The March c’est fini… Ouais, comme ça, un album déroutant, couillu et puissant, emballé dans un superbe digi cartonné et les mecs ont décidé de baisser le rideau. Malheureusement. Ce n’est plus trop légion les groupes qui savent faire une musique violente, différente et bien sentie. Alternant entre la puissance d’un séisme auditif et la capacité musicale qui transporte, le groupe nous livre ici cinq derniers tours de danse. The March a soigné sa dernière production, par un CD "maison" avec une gravure verte, et un digi plus que collector, l’objet est beau. Pour la suite, je vais tenter de vous la détailler dans la suite de l’article.

Dignes héritiers des grands Cult Of Luna, le groupe marche dignement sur leurs traces. Entêtantes, ces musiques résonnent comme une invitation au plongeon dans les bas fonds d’un monde décadent. Musicalement, le groupe fournit un travail très intéressant. Les guitares accordées très bas, avec une omniprésence de la basse et un chant déchiré. The March enchaîne les morceaux avec une qualité non négligeable dans une veine post rock renouvellée. Dans un paysage musical ou tout n’est que copie, The March fait figure d’exception, les Nordistes varient les rythmes et les mélodies, proposent des virages et des explorations puissantes dans les tréfonds d’un post rock saucé de hardcore. Les décibels affluent pour ce deuxième effort des Frenchies et on les prend directement dans la tronche. L’ensemble de ce 5 titres posthume est bien construit, avec une introduction où ronfle la basse… le silence quelques secondes et les guitares repartent de plus belle pour donner toute leur puissance aux morceaux. Cet écrin musical, violent, DIY (oui oui, vous avez bien lu "DIY", le groupe nous propose peut-être un des meilleurs albums "à la maison" que j’ai pu entendre ces derniers mois), vient se poser comme support d’une extrême qualité pour un chant, déchiré, puissant, profond, torturé et surtout d’une constance et d’une présence de grande qualité. L’album se lance doucement par "Carried Away", et lorsque le frontman rentre en piste : c’est l’apocalypse, on continue par un "Nate Williams" tout à fait impressionnant de puissance, qui s’enchaîne pour la suite sur un "Two Nights" du même acabit. Le groupe montre ses capacités musicales par le morceau  "Blood Stained" beaucoup plus scream, thrashcore. La fin c'est "The Dyed Wall" et des parties musicales plus calmes qui donnent un autre visage de The March.

Ce 5 titres posthume mixe différentes influences qui auraient pu ne pas se marier entre elles mais qui, de par une production "maison" de grande qualité, propose un ensemble puissant, impressionant et très cohérent. Malheureusement pourrait-on dire une fois de plus, ce 5 titres est posthume et le groupe a rendu les armes définitivement après 2 CDs d’une grande qualité. La relève métallique, les dignes successeurs de Knut ou encore, comme cité plus haut, Cult Of Luna étaient bien là, mais, The March a baissé rideau. Espérons, que, les différents musiciens, dans leur avenir et groupes respectifs perpétueront les grandes promesses entrevues dans "Crawl Space" dans leurs vies musicales respectives. Respect et bonne route messieurs.

"Dead Ends And Blind Spots"
Note : 16,5/20

La scène screamo-post hardcore est une scène difficile à pénétrer, rendre belle. Beaucoup de groupes s'y essaient et peu y réussissent. Avec des fers de lance tels que des groupes comme Neurosis, Converge ou encore Cult Of Luna qui y ont mis leur patte sublime. Au niveau Français, c'est un peu ras les paquerettes, rien de véritablement concluant ou véritablement convaincant. The March arrive au milieu de ce champ de guerre dévasté de tous soldats. Un son très proche des parties planantes d'un Cult Of Luna pour les couplets, les refrains étant écorchés vifs avec des structures dissonantes proches d'un Neurosis. Le CD est d'excellente facture, avec un son à la fois carré, bien foutu et cradingue sur les bords. Ce côté crade renforce l'ambiance générale du skeud, avec véritablement un "transport" comme possédé lors des parties mid-tempo et une batterie très lourde. La partie composition des guitares complètement décalée fait merveille. La basse ultra lourde et saturée complète à merveille une batterie martelant tel un marteau pillon. Le chant, minimaliste dans la veine d'un Cult Of Luna (encore eux), semble complètement venu d'autre part et agit comme le complétementaire idéal d'un ensemble musical bien foutu, carré, musical et complexe à souhait. Le seul regret vient du fait que le groupe ne cherche pas la nouveauté et s'appuie sur des choses déja faites et a peut-être encore un peu de mal à se défaire des ses influences. Mention pour "Monsters We've Created" véritablement de toute beauté. Le groupe semble promis à un bel avenir, ce premier CD leur en montre la voie.

Sam Décembre 2009