Valient Thorr est au rock ce que Minecraft est aux jeux vidéo. Un produit "old school" sans artifices et sans flafla. Rien de tout cela n’est nécessaire pour Valient Thorr qui roule sa bosse depuis 2000. Sans conteste, c’est dans un esprit "ancestral" que le groupe a fait le choix de produire son album avec une sonorité "garage" assumée.

Côté chant, on a affaire ici à un drôle d’animal. Imaginez un mélange entre les chanteurs punk des années 80, le chanteur de The Offspring et Lemmy ! Les goûts étant dans la nature, certains aimeront, d’autres, comme moi, auront plus de difficultés à digérer le tout. Par contre, comme le rock de Valient Thorr est incontestablement déjanté et éclectique, je dois admettre que ce type de chant va comme un gant à la musique du groupe.

Difficile en fait de décrire le style du groupe. "No Count Blues" est l’introduction parfaite pour rentrer dans l’univers de Valient Thorr. Tentez d’imaginer le rejeton d’une union entre Motörhead et Primus ! Et vous croyez que j’exagère ? Vous n’êtes pas au bout de vos peines, car lorsque vous écouterez certains passages de "The Trudge", vous croirez entendre Ozzy chanter et là vous saurez dans quoi vous vous être réellement embarqués en acceptant d’écouter Valient Thorr. Et le tout ne s’arrête pas là. À peine croyez-vous avoir cerné le style du groupe qu’arrive "Worm Up" et ses influences progressives ! C’est dire combien la musique de Valient Thorr est travaillée avec soin, malgré ses premiers airs débonnaires.

Sept albums et des tournées avec Mastodon, Clutch et Joan Jett, le groupe se disant venir de Vénus est en effet un phénomène extraterrestre dans le paysage rock. Me considérant comme le chef de la police de l’originalité, me voilà servi. Il n’y a rien dans la musique de Valient Thorr qui soit un copier-coller du passé. Et tout en approchant de la fin de cette chronique, je ne saurais dire si j’aime ou non ce groupe.

Après l’excellent "Stranger" sorti en 2010, les barbus de Valient Thorr sont de retour avec "Our Own Masters" toujours sous la coupe de Volcom Entertainment. Voyons voir si ce nouvel album relève le défi d’être aussi bien, voire mieux que son prédécesseur.

Quelques notes de guitare en guise d’intro, ça commence par "Immaculate Consumption". Efficace et énergique, on reconnait direct la touche Valient Thorr. Dans un style plus impulsif, voici "Master Collider" et ses paroles scandées par un Valient Himself visiblement en forme, le tout sur un format court d’un peu plus de deux minutes.

S’en suit "Manipulation", dont le titre parle déjà de lui-même, et qui nous offre un des gimmicks de l’album "You think you’re the master but I own the key", faisant écho au titre de l’album "Our Own Masters". Jusqu’ici le combo Valient Thorr alliant la chaleur des tonalités rock avec l’énergie du punk et de la lourdeur dans ta face fait mouche. Justement, léger changement de registre avec le quatrième morceau "No Strings Attached" qui propose une ambiance plus légère avec quelque chose d’assez old school. Le genre de morceau qui serait parfait pour une vidéo de skate (n’oublions pas que les 5 hommes venus de Vénus sont distribués par Volcom Entertainment).

27 secondes de brutalité, c’est ce que nous propose "Life Hands You Demons", intermède court et rentre-dedans, qui est suivi du premier extrait de l’album "Torn Appart". Alors, il m’arrive souvent d’être perplexe quant au choix du premier morceau diffusé par les groupes, mais rarement autant que cette fois-ci. Pour tout dire lors de la première écoute, j’ai été assez refroidie et inquiète, même si j’ai appris à ne pas me fier au premier morceau révélé lors de la sortie d’un album. Pas que le morceau soit nul, juste, à mes yeux ce n’est pas un morceau représentatif de l’album (heureusement).

On en est à la moitié de l’album, et "Cerberus" nous accueille avec une intro a capella, ce qui a le mérite d’être peu commun. Pour la suite, c’est à mes yeux un des morceaux les plus intéressants de l’album, de par son originalité. Une des choses que j’apprécie chez Valient Thorr, c’est leur capacité à nous pondre des morceaux assez décousus. C’est le cas de "Good News, Bad News" malgré le fait que certains passages ne m’emballent pas plus que ça, je trouve que le rendu global est vraiment bien foutu. On revient à quelque chose de plus aéré, avec "Insatiable", morceau qui fait la part belle aux chœurs. Bim ! La brutalité est de mise avec "Crowd Pleaser" qui attaque direct dans le lard. C’est le morceau à pogo de l’album. A noter que je suis très fan du passage "solo/grosse rythmique de porc derrière".

Nous voici à l’avant-dernier morceau de l’album, "Nervous Energy", qui démarre par de la batterie dans ta face. Si au premier abord le morceau me paraît un peu fade, il y a de réelles trouvailles niveau structure. En fait je trouve que le morceau décolle vraiment à partir d’une minute trente. Mais dès lors ça envoie ! "Call Of The Dogs" est donc le dernier morceau. Quelque chose d’assez lascif sur les couplets, à la manière des groupes des années 70. Le tout parsemé de la touche énervé des Valient Thorr. Au final, c’est cool, ça donne envie de danser et ça termine l’album sur une tonalité  intéressante.

Que dire de ce "Our Own Masters" si ce n’est que je suis soulagée que "Torn Appart" n’en soit pas représentatif. Dans des tons plus chauds que "Stranger", ce nouvel album est de bonne facture, avec de réelles trouvailles. (Petite remarque : je trouve qu’il y a quelque chose s’assez Suicidal Tendencies dans la voix par moments ! On s’en fiche, mais ça m’a interpellée, alors il fallait que je le dise !). Je pense que c’est le genre d’album qui devient de plus en plus appréciable au fil des écoutes. Les Thorriors n’ont pas à s’inquiéter, Valient Thorr est toujours dans la place !