Le groupe
Biographie :

The Meads Of Asphodel est un groupe de black metal expérimental anglais formé en 1998 et actuellement composé de : Metatron (chant), James Tait (guitare, claviers, chant / Worms Of Sabnock, Gunslinger, Ebonillumini), Alan Davey (basse / Hawkwind, Gunslinger) et André Kjelbergvik Thung (batterie / Ebonillumini, The Higher Craft). Après les albums "The Excommunication of Christ" (2001), "Exhuming the Grave Of Yeshua " (2003) et "Damascus Steel" (2005), le groupe sort "The Murder Of Jesus The Jew" en 2010 chez Candlelight Records. En Avril 2013, c'est au tour de "Sonderkommando", toujours chez Candlelight Records.

Discographie :

2001 : "The Excommunication Of Christ"
2003 : "Exhuming the Grave Of Yeshua "
2005 : "Damascus Steel"
2006 : "In The Name Of God, Welcome To Planet Genocide" (EP)
2007 : "Life Is Shit" (EP)
2010 : "The Murder Of Jesus The Jew"
2013 : "Sonderkommando"


Les chroniques


"Sonderkommando"
Note : 17/20

J'apprécie beaucoup les albums de black expérimental. En général, les musiciens savent se démarquer et sortir des clichés persistants du milieu. Cependant, prétendre à du black metal expérimental ou avant-garde n'est pas chose aisée et cela demande beaucoup d'idées, éventuellement un concept. L'artwork fait plutôt brouillon je trouve, aussi on peut douter quant à la réelle qualité de l'ouvrage. mais en matière de metal noir (ou de metal tout court d'ailleurs), on a bien compris qu'il ne fallait jamais s'y fier.

Il est vrai que la production générale sur cet album peut également en rebuter certains. Personnellement je la trouve juste correcte, et à vrai dire, je m'en moque royalement d'une manière générale. Cela peut tout à fait avoir son charme. Pour ma part, ce qui compte, c'est l'essence même des compositions, pas leur paquetage (malgré la course aux sonorités ultra lissées de nos jours parfois, pour ne pas dire souvent, au détriment de l'inspiration musicale). Le moins que l'on puisse dire, c'est que le groupe prend quand même des risques à poser le morceau le plus long de l'album en premier (et quel morceau) et le second plus court en dernier, faisant office d'outro. Passé une introduction assez longue et plutôt mélodieuse, belle, quoique mélancolique, un riff sombre fait son apparition (à la sixième minute tout de même !), nous rappelant le style principal du groupe.

Cet opus est varié. Tantôt froid et sombre, tantôt plus mélodique et atmosphérique. Malgré certaines sonorités presque positives, quelques cuivres par ci par là, des nappes, de l'orgue, des cordes, un morceau instrumental plutôt pouet-pouet même, on sent un léger malaise en fond, collant tout à fait à l'esprit black metal, le tout sublimé par des ambiances simplistes sombres et un dialogue entre un demon ou quelque autre goule (?) et un enfant, le premier lui expliquant de manière plutôt cruelle que lui et sa mère sont "putain de" morts. On sent donc non sans raison que le concept général est assez funeste. L'album finit sur un morceau plutôt beau, cloturant de la même manière que cela avait débuté.

Bien que méconnu, The Meads Of Asphodel saurait très bien se faire sa place dans le monde du black metal. Reste à savoir si son côté avant-garde plairait aux inconditionnels de true black...


Lukos
Juin 2013




"The Murder Of Jesus The Jew"
Note : 15/20

Quatrième chapitre pour The Meads Of Asphodel, et les Anglais n'ont toujours pas changé d'optique vis-à-vis de leur black metal : c'est l'expérimentation vers des horizons musicaux et des vagues complètement paradoxales qui font de leur genre quelque chose de totalement unique et incomparable. Un peu à la manière d'un Misanthrope en France, The Meads Of Asphodel, divise inévitablement. On se retrouve soit à cracher sur leur musique, soit à passer derrière les remparts en tentant de se faufiler dans la côte de maille tant bien que mal et à assurer la défense du donjon contre tous les hérétiques qui viendront se frotter à nos archers.

