Le groupe
Biographie :

L’idée de Wardruna commença à prendre forme en 2002 comme un projet où son fondateur et principal interprète Einar Kvitrafn Selvik (Jotunspor, Gorgoroth, Saghg, etc) pourrait travailler une instrumentation et une expression musicale très différente de celles permises par les divers groupes metal dans lesquels il oeuvrait. Naturellement, c’est aussi devenu un endroit où sa passion et sa pratique du paganisme nordique et des runes pourraient être combinées à la musique. Au printemps 2007, le projet commença à attirer l’attention après qu’il fut inclus sur la bande son du très médiatisé documentaire "True Norwegian Black Metal" consacré à Ghaal (Trelldom, Gorgoroth) et réalisé par Peter Beste et Vice Films. Malgré l’absence d’enregistrements et de concerts, Wardruna rencontra depuis cet instant un respect et un surprenant engouement du public. Après presque six ans de conception, le très attendu premier album de Wardruna arriva. Ce fut le premier volet de la trilogie "Runaljod". Le deuxième volet intervient en Mars 2013, "Runaljold - Yggdrasil". En 2014, Einar annonce qu'ils participeront à la composition de la bande-originale de la série TV Vikings. Le troisième album se nomme "Runaljod - Ragnarok" et sort en Octobre 2016. Il clôture cette trilogie d'albums en se basant sur les huit dernières runes du vieux futhark qui en compte vingt - quatre. L'album "Skald" sort le 23 Novembre 2018. "Kvitravn" sort en Janvier 2021.

Discographie :

2009 : "Runaljold - Gap Var Ginnunga"
2013 : "Runaljold - Yggdrasil"
2016 : "Runaljod - Ragnarok"
2018 : "Skald"
2020 : "Kvitravn"


Les chroniques


"Kvitravn"
Note : 18/20

Voilà un album que l'on attendait depuis un moment déjà ! "Kvitravn", censé sortir le 5 Juin 2020, est finalement sorti dans les bacs le 22 Janvier 2021. Le corbeau blanc (traduction de Kvitravn) fait suite à la trilogie "Runaljod" si on met de côté le disque "Skáld". Une suite logique mais aussi une belle évolution et davantage de variété dans les 11 morceaux. Après avoir collaboré pour la bande son de la série Vikings ou du dernier jeu vidéo Assassin's Creed Valhalla, la période a dû être plutôt chargée pour Einar Selvik. Et on voit bien que la popularité du groupe ne fait que croître et ce bien au-delà de la sphère metal.

Ce qui est intéressant dans ce disque (entre autre), c'est l'hétérogénéité des morceaux, probablement parce que leur composition s'étale sur plus d'une dizaine d'années. Pour autant, malgré cette diversité, on voit toujours un fil conducteur, et cet album semble plus "fondamental" que les précédents. On sent Einar plus "libre" dans ses compositions, elles sont plus variées que dans la trilogie "Runaljod", peut-être parce que justement ce disque est détaché des runes et tourné vers de nouveaux horizons comme la nature et les nombreuses facettes que peut avoir le corbeau blanc (et les autres animaux blancs) que l'on peut trouver dans la nature. Le corbeau blanc étant l'animal totem d'Einar, on peut imaginer que c'est donc également un disque plus personnel que les autres et peut-être ce pourquoi on y ressent cette connexion aux différents éléments et à la nature dans son ensemble. Un autre point assez formidable avec ce groupe, c'est qu'il a beau faire de la musique avec d'anciens instruments, en vieux norrois, parfois inspirée de poèmes datant de plusieurs siècles, la musique du groupe sonne pourtant très moderne. Et c'est en partie ce qui fait le succès du groupe. Bien que j'adore de nombreux autres artistes dans ce registre musical, il faut bien constater que souvent on a l'impression de se retrouver une dizaine de siècles en arrière. Il y a quelques exceptions mais c'est assez rare.

