Le groupe
Biographie :

En 1996 Morten Veland (actuellement chanteur / guitariste de Sirenia, il a aussi sorti un premier album solo) crée le groupe Tristania et en compose les premiers albums jusqu’en 1999 où il quitte le groupe pour un autre projet : Sirenia. De nombreux changements de line-up perturbe quelque peu le groupe jusqu’en 2007 où c’est la chanteuse Vibeke Stene qui quitte le groupe à son tour et laisse sa place à l’Italienne Mariangela Demurtas aux côtés d’Anders H. Hidle et Gyri Losnegård à la guitare, Ole Vistnes à la basse, Tarald Lie à la batterie et Kjetil Nordhus l’ancien chanteur de Trail Of Tears au chant. Les Norvégiens nous proposent une musique gothique avec sans cesse un peu plus de renouveau à chaque album. "Rubicon" est sorti en Août 2010, suivi de "Darkest White" en Mai 2013.

Discographie :

1998 : "Widow's Weeds"
1999 : "Beyond The Veil"
2001 : "World Of Glass"
2005 : "Ashes"
2005 : "Midwinter Tears"
2007 : "Illumination"
2010 : "Rubicon"
2013 : "Darkest White"


Les chroniques


"Darkest White"
Note : 14,5/20

En 2010, Tristania sortait "Rubicon", son premier album avec la chanteuse Maria Angela Demurtas. Apprécié par certains, moins par d’autres, "Rubicon" était sans aucun doute la première pierre à l’édifice d’un nouveau tournant. Etant donné que je n’avais personnellement pas été convaincue le moins du monde, j’attendais le successeur de pied ferme. Aujourd’hui, en Mai 2013, "Darkest White" est finalement arrivé. Les premières écoutes ont été laborieuses ; la chronique était très peu positive. Et, au moment de l’achever, un phénomène étrange s’est produit. Je l’avais déjà vécu une fois, et vu l’étrangeté de la chose, je doutais qu’elle se reproduise un jour, mais si ! Ce qu’il s’est passé ? Une redécouverte d’un disque entier sous un jour nouveau.

Sans prétendre avoir le sentiment de me retrouver face à l’album de l’année, le charme est néanmoins bel et bien là, et c’est une bonne chose ! J’ai beau être particulièrement attachée aux premières heures de Tristania, un auditeur se doit d’accepter que tous groupes évoluent ; le fait d’apprécier personnellement ou non est optionnel. Cette évidence mise à part, une autre apparaît : un groupe ne parvient pas toujours à déterminer sa "nouvelle direction" en une seule fois. De là apparaissent des approximations, des tentatives infructueuses à convaincre à travers un son inédit, tout du moins pour eux. C’est la sensation que j’avais ressentie lors de mon écoute de "Rubicon". "Darkest White", quant à lui, m’a semblé –pas immédiatement, vu ma nécessité de reprendre ma chronique à ses prémices– beaucoup plus abouti.

Tout d’abord grâce au travail sur le chant, dont les trois types (voix claire féminine, voix claire et voix hurlée masculines) se mêlent avec brio, sont utilisées adroitement afin de permettre aux titres de dégager ô combien plus d’émotions. Le progrès principal vient, à mes yeux, de Mariangela : mieux placée, exploitée avec tellement plus de justesse que sur l’album précédent, son timbre clair a finalement trouvé sa place dans un ensemble qu’on aimait mélancolique. La leçon à retenir, pour ceux qui ne l’aurait pas encore comprise, est la suivante : ce n’est définitivement pas la peine de rechercher impérativement une voix classique pour apporter drame et émotion lorsqu’une chanteuse se montre capable de se servir habilement de son organe. Une de mes meilleures surprises se nomme "Diagnosis" : le tempo est lent, la voix claire masculine est délicieusement appuyée par la douceur de Mariangela, pour un résultat très sincèrement séduisant (qui, entre parenthèses, vous rappellera très probablement les grands moments qu’Anneke Van Giersbergen et The Gathering ont partagé ensemble). Le côté davantage axé rock demeure néanmoins, notamment sur un titre comme "Night On Earth", où les hurlements ne parviennent pas à assombrir la ligne entêtante de la guitare. Si les auditeurs ressentent le besoin d’écouter plus d’agressivité, qu’ils se dirigent vers le titre d’ouverture « Number », obscur et direct, ou le titre final "Arteries", où on se prend légèrement à regretter les quelques apparitions "adoucissantes" de Kjetil Nordhus, non pas par manque de qualité (que du contraire !), mais tout simplement parce qu’un refrain catchy n’était tout simplement pas nécessaire pour apporter son intérêt au morceau. Ces instants sont néanmoins rares sur "Darkest White" ; à mon grand bonheur, le groupe s’est redirigé vers le royaume mélancolique qui leur sied tellement bien !

