Le groupe
Biographie :

Usurpress est un groupe de death / sludge metal suédois formé en 2010 et actuellement composé de : Daniel Ekeroth (basse / Third Storm, Dellamorte, ex-Tyrant, Diskonto, Iron Lamb, Soul Devourer, Uncurbed, ex-Insision), Påhl Sundström (guitare / ex-Blotseraph, ex-Shuriken) et Stefan Pettersson (chant / ex-Embalmed, ex-Sportlov, Diskonto, ex-Uncurbed). Usurpress sort un premier EP en 2011 puis son premier album, "Trenches Of The Netherworld", en Juin 2012 chez Selfmadegod Records, suivi de "Ordained", sort en Octobre 2014 chez Doomentia Records. "The Regal Tribe" sort en Septembre 2016 chez Agonia Records. "Interregnum" sort en Février 2018, toujours chez Agonia Records.

Discographie :

2011 : "In Permanent Twilight" (EP)
2012 : "Trenches Of The Netherworld"
2014 : "Ordained"
2016 : "The Regal Tribe"
2018 : "Interregnum"


Les chroniques


"Interregnum"
Note : 16/20

Si vous avez déjà pensé à faire des mélanges de styles qui a priori s’opposent, alors vous allez trouver ici votre bonheur. Le death metal s’allie au stoner dans les compositions d’Usurpress pour un mélange qui réunit gras, crasse, harmoniques démoniaques et sons psychédéliques. Créé en 2010 en Suède, le groupe sort d’abord une démo, mais la créativité de ses membres les pousse à collaborer davantage pour travailler sur un puis deux splits ainsi qu’un EP, et enfin le premier album en 2012. Depuis, tous les deux ans, Daniel Ekeroth (basse), Påhl Sundström (guitare) et Stefan Pettersson (chant) nous délivrent un album. S’ils étaient au début accompagnés par Calle Andersson (batterie) depuis les débuts du projet, ce dernier est remplacé en 2016 par Matte Modin (Firespawn , ex- Dark Funeral) qui n'officie finalement qu’une année derrière les fûts ds Suédois. Aidés de Stefan Hildman (batterie) et Erik Sundström (claviers), ils enregistrent "Interregnum", leur dernier album qui vient tout juste de sortir…

On commence par "A Place In The Pantheon", un titre à l’introduction au son clair qui propose des relents de post-rock avec une touche progressive qui fait espérer une explosion qui n’aura finalement jamais lieu. Cependant, je suis intrigué. Si le style principal du groupe est absent de ce morceau, avec un chant clair murmuré et inquiétant, l’univers est assez prenant et débordant de technicité. Le titre éponyme, "Interregnum", propose un death old school gras et rapide qui ne perd pas une seule seconde pour envoyer la sauce. De toute façon en moins de deux minutes et sans faire du grindcore, il est difficile de se permettre de prendre son temps, mais les Suédois réussissent à me donner envie de continuer avec eux. Le titre suivant, "In Books Without Pages", s’autorise à étaler un peu plus l’univers lent et technique du groupe, alternant entre une sorte de doom / death malsain et un metal progressif qui permet aux musiciens de nous montrer encore une fois leur talent, tout en calant des ambiances planantes et lumineuses avant d’enchaîner sur "Late In The 11th Hour" après un cri qui s’éteint finalement dans le néant. Les influences progressives du combo ressortent clairement tout au long de cette composition torturée et inspirée longue de plus de sept minutes. Le death metal se heurte à un son parfois clair, parfois gras et lent, parfois atmopshérique, mais surtout à une outro planante.

