Cet EP six titres a été enregistré chez Yann Klymezik (ex-Mypollux) au Mon Studio près du Luxembourg. Voyons ce que nous propose ce groupe carolomacérien. Première grande surprise en lancant l'écoute du premier titre "Double Me" : chaque instrument est mis au même niveau, le bassiste a eu droit à ses réglages, ce qui permet à We Are Shadows de se différencier de pas mal d'autres groupes.

Après l'intro du morceau arrive la voix de Marie-Laure Brizet dans un puissant... chuchotement. Oui, elle chuchote pour démarrer et c'est surprenant ! Encore une pointe d'originalité à souligner pour mes confrères de Charleville-Mézières. Un vrai chant arrive ensuite, en voix claire, très légèrement rauque, tantôt grave, tantôt aigu. Puis, dans un effort remarquable, la chanteuse nous montre toute la puissance de sa voix en la poussant encore plus fort. Elle pourrait rappeler la voix de Becca Macintyre, chanteuse du groupe britannique Marmozets. Les trois instrumentistes sont également très cohérents entre eux et suivent le chemin de leur frontwoman. Si la voix est douce alors l'instru est douce, si la voix est puissante alors l'instru est puissant. Aussi simple que ça. Guillaume envoie des riffs très différents les uns des autres mais qui fnalement collent bien ensemble, Gio impose son rythme et Shen laisse la lourdeur de son instrument prendre une place importante dans le groupe.

"Rose" commence d'ailleurs avec un mélange basse / chuchotement, comme une dualité entre le bruit sourd et le son quasiment inaudible, entre l'horreur et la beauté. Vous savez cette scène où la jolie Chloë Grace Moretz interprétant Carrie (personnage créé par Stephen King) est recouverte de sang ? Eh bien c'est ce que cette musique m'inspire. La piste suivante "If I Were Brave", quant à elle, est très "groovy". Ce titre vous donnera envie de bouger, de danser, éventuellement de secouer votre chevelure... Bref, elle vous mettra un bon coup de pied aux fesses (j'ai hésité à écrire "au cul" mais c'est malpoli...). Comme un parfait contraire arrive "Capture Bonding", très calme, très très calme... pendant une minute trente. C'était sans compter sur Marie-Laure qui pète un câble subitement (aaaah, les femmes...). Blague sexiste mise à part, cette montée d'énergie brusque sonne comme Rage Against The Machine. Ce groupe ne semble pas parti pour composer une ballade, ils ont de l'énergie à balancer dans nos oreilles, et ils le font magnifiquement bien. "When Evil Rises" vient appuyer ces propos. Et même les passages les plus calmes ont des paroles sombres ("When evil rises my pain is deeper. When evil rises it's easier... to pull the trigger", pour ne citer que ça).

L'EP se termine sur un morceau qui me semble un peu moins accrocheur, mais qui reste tout en puissance avec une alternance chant clair / chant crié. Je trouve aussi le pont très intéressant d'un point de vue instrumental avec le duo guitare et basse. En résumé, We Are Shadows propose ici un EP très original qui souligne la singularité du groupe. La chanteuse sait faire passer l'émotion qu'elle souhaite (mystère, tristesse, douleur, haine...) en passant du murmure au cri en moins de temps qu'il ne m'a fallu pour écrire cette phrase. Les quatres membres ont une importance évidente dans la formation et le groupe ne serait pas ce qu'il est sans ce mixage guitare / basse / batterie parfait.