Le groupe
Biographie :

Taliandörögd, fondé par Benoit Lelias (guitare rythmique) et composé de Simon Beux (chant), Anthony Lopin (basse), Florent Beux (guitare électrique et accoustique), Nicolas Lopin (clavier) et Gweltaz Kerjean (batterie), se forme en 1999 et délivre alors une musique influencé par les principaux leaders de la scène metal extrême tels que Dimmu Borgir, Emperor, Immortal, Carcass... Leur premier mini album "Neverplace" les positionne comme l'une des valeurs montantes de la scène metal française. Cet enthousiasme porté au groupe le motive alors à la composition d'un premier album qui demandera deux ans de travail et de réflexion, "The Parting". Le groupe deviendra ensuite Talian le temps d'un album avant de faire son retour en 2015 avec un nouvel EP, "After The Flesh", et deux nouveaux membres, Erwan Dreau (guitare) et Dirk Verbeuren (batterie).

Discographie :

2002 : "Neverplace" (EP)
2004 : "The Parting"
2015 : "After The Flesh" (EP)


La chronique


Voilà un retour d'autant plus heureux qu'il est inattendu. Taliandörögd, groupe breton ayant fait sensation sur la scène française au début des années 2000 et qui comptait dans ses rangs Dirk Verbeuren à la batterie, est né en 1999 et adoptait sur ses premiers enregistrements un style black / sympho, genre en plein essor en France à cette période. En 2004, la formation sortait son premier album, "The Parting". Décontenançant ses fans de la première heure, car s'éloignant du black metal raffiné qui était le sien pour se diriger vers une musique plus personnelle et singulière, brasant un tas d'influences diverses, allant du rock au stoner en passant par le death metal et le thrash. Après de nombreux remaniements de personnel, et voulant se démarquer d'une ancienne configuration de line-up à l'esprit et aux forces créatrices devenus alors obsolètes, Taliandörögd mue en Talian en 2006 et sort son second album "Scraps From The Mire" en 2009 chez Thundering Records. Après un passage au Motocultor 2012, le groupe n'a plus donner signe de vie jusqu'a début 2015, annonçant la sortie d'un nouvel EP et par la même occasion d'un retour à l'appellation originelle. Le pourquoi du comment reste obscur. Il semble toutefois que ce changement de patronyme soit lié à un retour au line-up pré-2006, celui ayant accouché de "The Parting". Les deux frangins Simon et Florent Beux aux commandes et épaulés par le bassiste Tony Lopin, la pieuvre Dirk Verbeuren aux fûts et le nouveau gratteux Erwan Dreaux, le groupe de Quimper publie donc ce nouvel EP "After The Flesh". Navré pour cette laborieuse introduction, mais il nous semblait nécessaire de resituer le cadre avant d'aller plus en avant.

Ainsi donc, retour du line-up "classique" du groupe, nouvel EP autoproduit et énième départ à zéro. Ce qui est certain, et ce qu'elle que soit le nom sous lequel la formation évolue, c'est que le groupe propose toujours une musique excellente, puissante et qui arrache. Le retour à l'ancien nom est synonyme de retour aux sources musicales comme vous pouviez vous y attendre. Le style du groupe est une étrange créature hybride de melodic / death / thrash / progressif. Mea Culpa pour cette description maladroite et amateur. Nous nous contenterons de dire Taliandörögd propose un metal racé et fin aux multiples influences. Les cinq titres, soignés et très élaborés, présentent un niveau d'écriture exceptionnel. Techniques, groovy, nuancées, ils jouent avec différentes humeurs pour une musicalité omniprésente et une grande cohérence malgré la large diversité des thèmes.

"The Faceless Facade" est un bon exemple de chanson simple mais efficace. Morceau d'ouverture, ses riffs groovy et sa batterie lourde vous assomment avant qu'un riff thrash sorti de nulle part opère au sein même de votre boîte crânienne un phénomène de révolution encéphalique (ça vous retourne la cervelle quoi...). Le chanteur Simon Beux conserve toujours sa voix si caractéristique, haineuse et aisément compréhensible. Le très bon "Yield" et le long "This Bread I Bless" sonne comme du Opeth, plus moderne, dopé au thrash / death technique. Par technique, nous voulons dire que la musique du quintette a été patiemment pensée et travaillée, les rythmiques sont tranchantes et précises, et les enchaînements exécutés avec rapidité et fluidité. N'attendez donc pas de déferlement de notes sans queue ni tète ni de l'astiquage de manche illusoire. "After The Flesh" est un morceau qui pilonne dès le début avec ses blasts hyper véloces et rythmiques de fous. La partie centrale, plus calme, témoigne de la grande maîtrise des musiciens dans des registres plus éthérés. Chaque morceau a son caractère propre et ses moments de grâce. Le groupe prend le temps de développer des morceaux évolutifs et sinueux, aux détails nombreux et aux ambiances prenantes.

Une production maison d'excellente facture, claire, puissante, compacte mais aérée, nous permet de prendre de gros uppercuts dans la mâchoire avec zèle et d'apprécier le jeu de chaque musicien à commencé par celui de Dirk, au jeu reconnaissable, qui distille avec classe ses parties de batterie, que ce soit des blast beats supersoniques ou des motifs hérités du jazz. La basse, au rendu métallique, renforce le physique des morceaux et contribue à rendre cette entreprise de démolition plus efficace. Les deux guitaristes ne sont pas en reste, enchaînant riffs saccadés mortels, parties techniques et prog et passages limpides (le break de "This Bread I Bless", superbe).

Les interventions en chant clair de Florent Beux, guitariste et principal compositeur, sur les délicats passages atmosphériques sont parfaitement à propos, donnant énormément de couleurs et de fraîcheur aux compos. Sa voix, grave et emplie de chaleur, proche de celle de Mikael Akerfeldt (Opeth, Bloodbath) tant dans la tonalité que dans la diction, est toujours juste et véhicule avec une grande simplicité de très beaux moments d'émotion, comme sur le morceau "Yield". Un vague à l'âme non feint qui démontre avec brio comment utiliser un voix claire à bon escient (contrairement à [mettez ici n'importe quel groupe de mtalcore / deathcore / alternatif / electro moderne]).

"After The Flesh" est donc une très bonne surprise. Ce retour de Taliandörögd est réussi du début à la fin. Le seul défaut de cet EP réside justement en son format. Car, une fois ces cinq morceaux achevés, la seule chose qui nous sort du gosier est "Bah, et la suite ?". Mais gageons que la suite s'avèrera extrêmement prometteuse. Il ne nous faut pas longtemps pour penser qu'un album entier de ce calibre constituerait une sortie marquante pour le metal hexagonal, chose dont nous attendons la confirmation au plus vite.


Man Of Shadows
Mars 2015


Conclusion
Note : 17/20

Le site officiel : www.facebook.com/taliandorogdband