avec des riffs sur deux cases. Rien de grave cependant, le reste de l'album est suffisamment prenant pour qu'on fasse l'impasse sur ces légères faiblesses.

Ce nouvel album montre que Winterhorde sait y faire quand il s'agit de créer des ambiances prenantes, en plus d'utiliser les orchestrations de façon bien plus intéressante que la plupart des groupes faisant ce mélange ces derniers temps.


Murderworks
Août 2016


Conclusion
Le site officiel : www.winterhorde.net