Le groupe
Biographie :

The Losts est un groupe du Nord de la France tournant depuis 2010. Plongeant dans le monde conceptuel des Egarés, les compositions très portées sur l’aspect mélodique se sont vite inscrites dans une mouvance heavy metal téintée de dark (Megadeth, Dio, Paradise Lost, Mercyful Fate, Therion ou encore Melechesh). "No God, No Devil", leur premier EP, est sorti en Mai 2013. "...Of Shades & Deadlands", le premier album 13 titres est sorti le 22 Avril 2016 en partenariat avec Ellie Promotion. Le deuxième album, "Mystery Of Depths", est sorti le 7 Mai 2021.

Discographie :

2013 : "No God, No Devil" (EP)
2016 : "...Of Shades & Deadlands"
2021 : "Mystery Of Depths"


Les chroniques


"Mystery Of Depths"
Note : 15/20

Après l'EP "No God, No Devil" en 2013, un premier album "...Of Shades & Deadlands" en 2016, de multiples concerts un peu partout dans le monde et un changement de bassiste, les Lillois de The Losts sont de retour avec un deuxième album, "Mystery Of Depths". Le style pratiqué est décrit comme étant du dark heavy metal et les influences citées vont de Megadeth à Mercyful Fate en passant par Iced Earth, on devrait donc avoir notre lot de bons gros riffs de poilus !

"Tattoo The Child" ne perd effectivement pas de temps et balance d'entrée de jeu la double grosse caisse, la cavalcade guitaristique typique du heavy, de bonnes montées dans les aigus qui ne sont pas sans rappeler un certain Judas Priest et un chant plus extrême proche du growl en soutien de temps en temps. Le rythme est soutenu et le groupe a décidé d'attaquer frontalement dès le premier morceau, pas d'intro pour poser l'ambiance non plus. Ce petit détail me fait plaisir d'ailleurs parce que j'ai l'impression que l'introduction est devenue un passage obligé dans tous les styles de metal, sauf que pour être honnête il y a une paire d'albums sur lesquels elle ne sert à rien. The Losts évite donc le piège et balance la sauce tout de suite, après tout on est venu chercher du gros riff. Même quand le groupe ne se fait pas foncièrement sombre, on sent tout de même une agressivité plus soutenue et une absence des mélodies parfois guillerettes que le heavy peut dispenser. "The Priests Control" balance même vite fait quelques accords dissonants, ce qu'on a l'habitude d'entendre dans le black metal mais beaucoup moins dans le heavy ! Ce chant crié / growlé à cheval entre le black et le death se fait entendre assez régulièrement et contribue beaucoup aussi à assombrir et surtout durcir le tout. D'ailleurs, sur "Until The End", ce sont même certains riffs qui flirtent discrètement avec le black metal, là encore une chose assez surprenante et que l'on n'a pas l'habitude d'entendre chez un groupe de heavy. C'est d'autant plus efficace sur ce titre que ces riffs quasiment black sont suivis d'un passage qui évoque Mercyful Fate avec cette ambiance horrifique qui colle très bien à l'ensemble.

Non seulement le mélange est très efficace et permet à The Losts de balancer une série de morceaux percutants et directs, mais cela lui donne en plus un bon moyen de se démarquer d'une scène qui a parfois un peu trop tendance à respecter les codes du genre. Je suis le premier à apprécier ça d'ailleurs, mais bon quand un groupe décide de s'émanciper un peu et de durcir le ton, ça fait du bien aussi. The Losts le fait autant dans les riffs parfois bien teigneux et puissants que dans les ambiances effectivement plus sombres que chez leurs collègues de la scène. Les morceaux ne s'étalent jamais et tournent en général autour des quatre ou cinq minutes et restent donc assez compacts, le meilleur moyen de garder le maximum d'impact. Le groupe introduit même discrètement quelques sonorités orientales sur certains titres histoire d'enrichir encore des ambiances déjà assez variées, passant du heavy sombre et rampant comme sur le court interlude "Revelation Of The Losts" à des morceaux plus belliqueux et frontaux. "Inner Wounds"  balance même des riffs à la limite du thrash et avec ces ambiances sombres, on pourrait presque penser de loin à Witchery, des sonorités que l'on retrouve aussi par moments sur le morceau éponyme d'ailleurs. Sachant que l'album est un concept, il n'est pas étonnant de sentir une cohésion assez forte malgré les différentes sonorités utilisées, un exercice pas si simple à réaliser mais que The Losts parvient à tenir sur "Mystery Of Depths". C'est d'autant plus réussi que la musique du groupe reste toujours accrocheuse et assez groovy, d'ailleurs "The Drug I Miss" en a à revendre du groove et se fait presque bluesy par moments.

