Le groupe
Biographie :

The Gathering est un groupe néerlandais atypique qui est passé du death / doom metal au rock atmosphérique. Le groupe est composé principalement des deux frères Rutten, Hans à la batterie et René à la guitare, et du claviériste Frank Boeijen. Mais le groupe était surtout connu pour sa chanteuse Anneke Van Giersbergen, qui depuis l'album "Mandylion", jusqu'en 2008, occupait la place centrale du groupe. C'est à présent Silje Wegerland qui offre au groupe son empreinte vocale.

Discographie :

1992 : "Always"
1994 : "Almost A Dance"
1995 : "Mandylion"
1997 : "Nighttime Birds"
1998 : "How To Measure A Planet?"
2000 : "Superheat" (Live)
2000 : "If Then Else"
2003 : "Souvenirs"
2004 : "Sleepy Buildings" (Live)
2006 : "Home"
2007 : "A Noise Severe" (Live)
2009 : "The West Pole"
2012 : "Disclosure"
2013 : "Afterwords"


Les chroniques


"Afterwords"
Note : 13/20

Cette nouvelle sortie de The gathering est assez particulière, à la fois par sa forme et par le contexte dans lequel elle a débarqué. Une compilation un peu inquiétante dans le sens où le groupe y est en perte de vitesse créative juste avant un hiatus indéfini.

Par sa forme parce que "Afterwords" contient à la fois l'EP "Afterlights" qui était sorti le même jour que "Disclosure" et qui contenait des version différentes de deux morceaux du dit album, et deux autres versions alternatives. On a donc au total quatre versions alternatives de titres du dernier album à savoir : "I Can See Four Miles", "Missing Seasons", "Paralyzed" et "Heroes For Ghosts". En plus d'être dans des versions différentes, ces morceaux ont changé de nom, ce qui donne respectivement : "Echoes Keep Growing", "Tuning In, Fading Out", "Sleep Paralysis" et "Bärenfels". Et pour compléter tout ça et donner de la consistance à la chose, le groupe a ajouté quatre nouveaux morceaux. Pour le contexte particulier, il faut savoir que Marjolein Kooijman a quitté le groupe et que celui-ci a annoncé peu de temps après se mettre en pause pour une durée indéterminée, on se retrouve donc avec une fin temporaire du groupe marquée par une espèce de compilation un peu bizarre. Globalement les versions alternatives des titres de "Disclosure" ne présentent pas de différences vraiment flagrantes avec les originales, on remarque une direction plus électronique et ambiante, proche du trip hop parfois, terres que The Gathering avait d'ailleurs déjà explorées par le passé. Mon attention se portera plutôt sur les véritables compositions inédites, qui se situent d'ailleurs à peu près dans la même veine. On note quand même sur "Afterwords" la participation au chant de Bart Smits, qui n'est autre que le chanteur de The Gathering sur le premier album "Always", qui s'est d'ailleurs bien amélioré avec le temps. "Areas" est lui aussi un morceau très electro / trip hop, "Gemini III" est la suite directe des deux premières parties présentes sur "Disclosure", reprenant les mêmes lignes de chant mais avec des arrangements différents. "S.I.B.A.L.D." constitue une sorte de longue intro très ambiante à la compil', presque dénuée de chant en dehors de quelques vocalises lointaines et "Afterlights" est un court instrumental qui était déjà présent sur l'EP du même nom.

Finalement, même si les inédits sont sympa et que les versions alternatives s'écoutent sans problème elles aussi, il n'y a rien de transcendant sur cette compil', ça me fait mal de le dire mais c'est peut être la première fois que The Gathering ne me passionne pas plus que ça. Peut-être que cette pause annoncée leur sera bénéfique, parce que même si "Disclosure" m'a mis une grosse baffe, je ne pensais pas que le groupe reviendrait après ça avec des morceaux revisités. J'ai toujours l'impression que les groupes qui réenregistrent leurs propres morceaux sont en panne d'inspiration, et pourtant The Gathering fait partie de mes groupes fétiches. Mais là force est d'avouer que les relectures ne sont pas renversantes, voir pas vraiment différentes des versions d'origine et que les inédits sont sympa mais tout à fait anecdotiques pour un groupe de cette trempe. L'exemple type est la nouvelle version de "Heroes For Ghosts" dont la version d'origine est magnifique et quasiment parfaite, il était fort peu probable que cette nouvelle version lui arrive à la cheville, ce qui est effectivement le cas, par conséquent je ne comprends pas l'utilité de revisiter ce morceau.

