Le groupe
Biographie :

The Contortionist est un groupe de death metal progressif américain formé en 2007 et actuellement composé de : Michael Lessard (chant), Jordan Eberhardt (basse), Joey Baca (batterie), Cameron Maynard (guitare), Robby Baca (guitare) et Eric Guenther (clavier). Après un premier album sorti en 2010 ("Exoplanet"), The Contortionist poursuit avec "Intrinsic" en 2012 chez Season Of Mist. Après l'arrivé d'un nouveau chanteur et d'un nouveau clavieriste, le groupe sort son troisième album, "Language", en Septembre 2014 chez E1 / Good Fight Music. Le quatrième album, "Clairvoyant", sort en Septembre 2017, toujours chez chez E1 / Good Fight Music.

Discographie :

2008 : "Shapeshifter" (EP)
2009 : "Apparition" (EP)
2010 : "Exoplanet"
2012 : "Intrinsic"
2014 : "Language"
2017 : "Clairvoyant"


Les chroniques


"Clairvoyant"
Note : 15/20

Comme on le dit souvent, les apparences sont trompeuses, sous ses apparats sombres ce nouvel album de The Contortionist n'annonce pas un retour à quelque chose de plus dur pour autant. Désolé de casser les espoirs de ceux qui n'ont aimé que "Exoplanet", ce "Clairvoyant" continue sur cette lignée plus aérienne et planante à laquelle le groupe nous a habitué sur les deux précédents albums.

Pourtant on aurait pu y croire à ce retour aux sources puisque "Monochrome (Passive)" qui ouvre l'album nous balance une ambiance bien pesante et glauque avec des guitares et une basse qui nous bourdonnent bien dans les enceintes, mais pas de chance pour les bourrins, si vous chassez le naturel il revient au galop. Le goût de The Contortionist pour les mélodies aériennes et les parties limite jazzy revient bien vite à la charge. Dès "Godspeed", le doute n'est plus permis, le chant hurlé a quasiment disparu (en dehors de quelques cris très discrets et mixés très loin derrière tout le reste) et les lignes de chant sont très mélodiques et accrocheuses, les structures sont progressives à souhait et l'ambiance générale est à la mélancolie et à la contemplation. Les gros riffs n'ont plus leur place ici et The Contortionist préfère planer très haut à coup de leads de guitare éthérés. Comme d'habitude, les structures ne sont pas linéaires et les morceaux n'obéissent pas forcément au schéma couplet-refrain, le groupe préfère proposer des compositions qui coulent d'elles-mêmes. Un voyage musical qui vous amène à chaque morceau d'un point A vers un point B sans forcément vous montrer deux fois le même décor, même si certains thèmes ou certaines mélodies sont parfois réutilisées au sein d'un morceau. La plupart du temps il faudra en tout cas vous abandonner à la musique de The Contortionist car le but n'est pas de vous accrocher l'oreille immédiatement et de vous balancer des titres à chanter sous la douche.

"Clairvoyant" continue sur la lignée de ce metal mélodique, planant, à tendances progressives, une sorte de fils spirituel du Cynic post "Focus" qui aurait copulé avec le TesseracT des deux derniers albums. Plusieurs morceaux atteignent les six ou sept minutes et prennent donc le temps de développer leurs ambiances, une habitude chez The Contortionist. Ceux qui ont aimé "Language" et "Intrinsic" ne se sentiront pas perdus sur ce nouvel album puisque le groupe continue son petit bonhomme de chemin tranquillement sans bouleverser quoi que ce soit. Ce qui n'est pas un reproche d'ailleurs, leur musique est suffisamment planante et évocatrice pour faire son effet à chaque fois et comme les morceaux sont assez vivants, l'impression de répétition est inexistante. La production est claire, puissante, plutôt adaptée au style et là aussi on est assez loin des gros sons bien brutaux qui défoncent les enceintes, même si les basses sont bien présentes. En même temps, le propos n'est pas à la violence brute, sur "Clairvoyant" ça plane sévère et si vous vous laissez prendre au jeu vous allez faire un sacré voyage pendant ces cinquante-quatre minutes. L'album se termine d'ailleurs sur un pavé de plus de neuf minutes qui constitue sûrement le morceau le plus planant et éthéré de l'album, une belle façon de conclure cette expédition dans une contrée lointaine et inconnue.

