Je vais vous confier un secret. Vous voyez la petite biographie qui est juste au-dessus ? Ce n’est pas moi qui l’ai écrite. Quand on est chroniqueur, si on reçoit un album accompagné d’un press-book contenant une biographie, on la recopie (assez régulièrement) telle quelle. Pas par fainéantise non, mais parce que si le groupe s’est cassé le cul à en écrire une, c’est qu’ils veulent faire savoir des choses bien précises que nous ne pourrions pas communiquer mieux qu’eux-mêmes. Le problème, si ç’en est un, et que pour la première fois j’ai l’impression que le groupe a écrit la chronique (ou au moins sa conclusion) en même temps. Etant donné qu’ils écrivent les choses aussi bien qu’ils les jouent, en gentil connard je vais pomper leur conclusion et tâcher d’écrire les lignes qui la précèdent.

Je découvre, en retirant le film de protection, que le premier LP d’Under The Sun est un digipack. J’ai l’impression que ça fait des mois que je n’en ai pas eu entre les mains et c’est beau, très beau, d’autant plus que l’artwork qui y est apposé est absolument sublime de simplicité et de lourdeur. Quand on voit quatre pistes pour 51 minutes de musique, on sait à peu près à quoi s’attendre. Un son très lourd, très musical, des ambiances plombées, personne ne s’y est trompé, pourtant à s’y pencher de plus près, si le fond demeure identique, la forme, elle, change. L’ambiance installée par la musique est assez classique, c’est dans la manière de l’amener que Under The Sun se démarque. Premièrement, le groupe ose une introduction qui, au-delà d’être très progressive, laisse monter la pression sur un temps relativement long. Heureusement, c’est extrêmement bien fait, la qualité du son sert le travail du groupe et le plaisir de découvrir la suite comme le groupe l’a pensé nous retient d’avancer le morceau. Les distorsions percent l’air en restant harmonieuses, ce qui permet de passer du calme à la tempête en toute cohérence. Que celui qui n’est pas scotché se manifeste ou se taise à jamais. Vous voilà piégés sous le soleil. Initium…

Les sonorités claires n’ont pourtant pas dit leur dernier mot sur "Burst In Dawn". Voluptueuses, rassurantes, elles nous enveloppent et nous protègent des sonorités agressives qui viennent s’y mêler. Niveau violence, la voix n’est pas en reste et nous le découvrons un peu plus loin dans le morceau. Rauque et éraillée sans être criarde, elle ne supplante pas la musique mais vient la soutenir. Une chose est certaine, ce premier opus est doté d’un très bon équilibre. Evidemment sur des morceaux dépassant allègrement les dix minutes, on traverse de multiples paysages musicaux faits de calme, de violence, de distorsions, de clarté, de dissonances mais on finit bien souvent sur un temps fort à grand renfort de double pédale et de sonorités contradictoires. Ce schéma se répète une nouvelle fois sur "Anubis Path" avec toutefois un ton plus dur, plus sombre, même si les cordes enveloppantes qui se superposent sur les temps calmes amènent avec elles une sensation de sérénité. Notons également que le groupe sait se servir du chant avec parcimonie, laissant la musique exprimer ce qu’elle a à dire. Le groupe nous le prouve une nouvelle et dernière fois sur une note d’espoir avec "Scars Of Life". Les déchirements sont inévitables, l’important c’est de rebâtir derrière.

Il y a deux types de groupes, ceux qui commencent loin, très loin et qui à force d’expérience, finissent par pondre un truc appréciable voire franchement sympa et ceux, dont Under The Sun fait partie, qui sortent un peu de nulle part et qui foudroient dès leur premier jet. Ces quatre Montpelliérains - c’est le moment où je pompe- forment un quatuor puisant ses mélodies et ambiances au plus profond de l’esprit humain, au plus proche de l’apocalypse. Côtoyant aussi bien Neurosis que le pur post-rock, le groupe délivre une musique mélancolique touchant l’aube d’un lendemain tragique et celui qui l’écoute.