Bref, pour parler plus précisément du contenu de "Kvitravn", on y retrouve de nombreuses ambiances différentes selon les morceaux mais toujours ce côté un peu spirituel qui nous fait lâcher prise le temps de l'écoute. Le côté très imagé de la musique et parfois un côté épique font qu'on a vite en tête des images renforçant l'appropriation de ce disque. Pour moi, tout y est. Est-ce pour autant l'album ultime du groupe ? Pas sûr qu'il y en ait vraiment quand on voit la qualité régulière des disques ainsi que leurs personnalités diverses. On est vite saisi par quelques morceaux très marquants : le trio de choc "Kvitravn", "Skugge" et "Grá" fait mouche d'autant plus que ces morceaux sont déjà bien connus des fans car dévoilés par des clips depuis plusieurs mois pour les premières révélations. Certaines rythmiques se répètent comme des riffs, la magie de Wardruna opère car on garde en tête ces mélodies et on se retrouve happé dans l'imaginaire nordique le temps de l'album. Sans être comparable à du Heilung (autre groupe ayant le vent en poupe), on retrouve dans certains morceaux, un côté rituel, sacré, comme sur "Grá" ou "Fylgjutal". Sur "Grá", on retrouve un côté très dépouillé et organique, en démarrant avec les hurlements d'un loup puis avec le tambour et les voix d'Einar et de Lindy-Fay Hella. Ce duo de voix s'accorde à merveille et c'est l'occasion de souligner le travail remarquable de Lindy-Fay Hella depuis le début du groupe. Dans un autre style, "Skugge" fait penser au passage d'un rituel ou la montée en soi d'une rage au fur et à mesure que le rythme s'intensifie dans la deuxième moitié de ce titre. Mais pour autant, Wardruna n'oublie pas son précédent disque, les arrangements plus minimalistes comme avec "Munin" qui est aussi dans le même esprit que les compositions écrites pour Assassin's Creed. Munin est aussi le nom d'un des deux corbeaux d'Odin, encore un symbole présent sur ce disque. C'est peut-être aussi pour qu'on y retrouve un rythme soutenu et un côté plus épique qui nous rappelle d'autres morceaux du groupe norvégien.

Les émotions sont nombreuses à l'écoute de ce disque mais il en est une à laquelle je ne m'attendais pas, c'est le rappel à un précédent disque car "Vindavlarljod" est un réarrangement de "Vindavla" de l'album "Skald" sorti en 2018 ! Et cette nouvelle mouture du morceau est bien différente du précédent opus, montrant parfaitement la diversité que l'on la chance d'entendre avec Wardruna. L'harmonie entre les percussions, cornes et autres instruments à vent et à cordes et les chants est assez incroyable tant cette orchestration forme un tout évident. On le ressent sur l'ensemble des morceaux mais l'enchaînement "Kvit Hjort" - "Viseveiding" en est un bon exemple. Un regret quand même pour moi, plutôt deux en fait. Premièrement ne pas avoir le morceau "Lyfjaberg" qui aurait été de loin mon morceau préféré de l'album s'il avait figuré dessus. Pour les personnes n'ayant pas encore écouté ce morceau, je le considère dans mon top 3 des meilleurs morceaux composés par le groupe, un moment vraiment parfait. Peut-être que les disques étaient déjà pressés au moment où ce morceau était enregistré ou peut-être que le groupe l'a estimé vraiment à part. Deuxièmement, la qualité de la production est excellente mais j'en regrette un peu certains enregistrements des débuts qui se faisaient directement dans les bois, sans gommage des imperfections et qui donnaient un côté encore plus vivant, organique à la musique.

Ce qui est assez rare pour moi (et certains trouveront ça très cliché), c'est ce côté introspectif et méditatif qu'offre la musique de Wardruna et de ce point de vue, "Kvitravn" est peut-être le meilleur exemple qu'a produit le groupe jusqu'alors. Pour l'avoir écouté au bord d'un lac partiellement gelé comblant le cratère d'un volcan endormi et entouré de neige, je peux vous dire que cet album y est tout à fait dans son élément. Un album clairement envoûtant et malgré les (déjà) nombreuses écoutes, je sais pertinemment être encore loin d'en avoir découvert tous les aspects. La richesse et la finesse de certains morceaux sont fortes, on peut vraiment se poser pour écouter ce disque comme on irait écouter une œuvre de musique classique. Il réussit à être plus abordable pour les néophytes et en même temps plus complexe et profond que les autres. Au final, un disque qui dispose d'une aura assez magique, mystique, qui confirme une nouvelle fois que Wardruna est vraiment à part.