Les hurlements reviennent en force sur "Ships Of Black Glass", un titre résolument plus violent et sombre, bien que certains passages soient aussi totalement dissonants avec la base de la chanson. Les influences stoner sont déjà plus présentes, bien que reléguées au second plan, tout comme sur "The Iron Gates Will Melt". Un riff psychédélique prend possession de l’esprit de l’auditeur, mais les hurlements de Daniel suffisent à faire retomber la pression. La rythmique revient alors sur des tonalités torturées et nourries aux nombreuses harmoniques que le groupe distille, mais quelque chose manque malgré que le mix rende parfaitement honneur à la musique du combo. Après ces cinq minutes plutôt étranges, "The Vagrant Harlot" vient clore l’album. La composition défile au rythme des frappes millimétrées du batteur, qui se plaît à aligner un jeu technique et qui peut varier d’une seconde à l’autre sans transition. Si ce morceau est le plus complexe et le plus prenant, il est également le plus imprévisible de l’album !

Mélangeant toutes sortes d’influences, allant du doom à la voix claire caverneuse au metal progressif aux riffs alambiqués en passant par des claviers en fond, Usurpress tisse sa toile pour y piéger un auditeur qui ne sait plus à quoi s’attendre de la part des Suédois. Je pense qu’une balance impeccable sera nécessaire lorsque le groupe décidera de partager ses chansons avec un public en live.


Matthieu
Mars 2018




"The Regal Tribe"
Note : 16/20

A l'écoute de ce nouvel album, on peut dire qu'Usurpress fait du death dans tous les sens du terme, tout sent effectivement la mort sur "The Regal Tribe", de la musique à la pochette ! Ce dernier est le troisième album des Suédois et ne risque pas de décevoir les amateurs de metal putride.

Rien que l'intro de "Beneath The Starless Skies" est morbide et glauque à souhait, jusqu'à le groupe sur un riff rentre dans le lard à la limite du crust ! Pour faire simple, Usurpress c'est extrême, agressif, sombre et poisseux comme c'est pas permis. D'ailleurs, l'album est à écouter d'une traite de préférence puisque quasiment tous les morceaux se suivent sans blanc, faisant par là même de "The Regal Tribe" un bon gros monolithe suintant. Pas de débordements techniques ou de blasts chez Usurpress d'ailleurs, même si la musique du groupe est violente elle reste plus proche du crust et du death old school que des délires technico-sportifo-brutaux de la plupart des groupes de nos jours. Globalement, Usurpress pratique un death metal assez primitif, agrémenté d'un peu de finesse tout de même de temps en temps, principalement via quelques mélodies morbides à souhait. Mais la plupart des morceaux sont quand même bien énervés et surtout crasseux, morbides, glauques, poisseux, bref dégueulasses et death metal à 300% dans l'âme. Même si le death pratiqué par le groupe est old school, cela n'empêche pas Usurpress d'avoir une certaine identité, en plus de la patte typiquement suédoise. Sûrement grâce à ce côté extrêmement putride et morbide justement qu'on ne retrouve pas chez la plupart des groupes de death même dits old school, ce qui est tout de même le comble !

On retrouve donc à peu près la même formule que sur "Ordained" mais en version encore plus sombre et malsaine. Même la durée est quasiment identique, un peu moins de quarante minutes dans les deux cas. Si vous avez apprécié les deux précédents albums, vous devriez donc retrouver vos petits assez vite sur "The Regal Tribe", le groupe a connu une évolution naturelle et ne devrait pas surprendre les habitués de la maison. Ce n'est pas ce qu'on lui demande de toute façon, ce troisième album balance des ambiances dégueulasses à souhait et est doté d'une dose de patate et de rage qui fait son petit effet. Au milieu de tout ça, on a quand même quelques petites choses surprenantes, je pense par exemple à la mélodie mélancolique et surmontée de claviers dans le style orgue Hammond sur "On A Bed Of Straw" qui crée un décalage intéressant avec toute la crasse qu'on s'est pris sur le coin de la tronche jusque-là. Rien de révolutionnaire évidement puisque ce n'est absolument pas le but mais ça suffit à ne pas ressortir un troisième album identique et ça crée des ambiances intéressantes en plus de rajouter de l'authenticité à la chose. Parce que oui l'honnêteté de ces gars est indéniable, si le créneau death old school doit contenir son lot d'opportunistes qui essaient de se faire un nom sur une vague, Usurpress n'en fait clairement pas partie. Ces gars-là ont le feu sacré et on sent un réel amour du genre, ce qui n'est pas étonnant quand on voit Daniel Ekeroth ou Matte Modin dans le line-up.

