Le groupe
Biographie :

Tragacanth est un groupe de black / death metal hollandais formé en 2014 et actuellement composé de : Jasper Van Minnen (batterie / Chained Messiah), OqPe Bune (guitare / Anarhia, Negura Bunget, Corruption, Opus), Erik Brouwer (guitare, basse, chant / Chained Messiah, ex-Mitrumothy, ex-Dazzling Darkness) et Terry Stooker (chant / Shadowpeak, Vartanian, ex-Shade Of Hatred, ex-Soulecy). Tragacanth sort son premier album, "Anthology Of The East", en autoproduction en Décembre 2015.

Discographie :

2015 : "Anthology Of The East"


La chronique


Être chroniqueur pour un webzine tel que French Metal a ses avantages, comme celui de découvrir des groupes de tous les horizons et de tous les styles. Aujourd'hui, c'est à une jeune formation néerlandaise que je vais m'intéresser, Tragacanth, qui sort ici son premier album, "Anthology Of The East". Le groupe comporte malgré tout en son sein des musiciens expérimentés comme OqPe Bune, guitariste de Negura Bunget, pour ne citer que le plus connu ! Tragacanth se revendique du black / death metal et son univers tourne autour de la mythologie babylonienne, domaine risqué s'il en est, Melechesh ayant un quasi monopole sur le sujet. Alors, plantage en beauté ou véritable intérêt ? La réponse dans ces quelques lignes bien évidemment...

Tout commence avec "Rebirth", intro d'un peu plus de 2 minutes jouée au clavier, rejoint peu à peu par les autres instruments propres au metal. Le thème est plutôt sympathique, me rappelant un peu certains passages de l'album "Imperium Grotesque" de Vindsval... Pas dérangeant en soi donc, mais assez éloigné de l'idée que je me faisais d'une ambiance babylonienne ! On enchaîne avec "The First Noble Truth", plutôt orienté vers un black / death metal symphonique, mais de nature plus brutale que mid-tempo... Là encore, on est assez loin d'une atmosphère orientale, mais les mélodies sont plutôt intéressantes, et le jeu est efficace et précis malgré un son un peu déséquilibré faisant la part belle à la batterie, assez impressionnante, et au chant. Malgré leur rôle prépondérant vu le style pratiqué, les guitares se retrouvent un peu trop en retrait et c'est dommage car le morceau perd ainsi en puissance de feu... Heureusement que les solos parviennent à tirer leur épingle du jeu ! En tout cas, même si tous les riffs ne sont pas au même niveau du point de vue de l'inspiration, la technique est quant à elle irréprochable... Un premier morceau pour le moins intéressant, même si on a encore du mal à cerner le registre choisi par le groupe !

Le morceau suivant s'intitule "Birth Of A Goddess" et son intro nous présente enfin une ambiance résolument arabisante, amenant peu à peu vers un metal extrême plutôt couillu à l'image de la batterie et de la double grosse caisse toujours impressionnante. Même si certains riffs semblent un peu trop scolaires à mon goût, la majorité est de plutôt bonne facture, tantôt rapides et acérés, tantôt faisant la part belle aux atmosphères plus mystiques. Le chant, quant à lui, alterne toujours black et death, même si ce dernier paraît un peu plus faible. Malgré ses déséquilibres évidents, ce titre reste plutôt intéressant, assez brutal, et avec des tonalités arabisantes ne sombrant pas trop dans le cliché, ce qui était ma plus grande crainte ! S'ensuit "The Gates Of Naraka" et sa courte intro à la basse... Le reste s'oriente vers un death metal plutôt brutal avec quelques saccades malheureusement un peu brouillonnes à cause d'un son de guitare manquant cruellement de précision. Mais le titre va petit à petit prendre son envol avec de jolies ambiances black metal, quelques mélodies et arpèges bien sentis et un chant toujours plus à l'aise dans les aigus que dans les graves ! Bref, encore le même sentiment d'hétérogénéité et d'absence de ce souffle chaud venant tout droit du désert et qui était sensé nous envoûter...