C'est presque un sans-faute pour ce disque, encore une fois on sent l'état brut de sa musique, simple mais pas simpliste pour autant. J'ai tellement hâte d'enfin voir le groupe jouer en live, vivement que les concerts reprennent ! A défaut, ce sera peut-être le concert en streaming ! D'ici là, bon voyage dans le froid scandinave et bonne écoute de ce disque mystérieux !


Antoine
Février 2021




"Skald"
Note : 15/20

Qui, à l’heure actuelle, ne connaît pas Wardruna ? Formé par Einar Selvik (aka Kvitrafn, tous instruments / chant, ex-Gorgoroth, Ivar Bjørnson & Einar Selvik) en 2003, l’homme est aidé par Lindy Fay Hella pour le chant féminin. Le groupe a sorti quatre albums de musique folklorique norvégienne, aux influences bien évidemment viking et païennes. Grâce aux quatre albums que le groupe a sorti, les performances live ont commencé à se populariser, et la participation du compositeur à la bande-son de la série Vikings a propulsé le projet. En live, des musiciens accompagnent ou ont accompagné Einar, dont le mythique Gaahl (ex-Gorgoroth, ex-God Seed, Gaahl’s Wyrd, Trelldom). Le dernier album s’appelle "Skald", et nous allons l’écouter de suite.

L’album commence par "Vardlokk" et son introduction à la corne, rapidement rejointe par la voix puissante d’Einar. L’homme commence un chant entêtant, qui s’enchaîne à merveille avec la harpe de "Skald". Si je n’avais pas regardé la tracklist, j’aurais juré qu’il s’agissait d’un seul et unique morceau car l’ambiance est exactement la même, bien que le chant ne soit un peu différent. Mais malheureusement, ces deux morceaux passent à la vitesse de la lumière, et "Ein Sat Hon Uti" démarre. La voix du chanteur semble provenir de partout à la fois grâce à cette capacité qu’il a de faire vibrer chaque mot, chaque note. Bien que quelque peu accompagné de sa harpe, c’est son chant qui fait vibrer l’air.

"Voluspá" est le prochain titre. Dévoilé en même temps que la sortie de l’album, ce morceau (en adéquation avec la traduction que je vous laisse chercher) est beaucoup plus hypnotique et moins linéaire que les précédents. Einar utilise les différentes tonalités de sa voix pour faire du morceau un incontournable, alors que "Fehu" est beaucoup plus léger, avec quelques choeurs d’Iver Sandøy (Enslaved, Ilti Milta) sur certains passages, avant de devenir plus inquiétante. Inquiétant, c’est également un excellent adjectif pour décrir "Vindavla", un morceau qui introduit un nouvel instrument ainsi qu’un chant presque possédé qui accélère, ralentit… L’oppression redescend d’un cran avec la douce "Ormagardskvedi" et ses quelques notes qui se muent finalement en mélodie enchanteresse, appelant à la relaxation pure et simple.

L’album continue avec "Gravbakkjen", qui met autant en avant la voix chaude d’Einar que son instrument, et les deux se lient dans une alchimie nordique qui se brisera peu à peu pour laisser plus de place au chant. La voix, c’est d’ailleurs l’élément principal de la très longue "Sonatorrek". Une écoute au casque est vivement conseillée pour saisir toutes les nuances que le chanteur met en place, chaque vibrato et chaque variation. Même si l’histoire du chanteur est superbe, le morceau est long, et les non-initiés vont rapidement décrocher de ce long conte. Le dernier morceau, intitulé "Helvegen", est également accompagné d’une rythmique jouée par le norvégien, et renoue avec l’ambiance ritualistique des morceaux précédents, avec quelques envolées au chant.