Une compilation à réserver aux fans absolus du groupe et qui ne présentera pas grand intérêt pour les autres, en espérant que ce ne soit pas la dernière sortie estampillée The Gathering. Même si ce break à durée indéterminée m'inquiète un peu, je pense qu'ils s'en remettront, après le départ d'Anneke tout le monde pensait que le groupe serait mort et après un bon mais un peu convenu "The West Pole", le groupe a montré avec "Disclosure" qu'il pouvait encore évoluer et nous sortir un album de grande qualité. Alors malgré cette compilation en demi-teinte, je pense que The Gathering a encore des choses à dire, laissons leur le temps de se ressourcer et on verra où ça les mènera.


Murderworks
Mars 2014




"Disclosure"
Note : 18/20

Après un "The West Pole" reçu en 2009 par un accueil assez mitigé de la part des fans, The Gathering est de retour cette année avec son nouvel album "Disclosure". Mais dès l'année dernière un nouveau titre présent sur cet album a été mis à disposition en téléchargement gratuit par le groupe, il s'agit du magistral "Heroes For Ghosts". De là à dire que le morceau a été offert si tôt pour réconforter les anciens fans échaudés par le précédent album il n'y a qu'un pas, en tout cas tout le monde s'est accordé à dire que ce titre là était excellent. Le tout était de savoir si tout le reste de l'album allait être au niveau, d'autant que ce "Disclosure" est l'occasion de voir si Silje Wergeland s'est bien intégrée au groupe puisque c'est déjà son deuxième album au sein de The Gathering.

Et là où "The West Pole" pouvait souffrir d'un certain manque de profondeur ce "Disclosure" renoue avec le grand The Gathering niveau qualité, et je précise bien "niveau qualité" pour ne pas faire croire à certains que la période Anneke est de retour. Même si Silje a une voix similaire et que certaines lignes de chant y font penser la musique du groupe s'est métamorphosée avec le temps, toujours est-il qu'elle est redevenue plus profonde et plus riche que sur le précédent album. Et malgré ces similitudes on entend clairement que Silje a pris ses marques avec le groupe et que son chant s'émancipe, sur "The West Pole" on sentait encore une certaine retenue qui a disparu ici. Elle ne se contente plus de ne pas dérouter les anciens fans toujours en "deuil", elle affiche sa personnalité et enrichit les nouveaux morceaux de sa propre sensibilité. En fait à l'écoute de ce "Disclosure" on se dit que son prédécesseur a servi de transition, sans être mauvais (loin de là) il marquait un changement de line-up important et le groupe n'a peut être pas voulu trop expérimenter de peur de se perdre.

Cette fois The Gathering a décidé d'aller de l'avant comme il nous a toujours habitués à le faire depuis ses débuts, et même si leur style n'est pas révolutionné de fond en comble l'album est parsemé de nouvelles sonorités ou de structures différentes. Et surtout la musique du groupe est redevenue plus tortueuse, elle a laissé derrière elle le côté très pop qu'on pouvait entendre sur "The West Pole" pour partir dans quelque chose de plus varié et plus difficile à assimiler. La beauté qu'on lui a toujours connue est toujours là, encore plus présente, moins immédiatement perceptible mais à vous coller des frissons une fois qu'elle vous a trouvé. A ce titre la fin de "Meltdown" me colle la chair de poule à chaque fois, entre la mélodie magnifique et le chant fragile de Silje impossible de ne pas succomber. Pour en revenir aux relatives expérimentations le fameux "Heroes For Ghosts" en est un bon exemple, une composition à tiroirs de près de 11 minutes, chose que le groupe n'avait pas refait depuis très longtemps (depuis "How To Measure A Planet" en gros, autrement dit leur album le plus "expé"). The Gathering continue à avancer mais renoue avec l'inspiration qu'on lui a connu sur certains de ses meilleurs albums, et je considère ce "Disclosure" comme en faisant dorénavant partie.

Je fais bien entendu partie des gens qui adorent les anciens albums et qui sont définitivement tombés sous le charme de la voix d'Anneke, mais le groupe montre cette fois à tous les sceptiques qu'elle n'était pas l'unique intérêt de The Gathering et que Silje est assez talentueuse pour prendre la relève tout en permettant au groupe de continuer à défricher d'autres terrains. D'autant que je serais tenté de noter une perte d'inspiration déjà sur "Home", dernier album avec Anneke justement, il y a peut être un lien de cause à effet. D'ailleurs avec des morceaux comme "Paralyzed" ou "Heroes For Ghosts" (encore lui oui, mais écoutez le et on en reparle après) on se rend compte que la musique du groupe a rarement été aussi sombre, l'ambiance est sacrément plombée et on ressent souvent ce sentiment tout au long de l'album. On sent les membres se livrer comme ils ne l'avaient plus fait depuis un bon moment, d'ailleurs le titre de l'album signifie "divulgation" ou "révélation" et je doute que ce soit un hasard.

