Après une décennie d'absence, l'un des groupes les plus novateurs de la fin 90' refait enfin surface pour un come back musicalement réussi en opposition à sa sortie qui, lorsque un virage plus stoner grunge fut pris avec "From Bliss To Devastation" à l'aube des années 2000, avait signé la mise à mort du combo new-yorkais. Le leader charismatique Tim Williams et le guitariste Mike Kennedy auront pendant 10 ans fait un petit peu survivre la légende VOD par le biais de leur projet commun Bloodsimple qui reprenait de manière générale l'esprit du groupe culte mais qui n'a jamais pleinement réussi à faire prendre la mayonnaise malgré deux albums de bonne facture.

On peut dire que "The Cursed Remain Cursed" doit être exploré plusieurs fois pour être domestiqué, confronté à un mur d'une densité des plus compactes, la bête de Long Island demandant à être de nouveau apprivoisée tant sa signature musicale est unique, éternellement copiée, jamais égalée. On retrouve donc tout au long de l'opus la recette qui faisait mouche à l'époque avec ces mi tempo écrasants alternés aux sonorités hxC d’antan, le tout saupoudré d'un groove titanesque presque rock'n'roll. Les 11 titres se nourrissent sans complexe de l'expérience du combo sur la totalité de sa discographie, la maturité amenant une qualité franche d'écriture soutenue par une force de frappe imparable de la part des musiciens. Les vocaux de Tim Williams, au sommet de sa forme, nous envoûtent avec une classe incroyable, lui qui fut un précurseur sur le mix growl, hurlé et chant clair, vociférant de toutes ses tripes avec une rage démultipliée et nous envoûtant de par ses lignes aériennes dont lui seul a le secret. Alors peut-être que certains auraient préféré que VOD s'aventure dans d'autres sphères pour son retour, soulignant peut-être un manque d'originalité et une production un peu lisse mais le groupe le prouve ici, il n'est jamais meilleur que quand il fait ce qu'il sait faire.

On se retrouve donc avec un album 100% Vison Of Disorder qui transpire l'envie d'en découdre, nous jetant en pâture de multiples brûlots aux effets dévastateurs ; le pachydermisme Slayerien de "Be Up On It", la folle déferlante rythmique de "The Enemy" et son refrain imparable, l hystérique "Annihilator", les grooves dévastateurs de "Heart And Soul" ; nous replongeant dans une crise d'épilepsie frénétique dont on se demande comment on a fait pour s'en passer pendant 10 ans. VOD est de retour et compte bien le faire savoir.