Wardruna est un groupe au son spécial, et bien que très apprécié de la communauté metal, la musique folklorique des Norvégiens peut déplaire. A des lieues d’un album de metal, cet enregistrement est parfaitement réussi, mais souffre pour moi de quelques longueurs, et j’ai parfois été obligé de voir si le morceau que j’écoutais était le même ou non. Mais les amateurs de culture nordique y trouveront leur compte, et c’est pour ce public qu’Einar Selvik écrit, compose et enregistre ses chefs-d’oeuvre.


Matthieu
Décembre 2018




"Runaljod - Ragnarok"
Note : 19,5/20

Wardruna... comment décrire ce phénomène ? Je vais devoir raconter un peu ma vie, j’en ai bien peur. J’avais donc chroniqué leur album précédent "Yggdrasil" et autant le dire, j’étais enchantée et enthousiasmée. Ils étaient passés en live à Paris, leur prestation avait été merveilleuse, ceux qui étaient là le reconnaîtront. Et puis, j’avais disparu en Norvège. Et la Norvège étant une bulle, je ne m’étais pas rendue compte de leur popularité grandissante. Car oui, à Bergen il était encore possible de les voir jouer devant une cinquantaine de personnes chez le disquaire du coin. Imaginez donc ma surprise lorsqu’en revenant en France, j’ai assisté à un véritable drama concernant l’unique date live que le groupe était censé jouer en France pour la sortie de leur troisième album. Sold-out prématuré, j’ai également entendu parler d’arnaques et de reventes de faux billets... j’ai rarement autant halluciné. Car oui, Wardruna a rencontré le succès et cela de façon internationale. Et si j’en suis tout bonnement ravie pour eux, car il faut le reconnaître, ils le méritent amplement, la situation reste assez étonnante. Ici s’arrête donc l’histoire de ma vie, je vais passer à la musique.

Dans ce troisième album, dernier de leur trilogie sur l’interprétation des runes, Wardruna continue de nous proposer un voyage tout bonnement exceptionnel au travers de la Norvège, toujours avec l’aide d’instruments traditionnels. L’album s’ouvre sur "Tyr", avec le tonnerre au loin. Et que dire de cette introduction ? Elle est tout simplement majestueuse, empreinte d’une puissance et d’une force indicible. Il y a une telle intensité dans chaque note, dans chaque son de corne, dans chaque choeur. Je pense honnêtement qu’à la première écoute, les poils doivent automatiquement se dresser. A ce niveau-là, c’est presque comme écouter de la musique sacrée... mais en mieux. Suit "UruR" qui développe davantage un côté plus mystique. Ambiance feu de camp à la veille d’une grande bataille et incantations prophétiques. Le titre suivant est "Isa", qui est une véritable invitation au silence. Personnellement, j’associe cela à la forêt où si on tend l’oreille, on peut entendre une infinité de petits bruits dans ce que l’on pensait autrefois être le silence. Et c’est là le pouvoir de Wardruna, l’invitation à développer notre propre expérience sensorielle, à l’expérimenter par nous-mêmes. Poursuivons avec "MannaR- Drivande" et "MannaR - Liv" qui pour moi forment un duo. J’associe volontiers la première à la nuit puis à l’aube et au lever du jour, et la seconde au début d’un voyage. Peut-être même le voyage de la vie, liv signifiant bien vie en norvégien. Tellement d’interprétations sont possibles. Autant d’interprétations que d’auditeurs, en fait.

