Le groupe
Biographie :

The Vision Bleak interprète un horror metal parfait. Quand Ulf Theodor Schwadorf (Empyrium) et Allen V. Konstanz (Nox Mortis) ont fondé le groupe en 2000, ils n’ont jamais imaginé que leur projet commun développerait rapidement une vie indépendante. Le duo, mêlant théâtre et dark metal orchestral, ne connaît aucune limite de créativité. Doom et death, cordes et timbres opératiques, bandes-son de films d’horreur et fiction, tous ces éléments contribuent à nourrir une musique gothique, dans le véritable sens du terme. Jusqu’à présent, sur chacun de leurs albums, Schwadorf et Konstanz ont sondé différentes visions de l’horreur : de l’hommage à divers classiques sur "The Deathship Has A New Captain" (2004) au concept inspiré de l’œuvre de H.P. Lovecraft avec "Carpathia – A Dramatic Poem" (2005), du plus direct et lourd "The Wolves Go Hunt Their Prey" (2007) à la quintessence conceptionnelle et musicale "Set Sail To Mystery", The Vision Bleak créée un travail complet, autant au niveau de l’image qu’à celui du son, fait pour être transmis sur scène.

Discographie :

2004 : "The Deathship Has A New Captain"
2005 : "Carpathia - A Dramatic Poem"
2007 : "The Wolves Go Hunt Their Prey"
2010 : "Set Sail To Mystery"
2013 : "Witching Hour"
2016 : "The Unknown"
2024 : "Weird Tales"


Les chroniques


"Weird Tales"
Note : 19/20

The Vision Bleak ouvre à nouveau son livre de contes. Depuis les années 2000, Markus "Schwadorf" Stock (chant guttural / guitare / basse / claviers, Deinonychus, Empyrium, Ewigheim, Noekk, Sun Of The Sleepless) et Tobias "Konstanz" Schönemann (chant / batterie, Ewigheim, live pour Empyrium) alimentent leur “Horror Metal”, à qui ils donnent vie aujourd’hui sur leur septième album, "Weird Tales", qui sort chez Prophecy Productions.

Aidés par la violoniste Aline Deinert (Neun Welten, live pour Empyrium), le duo a créé un unique long morceau pour cet album, qu'il a nommé "Weird Tales", et qu’il a séparé en douze parties distinctes, dédiées à l’âge d’or de l’horreur poétique, et de la littérature mystérieuse. On y retrouvera donc bien entendu des références au niveau de l’ambiance inquiétante, mais également des paroles et des différents contenus visuels que le groupe nous offre pour agrémenter l’aventure.

Côté musique, j’ai choisi de vivre ces douze chapitres comme une seule et unique aventure, retrouvant pendant les quarante-et-une minutes du morceau l’oppression et la noirceur, la saturation et les riffs imposants entrecoupés de quelques parties en son clair, mais également les diverses interventions vocales qui nous guident et nous orientent dans ce labyrinthe de ténèbres. Seuls les interludes au piano nous assurent une véritable quiétude, mais ils sont régulièrement brisés par le retour de la rythmique, l’arrivée des hurlements ou même des leads entêtants et lancinants qui nous hypnotisent et nous enfoncent toujours plus profondément dans leur brume.

L’aventure reste tout de même marquée par une partie orchestrale centrale majestueuse qui assombrit une fois de plus le titre, laissant la saturation angoissante prendre possession de notre marche à travers ces bois hantés. On ressent également le changement d’atmosphère dans les parties censées être apaisantes, qui sont plus courtes et plus tristes, créant une véritable continuité dans la déchéance à l’oeuvre, mais elle prendra fin avec la toute dernière partie, où des sonorités lumineuses refont enfin surface, comme pour nous rassurer et nous sortir de ce cauchemar.

Entre toutes ses influences, The Vision Bleak a toujours su créer un univers unique et singulier, que ce soit dans la beauté pure ou en y ajoutant de la violence. "Weird Tales" va à son tour surprendre, mais il va surtout nous émerveiller


Matthieu
Mai 2024




"The Unknown"
Note : 16/20

Ce groupe, ou plutôt duo de metal gothique, est assez prolifique depuis la sortie de son premier EP en 2001. "The Unknown" s’avère donc être son sixième album complet. Transcendant avec aplomb les limites du metal gothique, The Vision Bleak s’approche maintenant de très près du black metal atmosphérique, venant ainsi jouer dans les plates bandes du groupe en hiatus perpétuel, j’ai nommé Eternal Tears Of Sorrow.

Leur bio mentionne qu’ils ont délaissé le côté plus sombre et terrifiant de leurs albums du passé pour une approche différente. Somme toute, le son Vision Bleak demeure tout de même assez similaire, le duo parvenant au fil des chansons à installer une lugubre atmosphère. Est-ce pour cette raison que les pièces vont pour la plupart au-delà des 5 minutes ? L’effet désiré est à demi atteint. Là où certains morceaux gagnent à être plus longs, d’autres tendent malheureusement à finir par lasser l’auditeur. On y ressent au début une impression de nouveauté qui s’éteint rapidement de par cette manie de vouloir étirer la sauce pour rien. À leur défense, peut-être la véritable raison de ces répétitions s’inscrit dans une démarche spirituelle pour faire de leur musique comme un mantra.

