Parlons déjà de la pochette de l’album qui est digne des BD Creepshow, bien que le côté porno ait été ajouté, ça m’y fait vachement penser. Sex, gore, fun, un magma qui correspond largement à ce que j’aime, je salive déjà devant le skeud, comme si c’était une poule de luxe très prometteuse. Je déboutonne mon falzar, car quand on m’appâte comme ça, il y a intérêt à assurer derrière, je ne vais pas sortir le morlingue pour rien !

Le premier morceau commence à se dandiner devant moi : "Je ne peux pas croire qu’elle monte dans la camionnette avec moi", traduction littérale du titre d’ouverture... sûrement qu’elle monte pour nettoyer les tapis d’intérieur. Le manche sorti droit devant, la guitare ne joue pas le style que j’attendais, elle semble dans un délire d’astiquage en règle. Je suis surpris par cette prise en main d’entrée, l’envie de filer sans demander mon reste me traverse l’esprit, mais c’est ma camionnette. Alors je fais face ! "Autopsy Of A Cunt" s’écarte devant moi, je peux distinguer toute l’intimité de la compo, elle est variée, surprenante, j’y vois des choses à peine croyable : une longue vocalise rauque s’en échappe, elle palpite encore à différentes vitesses, du très rapide gravity blast au tempo plus progressif. Quant au manche, il est magnifique, la passion l’anime, il fait désormais partie intégrante du morceau, qui n’est, pour l’instant pas saisi par la rigor mortis. De magnifiques parties de guitares se matérialisent comme des parties lyriques magistrales, comme si la guitare était un organe vocal. Je pèle comme des fruits trop mûrs l’ensemble des morceaux qui défilent sous mes yeux, chacun d’eux est unique, gorgé d’éléments progressifs qui viennent s’allier au death metal extrême de Torn The Fuck Apart. Quel canon ce disque-là ! Tout droit sortie d’une promesse aguicheuse et virtuelle, je me retrouve devant une plantureuse réalisation, au corps parfait. La bombasse incendiaire aux huit spécialités aussi diverses qu’excitantes à la palette large. Son champs d’action ne se résume pas aux classiques petites commissions vite faites, d’ailleurs rien n’est vite expédié, c’est fait avec ce mélange doux et brutal qui ne peut qu’enchanter. Du brutal death le plus extrême aux passages mélodiques très réussis, je me sens comme un jouvenceau devant la plus savante des gagneuses, qui aguiche tellement que la sueur me coule le long de l’échine devant ses talents indéniables. Tout est fait avec précision, et d’une technique incroyable.

Moi qui m’attendais à une rencontre digne d’un rouleau compresseur qui ne m’aurait pas donné beaucoup d’émotions et qui aurait tout expédié en moins de deux… c’est tout le contraire qui se produit. Je frôle l’extase et m’abandonne devant ces huit spécialités, il aurait pu y en avoir 10 que mon plaisir n’aurait pas perdu une once de sa phase ascendante. Chaque morceau est une gifle, chaque seconde un moment de création, cette bombe devrait être connue par tous les amateurs de bonne chair fraîche, pleine de vie, qui n’aspire qu’à une chose, passer entre nos mains poisseuses de soudards.

Torn The Fuck Apart fait partie de ces groupes larges d’esprit, foisonnant d’idées géniales à exploiter. Du death le plus extrême, mélangé à plein d’autres styles, et sans aucune honte, cet album n’est rien d’autre que la bouffée d’air qu’il me fallait pour sortir la tête quelques instants des méandres du death metal, tout en y restant. Un skeud à écouter des dizaines de fois tellement les compos sont prenantes et pleines de folie. J’en reviens vraiment pas qu’elle soit montée dans ma camionnette !