Nouvelle signature de Debemur Morti, Throane débarque avec son premier album "Derrière-Nous, La Lumière" donnant dans une sorte de post-black metal avec quelques touches d'ambiant et un feeling assez chaotique.

"Sortez Vos Lames, Que Nous Perdions Nos Poings" commence sur une intro assez connotée dark ambiant, une ambiance d'ailleurs bien glauque forcément, prélude à un black metal aussi froid et dépressif que rageur et sans pitié. Et ce qui est fort, c'est que contrairement à la plupart des groupes de black cette rage ne passe pas par les blasts, en cela elle est comparable à un groupe comme Celeste qui arrive à vous arracher la gueule même si le tempo est lent. Pour le reste, on retrouve des dissonances et un climat général qui ne sont pas sans rappeler un certain Blut Aus Nord, sans jamais tomber pour autant dans le plagiat éhonté puisque Throane a une patte et un désespoir bien à lui. Là encore, quand je parlais de feeling chaotique, il est surprenant de se dire que les riffs et les structures sont relativement simples, c'est surtout le travail sur les arrangements et le son qui donnent cette impression de chaos, de rage et de désespoir à peine contrôlés. Ce one-man band fait preuve d'un certain esthétisme dans sa noirceur, là encore comme Blut Aus Nord d'ailleurs. Nous sommes loin d'un déballage de violence primaire ou de riffs déjà entendus mille fois, même si comme je viens de le redire certaines influences se font entendre. Encore que je pense que c'est surtout une approche similaire du genre qui réunit ces groupes plutôt qu'une réelle ressemblance musicale.

Même si la musique de Throane s'éloigne évidemment du black metal des origines, elle n'en réussit pas moins à restituer les mêmes ambiances, à cracher le même venin. C'est là que certains puristes devraient tilter, il n'y a pas besoin de suivre un quelconque dogme pour que le black metal sonne comme du black metal (soit dit en passant, suivre un dogme pour des blackeux c'est quand même le comble !). La forme dépasse évidemment le black metal pur mais le fond est bel et bien toujours présent. La production est bien dans les clous par contre, un son de guitares bien froid et sec qui vous tranche les tympans comme il faut. Pour faire simple et malgré la lenteur générale du temps, cet album est une agression constante, même ces passages les plus ambiants vont vous maltraiter par leur noirceur. Le placement de ces passages est tellement bien pensé que le quasi silence qu'ils installent est presque aussi violent que les passages les plus black. Une fois encore c'est l'art du contraste qui parle, pas besoin de ruer dans les brancards pour faire mal. Et croyez-moi, "Derrière-Nous, La Lumière" vous en veut du mal, malgré ses 32 petites minutes il ne vous laissera pas reprendre votre souffle et vous harcèlera du début à la fin.

Une fois de plus la scène black française se démarque, préférant affirmer une personnalité bien trempée plutôt que de suivre aveuglément une "tradition" propre au genre. En résulte un album forcément personnel, froid, rageur, noir et pour tout dire très bon dans son genre.