"Djinn"
Note : 14,5/20
Lors de ces dernières années, il s’est produit une recrudescence de black moderne
comme Batuskha, Mgła ou ici Uada. J’avoue que par rapport aux deux autres, Uada a
une place particulière dans mon coeur. C’est peut-être le seul parmi les trois groupes qui
m’a le plus marqué en concert. Avec ses deux précédentes sorties, le groupe nous a
sorti une flopée de chansons devenues des tubes. J’avoue que je suis un peu circonspect
avec "Djinn", rien que le design change du tout au tout. Mais bon, voyons voir ce que cela
donne !
Tout débute par le morceau-titre "Djinn" et quelques riffs qui marquent le ton, beaucoup moins sombres que dans
les deux précédents albums. Cela s'inscrit dans un cadre plus neutre, appréciable,
comme une légère ballade. Les parties plus black sont assez discrètes, le chant, quant à
lui, est menaçant et grondant. Ces éléments annoncent une future tempête qui va bientôt
s'abattre. Des chants tribaux surviennent comme dans l’album "Cult Of A Dying Sun"
accompagnés d’une légère touche atmosphérique.
Puis, l'utilisation de la batterie devient plus importante et prépondérante, ainsi que les
guitares. Quelques montées de basse relèvent le rythme à certains moments et
marquent un black plus sombre mais énergique comme une B.O de film. Malgré un vocal
toujours qualitatif, j’ai l'impression que "The Great Mirage" est plus rituelle que "Djinn", cela
laisse beaucoup de notes où on peut méditer, réfléchir, méditer, comme si je pouvais
survoler des nuages et admirer les plaines.
Soudain, j’ai la sensation de percevoir que les deux ambiances se mélangent comme
une fusion. Le chant se fait plus vociférant et les blast beats deviennent tonitruants.
Des légers fonds sonores de vent frémissent et des chants d’hommes de la nature se
font entendre. Je trouve que "No Place Here" contient de bons moments, comme des mauvais,
ce qui rend le tout assez inégal et peut-être l’une des belles mélopées de l’album.
Et cela repart sur un brouhaha, presque un flot de riffs tentaculaires avec "In The Absence Of Matter".
On a maintenant sur "Forestless" des riffs plus classiques dignes des premiers albums, comme un
retour de la bonne humeur je dirais. On ressent là un chant qui souhaite s’exercer à
toutes les techniques et c’est rafraîchissant. Ce sera sûrement une future bonne chanson
quand les concerts reprendront.
L’ambiance devient bizarre, étrange, malsaine presque science-fiction, ou stellaire, à vous de voir, avec "Between Two Worlds"
car les riffs sonnent à la manière de lasers, on se trouve vraiment éloignés des
précédents environnements sonores.
En conclusion, on est assez loin des premiers Uada. Il n’y a pas assez de notes ou de
mélodies qui restent en tête, qu’on peut écouter en boucle sans se lasser. C’est un autre type
de voyage sonore, qui ne m’a pas assez marqué. Néanmoins, cet album reste agréable et je
pense que la plupart des lecteurs trouveront leur compte !
"Cult Of A Dying Sun"
Note : 18/20
La troisième vague black metal du début de ces années 2010 ne cesse de perdurer à travers de
nombreux groupes tels que
Batushka, Regarde Les Hommes Tomber, The Great Old Ones et Uada... Chacun de ces groupes cités
redonne vie au black metal avec une production plus moderne et des riffs parfois plus planants.
Uada ne fait pas exception à la règle en s'inspirant de Mgla tout en délivrant une véritable touche
bien à eux avec leurs riffs à la fois dynamiques et hypnotiques dans l'album "Devoid Of Light" sorti
en 2016. Les musiciens américains nous régalent maintenant avec une nouvelle galette appelée
"Cult Of A Dying Sun" qui est en fait, d'après le dessinateur Chris Kiesling, le prequel de "Devoid Of
Light". En effet, les similarités entre les deux pochettes sont proches :
l'entité au centre de "Cult Of A Dying Sun" donne ou prend un enfant de la mère agenouillée à
gauche, on retrouvera cette mère au centre de "Devoid Of Light"
portant son enfant, l'air complètement attristé, avec des squelettes qui commencent à sortir du sol.