Certes les moyens sont beaucoup plus accessibles aujourd’hui pour parvenir à présenter un album complet sans avoir une formation "typique", il n’en demeure pas moins que le travail effectué par les deux membres de The Vision Bleak est colossal.

Au final, les groupes capables de telles prouesses théâtrales dans la composition d’un album sortant de l’ordinaire ne sont plus légion. Remercions donc The Vision Bleak de tenir bien haut l’étendard des groupes oubliés comme Green Carnation et Arcturus. Ne laissez donc pas l’étiquette de metal gothique affublée à The Vision Bleak empêcher les amateurs de metal plus rapide ou plus pesant de prendre le temps d’écouter ce groupe. Ce duo fort talentueux en surprendra plus d’un.


Mathieu
Septembre 2016




"Witching Hour"
Note : 17/20

Je sais, "Witching Hour" ne constituait pas une priorité immédiate et absolue. Je sais, j’ai encore d’autres chroniques sur le feu qui patientent depuis plus longtemps. Mais lorsque j’ai reçu cette nouvelle sortie de The Vision Bleak, mon sang n’a fait qu’un tour ! J’ai découvert le travail du duo allemand en 2005, grâce à l’album "Carpathia – A Dramatic Poem". Ce disque conceptuel, inspiré, comme les fans le savent déjà, du travail du maître H.P. Lovecraft, m’a aisément interpelée. Ce n’est pas le premier groupe qui prétend se placer aux sources du gothisme et en capter la véritable essence. Mais, sans aucun doute, il fait partie des quelques-uns à la hauteur de ses "prétentions". Puissamment travaillée d’un bout à l’autre, avec chaque détail visiblement consciemment préparé, l’œuvre de The Vision Bleak est peut-être discrète, mais réellement à part. Tout d’abord de part son visuel. Ce n’est pas un sujet sur lequel je compte m’attarder, bien que plusieurs pages seraient nécessaires pour tout détailler. Je me contenterai donc de suggérer aux sympathisants et autres curieux de jeter un œil attentif sur, par exemple, les vidéos du groupe. Et pourquoi pas la dernière en date, illustrant le morceau "The Wood Hag" ? Pour sûr, le travail formidable effectué par le talentueux Fursy Teyssier serait capable de faire pâlir d’envie Henry Selick, le tout en mettant en valeur avec brio un premier extrait diablement accrocheur.

Après avoir, avec "Set Sail To Mystery", vogué dans les eaux troubles d’Oscar Wilde, H.P. Lovecraft, ou encore Edgar Allan Poe, The Vision Bleak ne trompe pas un instant quant au contenu de sa nouvelle sortie. Comme son patronyme et les titres de ses morceaux l’indiquent sans détour, "Witching Hour" est une plongée dans le monde de la sorcellerie. Directe et sans retour en arrière possible… en tout cas pour ceux qui apprécient les ambiances pesantes, et les rythmiques martiales quasi industrielles. A l’image de "A Witch Is Born", les différents titres sont globalement créés sur ce mode d’idée, où la lourdeur et la martialité prennent leurs aises. Ce qui ne rend pas "Witching Hour" monotone pour autant. Dieu merci, une même ligne de conduite se décline ! C’est ainsi que vous découvrirez, sans doute avec plaisir, se côtoyer l’hypnotique "Cannibal Witch" et "Hexenmeister", probablement le morceau le plus axé metal du lot. "Pesta Approches" et son atmosphère particulièrement sinistre -grâce, en partie, à la voix d’outre-tombe d’Allen V. Konstanz- et le remarquable "The Blocksberg Rite" se retrouvent doté d’une flûte plus ou moins présente, pour un résultat respectivement lugubre, puis grisant. L’album se conclut -du moins sa version traditionnelle, différentes éditions spéciales étant agrémentés de compositions supplémentaires- sur un "The Valkyrie" de sept minutes et demi. The Vision Bleak nous a, par le passé, déjà offert de meilleurs morceaux longs, impénétrables et irrésistibles (oui, je fais bien allusion au sublime "The Charm Is Done"), et "The Valkyrie" souffrira sans doute légèrement d’une comparaison probable. Ceci dit, ses lignes mélodiques parfois étonnamment lumineuses et son refrain ensorcelant ne manqueront pas de séduire.

Pour terminer, je signale rapidement que "Witching Hour" est disponible sous divers formats, du plus classique à l’édition la plus prestigieuse. Si cela peut être la cerise sur le gâteau qui motivera les futurs auditeurs potentiels à soutenir un groupe d’une classe exceptionnelle, je ne m’auto-flagellerai pas trop longtemps pour ce rapide instant de publicité.


Gloomy
Octobre 2013


Conclusion
Le site officiel : www.the-vision-bleak.de