Suit "Raido" qui, pour le coup, est clairement l’expression d’un voyage, à dos de cheval, et donc d’un départ. Encore une véritable invitation à la rêverie et à l’évasion, un tour de maître de la part de Wardruna qui n’en est décidément plus à son coup d’essai. Quant à "Perhto", c’est une véritable performance vocale et Einar Selvik est clairement au sommet de son art. Mais mon véritable coup de coeur, mon cri d’amour, va à "Odal". Pour moi, c’est clairement le plus beau morceau de Wardruna, peut-être à égalité avec "Helvegen". Ce titre a une intensité, et une puissance, empreintes d’un tel sentiment de paix et de nostalgie... J’en croyais à peine mes oreilles à ma première écoute, je n’en croyais toujours pas mes oreilles en l’entendant en live, et encore aujourd’hui en la réécoutant je n’y crois toujours pas. C’est une véritable merveille et je pèse mes mots. "Wunjo" est d’ailleurs pour moi le prolongement direct de ce titre magique. Pardon du trait d’humour indélicat, mais si tous les enfants chantaient comme ça, j’ouvrirais bien plus volontiers ma porte aux chorales de Noël. Et enfin l’album s’achève sur "Runaljod" qui clôt aussi la trilogie. Et en beauté, s’il vous plaît.

Je pense qu’on en arrive tous à un consensus mutuel assez clair : on ne peut plus décrire Wardruna tellement c’est beau, tellement c’est puissant et tellement c’est grand. Cet album est encore plus mature et travaillé que le précédent, et pourtant j’avais déjà été bluffée par "Yggdrasil". Maintenant que la trilogie est achevée, je ne peux qu’espérer que le groupe se remette au travail et m’abreuve encore de son génie, car franchement je n’en ai pas encore eu assez.


Velgbortlivet
Décembre 2016




"Runaljold - Yggdrasil"
Note : 18/20

Wardruna, groupe norvégien et projet solo de Kvitrafn (ex-Gorgoroth). On connaît également le groupe pour la présence de Gaahl (ex-Gorgoroth également, God Seed). La sortie de ce nouvel opus était très attendue. Pour l’info "people", cet album sera incorporé à la série Vikings qui passe en ce moment sur History Channel. Un achévement donc pour un groupe qui se donne pour mission de recréer l’atmosphère de l’époque viking. On les avait quitté avec "Gap Var Ginnunga" en 2009, les revoilà avec "Yggdrasil", la deuxième partie de la trilogie "Runaljod" ayant pour but d’expliciter le message des 24 runes de l’alphabet Futhark. Yggradsil, l’arbre cosmique de la mythologie scandinave. Tout un programme !

L’album s’ouvre sur "Rotlaust Tre Fell". Le bruit de l’eau d’une rivière s’écoulant dans une montagne où souffle une brise légère... avec un unique corbeau bien solitaire. Apaisant. Suivent des chants qui semblent venus d’un autre âge, accompagnés de percussions, qui paraissent somme toute assez tribales. J’ai eu l’impression d’assister à une sorte d’invocation antique. Perturbant, mais voilà un début qui augure un voyage assez spécial. "Fehu" est la seconde chanson de l’album. Là encore, c’est d’une puissance. Il y a une dimension mystique dans cette musique, on se croirait presque transporté en Norvège. La voix féminine apporte un plus indéniable, contrastant avec la voix masculine. Non franchement, pour le peu qu’on ferme les yeux, on est vraiment transportés dans un univers différent. Un seul mot : hypnotisant.

On poursuit avec "NaudiR". On entend le vent au loin, avant qu’une mélodie un brin mélancolique ne vienne emplir nos oreilles. Et là, encore une fois, je me suis demandée comment c’était musicalement possible de me faire sentir comme si j’étais perdue en plein milieu d’une forêt. Il y a vraiment une atmosphère incroyable qui se dégage. Je pense personnellement que c’est le genre de musique qui rentre dans votre tête, et qui ne vous quitte plus, vous donnant l’envie intense de réécouter l’album en boucle. Oui, en boucle.

"Ehwar", le quatrième titre, débute avec le galop d’un cheval qui se rapproche. De nouveau, c’est un titre hypnotisant porté surtout par la voix féminine. Il semble que cette voix ait justement une présence plus marquée que sur l’opus précédent. Et franchement, on ne le regrette pas. Ce n’est pas "AnsuR" qui va dénaturer cette impression. J’ai encore une fois l’impression d’assister à d’ancestrales invocations. Sensation pour le moins étrange, mais tellement captivante.

