Le groupe
Biographie :

Void Paradigm est un groupe de black metal hyponotique originaire de Rouen et actuellement composé de : Alexis Damien (batterie / Orenda, Pin-Up Went Down, ex-Carnival In Coal, ex-Wormfood), Julien Payan (guitare, basse / Yuck, ex-Hyadningar) et Jonathan Théry (chant / Ataraxie, Funeralium, ex-Hyadningar, ex-Bethlehem, ex-Despond, ex-Reign Of Evil). Le premier album, "Void Paradigm", est sorti en Septembre 2012 chez Totalrust Music. Le second, "Earth's Disease", sort en Mai 2015 chez Apathia Records. "Ultime Pulsation | Demain Brûle" sort en Novembre 2020 chez Avantgarde Music.

Discographie :

2012 : "Void Paradigm"
2015 : "Earth's Disease"
2020 : "Ultime Pulsation | Demain Brûle"


Les chroniques


"Ultime Pulsation | Demain Brûle"
Note : 17/20

Il y a cinq ans, Void Paradigm nous avait pris par suprise avec "Earth's Disease", un deuxième album bien plus taré que le premier album éponyme sorti en 2012. Le groupe y employait en gros tout ce que le metal extrême pouvait faire de sale, de sombre et de malade, fixé sur une base black metal. Du coup, quand on le voit revenir avec un troisième album qui s'appelle "Ultime Pulsation | Demain Brûle" qui sont les titres des seuls morceaux qu'il renferme, on met un casque, on prend un bouclier et on s'approche prudemment de la bête.

Et là, vous vous dites que deux morceaux ça fait quand même très court pour un album ! C'est vrai que de base ça fait court, sauf quand vous vous amusez à faire deux morceaux qui dépassent tous les deux les dix neuf minutes, là bizarrement ça ne fait pas le même effet. Pour ceux qui auraient douté du caractère extrême de la chose, maintenant vous êtes fixés. "Ultime Pulsation" commence par de simples accords bien lourds avant de partir en dissonance totale à la Deathspell Omega tout en gardant ces percussions presque tribales ou rituelles en fond. Les blasts viennent bien vite se marier à ces sonorités atonales et Jonathan Théry ne se fait pas prier pour vomir ses textes dans le micro. Void Paradigm ne prend clairement pas de gants ni le temps de nous ménager et nous balance tout de suite dans un sacré maelstrom tordu et dissonant. On se prend même un long passage en plein milieu du morceau pas loin de sentir le free jazz taré en plein bad trip ! Si vous aviez demandé de jolies mélodies et de belles ambiances, patientez encore un peu, elles sont occupées pour l'instant. Vu la longueur des deux morceaux et le traitement auquel vous soumet le groupen il va falloir être endurant parce que je vous garantis que ces deux morceaux n'ont rien de la promenade de santé et vont mettre vos nerfs à rude épreuve. Ce qui tombe bien parce qu'à mon avis c'est le but de la manœuvre. Plus le temps passe et plus ce premier morceau donne l'impression de partir en vrille avec un groupe qui semble progressivement péter les plombs. En tout cas, il se termine comme il a commencé avec la batterie façon percussions tribales, marche guerrière et on se demande ce qui vient de se passer et s'il reste encore des fusible à cramer là-dedans.

Ouf, tout le monde va bien et c'est juste une envie de torturer ceux qui poseront l'oreille là-dessus, en tout cas c'est réussi et Void Paradigm ne plaisante pas avec un nouvel album peut-être encore plus taré que son prédécesseur, qui était déjà plus taré que le premier album soit dit en passant. A ce rythme là, ça va mal finir cette histoire ! Mais le pire dans tout ça c'est que ça se tient tout ce bordel. Comme sur "Earth's Disease", ça semble décousu et on se demande si tout ça n'est pas sorti d'une jam au premier abord mais non le groupe sait ce qu'il fait. "Demain Brûle" débute lui aussi dissonante mais sur un tempo plus lourd et une ambiance bien plus froide pour le coup. Au cas où vous ne l'auriez pas compris, Void Paradigm a clairement la fibre expérimentale et ses albums ont des airs de laboratoire dans lesquels le groupe cherche à repousser les limites et à trouver une nouvelle voie. On sent évidemment du black mais aussi du doom, des sonorités plus jazzy ou rock parfois, ce qui était déjà le cas sur "Earth's Disease", et même quelques incursions noisy par moments. Malgré ses trente-huit petites minutes, "Ultime Pulsation | Demain Brûle" va vous mettre à genoux et tester votre tolérance à la douleur. La musique de Void Paradigm est extrême dans tous les sens du terme et si la violence brute n'a pas l'occasion de s'exprimer ici, vous allez vite compris qu'un barrage de blasts continu vous aurait été bien plus facile à encaisser. Les puristes vont évidemment vomir par les oreilles et les esprits les plus fermés resteront sur le pas de la porte. Le groupe ne fait aucun compromis et ne comptez pas sur lui pour vous faciliter les choses, vous vouliez de l'extrême, Void Paradigm vous en donne.

