Le groupe
Biographie :

Windhand est un groupe de stoner / doom metal américain formé en 2008 et actuellement composé de : Garrett Morris (guitare), Dorthia Cottrell (chant / Dorthia Cottrell), Ryan Wolfe (batterie / ex-The Might Could, Facedowninshit) et Parker Chandler (basse / Cough). Windhand sort son premier album, "Windhand", en Mars 2012 chez Mordgrimm, suivi de "Soma" en Septembre 2013 chez Relapse Records, de "Grief's Infernal Flower" en Septembre 2015, et de "Eternal Return" en Octobre 2018.

Discographie :

2012 : "Windhand"
2013 : "Soma"
2015 : "Grief's Infernal Flower"
2018 : "Eternal Return"


Les chroniques


"Eternal Return"
Note : 15/20

Windhand fait toujours sensation et cela se confirme avec "Eternal Return", son quatrième opus. Et comme le titre le présume, on retrouve bien la musique si atypique des Américains, entre gros mur de son, riffs bien gras et ambiance mystique. Le groupe a clairement choisi ici de reproduire son précédent album, de 2015, "Grief's Infernal Flower". "Reproduire" est sans doute un peu fort mais c'est vraiment l'impression que l'on a en écoutant ces neuf nouveaux morceaux, cet opus nous rappelle donc d'anciens titres mais en moins captivants.

En effet, les morceaux nous donnent l'impression d'être un copier-coller assez fade. On profite de l'écoute mais on ne peut s'enlever de la tête cette déception qui nous reste en travers de la gorge, car ce "Eternal Return" a beau être du Windhand tout à fait convenable, toujours est-il qu'il manque cette passion, cette émotion et cette profondeur qui nous laissaient dans une vive et jouissive torpeur. Cela est peut-etre dû au départ du guitariste fondateur, Asechiah Bogdan, qui a donc laissé carte blanche aux autres membres, Garrett Morris, Dorthia Cottrell, Parker Chandler et Ryan Wolfe.

L'album, qui dure une bonne heure, débute par "Halcyon" qui est un titre linéaire et qui s'écoute facilement, avec une fin inattendue qui arrive de nulle part et qui ne sert pas à grand-chose. Heureusement, on poursuit avec "Grey Garden" qui est bien plus intéressant. On a de la puissance et des riffs bien gras, grésillants, avec le chant de Dorthia bien plus planant, voire mélodique, qui tranche avec l'ambiance morne et grise du morceau. D'ailleur, le chant et le gros point positif de cet album car contrairement aux compositions qui ont un peu stagné, la voix de Dorthia n'a fait qu'évoluer ! On retrouve son timbre chaud et sensuel mais avec plus d'aisance pour aller dans les aigus. La chanteuse délaisse donc un peu les graves pour un chant aérien qui a aussi gagné en clarté. On a une belle démonstration de ses capacités vocales dans "First To Die" qui est le meilleur morceau de l'opus avec le court mais excellent "Diablerie", qui a aussi un côté assez grunge à la Nirvana. Ils sont tous les deux, et pour notre plus grand plaisir, dégoulinants, obsédants et hypnotiques.

Les autres pistes, hélas, ne nous emballent pas plus que ça, notamment un "Red Cloud" rythmé, saccadé, avec un bon jeu de batterie, mais qui est un poil trop basique, ou bien "Eyeshine" qui nous sert un doom brumeux avec des parties de chant donnant du relief mais qui ne réussit pas à nous captiver réellement. Et c'est un peu la même chose pour "Feather" qui devient vite lassant, avec beaucoup de longueurs. Un autre regret après avoir écouté l'album en entier, c'est le peu de passages acoustiques si prenants et contemplatifs qui nous berçaient souvent dans les introductions, avant de nous prendre un mur de son bien épais. On a tout de meme une chouette ballade folk électrique à se mettre sous la dent avec "Pilgrim's Rest". On est loin d'être envoûté et chamboulé par l'émotion, comme c'était le cas avec "Evergreen", "Sparrow" ou "Aition", ici c'est plus léger et mignon.

Il y a de la déception avec cet opus qui sent le réchauffé au micro-ondes mais malgré cela, on ne peut pas dire que ce soit du mauvais Windhand. L'album reste cohérent et les personnes découvrant le groupe avec celui-ci aimeront sûrement, mais en connaissant la discographie du groupe, on s'attendait clairement à mieux. La passion endiablée et ce petit truc en plus manquent cruellement, heureusement des titres comme "Grey Garden", "First To Die" et "Diablerie" nous redonnent foi en le groupe !