Même si j'avais apprécié "The West Pole", j'y ai ressenti aussi une baisse de qualité par rapport au passé glorieux du groupe. "Heroes For Ghosts" m'avait redonné de l'espoir, tout en laissant le doute que ce titre serait le coup d'éclat de l'album perdu au milieu de titres plus faibles. Mais il n'en est rien et "Disclosure" nous permet de retrouver un The Gathering en très grande forme que beaucoup pensaient sûrement avoir définitivement perdu. Alors bien sûr il restera les éternels inconsolables mais pour ceux là on ne pourra rien faire, si ça ne passe pas ça ne passe pas. Toujours est-il que "Disclosure" est un autre grand album de la part d'un grand groupe, et que pour quelqu'un comme moi qui place The Gathering dans ses favoris c'est un vrai bonheur de pouvoir écouter ce pur bloc d'émotions après un léger passage à vide dans leur carrière.


Murderworks
Novembre 2012




"The West Pole"
Note : 14/20

Difficile de chroniquer un tel album… dans le genre, c’est un bon album, mais… car finalement, tout est dans le mais ! On aurait pu penser que suite au changement de line-up, The Gathering en aurait profité pour se remettre en question et donner une orientation un peu neuve à sa musique. Et là est, pour moi, tout le problème : une prise de risque zéro, une continuité tellement flagrante qu’on pourrait croire qu’ils sortent des morceaux composés pour "Home" et non utilisés à l’époque. J’ai l’impression d’être face à un étudiant qui a bachoté ce qu’il faut pour passer son exam, sans viser la mention pour autant. Il y a quelque chose de basique, parfois, dans la composition, dans les rythmiques, qui laisse un petit goût d’inachevé, une légère impression de bâclé. Toutefois, l’album est très sympa à écouter, il est même plutôt bon, mais j’en attendais plus de la part d’un groupe avec quelques merveilles au compteur.

Niveau chant, la petite nouvelle s’en sort plutôt bien, mais pas au point de faire oublier Anneke. Beau boulot, cependant, une voix chaude et remplie d’émotions, mais qui semble un peu calquée sur celle de dame Van Giesberg. Deux autres voix viennent s’y ajouter de ci de là. L’album s’ouvre sur "When Trust Becomes Sound", un titre aux guitares saturées qu’on pourrait croire capturé en live. Suit "Treasure", morceau qui voit réellement l’arrivée du chant, plaisant, mais qui ne casse pas trois pattes à un canard. Le troisième titre, "All You Are", est un potentiel tube qui rappelle les meilleures années de the Gathering, époque "Nighttime Bird" ou "Mandylion" sans pour autant en atteindre le niveau. La voix de Silje Wergeland se fait caressante et commence à se démarquer. Le dernier morceau, "A Constant Run", possède lui aussi l’étoffe d’un tube, doux et catchy à la fois, le genre qui fera sauter les foules lors de la prochaine tournée. Dans un registre différent, "You Promised Me A Symphony", morceau intimiste piano-voix, me fait penser à Tori Amos (j’ai connu pire, comme référence !). "Capital Of Nowhere", quant à lui, s’immiscerait fort bien dans la bande originale de Grey’s Anatomy, à la manière d’une Laura Veirs en plus atmosphérique. Toujours dans l’atmosphérique, "No Bird Call" est un morceau acoustique, planant et plus relaxant qu’un CD Natures et découvertes. Pour moi, le meilleur morceau de l’album est sans conteste "Pale Traces" où les arrangements, les voix et les cordes vibrent à l’unisson, offrant à l’auditeur un frisson et un très beau moment.

Au final, on est plus proche de l’atmosphérique que du metal. C’est un album qu’on aime écouter en musique d’ambiance, pour se détendre, ou quand on souhaite un break auditif en voiture tard le soir. Dans l’ensemble, c’est un bel album, un bon album et vraiment, j’aime l’écouter. Cependant, je ne peux me résoudre à lui mettre une excellente note… manque un petit supplément d’âme par rapport aux précédents. Je vois "The West Pole" comme un album de transition, qui scelle le nouveau line-up mais où ce dernier n’a pas encore trouvé sa vitesse de croisière. La qualité est toutefois là et je vous recommande donc malgré tout chaleureusement de l’écouter. Sur ce, moi, je m’en retourne à une petite écoute de "Pale Traces"


Tiana
Mai 2009


Conclusion
Le site officiel : www.gathering.nl