Un troisième album qui continue à explorer toutes les façons de faire du black metal et globalement de faire une musique extrême et époruvante. C'est expérimental, c'est sûr, et ça va en mettre une bonne paire sur les rotules car comme ses deux grands frères, "Ultime Pulsation | Demain Brûle" ne ménage personne et n'est pas là pour vous fournir de la musique fast food prête à consommer.


Murderworks
Janvier 2021




"Earth's Disease"
Note : 18/20

Le premier album de Void Paradigm avait été une bonne surprise et montrait un penchant pour l'expérimentation, qu'elle soit musicale ou conceptuelle. Fidèle à son credo, le groupe a poussé l'évolution et l'expérimentation plus loin cette fois-ci et "Earth's Disease" va montrer des facettes du groupe qu'on ne connaissait pas encore.

Et dès le premier morceau, la surprise est de taille, parce que si le premier album donnait dans une sorte de doom / black dissonant et pesant, là on part presque dans du black'n'roll par moments. Ce sera d'ailleurs l'influence qui se fera le plus sentir en dehors du black sur ce nouvel album : le rock'n'roll ! Rassurez-vous, la musique de Void Paradigm n'en reste pas moins glauque et oppressante, mais ce gros apport purement rock lui donne un côté assez décalé, une folie qu'on ne ressentait pas forcément sur le précédent opus. Même les structures des morceaux sont bien plus dynamiques avec pas mal de contretemps, des cassures rythmiques régulières, contrairement au côté assez monolithique que Void Paradigm arborait par le passé. A tout cela s'ajoute aussi quelques dissonances dont la scène black est friande ces dernières années et quelques incursions quasiment ambiant noisy (entre la fin de "Revenge" et le début de "Earth's Disease" par exemple). Et comme si ça ne suffisait pas, outre le rock, Void Paradigm va s'aventurer dans des passages très jazzy en plein milieu d'un morceau glauque à souhait. Bref, le groupe s'est définitivement affranchi de toute barrière, explorant les territoires qui l'intéressent sans aucune considération pour les dogmes habituellement respectés dans le black. Et si l'étiquette de "hypnotic dodecatonic black metal" pouvait sembler un peu pompeuse, il n'empêche que l'expérimentation est au rendez-vous.

Une fois de plus, c'est la folie qui prédomine sur "Earth's Disease", là où son grand frère se contentait d'installer un climat poisseux et oppressant (même si c'était bien foutu). Cette fois, la musique de Void Paradigm se fait totalement imprévisible et très volatile, pas moyen de savoir ce qui va nous tomber dessus puisque le groupe se permet de partir plusieurs fois en vrille au sein d'un même morceau. Là où c'est fort, c'est que le groupe arrive tout de même à garder une cohérence incontestable et tout ce qu'il se permet ne fait jamais tâche dans le décor, ce qui n'était pas gagné puisqu'à mélanger tellement d'influences ça a vite fait de partir en gros foutoir. Mais ce groupe n'est pas encore assez fou pour perdre le contrôle de sa musique, ce nouvel album aussi déroutant soit-il reste pertinent et ne se perd pas dans ses écarts. L'ambiance non plus ne s'est pas perdue, et même si le rock s'invite à la fête, la musique du groupe n'en est pas devenue joyeuse pour autant, loin de là. On est toujours à cheval entre le désespoir et la folie et rien que les hurlements de damné de Jonathan Théry sont là pour nous rappeler où on met les pieds. A noter par contre une production bien plus grosse et chaleureuse que sur le premier album, fini le son typiquement black metal.

Un nouvel album qui casse toutes les barrières qui pouvaient encore de temps en temps retenir son prédécesseur dans un relatif carcan. Ici, point de limites, Void Paradigm se permet tout mais ne fait jamais n'importe quoi. Les racines black metal sont encore là mais elles partagent la scène avec de nouveaux arrivants dans une harmonie assez irréelle. Une fois de plus à réserver aux esprits les plus ouverts.


