Depuis 2011, la Syrie est en proie à un chaos meurtrier sans précédent. C'est pourtant dans ces circonstances que le duo Theoria s'est formé en 2012. Né des cendres et du sang, au centre d'une répression à la sauvagerie inégalée, "Mantra", leur premier album, ne se défend pourtant pas comme un quelconque témoignage politique comme on l'entend. C'est un cri jeté sur une humanité à la fois ignorante et désespéré.

"Chaque homme est une galaxie à lui-même" peut on voir sur leur page Bandcamp. La dimension "spirituelle" et "universelle" des Syriens est alors des plus originales (illustrée par la très belle pochette également) si l'on replace le contexte dans lequel à été conçu "Mantra". S'exprimant sur des thèmes comme l'égocentrisme, l'isolement, la faculté à "s'accrocher" à la vie, Theoria choisit de pratiquer un black metal atmosphérique, sombre et d'une profonde mélancolie, dans la lignée d'un Blut Aus Nord, Darkspace ou encore Chaos Moon. Servi par une assez bonne production pour le genre, le premier morceau "Sons Of Past's Decay" nous sert un "true" black metal traditionnel, basique où se greffe un clavier à la mélodie orientale au ralenti et un chant à la gizmo. Le rendu de cette alchimie a quelque chose d'insondable, dans l'esprit du premier Mundanus Imperium. Mélancolique dans son ensemble grâce à des leads rappelant les plaintes d'un Yearning, Theoria ne rechigne pas sur des dissonances malades rappelant un Deathspell Omega qui ferait dans le shoegaze.

L'oeuvre est sombre, triste, tripante parfois. Les mélodies en tremolo-riffing ont une véritable profondeur abyssale ("Theoria"), lorsqu'elles ne sont pas prises au pièges de structures parfois "douteuses"... "electro-spacial" sur ce dernier ou encore le passage thrash de "Inner Tempest", des plus incongrus, qui ne sert pas vraiment la narration. Non, les Syriens ne sont jamais aussi bons que lorsqu'ils expriment la mélancolie, simplement, sans fioritures.

Pour un premier essai et vu l'environnement hostile dans lesquel a été composé "Mantra", on ne peut que saluer le courage de ce duo. Seul bémol, des structures, parfois redondantes qui nous fait perdre le fil du propos. A suivre...