Un deuxième album à la fois teigneux, sombre et accrocheur qui n'oublie ni le groove ni la mélodie. "Mystery Of Depths" trouve à la fois le moyen de respecter les codes du heavy metal et de les dépasser en y mêlant de multiples influences, dont certaines venues du metal extrême. The Losts réussit à taper dans le mille et mon petit doigt me dit que le jour où le live pourra reprendre ça devrait plutôt bien sonner sur scène tout ça !


Murderworks
Août 2021




"...Of Shades & Deadlands"
Note : 18/20

Eh bien voilà, les amis, trois ans après son premier EP intitulé "No God, No Devil", The Losts nous revient avec sa nouvelle offrande musicale sous le bras, le bien nommé "...Of Shades & Deadlands". 13 titres (dont un bonus) pour près de 39 minutes de pur heavy metal puissant et mélodique comme on l’aime, un premier album où les originaires du Pas-De-Calais continuent de plus belle le concept et l’histoire des égarés débutée sur "No God, No Evil".

Pour un défenseur de la scène française comme moi, recevoir de telles productions est toujours un plaisir, surtout lorsque l’on observe que le groupe va au plus profond de sa démarche créatrice et y est (reste) fidèle, toutefois je dois vous avouer un petit secret, je découvre réellement le travail, le monde, l’univers de The Losts grâce à "...Of Shades & Deadlands" et je ne suis point, mais alors point déçu ! Le premier EP avait été chroniqué il y a trois ans, quel plaisir aujourd’hui de constater que le groupe a franchi un cap et nous envoie en pleine face son premier album. Vous aimez les ambiances somme toutes sombres ? Vous aimez Helloween, Megadeth, Therion, Melechesh ou encore Mercyful Fate, Dio et Paradise Lost ? Eh bien dites-vous que si vous jetez un petit regard sur le travail de The Losts, vous retrouverez un peu de tout cela dans sa musique mais je vous laisse découvrir tout ça car je sais que vous êtes curieux ! "...Of Shades & Deadlands" est bien construit et s’axe vraiment autour d’une histoire, The Losts ayant inclus dans son album des interludes bien pensés, et puis cette trame narrative autour du concept des égarés ne fait que rajouter un  petit quelque chose d'attirant. Pour accompagner "...Of Shades & Deadlands", The Losts a mis les petits plats dans les grands. Je m’explique, encore une fois on a droit un très beau visuel (travail de Stan W. Decker) certes mais l’environnement de l’album (les photos signées Loïc Andrzejewski, les illustrations etc.) sont tout bonnement superbes, on n'en parle pas assez (et c’est fort dommage) mais là, c’est époustouflant. Et puis comme je dis souvent, un album c’est un tout, un ensemble.

A l’écoute de "...Of Shades & Deadlands", on sent réellement que le groupe ne fait pas semblant, qu’il s’éclate et se plaît à mettre en place son concept des égarés, ce premier album contient son petit lot de moments épiques tels que "My Devil’s Rising" qui ouvre de la plus belle des manières l’album, le très bon "Witchcraft" ou l’extraordinaire "Lema Sabachthani" où l’on sent toute l’inspiration orientale de The Losts et, cerise sur le gâteau on a droit comme je le disais plus haut à un titre bonus avec une seconde version de "My Devil’s Rising" où l’on retrouve cette fois Jean Marc Serry de Doomforge, Maxime Beaurain de Sythera et enfin Jean-Christophe Spreux de Haircuts That Kill en invités, le titre se transforme ainsi en un all star de l’underground français et prend de fait une sacrée dose de boost (il est déjà bien burné à la base, imaginez donc le travail avec la présence de, si je ne dis pas de bêtises, quatre voix aux registres bien différents ! Badaboum !).

Côté technique, "...Of Shades & Deadlands" bénéficie d’une très bonne production, le son presque live  apportant incontestablement quelque chose. Bref, on ne va pas tortiller des fesses longtemps : soutenez ("J’aime la musique, je la soutiens", ne l’oubliez pas !) The Losts ou soyez damnés ou si vous préférés soyez…égarés ! Pour cela, un geste simple, et ça se passe ici, non seulement vous pourrez écouter deux extraits de "...Of Shades & Deadlands" mais vous pourrez aussi télécharger et ce, de façon tout à fait légale et gratuite (merci The Losts !) le premier EP ! On se rend compte que le groupe continue réellement son concept, son histoire, approfondit son monde, son univers et on se rend aussi compte qu'il a bien évolué musicalement en trois ans.

En résumé, je dirais que "...Of Shades & Deadlands" pose de la plus belle des manières les jalons du travail musical de The Losts, il lui reste désormais à s’exprimer sur scène le plus souvent possible et à recevoir votre suffrage. Belle surprise pour moi, j’espère qu’il en sera de même pour vous… ! Que j’aime la scène française quand elle m’offre de tels albums !