Nymphadora
Octobre 2018




"Grief's Infernal Flower"
Note : 09/20

Dans les registres lents, lourds et poisseux, Relapse nous habitue à des formations orientées death / doom putride ou sludge urbain et crasseux. L'incartade que représente Windhand, qui nous offre son second album chez le label américain et troisième en tout, semble être un coup précis visant à surfer sur la vague du rétro. Ca fait toujours bien et hype d'avoir son petit groupe de stoner / doom dans son catalogue, son Electric Wizard perso.

Problème, Windhand n'a pas ce qu'il faut pour rivaliser avec les grands du genre et pour éveiller l'intérêt du doomster moyen. "Grief's Infernal Flower" (beau titre d'album au passage, très poétique et évocateur et dont la pochette violette fait résonner la beauté) est un album de doom rétro et occulte dont les volumes peuvent le rapprocher de la scène stoner. Le quintette semble emprisonné dans un style qu'il s'est lui-même bâti et ne sait comment s'y dépêtrer. Leur doom metal lénifiant souffre de plusieurs défauts mortels et constitue un résumé quasi exhaustif de tout ce qu'il ne faut pas faire dans ce style.

Toutes calquées sur le même schéma, les compositions sont d'une uniformité et d'une rigidité désespérante. Constituées d'un riff unique (avec de petites variations ça et là) tournant en boucle durant des décennies sans que le groupe ne sache comment aller de l'avant, les morceaux, entre 5min30 et 14min, s'étirent à n'en plus finir sans que rien ou presque ne vienne perturber leur cours. Si beaucoup de groupes de doom proposent un style monolithique et bourbeux, on y trouve toujours quelque chose s'en dégageant : une mélodie subtile, une intention, une envie, une ambiance, un chant possédé, un petit plus musical rendant le tout un minimum intéressant. Ici, nada. Les sept morceaux électriques se ressemblent comme des vrais jumeaux et passés les deux premiers titres, on a vite fait le tour. Seuls le passage allant de "05:00" à "07:00" de "Hesperus", avec sa guitare lead tritonique (d'une façon générale les solos de guitare rétablissent l'intérêt mais cela tourne bien vite en rond), donnant ainsi le seul moment trippant de l'album, ou les parties de batteries quelques peu remuantes de Ryan Wolfe donnent du relief à "Grief's Infernal Flower". Quant aux deux morceaux acoustiques, eh bien... si vous aimez les chansons de 5min30 où quatre notes étouffées sont lancées en mode repeat et recouvertes d'une voix léthargique et impersonnelle, elles feront certainement votre bonheur.

Le majeur écueil de l'album est son manque de caractère. Il n'est ni assez sombre pour faire frissonner, ni assez psyché et haut perché pour nous faire décoller, ni assez dynamique et développé pour nous faire passer de bons moments, ni assez puissant pour nous faire headbanguer, ni assez musical pour proposer des ambiances dignes de ce nom... Des riffs mous, simples, répétitifs, sans inspiration où rien ne se dessine ; une chanteuse sous anesthésie et au timbre sans particularité ne proposant aucune variation de chant, aucune ligne vocale catchy ; des schémas de composition répétés à l'écœurement (intro à la basse fuzzy durant une minute avant que le "gros" de l'affaire ne démarre). Le groupe semble miser sur l'effet hypnotique que sa musique répétitive pourrait produire, ce qui n'est pas une mauvaise chose, mais l'état de transe n'arrive jamais. On ne sait si cela provient de la production mettant en retrait le chant et engluant les instruments dans une mélasse mollassonne (la mise en son est de qualité mais l'absence de dynamique et d'orientation artistique sonore claire rend le tout désespérément plat) ou bien de la musique même, qui par ailleurs, pourrait s'avère très convaincante en live, mais qui ne fonctionne pas sur ce disque.

Un élément crucial que possède un bon album de doom et dont ce disque est dépourvu est l'âme. La passion et la conviction sont absentes de "Grief's Infernal Flower". Le groupe semble jouer lentement et lourdement par obligation et sans y croire. Dans un registre similaire, le dernier album de Witch Mountain, "Mobile Of Angels", est bien plus vivant, dynamique et "thrilling" que ce nouveau Windhand. N'est pas Electric Wizard qui veut.


Man Of Shadows
Octobre 2015


Conclusion
Le site officiel : www.windhand.band