Le groupe
Biographie :

The Pineapple Thief est un groupe de rock progressif formé par Bruce Soord (chant / guitare) en 1999 à Somerset (Angleterre). Le groupe est actuellement composé de : Bruce Soord, Jon Sykes (basse), Steve Kitch (clavier), Gavin Harrison (batterie), et Darran Charles (guitare live). The Pineapple Thief est signé chez Kscope depuis 2008. Le groupe compte treize albums à son actif.

Discographie :

1999 : "Abducting The Unicorn"
2002 : "137"
2003 : "Variations On A Dream"
2005 : "10 Stories Down"
2006 : "Little Man"
2007 : "What We Have Sown"
2008 : "Tightly Unwound"
2010 : "Someone Here Is Missing"
2012 : "All The Wars"
2014 : "Magnolia"
2016 : "Your Wilderness"
2018 : "Dissolution"
2020 : "Versions Of The Truth"


Les chroniques


"Versions Of The Truth"
Note : 16/20

Deux ans après "Dissolution", The Pineapple Thief est de retour tel un coucou suisse avec "Versions Of The Truth", son treizième album. Pas de dépaysement à l'horizon et les amateurs savent déjà ce qu'ils vont trouver ici, du rock progressif feutré et tout en finesse.

Le morceau-titre ne perd d'ailleurs pas de temps pour distiller sa mélancolie et ses mélodies étonnamment catchy malgré une ambiance pas vraiment joyeuse. Quelques très légers arrangements electro ajoutent un peu de rythme dans un morceau très atmosphérique et tout en retenue et dominé par le duo batterie piano. Les guitares ne se font que de place sur ce premier morceau et on retrouve sur le refrain une patte proche des derniers albums studio de Steven Wilson avec ce mélange pop / rock / prog / electro. Même si The Pineapple Thief apporte à chaque fois sa patte, cette apparenté avec Steven Wilson est quand même toujours assez flagrante et peut probablement en gêner certains. Toujours est-il que "Versions Of The Truth" est habité du savoir-faire de Bruce Soord comme d'habitude, que ses mélodies visent juste et que ce rock progressif feutré fait toujours son petit effet. Les émotions sont mises au premier plan et le groupe produit ici une musique très épurée qui va à l'essentiel, tout passant par les mélodies, le chant et éventuellement quelques arrangements. Notons une fois de plus le jeu incroyablement fin, juste et inspiré de Gavin Harrison, qui fait des miracles avec tout ce qu'il touche. "Driving Like Maniacs" ne repose d'ailleurs quasiment que sur lui et Bruce Soord au chant, seul un piano et une basse apporte une touche mélodique et rythmique supplémentaire. The Pineapple Thief a vraiment voulu faire quelque chose de simple et épurer sa musique au maximum pour que les émotions se fassent un chemin naturellement.

La plupart des morceaux ont d'ailleurs un format assez compact et ne dépassent pas les quatre minutes, en dehors de "Our Mire" qui en atteint sept. Et si "Versions Of The Truth" présente un feeling général différent de "Dissolution", on y retrouve une noirceur similaire à laquelle The Pineapple Thief ne nous avait pas habitués. Cela ne rend les émotions que plus prégnantes et touchantes et l'aspect cathartique se sent malgré une musique très douce et atmosphérique. Un coup d'oeil sur les paroles ne laisse aucun doute sur le sujet et la rage s'y sent plus d'une fois, plus que dans la musique d'ailleurs. Une fois de plus, le fait que l'album ne dépasse pas les quarante-cinq minutes lui permet de garder son impact et de ne pas laisser une seule seconde à l'ennui pour s'installer. D'autant que The Pineapple Thief n'est pas du genre à laisser quoique ce soit au hasard, sa musique est travaillée jusque dans ses détails et tout est fait pour que la moindre note ait une raison d'être. Rien de superflu sur "Versions Of The Truth", le groupe y va peut être encore plus à l'essentiel que d'habitude et ces dix nouveaux morceaux passent à une vitesse folle. On entend d'ailleurs à deux reprises un marimba qui apporte une couleur différente à la musique du groupe et qui se retrouve d'ailleurs bien mis en avant sur "Stop Making Sense".

