Découvrir de nouveaux groupes talentueux au travers de chroniques, surtout lorsque l'on ne s'y attend pas, ça fait toujours plaisir. Et lorsqu'on tombe sur l'album d'un groupe inconnu, autoproduit et musicalement de haut vol, c'est comme un anniversaire. The Wimps nous a foutu une grosse mandale avec ce deuxième album au titre apocalyptique, "Angel's Trumpet". Power trio franchouillard (et fier de l'être, comme peut en témoigner la chanson "The Frogs", la bande nous sert une vraie bombe de stoner rock aux relents metal appuyés.

Dans le créneau heavy / rock musclé et fumé hexagonal, on n'avait pas entendu un truc aussi bien fait, inspiré et solide depuis un baille. Puissant, groovy, et dynamique avec une touche noire et fangeuse comme on l'aime, cet album nous a mis a genou. Musicalement, The Wimps ne réinvente rien, entendons-nous là-dessus. En revanche, il joue et compose avec une telle perfection que l'on ne s'ennuie pas une seconde. Le trio s'inspire de Black Sabbath (les deux premiers albums ont dû tourner en boucle chez eux) pour ce groove bluesy décalé et ténébreux, de Down et d'Orange Goblin pour l'enrobage métallique bien bourrin et imbibé, ou encore de Sleep pour le fuzz.

Le titre éponyme débute comme un morceau de Black Sabbath, intro lourde et ambiance satanique, avant qu'un riff hypnotique et une grosse voix de bûcheron ne déboulent. Les riffs s'enchaînent vite et parfaitement, et font décoller le papier peint de nos murs. Fulgurance, énergie et fluidité d'écriture font de ces morceaux de vrais bijoux. Le groove de sorcier de "Stiff Whisky" est irrésistible, de même que son riff sabbathien tordu en milieu de parcours. Chaque titre à une humeur bien particulière et renferme au moins un passage vraiment marquant.

La section centrale de "Kingdom Of Mahr", avec ses soli fuzzi et mélodiques et son rythme lancinant et subversif, marque. Derrière son rythme faussement cool, sa basse cajolante et se huit minutes au compteur, "The White Shaman" nous ensorcèle grâce à une magie insoupçonnée. L'arpège introductif de "Country Bumpkins", rappelant "Fear" de Heaven And Hell, nous plonge dans l'obscurité. Le morceau évolue dans des tons sinistres mais avec un groove puissant et maléfique. Ce morceau pourrait servir de bande-son à un sabbat de sorcière.

Le son est parfait et sied à merveille aux riffs endiablés et telluriques du trio. Enregistré chez Clément Decrock au BossHog Studio (là où a été enregistré le dernier Dungortheb), le disque sonne puissamment, de manière ronde et authentique, sans en faire des caisses mais donnant une vraie couleur stoner et une dimension live à l'ensemble. Chaque coup de caisse claire ou de grosse caisse est comme un lutteur sumo faisant trembler le ring par ses pieds énormes. Toute l'énergie que doit émettre le groupe en concert se voit transposer ici, dans une simple galette de plastique. Bref, le son décape et fait vivre les compos.

The Wimps fait donc un sans faute éclatant sur cet album qui fait preuve d'une grande maturité. Il n'y a rien a jeter ; chaque chanson fait mouche, présentant des influences diverses au service de structures riches et colorées. Seul défaut, l'accent français, qui fait parfois grincer les dents. Cela se doit d'être perfectionner. Hormis ce détail, "Angel's Trumpet" est une réussite totale. Que les labels se penchent sur le cas de The Wimps au plus vite car il se peut que quelque chose de gros se profile. La scène stoner rock française vient de trouver un nouveau challenger de poids pour la première marche du podium.