Murderworks
Juillet 2015




"Void Paradigm"
Note : 15/20

Il y a des groupes comme ça qui débarquent sans faire de bruit, Void Paradigm en fait partie en nous sortant directement un premier album éponyme. Arrivé sans prévenir mais pas de nulle part, le trio qui compose le groupe n'est pas constitué de nouveaux venus : Jonathan Théry au chant qu'on connaît tous chez Ataraxie et Funeralium, Julien Payan guitariste de Yuck et Alexis Damien ici batteur et multi instrumentiste chez Pin-Up Went Down, bref que du beau monde ! Cette fois, ils se sont réunis pour nous délivrer d'après leurs propores mots du "Hypnotic Dodecatonic Black Metal", on va voir de suite ce cache cette étiquette barbare.

On a globalement affaire à un black metal effectivement hypnotique, pas vraiment basé sur la violence même si on rencontre quelques blasts et accélérations en général assez soudaines d'ailleurs. Les morceaux sont tous très longs, il y en a 6 pour une durée de 53 minutes je vous laisse imaginer, et les bougres en profitent pour nous asséner des passages qui prennent le temps de bien s'installer. C'est d'ailleurs un des rares trucs qu'on peut reprocher à l'album, suivant les goûts de chacun on peut trouver certains passages un poil trop longs. Même si ça fait partie du concept avec le côté hypnotique de la chose, ça n'empêche que certaines fois ça tire un peu en longueur. Peut-être aussi un côté hermétique qui risque d'en décourager certains, tant pis pour eux, quand on a un album qui sort des sentiers battus, la moindre des choses c'est de lui donner sa chance. Mais bon, rien de vraiment insurmontable non plus puisque finalement en persévérant les 53 minutes passent plutôt bien.

Parce que c'est un sacré pavé que Void Paradigm vient de jeter là, tordu, lancinant et glauque il va falloir s'acharner pour saisir où le groupe veut en venir. D'autant que certains risquent d'être déstabilisés par certaines fantaisies, en plein "Fighting The Silence" on se retrouve par exemple avec un solo assez rock 'n' roll qui peut surprendre ! Mais c'est justement ce qui est impressionnant chez ce groupe, ces gars ne s'imposent aucune limite sans taper dans l'expérimental non plus, mais malgré la richesse et l'apparition de certains éléments inhabituels tout s'imbrique. Même le dernier morceau s'amuse encore à nous prendre à contre-pied, après s'être perdus dans les méandres des 5 premiers morceaux et de leurs structures changeantes on se retrouve avec un instrumental ambiant de près de 11 minutes parsemés de sons de cloches qui amènent avec le reste une ambiance délicieusement inquiétante.

Même si on parle de base black avec un côté très dissonant n'allez pas pour autant imaginer un énième album singeant Deathspell Omega ou Blut Aus Nord, Void Paradigm a une patte assez particulière. Ses ambiances ne sont ni totalement flippantes, ni vraiment déprimantes ou malsaines mais un mélange de tout ça, on ne sait pas trop où on est quand on écoute ça. Ce premier album développe un univers bien à lui qu'il est difficile de retranscrire avec des mots, c'est un peu facile de dire ça mais le mieux c'est encore d'y jeter une oreille. C'est plutôt un compliment d'ailleurs, même si les membres ne sont pas des débutants, faire un premier album qu'on ne peut pas vraiment rapprocher d'autres groupes et qui possède déjà une patte spéciale c'est assez fort ! D'autant que tout ce qui est post black, ou black avant-gardiste ou un peu expé est en train de se multiplier, on voit de plus en plus d'albums débarquer dans des style black dissonant ou déstructuré. Ce Void Paradigm fera bande à part, il entre dans cette très large étiquette tout en n'en respectant aucune règle, il impose les siennes.

Voilà donc un bon pavé de ce qu'on pourrait vulgairement appeler du black avant-gardiste, en tout cas un album qui risque de vous secouer par moments. Si ça paraît assez hermétique au départ, on finit par se laisser piéger par ces ambiances tordues, Void Paradigm montre pas mal de choses intéressantes et qui sortent du cadre ordinaire du black metal.


Murderworks
Février 2013


Conclusion
Le site officiel : www.voidparadigm.com