Un nouvel album toujours sombre, feutré, atmopshérique et tout en finesse. Une rage sous-jacente se sent surtout dans les paroles mais nourissent parfois la noirceur qui habite "Versions Of The Truth". Une fois de plus, The Pineapple Thief nous livre un album blindé d'émotions et qui frappe systématiquement juste.


Murderworks
Février 2021




"Dissolution"
Note : 16/20

The Pineapple Thief est de retour avec "Dissolution", son nouvel album et quelque chose me dit que l'ambiance a pris du plomb dans l'aile, entre la pochette ensoleillée de "Your Wilderness" et cette nouvelle pochette en noir et blanc, il y a un sacré contraste !

"Not Naming Any Names" ouvre l'album et fait office d'intro avec ses deux minutes au compteur mais suffit pour confirmer qu'effectivement ça ne va pas respirer la joie. Bon, il faut dire que la musique de The Pineapple Thief n'a jamais été particulière joyeuse mais là c'est un peu plus sombre encore. Pas d'inquiétude cependant puisqu'on retrouve bien ce fameux rock progressif mélodique, doux et empreint d'émotions et de sensibilité auquel le groupe nous a toujours habitué. "Try As I Might" remet un peu de vie là-dedans en remettant en avant le côté un peu poppy du groupe, histoire de proposer quelque chose d'un peu plus accrocheur et dynamique. On note que la parenté avec Porcupine Tree ou Steven Wilson est toujours d'actualité même si on le sent peut-être un peu moins cette fois. Les mélodies sont une fois de plus superbes et les émotions contenues dans ces nouveaux morceaux vous prennent à la gorge. La sincérité de l'ensemble ne fait comme d'habitude aucun doute et la qualité des compositions est indéniable, The Pineapple Thief nous montre une fois encore son talent insolent pour écrire une musique qui touche en plein cœur. Je ne pense pas avoir besoin de vous conseiller d'écouter la musique de The Pineapple Thief si vous êtes déjà férus de rock progressif mais dans le doute je le fais quand même, il y a chez ce groupe une sensibilité et une certaine classe qui lui permettent de faire dans l'émotion sans jamais être niais ou tomber dans le sentimentalisme à deux balles.

Comme je le disais plus haut, "Dissolution" évolue dans une ambiance plus ombrageuse que son grand frère, les mélodies sont plus mélancoliques et les lignes de chant tout accrocheuses qu'elles sont laissent clairement passer une certaine beauté sombre. On trouve quand même un ou deux morceaux plus directs et un peu moins profonds en guise de single, comme par exemple "Far Below" qui est loin d'être mauvais mais qui est construit sur des mélodies plus classiques. Pas de quoi bouder son plaisir pour autant, "Dissolution" ne fera pas tâche dans la discographie du groupe et les amateurs de rock progressif fin et mélodique se régaleront de la voix de Bruce Soord et des ambiances souvent poignantes que le groupe distille tout au long de l'album. Un groupe de prog n'en serait pas un s'il ne glissait pas au moins un petit pavé sur ses albums, c'est donc "White Mist" qui vient cette fois poser ses onze bonnes minutes. Les gros métalleux purs et durs auront évidemment déjà pris leurs jambes à leur cou mais ça c'est classique avec ce style de musique, il y a bien trop de finesse, de mélodie et de beauté ici pour les amateurs de gros riffs. Le jeu de Gavin Harrison illumine une fois de plus l'album avec ses parties de batterie aussi inspirées qu'impressionnantes, mais là encore c'est ce qui arrive sur tous les albums auxquels il participe.

Voilà donc un nouvel album un peu plus sombre mais toujours aussi beau sur lequel les amateurs de rock progressif en général ou de The Pineapple Thief en particulier ont déjà dû se jeter. Si ce n'est pas encore fait, allez-y sans crainte et laissez-vous porter par les ambiances aussi belles que planantes de "Dissolution".