Vince
Mai 2016




"No God, No Devil"
Note : 13/20

Il n'est jamais évident aujourd'hui d'écouter et de parler d'un groupe de heavy metal, pour la bonne et simple raison que le heavy metal est un style souvent ancré dans une période, ancré dans une génération, et qui a du mal à évoluer, à muter et que souventes fois, on préfère mettre de côté ce style de musique... Personnellement amateur et surtout respectueux de la vague française des années 80's, je parle de ADX, Vulcain, Rozz, Warning, Sortilège, Killers, Blasphème, High Power et j'en oublie, ce sont aujourd'hui des groupes boudés par une partie de la plèbe, et c'est un tort... La génération de transition comme tous les groupes tels que Nightmare qui ont su se transformer ou des groupes comme Headline et consorts, voire les derniers venus sur la scène comme Anthropia, ont également du mal à sortir la tête de l'eau... Pour ce qui est du heavy américain, certains ont réussi à tirer leur épingle du jeu, bien que W.A.S.P. soit en perte de vitesse, et que Manowar tienne la barre de son vieux bateau, on arrive souvent à avoir les noms de ces groupes sur le bout des lèvres tandis que les noms des groupes issus de notre hexagone ne sortent pas souvent de notre bouche...

Alors vu sous cet angle, il n'est pas évident de jouer du heavy metal quand on est français et encore plus quand on sort un EP aujourd'hui. Pourtant des groupes comme The Losts n'ont pas froid aux yeux et se laissent guider par leur passion, cette flamme que l'on a en soi et qui nous fait gravir des montagnes... C'est tant mieux d'ailleurs. The Losts, groupe du Nord-Pas-de-Calais, arrive sur la scène avec cette première production sortie cette année, qui aura mis du temps à venir, qui sera passée par plusieurs studios pour finir entre les mains de Romain Hianne... Voici un CD qui présente bien dans son artwork, qui démontre une volonté de bien faire et de donner au public du respect, on le ressent dans sa présentation, dans le son de la production qui est vraiment très propre, même s'il manque un peu de piment et qu'on pourrait y trouver trop de netteté, notamment au niveau de la batterie...

The Losts propose un cinq titres d'environ vingt minutes qui peut être considéré comme un trois titres, si l'on met de côté les deux livres de la génèse qui représentent des intro et outro narratives et épiques... Il ne reste par conséquent plus que trois titres pour se faire une idée de ce que peut composer The Losts. Loin d'un heavy metal survitaminé, mais plus proche d'un heavy raccroché à la NWOBHM naissante, The Llosts prend le temps de jouer et ne se perd pas dans la difficulté. Les morceaux sont posés et préfèrent se positionner dans des ambiances vraiment old school où l'ombre d'un Black Sab' de tiers de carrière (et ça le fait totalement avec la manière de chanter de YGC qui est autant irritante par moments que correspondant parfaitement au style sur d'autres, notamment sur "Mister The Fake" où le groove hard / heavy / bluesy prend le pas sur les mélodies pour donner au morceau cette couleur sépia) vient se greffer à des passages plus mélancoliques. Le premier titre "Kingdom Of The Losts" rappelle un peu le heavy / hard d'un Dokken du début des années 80, jusqu'à "Back For The Attack", où l'on ressent cette volonté de ne pas aller trop vite, de mettre de la mélodie et de se lâcher sur des lignes vocales plus envolées, plus enjouées, même si la voix de YGC a quelques freins de ce côté-là.

Le dernier titre, "The Headless Cross"  (devons-nous y voir un clin d'oeil à Black Sabbath ?), est, quant à lui, très typique d'un heavy anglais avec une rythmique proche d'un vieux Maiden en moins incisif, surtout sur la toute première partie du morceau, et des passages qui auraient été appréciés par Dio... Et si dans tout cela la tonalité old school est bien présente, il manque cependant à "No God, No Devil" un petit truc pour donner vraiment un élan à sa musique. On a la sensation hormis sur les premières parties de "Mister The Fake" et "The Headless Cross" que le groupe est stoppé dans sa vitesse, que les morceaux pourraient être à peine plus dynamiques et que cela changerait beaucoup la donne. Les titres sont corrects, mais au-delà du fait que c'est bien sûr du hard / heavy propre, on ressent ce manque de véritable folie qu'il faudrait aux morceaux. Le solo de "Mister The Fake" avec ce son très 70's est réellement le passage le plus tripant du CD, quelques chose de vraiment old school qui nous replonge dans le vieux Black Sab', le vieux Deep Purple, c'est certainement d'ailleurs le morceau le plus intéressant. Mais c'est de cela dont il s'agit, pour bien faire il faudrait que The Losts parte dans plus de folie psychédélique qui correspond à son style, au lieu de se cantonner à respecter des critères et des règles déjà établies depuis bien longtemps... C'est ici que The Losts n'arrive pas à convaincre entièrement et c'est dommage...


Arch Gros Barbare
Octobre 2013


Conclusion
L'interview : GGV

Le site officiel : www.thelosts.bandcamp.com