Encore une fois de plus basé sur un concept qui tourne autour de Jesus, nos Britanniques excentriques et pourtant très guindés, ont voulu parler de son histoire et de sa mort par les romains il y a pas mal d'années. Et donc, pour y arriver, c'est grâce à douze nouveaux morceaux d'une durée de 63 minutes que The Meads Of Asphodel a misé pour traverser s'éloigner de la Tamise et s'enfoncer dans le tunnel qui nous sépare de la grande Ile. La sempiternelle voix de Metatron est toujours aussi spéciale, mais lorsqu'on y est habitué on lui trouve quelques menus intérêts. A coups de multiples guests présents sur cet album, tels que Mirai et Dr Mikannibal (Sigh) ou Hoest (Taake) et même Vincent Crowley (Acheron), parmi beaucoup d'autres, on assiste à la pose d'une nouvelle pierre à l'édifice bariolé de The Meads Of Asphodel. Le black metal reste le fil conducteur de toutes les chansons comme à l'accoutumée, mais on retrouve les excentricités typiques de ce groupe dans les nouveaux morceaux.

Si l'album débute sobrement avec un thème musical sur l'introduction, dont je n'ai pas su retrouver l'origine et l'inspiration, on peut citer en exemple "My Psychotic San Deity" qui, bien que l'esprit semble black, se munit de grands coups de guitares Pinkfloydiennes, piquées des années 70's, entre accélérations ultra brutales et passages teintés de comédie musicale avec une voix féminine superbe. Jamais on ne s'ennuie sur un album de The Meads Of Asphodel, c'est une véritable farandole de vagues musicales qui se superposent les unes sur les autres pour créer le monde particulier de ce groupe. "Apocalypse Of Lazarus", tient de l'adagio métallique, tandis qu'on se perd dans les passages de musique d'ascenseur de "Addicted To God". Mais comme déjà relevé précédemment, c'est constamment dans une ossature black metal que The meads Of Asphodel évolue. Même si l'on a pas mal l'impression d'assister à un opéra contemporain et surtout Britannique, j'ai énormément apprécié les digressions musicales présentes sur les chansons. En effet entre les tragi-comédies de "Addicted To God", les grattages de guitares Tziganes sur "Stiller Of Tempests", ainsi que le black'n'punk'n'roll de "Man From Kerioth" il n'y a pas le temps de s'apitoyer. Et même si l'on apprécie pas cette manière étrange d'écrire des chansons malgré tout superbement lugubres et bien pensées, on ne peut que s'agenouiller devant une telle créativité musicale. Ceux qui avaient apprécié l'originalité de groupes tels que Pan-Thy-Monium avec un saxophone endiablé, deviendront des fans inconditionnels de The Meads Of Asphodel.

C'est un concept, et en à peu près douze ans d'existence, ce groupe n'a jamais déçu et sa ligne de conduite a toujours été la même. Comme Cathedral a son armée de fans fidèles, je pense que The Meads a la sienne. On voyage encore beaucoup avec "The Murder Of Jesus The Jew", et entre grosses rythmiques bien méchantes, passages plus contrastés par des envie doomesques ("Jew Killer"), ainsi que d'autres nettement plus rock prog des seventies comme sur "Genesis Of Death", ou "A Canticle...", le monde de The Meads est un monde totalement à part dans lequel il faut avoir abandonné tout attache de repères extérieurs pour s'y perdre corps et âme. The Meads Of Aspohdel c'est un peu les Rita Mitsouko / Negresses Vertes du black metal, quelque chose d'envoûtant et dérangeant à la fois. Il faut y avoir goûté au moins une fois pour dire que l'on n'aime pas.


Arch Gros Barbare
Février 2011


Conclusion
Le site officiel : www.myspace.com/themeadsofasphodel1