"IwaR" s’ouvre par des bruits de pas. Mais des pas s’enfonçant dans la neige. Là encore, il n’est pas difficile de se laisser porter et de s’imaginer dans un paysage de neige s’étendant bien au delà l’horizon. Peut-être que je m’emballe. Peut-être pas. L’intensité est ici à son paroxysme. "IngwaR", le titre suivant, a une atmosphère un peu plus sinistre. Le début m’a donné l’image d’un homme épié, qui cherche à se défaire de son poursuivant, sensation qui s’est fortement accentuée dès l’entrée en jeu des percussions. Le final de cette chanson est en mon sens grandiose. Les voix qui se mêlent, et se perdent, accompagnées par une mélodie qui nous fait remonter des siècles. Non, mais franchement.

Le voyage continue avec "Gibu". L’utilisation d’instruments traditionnels, et le fait que les paroles soient écrites en vieux norvégien renforce l’atmosphère. Au risque de me répéter... c’est fort. Très fort. On sort de notre transe au son des gazouillements des oiseaux de "Solringen". Comment ça, on en sort ? On y retourne, et de bon coeur !! Les percussions font une montée progressive, s’arrêtent... reprennent. Une mélodie folk nous accompagne. C’est officiel, on m’a perdue. La voix féminine, de nouveau contraste avec la voix masculine, et nous envoûte.

Avant-dernier titre de l’album (déjà ?!), "Sowelu". On se trouve face à une ambiance plus glauque. Le vent qui souffle est inquiétant, il me semble entendre un loup hurler à la lune au loin... Une introduction plus sombre que celle des autres titres donc. Là, la voix féminine semble se perdre au loin. Elle s’efface progressivement dans les ténèbres de la nuit. On se sent vraiment transportés au beau milieu d’une forêt, au milieu de la nuit noire, forêt qui nous captive et qui fait chanter notre âme. Oui, ça va jusque là. Personnellement, j’ai vraiment vu les ombres se dessiner et danser avec les pâles reflets de la lune.

L’album s’achève avec "Helvegen". Cette fois, c’est le son d’une tempête qui nous accueille. On y retrouve le corbeau de "Rotlaust Tre Fell". De nouveau, la puissance des vocaux accompagnés des percussions nous ennivre. Je sens des touches de nostalgie, peut-être de regrets d’un temps passé et bien révolu...

Le bilan de cet album ? ...Je manque de qualificatifs, vraiment. Hypnotisant, captivant, envoûtant. Je sens déjà le besoin de réécouter l’album en entier (ce que je vais faire). Pour résumer la situation, je me suis pris une baffe. Je me prends à me demander si en live, l’expérience serait tout aussi incroyable. Un opus vraiment très inspirant. Et un chef d’oeuvre qui mérite de figurer dans vos discographies. C’est un voyage qu’il FAUT faire. J’insiste.


Velgbortlivet
Mars 2013




"Runaljold - Gap Var Ginnunga"
Note : 19/20

Une corne résonne dans le lointain, avant que le vent et les douces mélopées d’un violon ne lui répondent… Un chant semblant tout droit sorti de la terre se fait entendre… Bienvenu dans l’univers magique de Wardruna, une somptueuse épopée mystique rythmée par les éléments… Le vent, l’eau, la terre, le feu sont en effet convoqués ici pour vous conter les mythes et légendes de la Norvège à l’ombre de la magie runique… Le décor est planté ! Ok, mais quel rapport avec le metal me direz vous ? Et bien on le trouvera en lisant la bio de ce groupe car deux des membres composant ce quatuor (Gaahl et Kvitrafrn) sont issus de la formation culte de black metal brutal Gorgoroth… Ajoutez à cela un joueur de violon traditionnel Norvégien et le chant envoûtant de Miss Lindy Fay Hella et vous vous retrouverez tout simplement en présence d’une des formations les plus excitantes du moment !