Au final, mes deux plus grandes satisfactions sont celles-ci : tout d’abord la présence de Mariangela, qui prouve une fois pour toute que sa place au sein de Tristania est légitime et méritée. Ensuite, ces ambiances sombres, ces atmosphères envoûtantes et cette tristesse étrangement attachante… Ca ne vous manquait pas, à vous ? Si la découverte de "Darkest White" n’a pas été convaincante, je n’ai plus de doute quant à ses charmes et qualités intrinsèques. Il faut peut-être simplement prendre le temps de se laisser apprivoiser.


Gloomy
Mai 2013




"Rubicon"
Note moyenne : 12,75/20

Ça fait déjà un petit moment que j’entends parler du nouveau Tristania et enfin je l’écoute. Le groupe a fait beaucoup parler de lui durant ces trois dernières années qui séparent le dernier album au nouveau : "Rubicon" suite au changement de line-up et changement conséquent : une nouvelle chanteuse fait son appariation : Mariangela Demurtas. C’est un dépaysement total. Vibeke Stene avait une voix beaucoup plus douce, plus mélodieuse, à la limite parfois des accords lyriques. Mary a une belle voix sans aucun doute mais une résonnance beaucoup plus pop, bien qu’elle ait du "coffre", sur certains morceaux ce qui a tendance à enlever tout le charme "gothique" du groupe.

Je suis sceptique à l’écoute de l’album, j’aimais beaucoup l’ancienne chanteuse et j’ai peur que la nouvelle ne soit pas à la hauteur. Les premiers morceaux m’ont l’air complètement étrangers à ce que j’ai l’habitude d’entendre du groupe, et ça me déçoit plutôt qu’autre chose, j’ai l’impression d’écouter un mélange pop rock sur quelques accords métalliques, bien loin des titres "Equilibirium", "Libre", "Heretique" ou encore "Mercyside". Puis finalement, vers le milieu de l’album, je commence à percevoir les valeurs du groupe et tout ce qui fait le charme de Tristania. Le violon, le chant masculin / féminin. Et à ce moment là, même la voix de Mary fond merveilleusement bien dans la musique, elle ne me dérange plus et ne m’amène pas à regretter Vibeke Stene. Ca reste un groupe de qualité, qui sait parfaitement faire de la bonne musique, de jolis morceaux retiennent mon attention : "Exil", "Amnesia" et "Illumination", ces deux derniers me rappellent quelque peu les structures musicales qu’on avait dans les tout premiers albums de Tristania. D’autres titres font preuve de renouveau avec des refrains bien accrocheurs, ils renoncent à la voix guttu pour un chant masculin clair. Mais quoiqu’il en soit, on reste bien loin de la magie des premiers albums de Tristania qui jouaient un vrai metal gothique simple et beau. "Rubicon" est en quelque sorte la suite de l’opus "Illumination" pour qui, à l’époque, je n’avais pas franchement succombé.

C’est un album très professionnel, on ne peut pas le nier, quant à la nouvelle chanteuse elle ne bouscule pas tout le style du groupe et lui donne un petit quelque chose en plus. Tristania fait avec son temps et nous propose une musique évoluée, réussie et belle. Elle met de côté les accords gothiques de ces premiers albums. Dommage ou tant mieux, pour les nostalgiques des albums "Beyond The Viel" ou "World Of Glass", la différence se fait sentir. Mais un groupe a besoin de se renouveler et pour tous les vrais fans de Tristania comme tous ceux qui ont apprécié "Illumination" cet opus plaira à coup sûr. Je le trouve plaisant moi aussi car il est accrocheur, Mary dynamise le groupe et les accords restent de très bons accords, n’est ce pas suffisant pour faire un bon album ? Je vous laisse en juger par vous-mêmes.