On poursuit avec "Kutayuddha", morceau mélodique plutôt accrocheur au feeling résolument suédois. On gagne ainsi en efficacité, et les parties de clavier sont plutôt bien intégrées à l'ensemble, pour une fois plutôt cohérent ! Et même si, à part ses textes, il n'a pas grand-chose de babylonien, ou en tout cas de l'idée qu'on pouvait s'en faire, on ne va pas bouder son plaisir car voilà bien, à ce stade de l'écoute, le morceau le plus abouti de Tragacanth : un savant mélange de death et de black metal, sympathique et parfaitement exécuté, même si pas forcément très original. Mais qu'importe, ne boudons pas notre plaisir et voyons alors ce que "God Of Hell" nous réserve... Eh bien un riff principal tout simplement parfait, voilà tout ! Il s'agit d'une jolie mélodie envoûtante, voire quasi hypnotique, appuyée par une rythmique solide malgré le son toujours un peu déstabilisant. On est en tout cas une fois encore dans une veine typiquement suédoise, plutôt agréable en soi, agrémentée de claviers toujours bien sentis, mais par bien des points beaucoup trop éloignée de ce que l'auditeur était en droit d'attendre au vu de la biographie du groupe ou même de l'artwork de l'album : vraiment dommage !

Place à "Destroyer Of Worlds" et à son intro entre cloches apocalyptiques et piano tout en légèreté et mélancolie. Après 2 minutes, Tragacanth va nous offrir un pur morceau black metal avec une fois n'est pas coutume un solide duo mélodie / rythmique... Il est alors énervant de voir le chant death venir gâcher l'ensemble ! L'efficacité de la voix black se suffit à elle seule, même si cet avis, bien sûr, ne regarde que moi... Mais après un début plutôt intéressant, le morceau ne pouvait pas rester parfait et les quelques saccades vont quelque peu gâcher la fête : pas forcément très inspirées et malheureusement affaiblies par le son ! Terminons notre écoute avec "Edimmu", long titre de presque 9 minutes... Le riff d'intro nous offre une ambiance plutôt sympathique, un peu grandiloquente, et la suite n'est pas en reste. C'est plutôt efficace et accrocheur, la ligne mélodique est inspirée, la brutalité est au rendez-vous, bref, que demande le peuple ? Peut-être un peu de surprise à l'image de ce petit interlude plutôt original au clavier, relançant de fort belle manière le morceau, aidé en cela par un solo impeccable ! Et l'arrivée du piano va même évoquer chez moi un certain Fleshgod Apocalypse, c'est pour dire... Et que dire du passage heavy metal à la Ancient Rites ? Bref, voilà LE morceau, excellent résumé de ce qu'aurait dû être l'album pour être parfait !

Voilà donc un premier opus des plus étranges que nous propose Tragacanth... Un son déséquilibré assez dérangeant par moments, mais malgré tout un niveau technique impressionnant. Des riffs typiquement suédois de haute volée et d'autres, comme certaines saccades, peu inspirés et très scolaires. Un chant black en tout point imparable et une voix death poussive et manquant cruellement d'impact. Et une volonté d'aborder des thèmes que l'on ne ressent que sur un seul morceau ! Le logo, l'artwork, les textes, tout dans cet "Anthology Of The East" nous fait attendre des ambiances arabisantes quasi inexistantes. D'un côté, tant mieux, cela évite les clichés et les redites, Melechesh, voire Orphaned Land ayant déjà beaucoup exploité le registre... Reste un album mitigé, comme si les Hollandais s'étaient cherchés tout au long des morceaux pour finalement se trouver sur le tout dernier ! Le chemin jusqu'à "Edimmu" a été long, tortueux et plein d’embûches, mais maintenant que la voix est tracée, gageons qu'on entendra à nouveau parler d'eux s'ils décident de la suivre...


Carcharoth
Mai 2016


Conclusion
Note : 13/20

Le site officiel : www.tragacanth.net