Un nouvel album dans la droite lignée de ses deux prédécesseurs et qui s'adresse donc à ceux qui ne sont pas restés bloqués sur "Exoplanet" une fois de plus. Les amateurs de musique planante, progressive, mélodique dans la lignée des derniers Cynic devraient y jeter une oreille si ce n'est déjà fait.


Murderworks
Avril 2018




"Language"
Note : 15/20

Gare aux articulations fragiles, The Contortionist est de retour ! Bon laissons tomber les blagues moisies et parlons plutôt du troisième album de groupe nommé "Language". Et autant prévenir tout de suite que ceux qui avaient laissé tomber avec la sortie d'"Intrinsic" peuvent déjà fuir à toutes jambes.

L'aspect metal et agressif qui avait déjà bien reculé sur le précédent album a encore cédé du terrain cette fois-ci, je dirais même qu'il a quasiment disparu. Le chant hurlé n'a quasiment plus voix au chapitre et les riffs sont les seuls à pouvoir faire valoir encore un peu d'agression, mais The Contortionist n'en a vraiment gardé que le minimum. C'est bel et bien le visage le plus éthéré et planant du groupe qui a pris le dessus, augmentant encore la filiation avec le Cynic dernière période déjà perceptible sur "Intrinsic". Double filiation même puisque le groupe se permet aussi quelques passages presque jazzy, de quoi dégoûter définitivement ceux qui avaient accroché sur "Exoplanet". Ceci étant dit, ce nouvel album ne présente par conséquent pas de grosses surprises par rapport à son grand frère, il continue simplement sur la voie qu'il avait tracé. En tendant bien l'oreille, et outre le rapprochement avec la démarche de TesseracT, on peut presque entendre quelques lignes de chant proches de ce que Deftones a pu faire de plus planant, voire même Team Sleep. La deuxième partie du morceau éponyme représente finalement ce que l'album peut proposer de plus metal même si on trouve un mini blast sur "Arise", rappelant du coup les gros riffs typiques d'un Meshuggah ou d'un Periphery dans ses moments les plus couillus.

En fait, on se retrouve soit avec des claviers qui mènent la danse soutenus par des guitares en retrait, soit avec des guitares en avant mais sans distorsion ou avec un son très propre. La dimension metal de The Contortionist est vraiment réduite à peau de chagrin, ce qui n'enlève rien à la qualité de sa musique mais qui risque de rebuter les plus bourrins. Comme je le disais plus haut, on pense souvent au "Altered State" de TesseracT qui avait choisi aussi de s'éloigner du metal pour proposer quelque chose de bien plus mélodique et planant. On n'échappe pourtant pas à certains plans très techniques ou alambiqués, c'est là qu'on ressent que les influences djent ressortent encore de temps en temps. Le seul véritable reproche qu'on pourrait éventuellement faire à "Language", c'est sa très grande proximité avec son prédécesseur, mais bon deux albums d'affilée dans la même veine ce n'est pas non plus de l'autoplagiat. Et finalement quand on réécoute les débuts du groupe, on se dit qu'ils ont plutôt bien choisi son nom, depuis les premières démos le style a changé plusieurs fois. De là à dire qu'ils finiront par revenir à quelque chose de plus brut il y a un pas que je ne franchirai pas. Pour cet album là en tout cas.

Troisième album qui confirme donc le virage pris par le précédent, The Contortionist n'a pas l'intention de revenir au metal et continue à produire une musique très proche de TesseracT ou des derniers Cynic, éthérée, mélodique et planante. Un bon cru pour ceux qui avaient aimé "Intrinsic", une déception de plus pour les autres.