Musicalement par contre, et pour dissiper tous malentendus, ne cherchez pas de guitares saturées ou de batterie déchaînée, rien de tout ça à l’horizon ! Au contraire, Wardruna ose la carte du pagan folk le plus "roots" qui soit : tambours en peau de cerf, cornes en os de chèvre, didgeridoo, flûtes viking ou encore violons Norvégiens, voici un exemple des instruments utilisés sur cette galette, autant vous dire que la richesse instrumentale ici est énorme et qu’elle ne répond pas forcément aux standards éculés qu’on a l’habitude de rencontrer !

Comment vous décrire cet album, vous donnez envie de succomber à son charme ? Déjà pour vous donner une idée de l’engagement et du jusqu’auboutisme du groupe, chaque composition est associée à une rune de l’ancien alphabet, le Futhark. Il est pour moi bien difficile, pour ne pas dire impossible d’isoler un titre plutôt qu’un autre, tant on a affaire à une œuvre atypique qu’on peut aisément qualifier de concept album. En effet ce disque s’écoute d’une traite pour que le dépaysement soit total, comme un trip mystique, ou encore une exploration sensorielle d’une Norvège du passé, bref une œuvre qu’on vit, qu’on ressent davantage que l’on ne l’écoute…

Comment ne pas vibrer, ne pas succomber à la beauté de ces paysages musicaux, je ne sais franchement pas ? Ecoutez par exemple "Hagall" le titre 2 et sa superbe alchimie des voix masculines et féminines… Miss Lindy Fay Hella possède une maîtrise et une classe qui n’est pas sans évoquer la déesse Lisa Gerrard (Dead Can Dance). Ses vocalises se marient et contrastent à merveille avec le chant profond et grave de Ghaal, de quoi renvoyer une paire de "lolitas gothiques" à leurs chers cours de chant !

Wardruna rend hommage d’une façon admirable à la Nature avec un grand N, les éléments s’en donnent à cœur joie et sont célébrés de la plus jolie des façons : tout ici n’est que murmures, raffinement, nuance, délicatesse, envolées somptueuses et propices au recueillement. On est véritablement subjugués, transportés par les vibrations que provoque cette musique, fermez les yeux, l’immersion est totale !!! Petite remarque, nos confrères de Metallian ont eu l’excellente idée de publier une vidéo d’une prestation de ce groupe en Norvège, et j’avoue que leur sobriété et leur maîtrise est des plus impressionnantes, qu’est ce que j’aurais aimé faire partie de ces rares spectateurs privilégiés ! J’aimerais ajouter que Wardruna ne pourra que ravir les fans d’Hagalaz Runedance qui comme moi s’étaient sentis un peu orphelins après l’orientation plus trip-hop de la belle Andrea dans son projet Nebelhexe… Voici tout simplement une œuvre atypique, comme une invitation à la rêverie, au voyage spirituel, une œuvre forte et évocatrice, tout simplement indispensable à tout amateur de musique folk et pagan !

Je vais vous poser une dernière question : qui n’a jamais rêvé de partir en Norvège pour moins de 20€ ? Je sais pas vous mais je ne suis pas le dernier dans ce cas, et bien grâce à Wardruna c’est désormais chose possible… Enfin je ne vous parle que d’un aller, car pour ce qui est du retour à vous de voir ! Cette pièce musicale est tellement addictive que certains d’entre vous pourraient bien être tentés de ne jamais revenir et de disparaître dans la brume Norvégienne à tout jamais… Mon choix est fait, et l’appel de la forêt est inévitable, bon se croisera peut être là bas parce que perso j’y retourne…. Hé Ghaal, par ici ! Mais attends moi merde, puisque je te dis que j’arrive… Pffff, ah ces Norvégiens je te jure ! Sans conteste l’un de mes coups de cœur de ce début d’année 2009, pour résumer en 2 mots : Chef d’Oeuvre !


Ihsahn62
Mai 2009


Conclusion
Le site officiel : www.wardruna.com