Liz
Août 2010
Note : 14,5/20

Tristania, c’est une des principales icônes à laquelle on pense lorsque l’on mentionne le metal gothique. Et lorsque l’on mentionne Tristania, impossible encore à l’heure actuelle de ne pas avoir une pensée pour Vibeke Stene, sa sublime à présent ex-chanteuse (depuis son départ, fin Février 2007, peu après la sortie du précédent album du groupe, ‘Illumination’) à la voix puissante et cristalline, considérée par beaucoup comme un modèle à part entière. Légitimement. Car quel fan des Norvégiens prétendrait ne pas être parcouru de frissons aux souvenirs de ses performances vocales d’une technique remarquable ? Maintenant, 2007… c’est loin ! C’est loin, et Tristania est toujours vivant, avec un nouvel album –"Rubicon"- sous le bras, et une nouvelle frontwoman sur le devant de la scène : l’Italienne Mariangela "Mary" Demurtas. Pas une inconnue au bataillon étant donné que la belle officiait auparavant au sein d’Alight, groupe évoluant entre le gothique et l’indus. Trois ans après "Illumination", Tristania nous revient donc avec un tout nouveau line-up, prêt à enflammer son public à nouveau (?).

J’ai parlé du changement de vocaliste, mais, malgré tout, les autres nouveaux arrivants méritent également que l’on s’intéresse à eux. Mentionnons tout d’abord brièvement la guitariste Gyri Smørdal Losnegaard, pas inconnue elle non plus puisque, dans le passé, elle jouait au sein d’Octavia Sperati. Plus impressionnante, l’arrivée de Kjetil Nordhus ne pouvait laisser de marbre. Si sa route au sein de Green Carnation m’avait, je l’avoue, plutôt indifférée, il n’en a pas été de même lors de sa participation à l’un des albums de Trail Of Tears, "Existentia". De mon opinion, très bonne nouvelle que sa présence, donc. L’autre très bonne nouvelle porte le nom du producteur –et chargé également du mix– de "Rubicon", j’ai nommé le grand Waldemar Sorychta ! Parce qu’il y a bien une qualité qui frappe l’oreille d’un bout à l’autre et que personne ne pourrait contester : le son. Massif et détonnant, au caractère tout simplement péremptoire, notre homme a accompli ici du très gros boulot ! Bien lui en a pris, car pour ce qui est du reste… ma conviction n’est pas telle, et mon enthousiasme est, quant à lui, loin d’être à son paroxysme. Tous les groupes (on l’espère, tout du moins !) évoluent, pour le meilleur et pour le pire. En ce qui concerne Tristania, cette nouvelle tournure est –à mon grand damne ! – à mille lieux de m’émerveiller ! Avant de m’attarder sur les points fâcheux, j’en arrive tout d’abord à citer l’invité Pete Johanson. Oui, oui, Pete Johanson ! Je parle bien du violoniste ayant ravis les tympans sur "Widow’s Weeds", "Beyond The Veil" et "World Of Glass" ! Quel plaisir de l’entendre à nouveau ! Allez, je vais tout de même aussi mentionner Kjetil Nordhus et son arrivée bienvenue, compte tenu de ses capacités vocales séduisantes à l’envi. Heureusement, d’ailleurs !

Parce que s’il y a bien quelque chose qui prime sur le reste, sur ce "Rubicon", c’est le chant ! La place qui lui est accordée surprend par sa largesse, étouffe tout le reste sans complexe, surprend… déçoit. Où sont donc passées ces ambiances sombres, atmosphériques qui faisaient la caractéristique de Tristania ? Que reste-t-il du combot que nous connaissons depuis de si nombreuses années dans ces titres fades, vides et préfabriqués ? Facile, tel est le maître mot de ce nouvel opus. Facile dans ses compositions, facile dans ses structures, facile dans son accroche, facile aussi dans son formatage effrayant, avec ses ‘hits’ simplicistes aux refrains évidents et racoleurs ("Year Of The Rat", "Patriot Games", "Exil", pour n’en citer que quelques-uns), dont l’existence ne semblerait presque justifiée que pour allécher un public plus important, au détriment des plus anciens fans. Bon, il n’y a pas que du mauvais non plus : les quelques apparitions d’Anders H. Hidle (guitare) au chant hurlé et ses passages plus agressifs soulagent… pour décevoir encore davantage par après, lorsque l’intégralité des prises de risque (d’âme ?) disparaissent, une fois de plus. Je l’attendais, ce nouveau Tristania. Je l’attendais avec fébrilité, curieuse de connaître ce que les Norvégiens (et l’Italienne, ne l’oublions plus) allaient proposer. Mais le sentiment dominant, malgré de très nombreuses écoutes, est et demeure la déception. Juste un album sans surprise, que n’importe qui aurait pu pondre. Et que pourrait-il bien y avoir de plus triste que la constatation que cet ex-grand groupe n’a plus de Tristania que le nom ?


Gloomy
Septembre 2010
Note : 11/20


Conclusion
Le site officiel : www.tristania.com