Est-ce que ce "Cult Of A Dying Sun" ferait réanimer les morts-vivants de terre à l'arrivée de
l'éclipse ? De la même manière que l'éclipse du manga "Berserk" ? On le saura peut-être un jour
mais concentrons-nous maintenant sur la musique.
Tout d'abord, l'ambiance qu'on connaît si bien est toujours présente dans les premières chansons mais
reste cependant discrète. "The Purging Fire" fait place à des riffs très dynamiques, avec un growl
agressif. La batterie est tout aussi énergique et stridente par moments. On retrouvera
ce même environnement sonore quelques temps après, pour laisser la suite à un growl plus énervé
et à une batterie plus pesante. Ce style de composition sera encore plus
marqué dans "Blood Sand Ash" : un orage de riffs surgit et nous laisse sentir que l'atmosphère sera
plus vive, le chant est toujours aussi agressif et caverneux, et la batterie
est toujours aussi efficace. On trouve à la fois dans cette chanson des riffs plus discrets ou bien
plus torturés. De l'autre côté des "Mirrors", les grattes reprennent
à des moments les chansons "Devoid Of Light" et "Natus Eclipsim" de manière grave et
saccadée. Les riffs et la batterie, soit mélodieux ou bien agressifs, domineront pendant
toute la durée de la chanson, la voix est toujours aussi incroyable s'adaptant et se modulant à
chacune de ces deux ambiances, on a même l'impression d'entendre deux growls différents
tellement c'est bien exécuté.
Ces trois extraits nous montrent que la recette Uada du début marche toujours aussi bien avec un growl
plus impressionnant encore. Une brise légère et de la pluie arrivent soudainement
pour nous faire entrer dans la partie la plus sombre de cette nouvelle sortie.
On est convié maintenant au "Cult Of A Dying Sun", on ressent l'ambiance qu'on entend chez
Mgla, la batterie est discrète et les riffs plus lourds, et un growl sort des
tréfonds des enfers, on rentre maintenant dans un environnement constitué de mélodies
discontinues avec les mêmes riffs et avec un chant plus grave. Oh mais attendez,
le culte a fait son effet : on entend Jake Superchi se transformer en loup-garou. Des "Snakes &
Vultures" avancent vers nous, on est entourés d'une certaine atmosphère
old school et à la fois planante, les riffs se veulent toujours saccadés et Mglaesques. Mais on entend
la voix devenir plus rauque et imposante, accompagnée d'une bonne batterie.
J'ai beaucoup apprécié ces mélodies, elles changent un peu de celles du premier album mais elles
manquent d'originalité.
Rentrons maintenant dans l'ambiance black atmo
du groupe.
Accueillis par "The Wanderer" avec des riffs plus mélodieux, on peut avoir l'impression qu'une
harpe est là avec les quelques cordes utilisées à certains moments.
La mélancolie nous gagne et la pluie tombe. Des voix s'unissent dans un environnement paganisant
saupoudrées d'une basse et d'une guitare plus post-rock. On repart plus tard
sur cette même ambiance qui est de plus en plus hypnotique. Emportés par le vent, on se retrouve
maintenant emprisonnés dans la "Sphere", un meurtre se prépare,
on ressent "Our Pale Departure" et "S.N.M." du premier album. Le chanteur se lamente, les riffs
sont toujours sous forme de mélodies tribales mais empreints d'une certaine mélancolie.
Un morceau de piano nous libère finalement de cet emprisonnement...
Comme j'aime beaucoup le black
atmosphérique et pagan, j'ai beaucoup aimé cette nouvelle tournure qu'a pris Uada dans ces morceaux.
On est sûrement devant l'une des meilleures sorties black de l'année, il y a une réelle diversité et on
ne peut pas s'empêcher de réécouter à chaque fois l'album pour savoir si on n'a pas raté un détail
tellement la composition est riche. Malgré tout, il ne faudrait pas tomber dans une certaine
monotonie notamment à cause d'une inspiration parfois trop présente de Mgla.
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