Un troisième album qui pousse Usurpress dans des contrées encore moins accueillantes que d'habitude, le tout formant un bloc de quarante minutes de death putride et poisseux dont les amateurs du genre devraient se délecter.


Murderworks
Janvier 2017




"Ordained"
Note : 15,5/20

La superbe pochette du digipack signée de Ola Larsson (responsable, entre autres, du splendide artwork du "Swallowed By The Ocean’s Tide" de Sulphur Aeon) est trompeuse. On pourrait croire, à la vue de ce visuel, qu’Usurpress donne dans le doom mélodique ou gothique, pourtant c’est tout l’inverse que nous proposent ces Suédois. C’est du sale, du méchant, du brute que nous livre les Suédois pour leur deuxième album, le premier sur le label Doomentia (qui prend de plus en plus d’ampleur dans l’underground).

Crust punk / death metal, aux influences d-beat, mâtiné de doom crade et rongé par la vermine, c’est un beau menu gras à la haute teneur en cholestérol que vous propose ces enragés. Du swedish death old-school à la Entombed, Dismember, Celtic Frost ou encore leurs compatriotes de Bombs Of Hades, avec qui ils ont partagé un split CD il y a quelques années, mais avec une attitude punk old-school rappelant d’autres crusties suédois, à savoir Skitsystem.

Une batterie aux patterns inlassablement d-beat / punk / thrash, des riffs efficaces et basiques à la Venom, une basse ronflante et grumeleuse bien présente dans le mix, et un chanteur aux growls intelligibles (au timbre proche du chanteur d’Arghoslent) sont les ingrédients de ce "Ordained". Les morceaux, malgré leur rugosité et leur similarité, se démarquent ; les refrains (souvent le titre de la chanson répété plusieurs fois) restent en tête avec leur côté simpliste et fédérateur (réminiscences certaines de leurs tendances punk). "Fan The Flames Of Madness", "The Heart Of The Last Kingdom" et "Insignia Of Illumination" sont les moments forts de l’album, urgents et malsains, respirant la haine de son prochain.

Sachant aussi se faire plus fin et distingué, le quatuor démontre tout son talent musical par le biais de plages instrumentales et interludes sophistiqués. En témoignent la reprise du "Lothlorien" du compositeur suédois Bo Hansson (artiste progressif et visionnaire totalement oublié de nos jours, dont nous vous recommandons ces albums inspirés du Seigneur des Anneaux), très réussie et rafraichissante ; la magnifique transition "The Undeification",  installant une ambiance mystérieuse et forestière à grand renfort d’éléments extérieurs à ce type de son tels le piano, la flûte et le violoncelle, ainsi que l’outro. Surprenant mais réussi est aussi le chant clair que Stefan Pettersson adopte sur quelques passages (sur "Fire In The Minds Of Men", à connotation religieuse,  et le break de "Fan The Flames Of Madness" où son chant se rapproche grandement de Tom G. Warrior). Les nordiques font donc preuve de subtilité et de largesse d’esprit en étoffant leur spectre musical. De là à dire qu’ils deviennent prog, c’est une assertion que nous n’oserons pas énoncer.

Neuf petites déflagrations auditives, primaires et sales, ponctuées de quelques bulles d’air salvatrices, "Ordained" montre un groupe intelligent et qui n’hésite pas à explorer et défricher des territoires musicaux à première vue contradictoires avec son discours noir et nihiliste. Sans perdre son énergie et sa crédibilté, Usurpress affirme son style et son identité en vous crachant sa bile à la gueule, mais avec classe.


Man Of Shadows
Décembre 2014


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/usurpress