"Royal Destroyer"
Note : 17/20
The Crown continue son avancée. Créé en 1990 sous le nom de Crown Of Thorns, le
groupe sort deux albums puis change de nom, avec également un passage sous le nom de
Dobermann entre 2008 et 2009. Côté line-up, Marko Tervonen (guitare, Lady Mourning)
et Magnus Olsfelt (basse) sont présents depuis les débuts de la formation, et bien que
Johan Lindstrand (chant, ex- One Man Army And The Undead Quartet ) soit parti quelques
années, il est bel et bien de retour depuis 2011. Robin Sörqvist (guitare, Impious) et
Henrik Axelsson (batterie, Implode) ont respectivement rejoint leurs rangs en 2013 et 2016
après quelques sessions live.
Quoi de mieux pour débuter un album qu’un titre accrocheur et rapide ? "Baptized In Violence"
endosse parfaitement ce rôle avec un groove prenant, des mélodies tranchantes et des cris
énergiques. "Let The Hammering Begin!" prend immédiatement la suite, apportant des riffs
sanglants dans un esprit death / thrash agressif et très efficace, pendant que ces mélodies
acérées nous tournent autour. Le morceau est plus long, permettant au groupe d’alterner les
phases rapides aux solos endiablés et les parties groovy, puis "Motordeath" revient nous faire
headbanguer avec une introduction qui ne nous laisse pas le choix. Le groupe nous jette
sans ménagement au milieu d’une fosse inarrêtable, qui ne cessera pas de remuer pour
"Ultra Faust". Si le titre ralentit un peu la cadence, il reste terriblement accrocheur et très axé
sur une dynamique thrash, auquel le groupe ajoute cette lourdeur du death metal. Des
passages plus sombres s’ajoutent à la rythmique, offrant des leads noirs, tout comme sur la
mélancolique "Glorious Hades". Le morceau est plus lent, mais tout aussi prenant, en
particulier grâce à l’alchimie entre harmoniques et rythmique épaisse.
On revient dans ces riffs suintants d’énergie de rage pour "Full Metal Justice", un titre rapide
aux harmoniques explosives, offrant une base parfaite pour les hurlements du chanteur et
quelques choeurs hurlés. "Scandinavian Satan" prend la suite, et se présente comme l’un
des titres les plus punk que le groupe ait composés, tout en emmagasinant une dose
d’énergie brute importante, et un refrain que l’on veut déjà hurler au premier rang de leurs
concerts, puis "Devoid Of Light" revient assombrir l’horizon. Des sonorités old school se
greffent au mélange agressif et sanglant du groupe, qui n’hésite pas à caler quelques
influences black metal à sa musique. "We Drift On" repart sur ces racines de death
mélodique planantes que l’on connaît au groupe pour ce qui semble être une ballade
aérienne, dont l’intensité croît lentement jusqu’à ce refrain final, qui nous laisse respirer
avant "Beyond The Frail", le dernier titre. Une véritable tornade de riffs s’abat sur nous, entre
un tapping entêtant, une rythmique efficace et un vocaliste qui se surpasse, proposant un
final incroyablement efficace !
L’efficacité est le maître-mot du death / thrash mélodique de The Crown. "Royal Destroyer"
nous offre dix titres d’une violence explosive, qui savent parfaitement faire l’équilibre entre
tonalités brutes et leads travaillés. Le passage au live sera sanglant !
"Cobra Speed Venom"
Note : 16/20
Vous pensiez connaître des groupes avec des histoires torturées ? Eh bien à mon avis, The
Crown en fait partie. Le groupe a débuté en 1990 en tant que Crown Of Thorns, puis est
devenu The Crown en 1998. Mais en 2004, les Suédois font une pause de quatre ans pour
revenir pendant un an sous le nom de Doberman avant de redevenir The Crown en 2009.
Et étrangement, c’est entre 1998 et 2004 qu’ils ont été le plus productif, avec sept albums
(dont trois en 2002) ! Côté line-up, Magnus Olsfelt (basse) et Marko Tervonen (guitare) ont
vécu toutes les périodes du groupe, alors que Johan Lindstrand (chant) a eu une petite
pause entre 2001 et 2002. Les dernières recrues sont Robin Sörqvist (guitare) et Henrik
Axelsson (batterie), mais tous ont mis la main à la pâte pour créer "Cobra Speed Venom", le
dernier et dixième album du combo. Prenez garde !
Après une introduction sombre et inquiétante qui frôle la musique classique, "Destroyed By
Madness" est un titre qui s’inspire clairement du Gothenburg Death Metal. Quelques racines
thrash par-ci, par-là, et le combo est lancé. Les parties lead n’empiètent pas sur la
rythmique ni sur le chant, supporté par quelques choeurs. "Iron Crown" continue sur la même
lancée, avec quelques harmoniques en plus et un tempo accru, mais c’est surtout la guitare
lead qui me choque. Presque dissonante, elle se fond à merveille sur des riffs déjà
puissants. Le break vous donnera une folle envie de headbanguer alors que le solo paraît
plutôt épique, mais c’est "In The Name Of Death" qui retient mon attention. Très martiale,
cette composition est une véritable déferlante. Une fois l’introduction à la batterie passée,
vous n’êtes probablement pas prêts pour cette tornade.