Murderworks
Décembre 2014




"Intrinsic"
Note : 15/20

Si vous suivez attentivement toutes sorties dans les genres deathcore / djent et tout ce qui va avec vous avez dû entendre parler de The Contortionist, leur premier album sorti en 2010 "Exoplanet" avait fait parler de lui un peu partout. Le groupe était donc logiquement attendu au tournant par tous ceux qui avaient apprécié l'engin, et la déconvenue a dû être assez rude chez certains. Parce que même si l'identité du groupe est encore reconnaissable, certains gros changements ont été effectués et ils ne feront pas le bonheur de tous.

Mais qu'est ce qui s'est donc passé depuis "Exoplanet" ? The Contortionist a tout simplement décidé de prendre une voie différente en délaissant quasiment son côté deathcore pour un privilégier un virage plus orienté djent et prog post quelque chose. En gros les mélodies et la voix claire ont pris le dessus, là où le précédent album était tout de même dominé par de gros riffs saccadés et les growls majoritaires. Si le chant clair bien vocodé façon Cynic vous hérissait les poils sur "Exoplanet", vous allez vomir dès le premier morceau de cet "Intrinsic", parce que oui les growls sont encore présents sur ce nouvel album mais ils sont vraiment minoritaires. L'orientation beaucoup plus mélodique et posé de la musique de The Contortionist ne colle plus avec ce genre de chant, place aux lignes de chant éthérées. Comme je le disais certains ont détesté et trouvé ça totalement mou du genou, pour ma part je ne serai pas aussi catégorique.

Même si la mixture est assez connue pour avoir été pratiquée par d'autres dans les genres précités, il faut avouer qu'elle est plutôt bien réalisée ici. Alors les mélodies sont bien plus soft que sur "Exoplanet", certaines mauvaises langues seraient tentées de dire niaises mais bon je comprends que ça puisse en refroidir quelques uns. Le côté metal qu'on connaissait du groupe s'atténue effectivement pas mal sur ce deuxième album, les gros riffs bien gars et saccadés sont presque remplacés tout du long par une succession de passages aériens et planants surmontés de la fameuse voix claire. Mais je trouve que là où le premier album aurait pu encore se fondre dans la masse, ce "Intrinsic", par son côté très éthéré et aérien, montre une patte particulière qu'on ne retrouve pas vraiment à l'identique chez les autres représentants de ce qu'on appelle maintenant le djent. Là où la plupart des groupes mettent l'accent sur les polyrythmies et le côté très syncopé, The Contortionist se démarque en faisant voyager l'auditeur dans des contrées bien plus douces.

Forcément le public du groupe va changer, les amateurs de gros son et de gros riffs iront voir ailleurs s'ils y sont, et les autres profiteront de cet album comme il se doit. Parce qu'au delà de la déconvenue que se sont pris ceux qui apprécient le côté le plus metal du groupe, l'album tient carrément la route et n'a pas vraiment à rougir face à la concurrence. D'autant que, comme je le disais plus haut, le groupe tout en évoluant dans le djent n'en marque pas moins le genre de son empreinte, et malgré le fait que je ne suis pas une encyclopédie du genre je pense que "Intrinsic" n'a pas vraiment d'équivalent. Et quand bien même ce serait le cas, la qualité est là et le groupe maîtrise son sujet donc pour peu qu'on apprécie les belles mélodies ce serait dommage de se priver d'un bon album. D'autant que l'album ne dure que 45 minutes, on aurait pu s'y ennuyer à la longue si les morceaux s'étaient un peu plus étalés mais ce n'est pas le cas. A la limite la prod' pourrait en décevoir quelques uns aussi, elle est particulière et bien plus étouffée que sur le premier album mais bon tout ça c'est une question de goûts puisque le son reste clair, puissant et permet de saisir aisément tout ce qui se passe.

Après c'est à chacun de savoir ce qu'il recherche, si c'est le côté plus deathcore ou tout simplement metal qui vous intéressait chez The Contortionist je crois que vous pouvez faire l'impasse sur ce petit dernier. Si les mélodies et les voix claires ne vous font pas peur je vous invite à y jeter une oreille attentive, vous devriez y trouver plein de bonnes choses et une ambiance assez prenante.


Murderworks
Janvier 2013


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/thecontortionist