Le groupe
Biographie :

Switchblade est un groupe de heavy metal israélien formé en 2005 et actuellement composé de : Steinmetal (chant / ex-Stein), Federico Taich (guitare), Moshe Sabah (batterie), Boris Siper (basse / ex-Altharya) et Venedict Pavlovic (guitare). Après plusieurs démos et singles, Switchblade rejoint le label Killer Metal Records pour la sortie de son premier album, "Heavy Weapons", fin Novembre 2013.

Discographie :

2013 : "Heavy Weapons"


La chronique


Dès les mesures inaugurales du premier album du combo israélien (Killer Metal Records, 2013), le ton est donné : il s'agira ici de heavy metal, à l'ancienne s'il vous plaît. Les main riffs suintent régulièrement le Judas Priest ou le Accept ("Metalista"), mais c'est l'ère Dickinson d'Iron Maiden qui vient immédiatement à l'esprit dans l'écriture mélodique, dans la voix de Stein, ainsi que sur les arrangements du type des ponts harmoniques à deux guitares ("Euphoria"). Un Stein biberonné aux hululements de Bruce Dickinson ou Michael Kiske, mais qui peine à convaincre tant la justesse est parfois mise à mal ("Heavy Weapons"), notamment lors de ses portamenti, ces glissements d'une note à l'autre qui aboutissent souvent ici à un demi-ton tenu du pire effet. De celui qui fait froncer les sourcils, quand il ne fait pas grincer des dents. Pour accorder le bénéfice du doute, devrait-on y voir une recherche d'effet ? Les choses s'arrangent par la suite, ("Metalista", "Curse Of The Father, Sins Of The Son"), mais plane tout au long de l'album une désagréable sensation de flirt avec la fausseté.

Et pourtant, Switchblade propose un heavy pétri de bonnes intentions. On note le très bon boulot de la section rythmique qui tient la baraque sans trop de fioritures, mais avec une constance salvatrice, avec une mention spéciale pour le jeu de toms de Moshe Sabah. Le travail de production a été particulièrement soigné sur les fûts, ça se sent. De bonnes idées harmoniques sont aussi au rendez-vous, et plus généralement l'orchestration est souvent honorable. Mais... Mais, tout cela sent la troisième division. Le groupe nous propose des soli maigrelets là où on attendrait du muscle, pas franchement virtuoses et tout juste efficaces ("Heavy Weapons", "Metalista", "Infernal Paradise"). Le rock'n'roll n'a pas besoin de débauche de maestria pour remplir sa mission, mais là, ça manque singulièrement de technique, de celle qui devrait être mise au service de l'efficience du morceau. Ah, et la ballade, l'inévitable ballade de milieu d'album. Exercice périlleux, pour ne pas dire casse-gueule, dont les Israéliens s'acquittent sans briller ("Lost Lovers Unite"). Batterie envahissante, ce fichu manque de justesse qui repointe le bout de son nez, un son clair de guitare vérolé de réverb, des violons synthétiques… Et pourtant il y a de l'idée. Mal exploitée, encore une fois, à l'image de cette midtro instrumentale qui fait suite à "Lost Lovers Unite". Un intermède instrumental après la ballade, les garçons nous font la totale. Ici apparaissent des sonorités orientales qui se rappellent au bon souvenir de leurs compatriotes d'Orphaned Land ("The Lost Kingdom"), mais qui peinent à rendre la piste pertinente à ce stade du LP. Naît l'impression qu'à trop vouloir se conformer aux canons, voire aux poncifs du genre (jusque dans le champ lexical des noms de morceaux et dans le design de l'artwork) le groupe se perd dans un marasme relativement insipide et non abouti, à l'image des fins de piste en eau de boudin. Résultat : arrive le sixième morceau ("Infernal Paradise"), et on s'ennuie. Et pourtant le meilleur est pour la fin. L’avant-dernier morceau "Into The Unknown" a les faiblesses structurelles de l'album, mais est bien écrit et inspiré.

Certes la formation ne date que de 2005, certes elle a connu de nombreux changements de line-up, certes ce n'est là que son premier album. Et après tout, le groupe s'acquitte de la tâche qu'il s'est fixé : jouer le heavy metal qu'il vénère, celui issu, inspiré des années 1980. C'est la mode, ce dont on ne saurait trop se plaindre si tant est que l'on souhaite encourager la vitalité du genre. Mais qui dit mode dit multiples nouveaux venus en lice ; les comparaisons sont donc légion et, pour tout dire, on est loin ici de la qualité des sorties de 2013 d'un Screamer ("Phoenix", High Roller Records) ou d'un Neuronspoiler ("Emergence", autoproduction).

Soyons clairs : Killer Metal Records est probablement pétri de bonnes intentions aussi. La signature de Damien Thorne ou de Taipan en sont de bons exemples. Et vouloir insuffler du sang neuf dans un roster présentant quelques noms légendaires est louable. Mais on ne se hisse pas ainsi au niveau de ceux qui continuent à tracer la route d'un genre, qu'ils soient vieux briscards ou jeunes premiers. Le propos de Switchblade n'est bien sûr pas de réinventer la roue, simplement de continuer à la faire tourner, approche parfaitement louable elle aussi. Reste qu'il s'agirait de graisser un peu le moyeu.


Loïc Leymerégie
Janvier 2014


Conclusion
Note : 11/20

Le site officiel : www.facebook.com/switchbladesofsteel