Un clavier presque dérangeant marquera le début de "We Avenge!" pour une rythmique très
thrash, mais toujours avec la voix caractéristique de Johan, aidé par Robin. Le break peut
surprendre, mais on passe rapidement au titre éponyme. "Cobra Speed Venom" démarre de
manière très old school, pour revenir assez vite à des claviers atmosphériques et un amas
de riffs tout aussi tranchants qu’efficaces. Il ne me faudra d’ailleurs qu’une poignée de
secondes pour entrer dedans. A nouveau on frappe dans le registre guerrier avec "World
War Machine" et ses guitares millimétrées. Si cette composition ne me séduit pas
spécialement, elle reste assez efficace, mais toujours moins que Necrohammer. Je n’aime
toujours pas le thrash, mais la touche death mélodique apportée par le groupe réussirait
presque à me convertir…
Un peu plus de puissance brute pour "Rise In Blood" sur un tempo à nouveau accéléré qui
fera probablement des ravages dans une fosse pleine lorsque le groupe se décidera à
passer en France, et on arrive vite sur la douce "Where My Grave Shall Stand". Une
introduction saturée mais calme qui mérite que l’on s’y attarde vu la progression de la
batterie, et on se croirait réellement sur une route sinueuse. Pourquoi une route ? Je n’en ai
absolument aucune idée, mais c’est à cela que la composition instrumentale me fait penser.
D’ailleurs, on sent également que "Sign Of The Swarm" est à la fois la fin de cette route, mais
aussi le passage le plus long. Non pas que les riffs sont ennuyeux, loin de là, mais on sent
quelques longueurs sur ces sept minutes de virtuosité, surtout lors du passage plus
doom / death.
Vous en avez assez ? C’est dommage, parce que les Suédois nous offrent trois titres bonus.
"Nemesis Diamond" et son arrivée progressive qui donne un sentiment d’invincibilité sur du
blast contrôlé, "The Great Dying", une composition qui se classe aisément parmi les plus
lourdes du groupe avec une basse dopée aux amphétamines que j’apprécie tout
particulièrement, et enfin "Ride The Fire" qui prend à peine le temps d’arriver pour libérer sa
puissance.
The Crown nous offre un dixième album rempli de surprises. Certes, les Suédois ne
réinventent rien à proprement parler, mais cet album ne se contente pas d’une seule et
unique orientation, et c’est ce qui fait sa force. Il est impossible de s’ennuyer un seul instant
avec "Cobra Speed Venom", alors je le conseille autant aux fans de Slayer que de Death et
Bolt Thrower !
"Death Is Not Dead"
Note : 16/20
Non, le death n'est pas mort. Tellement pas mort que l'un de ses piliers scandinaves est de retour : The Crown. Après 25 ans d'existence et plusieurs péripéties, quel plaisir de retrouver du bon death mélodique à la sauce suédoise. Avec un line-up modifié pour revenir à ses origines, The Crown vient poser ses couilles sur la table et tente à nouveau de nous faire rêver.
Alors qu'on ne les attendait plus depuis longtemps, le groupe nous offre une sorte d'album hommage qui signe peut-être là une belle renaissance. On peut commencer par citer l'excellente reprise de Paradise Lost, "Eternal", en plus rapide mais aussi sombre que l'originale. Les anciens de Crown Of Thorns (le groupe avait dû changer de nom car celui-ci était déjà pris), accompagnés de Sörqvist (Impious), semblent très influencés par de grands noms américains, de Slayer à Metallica, en passant par Nile. Ainsi, l'on peut citer la rapidité du thrash présente sur "Herd Of Swine", ou encore l'instru très variée de "Meduseld". Cet album est tellement varié qu'on croirait parfois écouter une compil', mais avec tout de même une véritable identité, parfois assez éloignée des origines du groupe mais qui nous semble familière. Prenons par exemple l'excellent "Speed Kills", qui commence de manière plutôt classique, mais nous entraîne vers des mélodies assez incroyables, qui m'ont rappelé le célèbre "Through The Fire And Flames" de DragonForce ! Vous l'aurez compris, cet album passe par tous les styles, toutes les émotions, et nous rend nostalgiques des plus belles années du metal.
Pourtant, le bilan n'est pas tout rose, loin de là. Clairement, d'une manière générale, ce qui me déçoit, c'est ce manque de panache, ce manque de violence et de hargne, ce qui pourtant me semble essentiel dans le death. Ce côté rock'n'roll teinté de folk est plaisant, mais on a l'impression que le groupe ne nous offre pas tout ce qu'il a dans le ventre, ça manque de poigne, ça ne donne pas assez envie de se foutre sur la gueule dans la fosse à headbanging. Hormis le côté symphonique, on peine parfois à reconnaître l'école suédoise, sa noirceur et ses riffs glacials.
Difficile de tirer un bilan objectif de cet album de The Crown. Je pense qu'il pourra en décevoir certains, mais surtout en surprendre un grand nombre. Personnellement, n'ayant pas vraiment connu les débuts du groupe, je ne peux qu'apprécier cet album-hommage aux références multiples. Malgré un manque de patate, une batterie parfois hasardeuse, une production peut-être un peu bâclée, on a un album très varié, assez original, une sorte de medley scandinave sur fond de death mélodique. Les plus pointilleux auront sûrement du mal à accepter ce retour inattendu, mais nul doute qu'une telle production mérite quelques écoutes tout de même.