Murderworks
Février 2019




"Your Wilderness"
Note : 16/20

On ne peut pas dire que Pineapple Thief prenne son temps entre chaque album, déjà le onzième depuis le premier en 1999 ! "Your Wilderness" est son nom et il ne devrait pas vraiment dépayser les amateurs du groupe.

Pour ceux qui ne connaissent pas, Pineapple Thief est un groupe de prog et non pas de metal prog. On est ici bien plus proche des albums solo de Steven Wilson ou des derniers Anathema que de Dream Theater ou Symphony X. Détail amusant le batteur qui joue sur cet album n'est autre que Gavin Harrison, batteur de Porcupine Tree ! L'influence est de toute façon évidente que ce soit dans le chant ou la musique en elle-même, il est clair que ces gars-là ont bouffé du Porcupine Tree au petit déjeuner. Sur cet album en tout cas, les autres albums du groupe ont déjà montré plus d'une fois que ces gars-là avaient une personnalité propre et étaient capables de changer de visage avec une facilité déconcertante. On retrouve donc un rock progressif doux, mélodique, accrocheur et assez classe et comme Porcupine Tree est en suspens indéfini, ce n'est pas plus mal d'avoir un autre genre dans un genre relativement proche. Je dis relativement proche parce que le metal que pouvait avoir Porcupine Tree n'est pas présent chez Pineapple Thief, on est vraiment dans du rock prog, pas de gros riffs qui taillent dans le gras ici. et même très peu de distorsion. On sent un peu plus de nervosité sur "Tear You Up" mais rien qui puisse contenter l'amateur de gros metal ou même de metal prog, ici il va falloir être un peu plus ouvert et être friand de mélodie et de douceur. "Your Wilderness" développe en tout cas une ambiance générale aussi planante que mélancolique, une espèce de beauté classieuse et pas très joyeuse, si vous jetez une oreille sur le morceau "That Shore" vous comprendrez très vite ce que je veux dire.

Autre détail à préciser pour ceux que l'étiquette prog pourrait rebuter, la plupart des morceaux ont une durée assez classique et tournent aux alentours de quatre minutes. Sauf "The Final Thing On My Mind" qui en fait dix parce que bon, on est un groupe de prog ou on ne l'est pas ! Globalement, Pineapple Thief ne s'amuse pas à perdre l'auditeur dans des structures labyrinthiques et des morceaux à tiroirs, ça reste assez accrocheur et les on est dans une structure couplet-refrain là encore assez classique. Ce sont vraiment les ambiances et les mélodies que le groupe déploie dans sa musique qui font sa force, à ce niveau-là le savoir-faire est évident et pour peu que vous ne soyez pas un bourrin dans l'âme, "Your Wilderness" devrait faire vibrer quelques cordes chez vous. Il est en tout cas assez étonnant de voir à quel point les albums du groupe sont bons quand on voit sa productivité, parce que sortir onze albums en dix sept ans sans jamais avoir pondu une bouse, il faut quand même le faire ! Surtout que, comme je le disais, le groupe, tout en gardant les mêmes bases, a déjà changé de visage plusieurs fois, je pense à des sonorités electro bien plus présentes sur d'anciens albums par exemple. Niveau production, c'est du très bon boulot propre et clair, ce qui n'est pas étonnant quand on sait que Bruce Soord a son propre studio et qu'il a récemment remixé le "Deliverance" d'Opeth.

Un onzième album très posé donc, plus que son prédécesseur en tout cas. Ce qui est sûr c'est que c'est toujours aussi bon et que même si on sent des influences communes avec Steven Wilson sur cet album, il n'empêche que les mélodies font mouche et que l'album est une réussite dans son genre. J'invite en tout cas ceux qui ne connaissent pas le reste de la discographie à y jeter une oreille attentive, car contrairement à ce que ma chronique peut laisser penser par endroits, ce groupe a sa patte et aucun album ne sonne réellement comme l'autre.


Murderworks
Décembre 2016


Conclusion
L'interview : Bruce Soord

Le site officiel : www.pineapplethief.com